Une enfance australienne de Sonya Hartnett

Une enfance australienne de Sonya Hartnett
( Of a boy)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Sahkti, le 18 février 2010 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 204ème position).
Visites : 3 933 

Le désespoir d'un enfant

Adrian est un petit garçon de neuf ans. Son père l'a déposé un jour chez sa belle-mère, la grand-mère du môme qui s'en occupe cahin-caha. Sa mère, Sookie... et bien, on ne sait trop ce qu'elle est devenue, si ce n'est que ses facultés mentales altérées lui ont valu que son gamin soit confié à la grand-mère.
Depuis, Adrian survit au milieu de ce monde feutré, sans copains. Il y a bien Clinton, mais cette amitié ne fonctionne que parce qu'Adrian se laisse dominer par son pote de classe. Sinon personne à part un monstre marin imaginaire, un chien rêvé dans sa tête et la télé. La télé qui annonce la disparition de trois enfants, les petits Metford, partis acheter des glaces et jamais revenus. Adrian adore les glaces. C'est sans doute pour ce point commun qu'il suit l'affaire de près.
Au même moment arrive une nouvelle famille dans la maison en face de la sienne. Il y a trois enfants avec lesquels Adrian ne tarde pas à faire connaissance. Quitte à se plonger dans de drôles de mystères et de nouveaux tourments.


Superbe roman de Sonya Hartnett qui m'avait déjà emballée avec "Finnigan et moi". Elle n'a pas son pareil pour dépeindre l'atmosphère pesante de cette petite ville australienne dans laquelle Adrian évolue tant bien que mal, totalement isolé du monde qui tourne autour de lui. Un gamin attachant au possible, doté d'une bonne dose de lucidité et que l'auteur a l'intelligence de ne pas infantiliser. Ses réflexions et ses états d'âme prennent aux tripes, le lecteur l'accompagne volontiers dans ses pérégrinations et ses regrets, avec une envie qui se fait grandissante, celle de l'accueillir chez soi et le serrer dans ses bras.
Lorsque la famille voisine s'installe, c'est un autre univers qui voit le jour, on a rapidement envie que celui-ci permette à Adrian de s'épanouir, de découvrir ce que peut être le bonheur. Alors on accompagne, on observe, on suit de près. Jusqu'à la fin. Dont je ne dirai rien pour ne pas déflorer le mystère. Mais quelle fin...
Sonya Hartnett m'a retourné l'estomac par la sensibilité dont elle fait preuve dans ce récit très bien écrit. A lire !

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Jusqu’où peut mener le sentiment de solitude

6 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 8 septembre 2013

Ce livre est ténu, fragile. La narratrice nous montre les peurs d’un garçon de 9 ans et sa hantise de l’orphelinat voisin. Elle nous peint le monde cruel et instinctif des enfants, l’acceptation d’une élève mentalement perturbée dans la classe mais aussi la curée quand elle provoque ses camarades. En parallèle nous est raconté la disparition dans un quartier voisin de 3 enfants partis chercher des glaces. La place de ce fait divers s’amenuise au fil du temps dans les médias et dans le livre.

L’auteure signifie en creux que l’affection qu’on n’exprime pas par crainte de paraître faible ou les non-dits familiaux qui provoquent des interprétations erronées sont délétères et engendrent des conséquences souvent néfastes.

Adrian ne comprend pas vraiment pourquoi les services sociaux et son père l’ont confié à sa grand-mère et éloigné de sa mère, certes apparemment dépressive. Son oncle de 25 ans qui ne sort volontairement plus de sa chambre dans laquelle il peint depuis qu’il a causé un accident qui a rendu tétraplégique l’ami qui l’accompagnait tente parfois de le comprendre. Il est très réservé et n’a qu’un ami à l’école qui bientôt lui préférera un autre camarade. Une famille s’installe près de la maison où il vit et il joue parfois avec ses voisines. Un jour, il décide de partir retrouver sa mère mais la plus grande de ses voisines lui demande de l’accompagner pour chercher les enfants disparus et devenir ainsi des héros. Il accepte le défi pour ne pas montrer sa peur.
IF-0913-4090

L'art du brouillage de pistes...

