Le proscrit de Sadie Jones

Le proscrit de Sadie Jones
( The outcast)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Sahkti, le 23 février 2009 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 365ème position).
Visites : 3 039 

Isolé à vie ?

L'ouvrage débute en août 1957 avec le retour de Lewis Aldridge dans la maison de son père. Un retour en forme de poids, de paralysie, de peur aussi.
C'est que deux ans plus tôt, Lewis a incendié l'église du village, à Waterford, par révolte, par ennui, par besoin d'amour, pour attirer l'attention, par folie... nul ne le sait mais le mal est fait et il va être difficile de réintégrer la communauté.
Flash-back, nous voilà projetés en arrière vers les dix ans de Lewis, lorsque celui-ci assiste, impuissant, à la noyade de sa mère. Une mère qui avait bu le verre de trop et avait plongé dans l'eau glacée pour ne jamais en remonter. Les efforts de Lewis pour la sauver resteront vains et avec eux, la culpabilité de toute une vie, les accusations silencieuses d'une petite ville bourgeoise qui entame une longue période de destruction.
Renfermé sur lui-même, malheureux et de plus en plus asocial, Lewis se livre à toutes sortes de bêtises, il se met à boire, à s'automutiler, à se battre; la situation devient intenable pour ses parents à qui il inflige la honte dès qu'il est en leur compagnie. C'est au bout de ce lent processus qu'arrive l'incendie de l'église, puis la prison, la retour, la réadaptation. Et de nombreuses difficultés. Les apparences sont essentielles à Waterford.

Sadie Jones crée un personnage en forme de anti-héros attachant et agaçant. Elle a la subtilité de ne pas nous décrire le mal-être de Lewis avec des termes médicaux ou des analyses psychologiques superflues. Les faits sont là, les silences sont parlants et rapidement, le lecteur parvient à se glisser dans la peau du garçon. En l'aimant de suite beaucoup. En voulant le secouer aussi, mais il est toujours plus facile de vouloir donner des leçons quand on ne les vit pas. Alors on assiste à tout cela, on se sent vibrer de l'intérieur, surtout face à des injustices telles Dicky Carmichael, un homme qui bat femme et enfants en faisant la loi dans le bled.
Le poids de la rumeur et du regard d'autrui est également finement restitué par Sadie Jones, qui livre ici un roman sombre empreint de souffrance et d'humanité, de beauté aussi, dans une langue ciselée pour nous faire comprendre tout ce qui ne peut être dit. C'est du beau travail et un bon roman à découvrir.

Originalité à propos de celui-ci, une bande-annonce, telle au cinéma, a été réalisée.
Il est possible de la visualiser ici:
http://libella.fr/buchet-chastel/auteurs/…
Première fois que je vois cela, c'est plaisant un tel procédé !

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Une prison sans barreaux

7 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans) - 29 avril 2009

Après avoir lu le 4e de couverture vous saurez tout de l’histoire. Il ne s’agit pas d'un roman fort en rebondissements. L’exploration de la psychologie de ce personnage de banni et son entourage demeure également très abstraite et en quelque sorte ratée. Lorsqu’un adolescent s’automutile au rasoir, cela signifie que sa douleur est terrible. Or, l’auteur selon moi ne réussit pas à l’évoquer et la lier au drame qu’il a vécu durant son enfance (la noyade de sa mère).

Ceci étant dit, l’écriture de Sadie Jones est efficace. L’atmosphère claustrophobique de son petit univers injuste et sombre est bien maitrisée. Tout est amené par détails, qui dans leur ensemble, peignent un portrait subtil de cette communauté anglaise pudibonde de l’après-guerre. Un premier effort remarqué, avec raison.

(Prix Costa 1er roman)

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