Une jeune femme en guerre, tome 1 : Eté 1943 - Printemps 1944 de Maryse Rouy

Une jeune femme en guerre, tome 1 : Eté 1943 - Printemps 1944 de Maryse Rouy

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Saumar, le 19 février 2010 (Montréal, Inscrite le 15 août 2009, 90 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 345ème position).
Visites : 3 980 

désir d'émancipation

Née en 1951, originaire du sud de la France, Maryse Rouy arrive au Québec en 1975. Après avoir enseigné une trentaine d’années, elle se lance dans l’écriture. Son roman: La jeune femme en guerre, ne m’a pas accrochée au début. Le sujet trop de fois utilisé, et sa lenteur à démarrer, m’ont désarçonnée. Ça m’a semblé être une amorce de roman d’amour, genre Harlequin. Mais dès que j’ai connu le sort de Lucie, j’anticipais le dénouement. En 52 courts chapitres d’une écriture simple, le roman se lit bien. L’auteure structure le texte à Montréal en 1943, dans des circonstances particulières. La Deuxième Guerre mondiale lui sert de tremplin pour entrer dans la politique de l’époque. Irène, la locataire, invite Lucie pour une assemblée donnée par Fred Rose et organisée par son cousin, Jocelyn. On y parle d’injustices, d’exploitation et de lutte des classes. Lucie ne s’y connaît pas, mais elle a entendu son père traiter ce mouvement de communiste. En revanche, elle trouve Jocelyn vraiment beau. En plus, il est médecin. Elle en devient donc amoureuse, malgré l’avertissement d’Irène de ne pas s’attacher, puisqu’il préfère les femmes aux jeunes filles. Comme Jocelyn s’implique à fond dans la lutte contre la tuberculose, il profite d’une soirée de famille et d’amis pour parler d’un urgent besoin de bénévoles. Lucie et sa mère se proposent : Julienne recevra les patients et Lucie s’occupera du courrier, ce qui lui donnera l’occasion de voir souvent Jocelyn.Lucie veut s’instruire pour travailler et s’évader du milieu trop étroit qui ne lui convient plus. L’autonomie et la liberté tant désirée seront liées à quatre personnages qui joueront un rôle important dans sa vie : l’aide de sa mère qui lui paie des cours de secrétariat, son frère qui lui apporte la sécurité financière avec l’héritage de sa grand-mère, Giuseppe, le photographe italien qui lui apprend son métier et sa langue, enfin, en comptant sur la connivence d’Irène, sa meilleure amie, et du corridor secret, elle arrivera à ses fins, et ce, en cachette d’un père tyrannique. Le désir d'indépendance de Lucie provoque des difficultés de communication et une série continuelle d’affrontements avec son père. L’intransigeance de ce notaire anéantit tout effort de dignité chez sa femme comme chez sa fille. C’est ainsi que l’on découvrira en Lucie, une femme persévérante et stoïque dans la douleur. Elle quittera le toit familial à sa majorité.

La fin du live est captivante et se déroule en accéléré. L’intrigue raconte les difficultés croissantes que Lucie vit en cette journée d’anniversaire. Une vive querelle avec son père, chez le notaire, l’a beaucoup ébranlée, mais bien fait pour le paternel qui a appris ses quatre vérités. Puis Lucie se présente au dispensaire pour y travailler. Jocelyn verra qu’elle n’est plus une petite fille gâtée, mais une jeune femme responsable, pense-t-elle. Elle récupère un dossier que lui remet la secrétaire pour apporter à Jocelyn. La main sur la poignée de la porte elle l’entend dire à sa mère : « Quitte ton mari et dès que tu auras ton divorce, on se mariera ». Julienne est donc l’amante de Jocelyn. Elle ouvre la porte et voit le couple enlacé. Pour Lucie, c’est impardonnable. Maintenant, elle haït sa mère autant que son père. Puis, elle s’enfuit en courant vers le fleuve. Son ami Richard l’aperçoit, penchée par-dessus le garde-fou. Il la porte à l’auto et lui offre le gîte aussi longtemps qu’elle n’aura pas un logement. Lorsque Richard part au travail, le lendemain, elle décide d’aller au bureau de recrutement pour s’engager dans l’armée. Richard, ayant été refusé en raison de ses antécédents politiques, propose Lucie comme remplaçante pour le poste de photographe de guerre. En tenant compte des connaissances de la photographie et de la langue italienne chez Lucie, on l’accepte. Elle connaîtra l’expérimentation de l’intimité, du vide et de la solitude. Son seul objectif est de prendre de la distance entre elle et un passé récent qui l’a tant blessée. Elle poursuivra seule le voyage au fond de sa liberté : sans père, sans mère, sans amant protecteur. Elle part pour l’Italie avec sa caméra pour exercer son métier.

