Une histoire follement désopilante

Jacob Stein est l’aîné d’une famille juive du IVième arrondissement parisien, famille constituée du père Isaac, de la mère Monique et de leurs cinq garçons. Jacob se démarque de la tribu Stein car il possède de belles boucles blondes et des yeux verts. Il se démarque aussi de la famille par son caractère particulier à l’antipode de ce qu’on peut attendre d’un jeune homme ayant de telles origines. Ayant terminé des études de journalisme, Jacob se cherche du travail. Il devient critique de films pour CinéRad mais sa vraie passion, c’est l’écriture. Une autre carrière l’attend toutefois et il y plongera tête première pour la plus grande fierté de sa mère Monique. Bref ce sont les tribulations d’un Juif parisien issu du quartier du Marais que monsieur Chouraki nous livre ici. Une floppée de personnages grouille et s’agite dans cet univers un tantinet surréaliste et totalement débridé : un rabbin qui aime les jeunes garçons, un infirme philosophe, un vendeur de falafels amoureux, une rousse flamboyante, un assassin jaloux, un déterré, un messie réincarné, un politicien maladroit, une bossue moche et j’en passe.

Le livre de monsieur Chouraki me fait penser à un placard trop plein. Dès qu’on ouvre la porte, tout nous tombe dessus en vrac. En fait, bien que je n’aie pas tellement apprécié cette lecture, je trouve que l’auteur tenait un sujet ayant mérité un meilleur développement. Tout est trop condensé, tout est raconté à la va-vite comme si le temps manquait ou je ne sais quelle autre tâche urgente attendait l’écrivain ailleurs. C’est dommage car les personnages sont rigolos, je pense entre autres au rabbin et surtout à Monique, la mère de Jacob qui est savoureuse et qui ne pense qu’à bien nourrir son monde. J’ai souri à plusieurs reprises car le texte est empreint d’un humour parfois macabre et grinçant mais toujours savoureux comme le carpe farcie de Monique !

L’écriture est solide sans toutefois sortir des sentiers battus. Je regrette l’absence d’un glossaire car j’ai buté sur de nombreux termes typiquement juifs et aussi sur beaucoup de sigles inconnus ce qui est très irritant à la longue. De plus, de nombreuses références à la télé française m’ont laissée de marbre ne connaissant pas les personnes nommées ni la réputation des différentes chaînes.

Toutefois, je n’ai pas complètement perdu mon temps car je me suis un peu amusée et j’ai noté quelques écrivains cités qui me semblent intéressants. Monsieur Chouraki est bien jeune alors sa production future n’aura de cesse de s’améliorer. Le personnage de Jacob est sans doute un tantinet autobiographique mais là c’est un avis personnel et non une affirmation preuve à l’appui.

Bref, un livre amusant, divertissant mais d’un niveau et d’un intérêt littéraires moyens. Je le recommande si vous voulez vous amuser et plonger dans une histoire follement désopilante.

« Quel monde nous attend si les Juifs ne ressemblent plus à des Juifs ? se demandait Salomon Goldenstrum, irrité par l’auréole d’aryanité qui suivait l’aîné Stein dans ses moindres déplacements. Grand Rassembleur des Juifs du Marais, il traquait le vice de forme caché dans le troupeau bêlant de ses fidèles. Or, impossible de passer outre aux boucles blondes de Jacob Stein. Son physique clair et arrogant tenait lieu de provocation. La foi oscillante du jeune homme, sa manie de remettre en cause chaque commandement avec une vanité irritante, de même qu’une assiduité des plus relatives aux offices de la synagogue, avaient fini par porter sur les nerfs de l’Officiant. »

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  Jacob Stein ou De l'inconvénient d'être juif quand on est blond aux yeux verts [Texte imprimé] Frédéric Chouraki

  de Chouraki, Frédéric
  le Dilettante
  ISBN : 9782842630621 ; 15,00 € ; 20/09/2002 ; 224 p. ; Broché

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