The man who Led Zeppelin : L'incroyable odyssée de Peter Grant, le cinquième homme de Chris Welch

The man who Led Zeppelin : L'incroyable odyssée de Peter Grant, le cinquième homme de Chris Welch
( Peter Grant, the man who Led Zeppelin)

Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Musique

Critiqué par Numanuma, le 25 avril 2010 (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 50 ans)
La note : 10 étoiles
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90/10, enfoiré!

Quand on pense aux personnes qui ont révolutionné l’industrie musicale, on se cantonne le plus souvent aux musiciens en oubliant régulièrement les hommes de l’ombre, ceux qui travaillent en coulisse, ceux qui travaillent en studio, ceux qui bossent le téléphone vissé à l’oreille ; les producteurs, les managers, les techniciens sont ignorés du grand public et seuls les amoureux de la musique se penchent sur leur existence.
Certes, des hommages fleurissent parfois, comme le titre de Motorhead We are the road crew, ou le dos de la pochette du Live at Fillmore East des Allman Brothers représentant les techniciens du groupe devant les amplis. Certains producteurs passent à la postérité pour leur originalité, leurs frasques ou leur génie : Phil Spector joue dans les trois catégories, pas de Beatles sans leur manager Brian Epstein ni leur producteur George Martin. Et pas de Led Zeppelin sans leur gargantuesque et fort peu avenant manager Peter Grant, le seul égal du Colonel Parker d’Elvis quoique que dans un genre fort différent.
Si les deux managers partagent une vie pas toujours facile, Parker et Grant ne jouent pas de la même manière : Parker est un malin qui ne s’est cassé la tête à faire d’Elvis une star puis s’est contenté de lui faire gagner le plus d’argent possible au détriment de l’aspect artistique. Grant, lui, s’est toujours cantonné à décharger Led Zeppelin de tous les aspects qui auraient pu empêcher le groupe de devenir le meilleur et ne s’est jamais permis de donner son avis sur la musique. Par contre, il n’a jamais hésité à donner de son énorme personne pour persuader les promoteurs que la donne est différente pour Led Zeppelin, 90 pour le groupe et 10 pour le promoteur grâce à un raisonnement simple :

« La promotion des concerts? Pas besoin de ça pour Led Zeppelin. Vous n'avez qu'à mettre un encart dans le Jewish Chronicle. Soyez réalistes: vous n'avez même pas besoin d'affiches pour Led Zeppelin. Il suffit d'annoncer à la radio que le groupe joue à Madison Square, et, une heure plus tard, toutes les places sont vendues. Alors c'est quoi cette histoire de 'promotion'? Vous allez toucher dix pour cent rien que pour vous pointer les mains dans les poches.' C'est comme ça que de 60/40 on est passé à 90/10. [...] Tout le monde fait ça aujourd'hui, mais c'est Peter qui a commencé. »

Gamin des rues pas faciles de Londres, videur, ancien catcheur amateur, tour manager de vedettes américaines du calibre de Little Richard, Everly Brothers ou Gene Vincent, Grant fonde ensuite Rak Music Management et s’occupe des Yardbirds puis des New Yardbirds, futurs Led Zeppelin.
Led Zep est le groupe dont il s’occupera le plus, développant une étonnante proximité avec son guitariste Jimmy Page, son exact contraire physique. Grant n’hésite pas à s’imposer par son simple charisme naturel, c’est plus facile quand on est une sorte de montagne humaine, et par son terrifiant regard. Il s’amusait également beaucoup à chahuter les mauvais payeurs en les repoussant à coup de ventre ou en leur enfonçant l’index dans la poitrine, des restes de sa brève mais formatrice carrière de catcheur.
Il ne faisait pas bon non plus se faire prendre en train de vendre des T shirts non homologués par lui ou en train d’enregistrer un concert sans son accord, nombreux sont les pirates qui gardent des souvenirs douloureux de leur rencontre avec Grant ou avec son bras droit, Richard Cole, un peu moins imposant mais tout aussi dangereux !
Led Zeppelin coûtera son mariage à Grant qui, malgré son air et sa réputation était, de l’avis de tout ceux qui l’ont connu, un homme charmant, connaisseur en matière d’antiquité, amoureux de sa femme et fou de ses enfants ; le gros nounours sous le grizzli en somme…
Je suppose que tout dépend de quel côté on se situe, ceux qui se sont frottés à lui ont sûrement une opinion bien différente, surtout qu’avec son divorce, la drogue et le stress inhérent à son job, Grant développe une paranoïa qui le pousse un peu plus chaque jour vers des situations extrêmes. L’incident avec Bill Graham en 77, promoteur de légende lui aussi, est assez révélateur et assez confus. L’un des roadies de Graham aurait donné une claque au fils de Grant et ce dernier l’aurait alors tabassé avec Cole et John Bonham ; le gars a failli y passer. Evidemment, l’équipe de Graham réclame une vengeance qui prendra finalement la forme d’une plainte, à des amendes et des peines de prisons avec sursis. En attendant, Graham est un homme de grande influence aux USA et peut faire capoter la tournée de Led Zep. Il n’en aura pas la temps, la tournée s’arrêtant d’elle-même à cause du décès de Karac, le fils de Robert Plant, des suites d’une infection à l’estomac.
J’écoute le double album de Led Zeppelin, Physical Graffiti, produit par le groupe et Grant en 75 sur leur label Swan Song, en écrivant ces lignes. Je ne me souviens même pas de la dernière fois que je l’ai écouté. Dans une autre vie sûrement. Comme a son habitude, Grant ne s’est pas occupé de l’aspect musical, son boulot à lui, c’est business. Pourtant, il a influencé comme rarement la destiné du groupe en refusant de sortir des singles ou de passer à la télévision. Il savait créer l’attente bien avant Sony et la PS3 et savait surtout que ce qui est bon finit toujours par marcher à partir du moment où quelqu’un acceptait de s’occuper du sale boulot. Il s’est désigné d’office pour ce job ingrat mais le monde de la musique lui doit tout : il a inventé le management moderne.
Pourtant, pas sûr qu’il s’y retrouverait aujourd’hui tant le business est désormais dominé par des avocats et des spécialistes des clauses en minuscules sur les contrats, par des publicitaires et pire que tout, par des technocrates qui n’ont pas d’amour ni d’envie pour la musique !

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Les éditions

  • The man who Led Zeppelin [Texte imprimé], l'incroyable odyssée de Peter Grant, le cinquième homme Chris Welch préface de Nick Kent traduit de l'anglais par Hélène Hiessler
    de Welch, Chris Hiessler, Hélène (Traducteur)
    Payot & Rivages / Rivages rouge
    ISBN : 9782743620165 ; 19,71 € ; 04/11/2009 ; 287 p. ; Broché
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