La mort de brune de Pierre Bergounioux

La mort de brune de Pierre Bergounioux

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Montgomery, le 7 janvier 2010 (Auxerre, Inscrit le 16 novembre 2005, 52 ans)
La note : 8 étoiles
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Les heures douloureuses

J’ai souvent croisé Pierre Bergounioux sur les rayonnages des librairies, aux côtés de son frère d’armes Pierre Michon, sans avoir le courage de me plonger dans l’écriture réputée exigeante de cet auteur.

« La mort de Brune » était l’occasion de me faire enfin une idée sur cet écrivain.
Bergounioux y parle de sa morne jeunesse à Labenche , un hôtel Renaissance hanté par les fantômes des Valois, plombée tant par la monotonie désespérante de la vie provinciale que par des cours de solfège plus longs qu’une nuit d’hiver. Les subterfuges imaginés par le jeune garçon pour échapper à l’ennui vont du plus classique, la lecture, jusqu’au plus original, le regard d’une statue de femme qui lui permet de s’absenter de l’« existence qu’on lui faisait » ou, miraculeusement, de se relever indemne d’une chute vertigineuse qui aurait dû lui coûter de multiples fractures.

Ces souvenirs intimes sont l'occasion pour le lecteur de mesurer l'importance du passé commun sur les contemporains qui semblent être sous l'influence des personnages historiques tels que le maréchal d’Empire Brune, ou le Cardinal Dubois. Il n'est que de voir cet agent du fisc « qui n’avait plus d’yeux ni d’égards pour les vivants, les fraudeurs et le filles perdues exceptées ».

Se faisant plus philosophe, l'auteur salue les heures passées de l'enfance, celles qui nous façonnent, surtout lorsqu'elles sont douloureuses, car indispensables « pour qu’il y ait d’autres heures, une issue, un avenir qui soit la négation de la peine, du passé, de l’absence en quoi le présent a pu consister ».

Ce qui me restera, sans doute, c'est qu'avec Bergounioux, c’est comme avec Michon, on se prend à relire certaines phrases trois à quatre fois, hésitant constamment entre agacement devant une écriture stylisée à l'excès et admiration quand, des mots mis bout à bout, jaillit une tournure qui fait mouche, une formulation lumineuse, qui justifie par sa justesse, sa beauté et sa concision qu’on ait pris la peine de lire tout le reste.

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