D'ou vient le fait qu'à l'achèvement de la lecture du second roman de Julien Gracq (après Au château d'Argol), le lecteur referme le livre avec une déception mêlée d'une impression de gâchis. On décèle en effet l'immense potentiel de ce roman qui aurait pu être l'égal du meilleur du meilleur styliste français du XXeme siècle (si l'on exclut L-F. Céline, révolutionnaire en matière de style). Là où dans Le rivage des Syrtes ou dans Un balcon en forêt, Julien Gracq parvient à tirer de son génie formel des histoires passionnantes, de véritables questions propres à bouleverser la perception d'un lecteur attentif (parmi d'autres citons les thèmes de la relation à l'Autre, le temps, le Moi,...), dans un beau ténébreux, les thèmes centraux du roman, et notamment celui de la mort ne sont pas aussi développés.
En fait, cette question de la Mort, et du suicide, puisque c'est de cela dont il s'agit, se perd dans un décorum factice, superficiel: des jeunes gens, que l'on qualifierait de façon anachronique de "bobos "s'ennuient en Bretagne jusqu'à ce qu'Allan, personnage autant étrange qu'attirant sème le désordre dans cette société établie...

Les personnages sont peu sympathiques, les dialogues datés, on est dans la France des années 50s, les préoccupations parlent peu au lecteur contemporain... pourtant le style reste, parfois un peu trop empesé peut-être... plus tard, ce talent s'épanouira complètement et donnera de fabuleux chefs-d'oeuvre.