Best Love Rosie de Nuala O'Faolain

Best Love Rosie de Nuala O'Faolain
( Best love Rosie)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Sentinelle, le 10 décembre 2008 (Bruxelles, Inscrite le 6 juillet 2007, 54 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 563ème position).
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Emouvant

Décédée cette année à l’âge de 68 ans à Dublin, l’écrivaine irlandaise Nuala O’Faolain est l’auteur de cinq romans dont le dernier « Best Love Rosie ». Elle a notamment obtenu le prix Fémina du roman étranger pour L’histoire de Chicago May, chroniqué sur ce blog.

Récits d’inspiration le plus souvent biographique et autobiographique, Nuala O’Faolain se dévoile beaucoup dans ses romans, que ce soit au sujet du poids des traditions et de la religion dans la très catholique Irlande, de son alcoolisme, de sa sexualité, de sa défense des droits de la femme, de la nécessité de s'exiler de son Irlande bigote tant houspillée pour revenir malgré tout à son Irlande tant aimée aussi. En définitive, Nuala O’Faolain nous parle avant tout des problèmes auxquels sont confrontés les femmes irlandaises de sa génération, nées au début des années quarante, tout en demeurant très actuelle dans ses questionnements intimes et ses tâtonnements, doutes et craintes diverses. Un exercice d’introspection sans fards dans lequel de nombreuses femmes se reconnaissent sans difficultés. « Best Love Rosie » ne fait pas exception à la règle.

Rosie, la cinquantaine bien entamée et quasi célibataire depuis que son amant a le moral en berne, décide de tirer avantage de sa vie d’indépendante sans mari ni enfant et de la fin de son contrat pour rentrer en Irlande après avoir vécu une vie bien remplie aux quatre coins du monde. Sa vieille tante Min, cette femme qui l’a élevée depuis la mort de sa mère et qui s’enfonce jour après jour un peu plus dans l’alcool et dans la dépression, a plus que jamais besoin de ses soins et de toute son attention. Mais le retour au bercail est douloureux : les souvenirs ressurgissent, la solitude afflige, les doutes émergent. Pour échapper à la morosité, Rosie décide d’échafauder un projet de manuel de développement personnel pour cinquantenaires avec l’aide de son vieil ami Markey. Aujourd'hui libraire à Seattle, Markey fut l’homme pour lequel elle avait éprouvé tant d’amour... elle ne comprit d’ailleurs jamais pourquoi celui-ci n’avait jamais répondu à ses attentes jusqu’au jour où elle découvre qu’il préfère les garçons ! Rosie a toujours eu un don pour les amours impossibles…

Rosie, qui aimerait discuter de son projet avec Markey, décide de se rendre pour un court séjour en Amérique, tout en ayant placé auparavant sa tante Min dans une maison de retraite jusqu’à son retour. Mais une surprise de taille l’attend lorsqu’elle apprend que Min, qui a fait une fugue, s’est mise en tête de la rejoindre à Manhattan. Très vite les rôles s’inversent : la vieille Min, qui se sent galvanisée par sa découverte de l’Amérique, décide de rester dans la patrie de l’oncle Sam afin d’y trouver du travail au noir et des logements insalubres en compagnie de ses nouveaux amis, clandestins tout comme elle. Alors que Min trouve une seconde jeunesse en Amérique, Rosie rentre plus seule que jamais en Irlande…

C’est avec beaucoup d’humour, de sensibilité et de tendresse que Nuala O’Faolain nous présente l’histoire de ces deux femmes, l’une en fin de vie qui décide de brûler ses dernières cartouches dans un feu de joie, l’autre dans un tournant de sa vie de femme, en pleine crise de l’âge mûr que la vieillesse angoisse, l’âge où le corps décline alors qu’il est toujours aussi désirant tout en étant de moins en moins désirable.

