The philosophy and opinions of Marcus Garvey de Marcus Mosiah Garvey

The philosophy and opinions of Marcus Garvey de Marcus Mosiah Garvey

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Oburoni, le 21 juin 2009 (Waltham Cross, Inscrit le 14 septembre 2008, 41 ans)
La note : 4 étoiles
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Back to Africa

En 1919 le militant Marcus Garvey, fondateur et président de l'UNIA ( Universal Negro Improvment Association -Association Universelle pour l'Amélioration de la condition des Noirs ) crée la Black Star Line, une compagnie maritime dont l'un des objectifs est d'aider les noirs qui le souhaitent à quitter les Etats-Unis ségrégationnistes pour aller refaire leur vie en Afrique. Pour effectuer les voyages il a, évidemment, besoin de bateaux; bateaux qu'il achète en encourageant les membres de l'UNIA à acquérir des actions dans la Black Star Line. Tout se passe plutôt bien, une poignée de navires est ainsi achetée, il pense même à en acquérir un de plus. Même système, donc : il envoie des publicités aux membres de l'UNIA pour les inciter à investir leur argent en vue de l'achat du Phyllis Wheatley. Seulement voila, contrairement aux précédents, suite à plusieurs évènements troubles impliquant des partenaires douteux, jamais le Phyllis Wheatley ne lui sera vendu et beaucoup, donc, perdent leur argent pour rien. Puisque toutes les transactions entre la Black Star Line et les actionnaires ont été effectuées à travers la Poste, il sera poursuivi pour fraude postale et condamné à 5 ans de prison; peine qu'il effectuera au pénitencier d'Atlanta.

L'affaire, on le devine, portera un sale coup à sa réputation déjà houleuse. Si la plupart continuent à le voir, au mieux comme un militant servant son peuple, au pire comme un idéaliste naïf s'étant fait rouler par des businessmen sans scrupule, certains commencent à le percevoir comme un escroc, et vont jusqu'à mener des campagnes contre lui. Pendant qu'il est en prison sa femme, Amy Jacques Garvey, décide donc de rétablir son honneur, ou au moins de mettre les points sur les "i" : elle fait publier ses discours, ses lettres, ses notes pour montrer qui il est, ce qu'il pense, ce qu'il veut vraiment. Le premier volume de "Philosophy and opinions of Marcus Garvey" parait en 1923, le second en 1925; tout deux sont réunis ici en un seul tome.

On y découvre les idées de celui qui est alors l'un des noirs les plus célèbres au monde.

Pour lui tout part d'un constat simple : jamais les blancs n'accepteront de considérer les noirs comme étant leurs égaux, de leur permettre d'accéder aux plus hautes fonctions, d'avoir une place égale au sein de la société. Ceux qui luttent pour l'intégration ne sont pour lui que des oncles Tom, naïfs, qui n'ont rien compris à la question raciale -W.E.B. Du Bois, en particulier, en prend plein la figure... La solution repose donc pour lui dans une forme de ségrégation : si toutes les races sont égales et peuvent coopérer et échanger les unes avec les autres ( commercialement, par exemple ) elles ne doivent pas se mélanger. D'abord parce que les blancs ne le veulent pas et ne le voudront jamais; ensuite parce que ce n'est pas souhaitable, cela mettrait en péril la "pureté des races"... On flirte avec le racisme, lui qui qualifiait W.E.B. Du Bois, un métis, de "monstruosité"...

Ses idées peuvent paraitre populistes et choquantes ( et elles le sont, soyons franc ), il faut pourtant les replacer dans leur contexte.

Son racisme d'abord. Jamaïcain d'origine, par son obsession de la pureté raciale il ne fait que transplanter le mode de pensée typique d'une colonie britannique aux Etats-Unis. En Jamaïque en effet on est jugé selon que l'on soit noir, blanc, métis, quart de noir, quart de blanc, huitième de noir, huitième de blanc etc... Un racisme choquant, certes, mais qui est alors normal dans plus d'une partie du monde.

Sur la condition des noirs ensuite. L'abolition de l'esclavage en 1865 n'a, au fond, que peu changé leur statut par rapport aux blancs. Le racisme ronge la société américaine, des lois dites "Jim Crow" entrent en vigueur un peu partout pour établir une stricte ségrégation raciale, des groupes au racisme violent et meurtrier tel le Ku Klux Klan sont en plein essor, des émeutes raciales explosent ici et là, pire : même le sacrifice de soldats noirs partis se battre sous le drapeau pendant la Première Guerre mondiale en Europe n'a rien changé à la condition des Afro-américains, comme certains l'avaient espéré. La prose simpliste de Garvey ne fait donc qu'exprimer leur ras-le-bol, frustrations et désillusions.

De plus il n'y a pas qu'en Amérique que la question raciale est un problème. En Afrique par exemple, leur terre d'origine, elle forge alors un autre système raciste d'avilissement et d'exploitation : le colonialisme. Pour Marcus Garvey les choses sont donc claires : partout la race noire est écrasée, si elle ne se réveille pas elle sera réduite à néant et balayée. Seule une prise de conscience, selon lui un nationalisme Pan-Africain excluant les autres races, pourra la sauver.

C'est pour cela qu'il soutient les mouvements anti-coloniaux et indépendantistes qui éclosent alors. C'est pour cela qu'il se ralliera à l'idée de coloniser le Libéria. C'est pour cela qu'il créera la Black Star Line : puisque les noirs ne peuvent pas, et ne doivent pas s'assimiler avec les blancs, ceux qui ne sont pas prêts à vivre dans un système ségrégué doivent pouvoir se rapproprier leur terre d'origine ( l'Afrique ) pour y créer leur(s) propre(s) nation(s). Le "Back to Africa" (retour en Afrique ) est une idée qui gagne en popularité.

Populiste célèbre, entrepreneur à succès, à la tète d'un mouvement qui rassemble au moins des centaines de milliers d'adhérents à travers le monde... On comprend qu'il pose problème, non seulement pour les élites blanches mais aussi pour les noirs moins radicaux, partisans de l'intégration dans la société américaine ! Son procès ( dont les transcriptions, en plus de ses lettres de prison, terminent le livre ) est l'occasion rêvée de s'en débarrasser.

Alors, au final, que vaut ce "Philosophy and opinions" ? A mon avis pas grand chose. C'est long -près de 500 pages- et ennuyeusement répétitif. Les mêmes idées y sont martelées encore et encore, étalant la pauvreté de sa "philosophie" : les blancs n'aiment pas les noirs, à quoi bon s'intégrer, autant vivre séparé ou retourner d'où l'on vient : l'Afrique. Du populisme afro-américain, aussi saoulant que n'importe quelle autre forme de populisme. "Selected writing and speeches of Marcus Garvey", plus direct et court a lire, fera mieux l'affaire pour le découvrir !

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