Au-delà des terres infinies de Sōkyū Gen'yū

Au-delà des terres infinies de Sōkyū Gen'yū
( Chuin no hana)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Dirlandaise, le 2 février 2010 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 004ème position).
Visites : 3 347 

Une impresson d'inachevé

J’avais beaucoup d’attentes face à ce livre car l’auteur est moine bouddhiste zen et l’ouvrage a reçu le prix Akutagawa en 2001. Bien que l’écriture soit agréable sans pour autant être remarquable, l’histoire m’a ennuyée. Les personnages ne sont pas suffisamment développés pour être intéressants et la trame du récit est quelque peu confuse et on ne sait pas trop où l’auteur cherche à nous entraîner et dans quel but.

Sokudô est bonze et a la responsabilité d’un temple situé dans une petite ville d’environ vingt mille âmes, au sud de la région du Tôhoku au Japon. Son épouse, Keiko, est originaire de Tokyô et le couple est marié depuis six années. Il y a aussi Mme Ume, une vieille femme médium très âgée, monsieur Toku, un marchand de pierre de taille et Kôichi le fils adoptif de Mme Hume qui exerce le métier de marchand de bois à Tokyô. Mme Ume est une sorte de voyante et les gens du quartier viennent la voir afin de connaître leur avenir. Elle prédit même la date exacte de sa mort et le médecin qui la soigne s’acharne à la maintenir en vie afin que la prédiction, pour une fois, ne s’accomplisse pas. Mais peine perdue, la vieille femme décède le jour prévu et c’est alors que Sokudô découvre que son épouse s’est mise à une bien étrange activité qui l’obsède et lui prend une bonne partie de son temps. Il cherche alors à découvrir le pourquoi de cet acharnement et se demande si cette activité n’aurait pas un lien avec la mort de la vieille Mme Ume.

Bon, j’ai trouvé l’histoire confuse et un tantinet soporifique. Cependant, le livre renferme beaucoup de discussions assez intéressantes sur l’au-delà, la réincarnation et les différentes croyances du bouddhisme zen. Mais, il me laisse une impression d’inachevé, d’ébauche. C’est trop court pour vraiment s’attacher aux personnages. J’avoue que j’ai failli abandonner car certains passages m’exaspéraient par leur insignifiance mais le livre est tellement court que ce n’est pas trop difficile de parvenir à la fin qui, heureusement, est suffisamment belle pour rattraper un peu le tout. Il y a aussi de nombreuses notes de bas de page très instructives sur les rites bouddhistes et les mœurs japonaises. Mais j’aurais aimé une écriture plus poétique avec de beaux passages émouvants mais rien de tel malheureusement donc, malgré la qualité de l’œuvre, je suis déçue dans l’ensemble.

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Au-delà du regard

7 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 1 octobre 2010

Sokudô est une jeune bonze, chargé d'un temple perdu dans la montagne. Il s'occupe également de son épouse, Keiko, au caractère versatile et à la déprime omniprésente. Apparaît également l'étrange personnage de Madame Ume, medium en fin de vie, qui marque fortement les esprits par ses prédictions. Celle-ci a annoncé sa propre mort et les signes qui allaient entourer celle-ci. Aussi, lorsque l'événement se précise, chacun attend avec une certaine anxiété la concrétisation de la prophétie de Madame Ume. L'occasion pour beaucoup de s'interroger sur la vie et la mort. Keiko par exemple nage en plein doute et se repose beaucoup sur son mari pour l'aider à trouver le chemin. Ce dernier sait qu'elle est tourmentée, comme d'autres, mais il ne dispose pas de toutes les réponses. Lui-même voit s'ébranler quelques piliers de sa foi et s'interroge sur les lendemains à venir. Pas toujours simple d'être considéré comme le sage; la lutte pour la sérénité est un combat de chaque instant et c'est ce conflit intérieur qu'il est donné au lecteur de partager à travers une épopée initiatique toute en douceur et en finesse.

L'auteur est lui-même moine zen. Ce qui explique sans doute cette proximité au sujet et cette facilité avec laquelle il plonge le lecteur dans cette philosophie de la vie. Avec toutefois l'écueil non évité de rédiger un essai plutôt qu'un véritable roman. Les deux aspects se mélangent, quitte à créer de ci de là quelques longueurs, mais dans l'ensemble, il est plus que plaisant de côtoyer ces destinées et d'apprendre avec eux la méditation et la réflexion.
J'apprécie que Sokudô ne soit pas sûr de lui, qu'il demeure parfois extérieur aux événements qui se produisent, car il ne sait comment les appréhender. Idem avec le personnage de Keiko, épouse perdue qui passe son temps à tresser des papiers cadeaux colorés dont elle remplit des armoires. Il y a dans tout ceci une fascination pour l'invisible, le non-dit, le mystère aussi même si celui-ci fait peur. Cette distance observée me paraît salutaire dans la mesure où elle permet au lecteur d'entamer lui-même sa propre réflexion sur la mort sans que tout ne lui soit prémâché, comme c'est parfois le cas dans d'autres romans abordant ce thème.

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