Le récit a une ambiance, une âme et une certaine véracité. J’ai été captivée par l’histoire d’une société traditionnelle qui perd ses valeurs et par le démembrement d’une famille causée par l’autorité abusive paternelle. Le titre est adéquat puisqu’il s’agit pour Lucie d’une guerre de libération afin d’acquérir son autonomie, mais qu’adviendra-t-il d’elle, après la guerre mondiale? On l’apprendra à la fin du livre et dans le suivant, puisqu’il y a deux autres tomes.

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De l'eau de rose à l'eau de vie

8 étoiles

Critique de Kyle (, Inscrit le 13 juillet 2011, 51 ans) - 1 mai 2014

C’est un de mes sujets de prédilection : je suis un fan de récits qui se déroulent durant la Seconde Guerre Mondiale, donc avec ce roman ma note sera probablement un peu biaisée. De plus l’histoire se passe dans ma ville natale, alors quoi de mieux !

Je serai du même avis que la critique précédente : en effet l’histoire est longue à démarrer, et au début on pense avoir affaire à un nième roman à l’eau de rose du type « le temps d’un été » avec une farouche protagoniste ingénue et émancipée et des personnages masculins unidimensionnels. Continuez à lire, mesdames et messieurs, car ce livre n’est pas tout à fait ça. En effet, Lucie s’avère être moins nunuche et pimbêche qu’on le croit. Au contraire elle devient de plus en plus attachante au fur et à mesure qu’on poursuit la lecture de l’histoire, développant des habiletés plausibles pour une fille de son âge à cette époque, qui vont l’aider tout le long de son aventure. En fait, tous les personnages sont extrêmement crédibles dans ce Montréal durant la Seconde Guerre, mis-à-part le père, le seul qui reste totalement improbable. On ne peut pas être à ce point cruel et méchant sans aucune explication, à peine si on fait une vague référence à une histoire d’héritage.

Ce que j’ai aimé de ce roman historique c’est que l’auteure ne nous démontre pas, à grand coup d’évènements contemporains aux actions de ses personnages, qu’elle a fait des recherches sur l’époque avant de concocter son récit, une méthode qui est un peu trop courante dans ce type d’histoire. Au contraire ils sont glissés subtilement sans prendre toute la place, et ont un réel impact sur la vie des personnages, et ne sont pas qu’un ramassis de faits socio-politiques incompréhensibles sans lien.

Fait cocasse : ce roman m’a beaucoup fait penser à La bicyclette bleue de Régine Deforges (qui lui a été décrié comme une pauvre copie du film Autant en emporte le vent, film cité maintes fois dans le roman de Mme Rouy).
Par contre, contrairement à La bicyclette bleue les personnages masculins ne changent pas subitement et sans explication, uniquement pour faire plaisirs à la protagoniste Léa Delmas.

Un roman captivant et palpitant, qui prend un peu de temps à se mettre en branle mais, pour paraphraser un castor japonais, une fois qu’elle est lancée, rien ne peut l’arrêter.
Un seul bémol par contre : dès que je lis le titre de ce livre, je pense toujours à la chanson de Barbra Streisand "Woman in Love" (reprise par Mireille Mathieu sous le nom "Une Femme Amoureuse")

J’ai très hâte de dévorer le tome 2, que j’ai déjà acheté.

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