Zones humides de Charlotte Roche

Zones humides de Charlotte Roche

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par BONNEAU Brice, le 14 mars 2009 (Paris, Inscrit le 21 mars 2006, 39 ans)
La note : 1 étoiles
Moyenne des notes : 2 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 1 étoiles (59 661ème position).
Visites : 6 273 

Un roman abject !

Un matin d’insomnie comme un autre, allongé sur mon canapé, enroulé dans un plaid, je savourai le réveil de Paris : le bruit des volets métalliques des cafés qui reçoivent leurs livraisons, les premiers passages de l’ascenseur, les premiers voisins qui partent travailler, la teinte bleutée que prend ma cour d’immeuble, et qui inonde mon appartement de cette même lumière que les jours de pluie. Une envie de lire, évidemment. Voilà qui tombe bien, puisque j’ai reçu de l’agence Sixandco la semaine dernière un premier roman, vendu à déjà plus d’un million d’exemplaires en Allemagne, nous informe le communiqué de presse. Zones Humides, de Charlotte Roche. Un titre sulfureux pour un roman qui ne l’est pas moins, et dont le contenu semble être totalement aux antipodes d’une lecture matinale.

Comme entrée en matière, Hélène nous présente la situation sans détours. Elle a des hémorroïdes qui se sont infectées, qu’elle adore gratter et triturer. On y apprend également que “ça fait un bail, depuis mes quinze ans - et j’en ai dix-huit - que la sodomie me réussit très bien“. Pour l’essentiel, le ton est donné. Elle nous livre donc, pendant les 226 pages que fait ce roman, le récit de son hospitalisation. Et dans l’ensemble, tout est fidèle aux premières lignes. Hélène est donc une jeune fille en lutte contre l’hygiène intime, qui se masturbe aussi souvent qu’elle se fait prendre, qui adore les sécrétions de son corps, et surtout celles qui sont jugées comme sales et honteuses par la société. Quand elle ne mange pas les croûtes de ses plaies, et qu’elle ne lèche pas ses doigts après les avoir trempés dans son vagin, Hélène fait profiter à tous de ses règles en disséminant ça et là ses tampons fait maison.

Ce n’est pas vraiment l’histoire, qui est intéressante. A vrai dire, le livre en soi est un abysse d’immondices humaines, regroupant en quelques pages et avec juste ce qu’il faut de lisibilité le maximum de répugnances sociales liées à l’intime et à l’hygiène. Hélène le résume elle-même dans son récit, “je suis mon propre vide-ordure. Une recycleuse de sécrétions corporelles“. Pas besoin de plus d’illustrations, la lecture fut assez riche en nausées pour que je vous épargne d’autres exemples.

Le vrai mystère de Zones Humides, c’est son succès. Car contrairement à ce que certains pensent, ce n’est pas un roman pornographique. Les choses sont crues, mais à aucun moment l’auteur ne cherche à stimuler sexuellement le lecteur, l’incitant à une masturbation entrecoupée d’un feuilletage maladroit. Alors, qu’est-ce qui explique ce million de livres vendus outre-Rhin ? C’est la question qui agite depuis quelques mois la société allemande, et dont Arte s’est fait le relais par le biais d’un documentaire visionnable uniquement la nuit.

A l’occasion de la sortie française du livre (dont 27 pays ont acquis les droits de diffusion) chez Anabet, une maison d’édition peu connue à cause de son catalogue particulier, et qui a eu le nez fin en achetant les droits avant que le succès ne soit au rendez-vous, l’auteur Charlotte Roche sera sur Paris pour assurer la promotion du livre. C’est donc invité par SixandCo (qui a ouvert un blog pour l’occasion) que j’irai rencontrer jeudi soir l’auteur qui confesse que “70% de l’histoire est autobiographique” et donc à qui j’éviterai soigneusement de serrer la main ou de faire la bise, gardant de son roman un souvenir teinté d’un peu d’interrogation et de beaucoup de dégoût.

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Les éditions

  • Zones humides [Texte imprimé] Charlotte Roche
    de Roche, Charlotte
    Anabet éd. / Littérature (Paris. 2006)
    ISBN : 9782352660507 ; 1,77 € ; 06/03/2009 ; 226 p. ; Broché
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Un roman "borderline" !

3 étoiles

Critique de Julie1213 (, Inscrite le 4 avril 2009, 42 ans) - 4 avril 2009

Une page, deux pages… et c’est parti pour un plongeon sans limites dans les moindres recoins de l’intimité d’Hélène : une ado de 18 ans, tourmentée par le divorce de ses parents et… son anus ! Une histoire au ton provocateur. Un humour trivial, qui n’a de sens que si on prend de la hauteur. Un objectif étiqueté féministe : faire la guerre aux idées "maniaco-hygiénistes". Résultat mitigé.


Charlotte Roche, journaliste allemande d’une trentaine d’années, a créé dans son premier roman, une héroïne à couper le souffle. Hélène, la narratrice de 18 ans, nous livre ses secrets et ses affres au chevet de son lit d’hôpital, service proctologie. Ses passe-temps : se délecter de son corps, de ses odeurs qui dérangent, glisser toutes sortes de choses dans ses orifices, le sexe sous toutes ses formes… Son pire cauchemar : l’hygiène et ceux qui la pratiquent. Mais elle a un but ultime dans la vie : réunir ses parents divorcés. Hélène va alors se lancer dans une course contre la montre. Elle tente le tout pour le tout de sa chambre d’hôpital. Sans nous ménager.

Haut le cœur ! Les premières pages sont difficiles à tourner : impossible de prendre autrement qu’au premier degré, les fantasmes assouvis de cette adolescente décalée. Pourtant il est hors de question d’imaginer que ce roman est gratuit ! Il faut attendre plusieurs dizaines de pages et lever son nez du livre, pour comprendre que c’est entre les lignes que ça se passe.

Charlotte Roche, un style cru et extrémiste en bandoulière, part à l’assaut de toutes les idées reçues en matière d’hygiène. Elle se moque en particulier de celles transmises aux jeunes filles depuis des générations. Elle sonne le lecteur comme une cloche : avec cette volonté de dénoncer les angoisses obsessionnelles générées par une société aseptisée et l’image de la femme actuelle, façonnée par des années de tabous et de publicité. Comme si le cauchemar des unes pouvait devenir l’idylle des autres, elle revendique pour la femme le droit de disposer de son corps et de son esprit, tel qu’elle l’entend.

On termine alors cette lecture pas comme les autres, avec l’esprit apaisé d’y avoir donné du sens. Les impressions n’en restent pas moins mitigées.

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