Rêveuse bourgeoisie de Pierre Drieu La Rochelle
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un roman intimiste mais fidèle à son auteur
Description acerbe d'une famille décomposée avant d'exister, "Rêveuse Bourgeoisie" sous ses aspects romantiques, comporte tous les ingrédients que l'on retrouvera dans "Gilles" son roman suivant.
Camille, reflet romanesque de l'auteur, est marié dans un but lucratif à Agnès. Celui-ci se lance dans les affaires et dépense sans concession ni scrupules. Agnès est folle amoureuse, lui est dédaigneux et méprisant à son égard. La souffrance subie par Agnès est décrite avec force par l'auteur mais vécue avec indifférence par Camille. Ce dernier aime Rose, une femme à la chair pure et à l'allure libre.
On observe au fil du roman toute cette destruction des liens familiaux et amicaux engendrée par la personnalité de Camille. Les conséquences sur les enfants, Yves et Geneviève, sont également dépeintes avec sincérité. Yves est névrosé par le comportement de son père et ne peut se résoudre à s'engager avec une femme qui l'aime, lui faisant penser à sa mère. En revanche Geneviève en tire une force. Le théatre constitue pour elle une échappatoire où les vertus et les vices ne sont que des jeux. Mais au final, elle épouse une forme d'éthique qui va aller dans le sens de celle de son père. Pourquoi aimer tout le monde? Est-ce mal que de se tourner vers les personnes que l'on préfère, et cela même au sein de sa propre famille? Allant jusqu'à pardonner à son père, Geneviève va développer la même philosophie et sera au final la seule rescapée de ces naufrages sentimentaux.
"Rêveuse Bourgeoisie" regroupe beaucoup de thèmes chers à l'auteur. L'admiration des personnes libres et à fort caractère, l'étroit rapport entre l'argent et les femmes mais surtout ce rapport entre dominant et dominé confrontant deux visions: celle de faire des concessions et le bien autour de soi, et celle de jouir pleinement de sa vie en faisant des sélections. L'auteur a fait le second choix.
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Les éditions
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Rêveuse bourgeoisie [Texte imprimé] Pierre Drieu La Rochelle
de Drieu La Rochelle, Pierre
Gallimard / Collection L'Imaginaire.
ISBN : 9782070740871 ; 10,50 € ; 03/01/1995 ; 349 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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Le roman du déclassement social
Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 46 ans) - 25 juillet 2015
Figure centrale du roman, Camille est cet homme intelligent mais qui n'a pas de volonté, dissolu en amour comme en affaires, il ne parviendra jamais à s'accomplir et à tenir son rang.
Longue chute donc où l'on voit les membres de la familles sombrer dans le déclassement social. Incapable de pouvoir se lier à sa fiancée, Yves le fils, s'enfuit en Afrique, Geneviève aussi ne peut s'empêcher de reproduire le modèle paternel... les grands-parents en mourront de chagrin.
Servi par une langue admirable, Rêveuse bourgeoisie est un roman important de Drieu. Il permet au lecteur du XXIe siècle de comprendre cette classe sociale non clairement définie, la bourgeoisie, ses codes, ses aspirations, ses hypocrisies. Un très bon roman, un très bon document.
Quelle maîtrise de la langue !
Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 84 ans) - 10 mai 2012
Mais la langue et le style de l'auteur rachètent tout ; c'est un plaisir de savourer cette précision du langage, le vocabulaire parfois désuet. A côté, certains de nos auteurs récents pourraient passer pour des analphabètes.
C'est l'annonce de l'entrée de Drieu La Rochelle dans la prestigieuse collection La Pléiade qui m'a fait rechercher ce roman au fond de ma bibliothèque et je ne le regrette pas, de même que je salue le choix de Gallimard...
Pas de quoi rêver la bourgeoisie
Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 51 ans) - 31 mars 2009
Camille vit mesquinement, dans le mensonge, la manipulation, emprunte, rate ses affaires, emprunte encore… comme un puits sans fond, comme incapable de résister et surtout de changer.
Camille se cherche, se ment à lui-même, à la femme qu’il a épousée pour son argent et lui préférant Rose, sa maîtresse, aimante et pulpeuse qu’il domine parce qu’elle l’aime.
Et pourtant cette Agnès aussi l’aime. Elle ne le supporte plus mais vit avec l’insupportable, prise par un amour incroyable et le refus d’admettre l’échec et la tromperie dont elle fut victime.
Les dommages colatéraux sont nombreux, notamment pour les enfants de Camille et Agnès et surtout pour Yves qui périra au combat, comme seule façon de ne pas finalement trop ressembler au père.
L’écriture est classique mais belle, le thème un peu visité, celui d’une classe qui n’en est pas vraiment une et où seule la question de l’argent l’emporte finalement.
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