Michel Graindorge au présent, Journal II de Michel Graindorge

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Michel Graindorge au présent, Journal II de Michel Graindorge

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Bolcho, le 21 novembre 2009 (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 75 ans)
La note : 5 étoiles
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Il y a trente ans

Etrange objet écrit que celui-là, trouvé par hasard. Michel Graindorge est un avocat belge, célèbre à l’époque parce que mêlé au bruit que firent l’évasion d’un associé de Mesrine et, surtout, les procès concernant la Rote Armee Fraktion. Avocat résolument de gauche (il a été au PC jusqu’en 1967) mais affilié à aucun courant précis en 1979, il est donc accusé d’avoir aidé à l’évasion de François Besse et passe 4 mois en prison avant d’être, plus tard, mis hors de cause. Pour le confondre, la police avait saisi son journal intime et l’avait utilisé contre lui, mettant ainsi l’intimité de Graindorge, d’une certaine manière, sur la place publique. C’est la raison pour laquelle l’avocat avait ensuite publié ce même journal intime.
Il avait ensuite publié ce « Journal II » qui couvre en quelque sorte sa période de reconstruction.
On aurait pu s’attendre à une profonde analyse politique de la situation, mais ce n’est pas du tout l’objet du bouquin, plutôt tourné vers la vie privée : séparation d’avec sa compagne, découverte de la vie « solitaire », relations fécondes avec ses enfants, vacances, amours de passage, etc. Du très quotidien souvent. Pas forcément passionnant.

On notera toutefois des notes éparses qui situent bien l’époque.
Sur le couple : « J’observe que les couples qui se font et se consolident en définitive par simple horreur du vide, traînent derrière eux une odeur d’étouffement ».
Sur la violence politique, l’auteur dit devoir se défendre contre « la tentation des Brigades Rouges » : la rupture immédiate et violente. Et il s’en défend en réaffirmant que la lutte armée a besoin de « multiples appuis populaires ».

Et d’autres notes qui nous donnent l’impression que les temps n’ont pas changé.
Lorsqu’il parle de « cette sale habitude de parler des super-puissances, des ‘grands’ de ce monde, de donner la parole aux ‘chefs’ de tout poil (…) ».
Lorsqu’il constate que « La démocratie bourgeoise se meurt. Tant mieux. Mais il s’agit d’en conserver tous les acquis historiques pour les porter à un niveau incomparablement plus élevé ».
L’utopie de Graindorge, c’est de créer un mouvement citoyen vraiment démocrate (et il cite l’Internationale : « Il n’est pas de sauveurs suprêmes : Ni dieu, ni César, ni tribun. Producteurs sauvons-nous nous-mêmes »). Un système où le pouvoir effectif appartiendrait à l’ensemble de la population. Pas possible ? Alors ne faisons pas semblant.
Mais ce qui – à trente ans de distance – rend cette époque si semblable à la nôtre, c’est le délire sécuritaire qui se met en place. Alors, le prétexte en était les groupes comme les « Brigades Rouges », la « Rote Armee Fraktion », « Action Directe » ou les « Cellules Communistes Combattantes ». On fabriquait des lois d’exception et on bafouait les droits de la Défense. Aujourd’hui, le prétexte en est le « terrorisme islamique ».
Rien de changé pour la bourgeoisie au pouvoir.

Je dirais, pour terminer, que c’est à lire un peu comme un témoignage historique, mineur mais parlant.

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