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La Femme de cinquante ans

8 étoiles

Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 67 ans) - 22 avril 2021

Balzac avait écrit La Femme de Trente Ans (1842). Ce roman de l’écrivaine irlandaise Nuala O’Faolain (1940-2008) pourrait être intitulé, quant à lui, « La Femme de Cinquante Ans ». Ce fut d’ailleurs le cinquième et dernier roman qu’elle écrivit, avant d’être emportée par un cancer foudroyant. Ce livre sonne en effet comme une sorte de testament. Par le biais du roman, on devine que l’écrivaine s’y confie, que son personnage, Rosie, peut, sans nul doute, être perçue comme son alter ego. Cette impression est d’autant plus grande que Nuala O’Faolain se fait un devoir (ou un plaisir) d’écrire en s’encombrant le moins possible de détours. Il y a, chez elle, un ton de franchise qui, si l’on se laisse séduire, fait de chaque lecteur une sorte de confident.
Bien sûr, puisqu’il s’agit d’un roman, ces épanchements épousent la trame d’un récit où se mêlent avec finesse les contraires, la joie et la mélancolie, l’humour et le chagrin, l’altruisme et la solitude, la quiétude et la peine. Ces sentiments mêlés, la narratrice, Rosie, les éprouve en retrouvant, à Dublin, sa vieille tante Min, celle qui l’a élevée quand elle était enfant, sa mère étant morte en couches. Or c’est d’une femme diminuée dont Rosie doit essayer de s’occuper, sa tante ayant plus ou moins sombré dans la neurasthénie tout en tentant de se consoler en abusant de l’alcool.
Rosie, cependant, de son côté, veut entreprendre la rédaction d’un livre destiné aux plus de cinquante ans, une sorte de guide pour aider à vieillir le mieux possible. Pour ce faire, elle décide de quitter, pour un temps, l’Irlande, afin de planifier son travail avec son ami éditeur américain Markey. Min, de son côté, à qui Rosie a proposé de séjourner, pendant son absence, dans une maison pour personnes âgées, ne l’entend pas de cette oreille. Et la voilà, bientôt, qui débarque à son tour à New-York, au grand effarement de Rosie. Mais c’est une Min déterminée qui, profitant de cette opportunité, et même si elle se retrouve rapidement en situation irrégulière, veut changer de vie, rester en Amérique, y subvenir à ses propres besoins. N’est-ce pas la meilleure manière de lutter contre le vieillissement que d’oser démarrer une nouvelle vie ?
C’est donc Min qui reste aux États-Unis tandis que Rosie revient en Irlande, prenant ses quartiers à Stoneytown, dans la maison d’enfance de Min, lieu paradisiaque situé en bordure de mer. La suite du roman consiste en entretiens de Rosie avec Min par téléphones interposés, d’échanges de courriels avec Markey, de rencontres tout autant que de solitude, de réflexions sur la fuite du temps, la cinquantaine, le manque, etc. Rosie redécouvre la beauté de la campagne irlandaise, s’attache aux animaux, en adopte, réussit à mettre en forme ses méditations sur la vieillesse en les résumant en « Dix pensées sur la maturité ». Mais elle qui avait voué sa vie à son travail, voyageant beaucoup d’un endroit à un autre et se contentant d’amours passagères, que lui reste-t-il à présent ? Comment peut-elle combler les manques qui se font, à présent, cruellement sentir ? Tout en conservant, autant que faire se peut, son humour, ce qui permet d’éviter l’excès de pathos, c’est le chagrin qui reste au cœur de ce beau et touchant roman. C’est ce qu’elle écrit, lors d’une de ses confidences : « J’appelais mon état solitude, mais il ressemblait plus à du chagrin ».

La vie à cinquante ans !

8 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 11 février 2021

Rosie a choisi la liberté, elle a ribouldingué dans le monde entier, elle a gagné beaucoup d’argent qu’elle a aussi vite dépensé, elle a eu autant d’amants qu'elle en voulait, et aujourd’hui, arrivée dans la cinquantaine, elle revient dans sa chère Irlande et, comme tout le monde à cet âge-là, elle se demande quel sens a eu sa vie, et quel sera désormais son avenir.

Il y a dans ce récit une dose d’amertume et un humour souvent désabusé mais ce n’est jamais triste. De très belles valeurs sont mises en avant, comme l’amitié, le sens des autres, l’attachement à la famille… Et puis il y a les dialogues. Je ne crois pas avoir un jour participé à des dialogues entre femmes de cinquante ans mais j’imagine que c’est bien comme ça que ça se passe : on se dit tout sans précaution, on rit on se vexe on se fâche, mais rien ne peut entraver une amitié qui remonte à l’enfance. J’ai trouvé que ces dialogues étaient une des meilleures réussites du livre.

Pendant ce temps là, une jeunesse de septante ans décide de rouler sa bosse, elle veut découvrir la liberté, elle veut réaliser son « rêve américain »… et elle brûle la chandelle par les deux bouts. Ce personnage est attendrissant et ses cocasseries animent bien le récit.
Et puis il y a le fameux projet de rédaction d’un livre à l’usage des Américaines de cinquante ans ; là, je ne sais pas si le portrait de ces Américaines est tapé juste mais il est vraiment désopilant et bien comme on se l’imagine.

On peut penser que ce récit est largement autobiographique tellement il sonne vrai ; il a un accent de sincérité qui ne trompe pas. C’est un bon livre, écrit à l’emporte pièces, avec une belle histoire et des personnages attachants et bien tapés mais qui, à mon avis, ne resteront pas des éternités dans les mémoires. C’est un livre sans prétention, un excellent divertissement.

Un beau roman

10 étoiles

Critique de Aria (Paris, Inscrite le 20 juin 2005, - ans) - 27 août 2012

Je me décide à écrire quelques lignes sur ce roman bien longtemps après l'avoir lu.
Pourtant c'est un livre qui m'avait profondément atteinte (plus encore sans doute car la romancière venait de mourir), avec lequel je m'étais sentie en empathie profonde.

