Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement...

L’Art poétique de Boileau parut le 1er juillet 1674. L’auteur se distingue de ces prédécesseurs par la forme qu’il adopte. En effet, c’est premier après Vauquelin de la Fresnaye à rédiger son Art poétique en vers. Il ne souhaitait pas seulement s’adresser à un public de doctes, mais aussi à un public mondain, au public des « honnêtes gens » qui jugent selon leurs goûts et leur bon sens. Son pari est réussi car l’ouvrage est globalement très agréable, on le lit avec plaisir même trois siècles plus tard…Et Boileau ne tombe ni dans la prétention ni dans la didactique dans l’exposition de ses idées.

Je vais tenter de résumer la composition du livre qui se découpe en quatre «chants» :

Chant I :

Ce sont les principes généraux de la poésie qui sont exposés ici. Boileau part de la nécessité de l’inspiration pour enchaîner sur les genres poétiques. Il condamne les excès de la fantaisie (vers 39 à 63) et conseille de suivre l’exemple de Malherbe (vers 103 à 146). Il est convaincu que la qualité d’un ouvrage dépend d’un travail lent et précis (vers 163 à 174) et qu’il faut toujours le soumettre à la critique d’un sage et non d’un flatteur (vers.183 à 204).

Chant II :

Boileau traite ici des « petits genres » comme l’idylle (vers 1 à 37), l’élégie où il condamne fortement la préciosité au nom de l’émotion (vers 38 à 57), la composition de l’ode (vers 58 à 81), les règles strictes du sonnet (vers 82 à 102), l’épigramme, le rondeau, la ballade, le madrigal (vers 103 à 144), l’évolution de la satire (vers 145 à 180) et le vaudeville. Il termine en énonçant que le poète se doit toujours de rester modeste.

Chant III :

Boileau se tourne vers les grands genres en commençant par la tragédie. L’analyse s’étend du vers 1 au vers 159. On retrouve la doctrine de l’imitation, les règles particulières (les trois unités, l’exposition, l’intrigue, le vraisemblable, la bienséance, les récits, le dénouement…), la tragédie en Grèce ainsi que la place du théâtre en France. Boileau étudie également le caractère du héros tragique et la critique.
Il continue avec l’étude du poème épique du vers 160 à 334. Il condamne le merveilleux chrétien dans les épopées et met en valeur la qualité du sujet épique, du héros épique, répand des conseils sur la narration et la description et fait l’éloge d’Homère tout en lançant une belle diatribe contre Desmarets de Saint-Sorlin.
Il clôt ce chant sur la comédie du vers 335 à 428 en réalisant un bref historique de ce genre et en condamnant vivement la farce.

Chant IV :

La dernière partie du livre aborde la poésie et le poète. La poésie ne peut supporter la médiocrité (vers 1 à 40). Le poète doit sans cesse rechercher la critique pertinente et éviter les flatteurs (vers 41 à 84). Boileau referme son ouvrage en abordant les conditions de l’écrivain (vers 167 à 192) et présente son propre rôle (vers 222 à 236).


Boileau voue ici un véritable culte à la raison. La raison et le bon sens doivent s’imposer à l’écrivain comme à ses conseillers. C’est en leur nom que découlent toutes les règles auxquelles l’écrivain doit se soumettre. Il doit apprendre à penser mais surtout, il doit assimiler un ensemble de préceptes et de procédés d’écriture.

Il faut lire L’Art poétique comme un ouvrage reflétant une société et un goût aujourd’hui disparus. En effet, l’ornement, l’artifice dans la conception de l’écriture s’impose à Boileau là où le lecteur moderne attend davantage de naturel.

Néanmoins, L’Art poétique est le livre le plus accessible de la doctrine classique. Il présente un ensemble de thèmes longtemps débattus (beaucoup le sont encore aujourd’hui) comme l’imitation, la vraisemblance, la distinction des genres, le style, les règles…

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  Art poétique [Texte imprimé] Boileau présentation par Sylvain Menant

  de Boileau, Nicolas Menant, Sylvain (Préfacier)
  Flammarion / G.F..
  ISBN : 9782080702067 ; 5,80 € ; 02/11/1998 ; 253 p. ; Poche

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