7 étoiles

Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 74 ans) - 5 septembre 2013

On ne résiste pas à la charge émotionnelle de ce petit roman dans lequel l'auteure nous distille savamment ,par petites touches ,l'histoire émouvante d'un enfant blessé et conditionné par les paroles d'un père -"ennuyeux comme la mort" avait-il dit de lui ,un jour -un enfant victime de l'irresponsabilité et de l'égoïsme de ses parents ,de la cruauté des autres gamins ,un enfant qui lance ce constat déchirant "tout le monde m'abandonne, j'ai le droit de vivre nulle part" et qui ,pour des raisons diverses et sans que l'on puisse en tenir rigueur à ces derniers ,ne peut trouver entre sa grand-mère et son jeune oncle tout l'amour qu'il mérite.
Mais fallait-il que le livre se termine de cette manière? Fallait-il en rajouter à cette charge émotionnelle déjà si forte?(*)

Par contre,je rends hommage au talent consommé de l'auteure dans l'art du brouillage des pistes :entre le suspense créé par le fait divers relaté au début du roman ,l'apparition de la petite famille en face de la maison d'Adrian,famille qui ressemble étrangement aux trois enfants disparus et le lien avec cette fameuse fin que j'avoue humblement ne pas avoir vue venir,la construction du récit s'avère assez remarquable.
J'ajouterai que le choix de s'introduire dans la psychologie et le ressenti de l'enfant ,tout en narrant le récit à la 3ème personne permet de conserver un niveau de langue et notamment une recherche dans les images tout à fait appréciables.

(*)Aaro-Benjamin nous dit qu'il s'agissait à l'origine d'un livre pour la jeunesse et cela m'a rappelé qu'à cet âge ,j'adorais les histoires mélodramatiques.

Quand la solitude devient insupportable

7 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 16 juin 2013

Que de souffrance, de douleur, de solitude dans la vie du petit Adrian.
Élevé par une grand-mère rigide, nous partageons les efforts de ce petit garçon pour se faire aimer, pour ne pas être seul. L'obéissance à sa grand-mère d'abord, la soumission aux règles tacites d'un groupe d'enfants, puis l'emprise de Nicole, son étrange petit voisine.
On partage ses peurs, ses crises d'angoisse, où seul son oncle Rory pourrait peut-être l'aider.
Et on rentre dans un monde choquant (mais finalement universel) de communications avortées, de dialogues interrompus, du drame des non-dits.
Un roman d'une grande noirceur, d'une grande tristesse et inévitablement douloureux.

Une enfance … particulière.

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 16 mai 2013

Pas simple l’enfance d’Adrian. Petit garçon de neuf ans, Adrian est élevé par sa grand-mère, vit avec son oncle, reclus chez la grand-mère, grand-mère qui ne se sent en réalité plus trop la force, pour ne pas dire l’envie, d’élever un petit garçon. Il a encore des souvenirs de sa mère et ne sait pas trop pourquoi il lui a été brutalement enlevé pour atterrir chez la grand-mère – nous, lecteurs, comprenons à demi-mots, Sonya Hartnett fait ce qu’il faut pour, mais Adrian … Adrian a neuf ans, n’est pas en âge de tout comprendre et de toutes façons, on ne lui explique rien. Ca en fait un petit garçon craintif devant l’autorité sans concession de sa grand-mère, un petit garçon débordé par la vie, qui n’a pas d’amis et n’a surtout pas confiance en lui …
Pas ce qui fait le meilleur départ pour la vie, n’est-ce pas ? De fait …
Je n’ai pas trop senti à la lecture qu’on était en Australie. Peut-être parce que pour Sonya Hartnett, le fait important est que nous soyons un petit garçon de neuf ans déjà marqué par le sort et que … quel que soit le lieu … En tout cas il ne faut pas lire « une enfance australienne » pour en savoir davantage sur l’Australie !

