La petite marchande de vermicelles de Nguyêñ Quang Thiêù

La petite marchande de vermicelles de Nguyêñ Quang Thiêù

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Débézed, le 15 juin 2010 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 908ème position).
Visites : 3 142 

A l'ombre des badamiers

« - Thiêu ! Hep, Thiêu !
- …
- Pourquoi tu ne viens plus jamais m’acheter des vermicelles ? Tu ne les aimes plus ? Ils ne sont plus bons ? »

L’auteur se met ainsi en scène dans cette nouvelle introductive de ce recueil qui raconte la vie de son village, à quelques kilomètres d’Hanoï, qu’il n’a jamais quitté car un devin lui a dit un jour que s’il quittait son village, il deviendrait un riche mandarin mais qu’il perdrait son talent littéraire. Il vit donc toujours sur les bords du grand fleuve Day qui sert de fil rouge entre les diverses nouvelles rassemblées dans cet opuscule. Le fleuve Day parcourt une campagne paisible que l’auteur raconte comme il raconte ses habitants, leur vie simple et paisible, leurs malheurs petits et grands mais naturels, des malheurs qui arrivent dans toutes les populations où la mort n’est souvent que le tribut à payer pour que surgisse une nouvelle vie.

Il raconte aussi les mœurs de cette micro société où les pères font déjà partie des ancêtres qu’on vénère et qui règnent en maîtres absolus sur leur famille notamment sur les femmes qui font l’objet de la plupart des nouvelles, car les hommes ne sont plus très nombreux, ils sont partis lors du grand combat pour la liberté. L’auteur ne parle pas de cette guerre sauf pour dire qu’une bombe qui n’a pas explosé, reste fichée au milieu du village comme un monument à la mémoire de ceux qui ne sont plus et qui ont donné leur vie pour la liberté du peuple vietnamien.

Dans un style doux, clair qui coule paisiblement comme le grand fleuve Day, charriant tendresse, fraîcheur et émotion, l’auteur cherche un asile de paix mais on ne peut s’empêcher, du moins en ce qui me concerne, de penser que cette quiétude n’est que le verso d’une vie beaucoup plus violente que l’auteur a connue dans son enfance quand le Vietnam vivait une guerre effroyable pour gagner sa liberté et son indépendance. Toute cette quiétude, cette simplicité, cette fraîcheur ne sont en fait que la partie émergée d’un iceberg qui cache des plaies mal cicatrisées, des souvenirs pénibles, des douleurs rémanentes et tout ce qu’une guerre aussi brutale peut laisser dans une population. Mais, comme le phénix le peuple vietnamien essaie de renaître de ses cendres pour vivre une nouvelle ère de paix et de quiétude.

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Les éditions

  • La petite marchande de vermicelles [Texte imprimé], [nouvelles] Nguyên Quang Thiêu trad. du vietnamien revue par Janine Gillon
    de Quang Thiêù, Nguyêñ Gillon, Janine (Traducteur)
    Éd. de l'Aube / Regards croisés. Série Viêt-nams, Viêt-nam.
    ISBN : 9782876784109 ; 11,89 € ; 19/06/1998 ; 109 p. ; Broché
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Trésor de la littérature asiatique

9 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans) - 10 avril 2011

Charmant petit recueil de huit courtes nouvelles d'un auteur vietnamien que je découvre avec bonheur. Décidément, la littérature asiatique renferme des trésors cachés qu'il faut absolument lire enfin, quand on aime cette écriture toute en douceur et en luminosité.

Les nouvelles que j'ai préférées sont "L'envol des bergeronnettes" dans laquelle deux petits garçons s'inquiètent d'un nid d'oiseaux qui risque d'être emporté par la crue du fleuve Day. Très beau texte d'une sensibilité remarquable envers le monde de l'enfance. La deuxième ayant retenu mon attention et m'ayant profondément émue est celle intitulée "Combien de Banh Chung pour le Têt, cette année ?" Deux femmes attendent leurs maris soldats depuis de nombreuses années et cuisinent des gâteaux de riz gluant à l'occasion de la fête du Têt, gâteaux qu'elles doivent se résoudre à manger années après années car les maris tardent à revenir. Encore une fois, l'auteur fait preuve d'une grande sensibilité envers la nature humaine et la patience sans faille dont font preuve les deux épouses remplies d'espoir et refusant d'accepter la fatalité de la mort.

Certains textes se rapprochent du conte fantastique alors que d'autres puisent leurs thèmes dans la réalité de petits villages vietnamiens habités de gens simples et proches de la nature. L'être humain y est décrit tantôt violent et impitoyable, tantôt rempli de douceur et de compassion envers la souffrance d'autrui. Le fleuve Day sert souvent de décor et acquiert une importance certaine dans la vie de certains personnages comme cette jeune fille ayant vécu toute sa vie sur une barque avec sa famille et qui découvre l'amour sur la berge du fleuve. Charmant avec une touche de poésie très discrète mais émouvante et belle.

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