Le nombril des femmes : Portraits croqués de Dominique Quessada

Le nombril des femmes : Portraits croqués de Dominique Quessada

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Kinbote, le 24 décembre 2008 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 267ème position).
Visites : 2 763 

Les Femmes pour les nuls

Des sentences banales (« Le désir des femmes fait souvent peur aux hommes. En fait, presque toujours ») voire triviales (« Comment, lorsque l’on est une femme, avoir un rapport simple avec ce qui entre dans le corps ? »), d’autres frappées au coin du – seul? - bons sens, d’autres tirant vers la poésie, une collecte d’infos relatives à la situation des femmes dans le monde (« En France, une femme a le droit de travailler sans demander l’autorisation de son mari. Depuis 1965 »), à leur combat, comme pour « rattraper » la simplicité de certaines observations (« Les femmes ne savent fondamentalement pas ce qu’elles désirent. Sauf lorsqu’il s’agit de l’achat de cette petite robe noire de chez Dolce & Gabbana »). Au final, un melting pot à moitié convaincant qui nous ferait presque dire, et c’est un des consolations de ce livre, qu’en s’appliquant un peu, on pourrait faire mieux.

À emporter dans les endroits publics pour une lecture forcément distraite par le passage ou la présence dans les environs immédiats de ces êtres premiers (dans le sens des nombres premiers) du genre croqué par Dominique Quessada.

Quelques extraits:

Les femmes ont une date de naissance. Et ça les navre.

Les femmes que vous croisez dans la rue sont toutes nues sous leurs vêtements. C’est vertigineux de l’imaginer.

Beaucoup de femmes ont une femme dans leur vie qui leur téléphone très souvent pour leur demander pourquoi elles ne sont pas encore mariées ou pourquoi elles n’ont pas encore d’enfant : leur mère.

Parfois, souvent, presque toujours il arrive que les femmes très belles soient aussi très laides.

Les femmes aiment les hommes, qui en général le méritent peu.

Les femmes ont une patience infinie : elles peuvent supporter que les hommes leur mentent pendant des mois, sans perdre confiance en leur amour.

Les femmes ont deux profils : le leur, et aussi très vite celui de leur mère.

Les femmes se font courtiser, supplier, désirer, inviter à déjeuner et à dîner, emmener en week-end, attendre, aimer.
Et puis, par une bascule énigmatique, et comme pour payer chèrement toute cette dévotion brûlante à leur égard, ces princesses hautaines se retrouvent ensuite à laver et repasser des chemises, des chaussettes et des slips d’hommes pendant des années.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

  • Le nombril des femmes [Texte imprimé], portraits croqués Dominique Quessada
    de Quessada, Dominique
    Seuil
    ISBN : 9782020860888 ; 5,10 € ; 09/03/2006 ; 106 p. ; Poche
»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Pas mal du tout...

8 étoiles

Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 67 ans) - 19 avril 2013

Dominique Quessada est un philosophe mais il est difficile à classer avec précision car il est aussi un communicant, un touche à tout, un critique de la société, un homme qui pense de façon libre et indépendante… D’ailleurs, la difficulté à le faire tenir dans une boite, dans une école de pensée, dans une mouvance politico-sociale montre à quel point il a réussi : il est d’ici et d’ailleurs, point barre !

Je n’ai lu que quelques éléments de tout son travail mais à chaque fois ce fut plutôt et la surprise et la satisfaction. La surprise car je ne m’attendais jamais à trouver ces phrases et ces pensées sous la plume d’un philosophe, même si ce dernier s’acharnait depuis longtemps à déstructurer et bouleverser la philosophie traditionnelle ou classique. Ces derniers adjectifs étant, comme chacun le sait bien ici, soumis à discussions permanentes car difficiles à définir… La satisfaction, aussi, car cela me permettait de mesurer la pensée humaine cheminant dans l’histoire de l’humanité. Non, on n’était pas obligé de penser toujours comme avant, on avait le droit de dire des choses, de prononcer des mots, d’émettre des idées mêmes, surtout, quand elles choquaient, provoquaient, créaient, redressaient, corrigeaient, rétablissaient, révolutionnaient… C’était grandement rassurant dans cette humanité qui annonçait un peu tôt la fin de l’histoire…

Alors, après cette rapide introduction, vous pourriez avoir envie de fuir. La philosophie, ce n’est pas pour vous, les rebelles encore moins et, en plus ce doit être un livre monumental et illisible ! Vous pourriez le croire et ce serait une énorme erreur ! Tout d’abord parce que le livre est de taille très raisonnable, une centaine de pages, format poche et présentation aérée. Deuxièmement, le style, lui-aussi, est léger, simple, et il s’agit non pas d’un texte d’essai philosophique à l’ancienne, mais d’une série d’aphorismes, de pensées, de portraits croqués comme le dit l’auteur lui-même… Donc, point d’angoisse métaphysique de lecteur et plongeons ensemble dans ce fameux « nombril des femmes »…

On peut lire cet ouvrage de façons différentes. La première fois, je l’ai lu dans le train entre Chalon-sur-Saône et Dijon, je n’ai pas vu le temps passer et j’étais heureux en arrivant. Je ne savais pas définir mon bonheur de lecteur, je ne savais pas non plus ce qu’il fallait retenir de cette lecture. Les phrases qui m’avaient fait sourire, celles qui m’avaient perturbé, celles qui m’avaient gêné ? Puis, le soir, j’ai lu le même texte à voix haute à mon épouse. C’est une autre façon de faire vivre ce type de texte. Dès la première lecture, j’avais bien senti que l’on pouvait adapter ce texte de Quessada en spectacle, l’expérience du soir m’a prouvé que c’était possible mais pas si simple. En effet, quand on lit à voix haute, on s’approprie le texte et on le révèle à l’autre, celui ou celle qui écoute. Du coup, c’est un peu comme si on parlait, comme si on pensait tout ce que l’on disait… Plus délicat… Mais ces deux lectures m’ont beaucoup apporté, elles se complètent et m’ont définitivement convaincu que cet ouvrage était bien à lire…

Mais que dire du contenu ? Cela ne se résume pas, c’est certain. Il s’agit de femmes, femmes croisées, connues ou fantasmées… On peut aller dans le très théologique – « Je crois en l’Eternel, surtout quand il est féminin » –, à l’existentiel – « Les femmes ont un nombril. Sauf la première » – en passant par l’anthropologique – « La première femme est l’unique femme qui n’a pas eu de mère » – et vous comprenez bien que chaque élément peut faire rire au premier abord, puis déclencher une réflexion parfois salutaire…

Bien sûr, il y a aussi de l’humour et il faut savoir rire de tout, même des femmes ! « Les femmes ont une date de naissance. Et ça les navre » ce qui oblige à rire des hommes, bien sûr, et ce peut être moins drôle : « Les femmes ont une patience infinie : elles peuvent supporter que les hommes leur mentent pendant des mois, sans perdre confiance en leur amour ».

Forums: Le nombril des femmes : Portraits croqués

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Le nombril des femmes : Portraits croqués".