Cette femme libre toute sa vie, qui a voyagé, qui a travaillé, qui a eu des passions violentes, revient à son pays natal, l'Irlande, pour s'occuper de sa tante, car elle croit que c'est son devoir.
La description de la vie de ses anciennes copines qui sont restées dans leur petite ville d'Irlande, à des postes plus ou moins subalternes, est à la fois touchante et savoureuse.
Elles ont toutes le même âge, des métiers divers, mais elles sont presque toutes seules. Elles parlent comme des gamines de leurs anciens amoureux (30 ans après...). Toutes aspirent encore à finir leur vie avec un homme gentil, attentionné, dans leur coin d'Irlande.

Rosie, venue seconder sa tante, s'inquiète de la voir un peu fatiguée, puis sa tante reprend du poil de la bête, comme si Rosie lui avait insufflé son énergie.
Et c'est le départ de l'aventure, dont je ne dirai rien de plus.
Le personnage de Rosie est profondément émouvant. Je me suis sentie concernée, probablement.

Pas d'accord avec Maylany qui trouve les personnages peu attachants.
Personnellement, je les ai tous aimés. Il faut peut-être souligner que l'amour, l'amitié, en Irlande, ne s'expriment pas à la méditerranéenne.

Je crois que les avis divergent sur ce livre car on a le coeur qui se serre plus facilement quand on est proche par l'âge de Rosie et que l'on se pose aussi des questions sur ce que l'avenir nous réserve.

Une héroïne paradoxale...

7 étoiles

Critique de Nymphette (Paris, Inscrite le 20 octobre 2010, 42 ans) - 14 janvier 2011

Rosie est une femme d'âge mûr. Elle détesterait lire cela. Elle est féministe mais obsédée par le regard des hommes et son apparence. Elle décrit tous ses choix comme répondant à des motivations orientées par son plaisir et son désir, sans jamais parler de passion ou de vocation. Pourtant, un jour, elle décide, contre toute attente, de revenir s'occuper de sa tante vieillissante.

Cette richesse est sûrement ce qui fait la force de ce roman, mais elle m'a freinée: je n'ai pu réellement ressentir d'empathie pour cette femme. Pour autant, j'ai apprécié cette lecture, car l'auteure y décrit très bien l'énergie qui nous permet de nous reconstruire jour après jour à chaque étape de notre vie.

De beaux messages d'espoir!

Il manque un petit quelque chose

6 étoiles

Critique de Maylany (, Inscrite le 11 novembre 2007, 43 ans) - 22 février 2009

Best love Rosie est un livre qui était dans ma LAL avec un haut degré d'envie depuis quelques temps.
Finalement, c'est juste un livre qui se lit. Point. Voire un livre qui se lit relativement bien car l'écriture est fluide et les faits sont très communs.
Mais.
Mais il manque un petit quelque chose (attendrissement ? affection ? …) pour en faire un bon roman car en fait, l'histoire n'est pas si marquante que cela et les personnages ne sont pas très attachants.
Même si on parle beaucoup d'amour dans ce livre, (amour entre une femme et sa tante qui est également sa mère adoptive, amour d'une femme pour ses amies, pour les hommes qu'elle a connus, amour soudain d'une dame d'un certain âge pour la vie, …), il y a peu de sentiments qui s'élèvent en nous à sa lecture et c'est sans déchirement ni tristesse que l'on quitte, à la fermeture du livre, Rosie et les personnages qui l'entourent.
C'est également sans regret (voire peut-être même avec un peu de satisfaction) que l'on sent l'histoire aboutir et donc toucher à sa fin.
Il y a peut-être aussi une histoire trop volumineuse … peu fournie mais fort étalée au fil des pages.
Tout cela participe à un faible attachement à ce livre.

Impression mitigée

5 étoiles

Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 12 février 2009

Rosie, la cinquantaine énergique, est une femme célibataire qui a beaucoup roulé sa bosse à travers le monde. Au début du roman, elle rentre dans son pays, l’Irlande, pour s’occuper de Min, la tante qui l’a élevée. Cette dernière, qui est la sœur de la mère de Rosie, semble sombrer peu à peu dans la dépression et l’alcoolisme. Les deux femmes ont un peu de mal à communiquer, Min étant rude et bourrue, et ne comprenant pas très bien le désir d’ailleurs de sa nièce.

C’est alors qu’un projet inattendu (l’écriture d’un guide sur les joies de la cinquantaine) va venir bouleverser les choses. Rosie va partir pour New York et Min, au lieu de rester sagement en Irlande, va l’y rejoindre et se révéler peu à peu sous un jour nouveau.

J’avoue être un peu gênée au moment d’écrire ce billet, car mon avis va à l’encontre ce celui de nombreuses autres lectrices, qui ont littéralement adoré ce roman. C’est vrai qu'il offre de très jolis portraits de femmes, et les passages réunissant Rosie et ses deux amies Tess et Peg, sont à mon goût les meilleurs. C’est vrai aussi que l’évolution du personnage de Min, qui à plus de 70 ans commence enfin à vivre pour elle, est à la fois drôle et attendrissante.
Et pourtant, je n’ai pas réussi à entrer pleinement dans cette histoire. Je suis restée sur le seuil, comme une simple spectatrice. Et n’ai pas été émue.
Peut-être n’était-ce pas le bon moment pour cette lecture… tout simplement.

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