Textile de Orly Castel-Bloom

Textile de Orly Castel-Bloom
( Teqsṭiyl)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Dirlandaise, le 6 janvier 2009 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 7 étoiles
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Froid comme l'acier

Ce roman relate les tribulations d’une famille aisée habitant un quartier tout neuf et prospère de Tel-Aviv. La mère, Mandy Gruber, est propriétaire d’une usine de textile qui fabrique des pyjamas pour les familles ultra-orthodoxes de Tel-Aviv. Le père, Irad, est une sorte de génie qui a inventé un modèle d’escalier roulant en spirale et qui a reçu le prix d’Israël pour son invention. Et puis il y a les deux enfants : Lirit, jeune fille de vingt-deux ans qui a renoncé à la vie clinquante pour partager le quotidien d’un jardinier biologique idéaliste deux fois plus âgé qu’elle. Quant à Da’el, le fils, il exerce le métier peu banal de tireur d’élite dans l’armée. Nous suivons donc les quatre membres de cette famille sur une assez courte période mais qui sera déterminante sur leur destin.

J’ai trouvé l’écriture très froide, presque mécanique. Jamais l’auteure ne nous fait pénétrer en profondeur dans l’âme des personnages. Leurs actions sont décrites minutieusement, presque trop. C’est du concret, du matériel, du palpable à un point tel que cela frôle la vulgarité. On nous décrit leurs actions quotidiennes, ce qu’ils mangent, ce qu’ils boivent, la façon dont ils se vêtent, la couleur de leur vernis à ongles pour les femmes et le débraillé des hommes. C’est la société de consommation, le pouvoir de l’argent, la domination du plus riche sur le plus pauvre. C’est aussi les magouilles du savoir, des inventions, de la transmission d'informations secrètes entre pays. Le sort des uns est observé avec indifférence par les autres et chacun profite des avantages que le malheur des autres peut lui apporter. C’est troublant de cynisme et c’est froid comme l’acier du fusil de Da’el lorsqu’il se met en position de tir et qu’il fait un carton. Pourtant cela ne manque pas d’intérêt et j’ai apprécié particulièrement le personnage de Mandy de même que celui du père et de Lirit.

Pas un grand roman mais une écriture qui dérange, qui laisse une sorte d’indéfinissable malaise et incite à poursuivre la lecture jusqu’au bout. Orly Castel-Bloom est récipiendaire du prix de Tel-Aviv pour la littérature en 1990 et du prix Leah Goldberg 2007. On dit sur la quatrième de couverture qu'elle est comptée parmi les auteurs qui ont su provoquer ces vingt dernières années une véritable mutation de la littérature israélienne.

« En Europe, on n’était pas seul. Il y avait des gens, on pouvait leur parler. Ils répondaient. Alors qu’aux Etats-Unis, quand on vous demande comment vous allez et que vous leur répondez sérieusement, vous vous trouvez face à un vide, comme ça lui était déjà arrivé. « Comment allez-vous ? » n’était pas une question, c’était une formule pour dire bonjour. »

« Il notait tout, clairement, à la main, au cas où les ordinateurs disparaîtraient après la destruction du monde. »

« Les citoyens désorientés de la terre étaient en droit d’exiger une explication plus sérieuse que « ces gens sont des forcenés ». Les terroristes qui venaient des camps de réfugiés ou du cœur d’une ville d’Europe n’étaient pas des fous. Leurs actes avaient une explication rationnelle et il fallait s’appliquer à la découvrir. »

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