« On ne peut pas dire qu’Adrian aime ou déteste l’école. Depuis neuf ans, il fait ce que lui disent des personnes plus vieilles que lui. Aller à l’école est sur la liste. C’est inévitable. Se rebeller ? Ce serait peine perdue.
Adrian a fréquenté plusieurs écoles. Celle-là, il y va depuis qu’il habite avec sa grand-mère et son oncle – presque un an. Avant, quand il vivait avec sa maman, il allait dans une école à côté de chez lui et faisait l’aller-retour tout seul ; et quand il vivait avec son père, il prenait le vieux bus scolaire. Désormais, chaque matin, sa grand-mère le conduit en voiture devant le nouvel établissement ; et, chaque après-midi, elle vient le rechercher au même endroit. Elle lui dit souvent qu’il est son « fil à la patte ». Il ne sait pas trop ce qu’elle entend par là. Il a beau regarder, il ne voit pas en quoi il ressemble à un fil. »

Sonya Hartnett ne cherche pas à nous raconter une histoire merveilleuse style conte ou « happy end ». Elle y va « cash » et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’y a pas de concessions !

Dommages collatéraux

9 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans) - 5 mai 2013

Dans sa version originale, ce roman a été publié pour le marché du livre pour enfants et des jeunes adultes. Pourtant il s’agit d’un livre très sombre. La vie d’Adrian n’a rien de joyeux. Abandonné par ses parents, il est un boulet pour sa grand-mère qui doit s’en occuper.

Hartnett parvient à nous faire ressentir le désespoir de cet enfant. De plus, elle crée un suspense là où il n’y en a pas vraiment. J’ai été aspiré par le récit, surtout par son efficacité à nous forcer à réfléchir. En petites touches, il démontre les dommages indirects qu’un environnement instable peuvent causer sur la psyché d’un gamin; sa peur de la combustion spontanée par exemple.

Un roman subtil avec une imagerie forte et des personnages réalistes.

Adrian

8 étoiles

Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 59 ans) - 27 mars 2013

Adrian a 9 ans, il vit chez sa grand-mère autoritaire.
Il souffre d'avoir été rejeté par ses parents.
Un jour trois enfants disparaissent, on recherche un homme...
Adrian se pose énormément de questions et nous entraine dans son quotidien.
Un superbe roman qui nous tient en haleine jusqu'au bout avec une fin très surprenante.

Une fuite plutôt qu'une fugue

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans) - 11 janvier 2011

Quelque part dans une banlieue convenable d’Australie, Adrian, neuf ans, vit chez sa grand-mère car sa mère n’est pas jugée digne de l’élever et son père ne veut pas s’encombrer d’un gamin. Il sent bien qu’il est une charge pour tout le monde et qu’il n’intéresse personne même pas son meilleur ami qui lui préfère un autre camarade. Il nourrit des angoisses qui ne font que croître quand la télévision rapporte la disparition de trois enfants d’une même famille.

Adrian ne peut pas s’épanouir entre une grand-mère qui l’aime mais le rudoie parce qu’elle a peur de mal l’élever, un oncle qui vit reclus à la maison parce qu’il est responsable de la mort de son ami – Rory doit rester dans la maison à regarder le monde par la vitre parce que, s’il sortait, la viande qui pend à ses côtes se balancerait au gré du vent et pleurerait avec lui -, une camarade de classe qui se prend pour un cheval et fait un scandale tonitruant. Et, une famille avec trois enfants, comme ceux que l’on recherche activement, qui vient s’installer dans la maison voisine. Il noue progressivement des liens avec ces enfants, eux aussi, un peu perdus avec un père qui travaille et une mère qui se consume dans son lit depuis de longues années.

Sonya Hartnett avec ce petit roman, nous propose, dans un style vif et enlevé, une réflexion sur la construction de l’enfant, son parcours initiatique mais surtout les embûches qu’un monde sécuritaire tourné vers le confort des adultes propose à ces enfants isolés et mal aimés. Un livre qui pourrait facilement tomber dans un pathétisme larmoyant mais que l’auteur sait toujours maintenir dans un registre alerte par une montée progressive de la tension à travers des petites touches et des détails qui s’additionnent pour construire un récit crédible malgré l’accumulation des faits divers et événements douloureux.

On dirait qu’Adrian est le seul être sain de cette famille et qu’il comprend très vite qu’il n’a rien à faire avec ce monde, il ne veut pas être un « dinguo » comme sa mère, comme son oncle, comme la fille-cheval,… Il faut être attentif, les enfants savent très bien ce que pensent les adultes et tirent rapidement des conclusions même si ce ne sont pas toujours les bonnes.

Forums: Une enfance australienne

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Une enfance australienne".