Chronique d'un château hanté de Pierre Magnan

Chronique d'un château hanté de Pierre Magnan

Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques

Critiqué par Nana31, le 27 août 2008 (toulouse, Inscrite le 29 janvier 2006, 55 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 631ème position).
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l'histoire d'un trésor inestimable.

L'histoire commence en 1349, c'est le début de la peste. Le peintre Lombroso s'inspire des cadavres et des scènes qu'il voit autour de lui pour faire ses tableaux provençaux. Une nuit , il voit de jeunes nonnes du couvent des clarisses de Mane quitter le château des Hospitaliers de Jérusalem, à Manosque. Elles tirent derrière elles un lourd chariot cachant une forme dissimulée qu'elles cachent dans leur crypte avant d'être assassinées.

L'auteur raconte les aventures de six générations du quatorzième siècle à nos jours.

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Les éditions

  • Chronique d'un château hanté [Texte imprimé], roman Pierre Magnan
    de Magnan, Pierre
    Denoël
    ISBN : 9782207256336 ; 22,30 € ; 17/04/2008 ; 426 p. ; Broché
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Au fil de 6 siècles

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 1 novembre 2008

Oeuvre monumentale, que Pierre Magnan craignait de ne pouvoir terminer en 2005 lorsque je l’avais rencontré pour une interview à Forcalquier. Il est certain que son écriture a dû nécessiter de longues recherches sur des périodes échelonnées du XIV ème siècle à nos jours.
« Chronique d’un château hanté » est de facture fort différente de celle de la série « Laviolette » ou des autres épisodes provençaux aux histoires de famille terribles. Comme s’il avait voulu solder dans une oeuvre magistrale, et pour l’histoire, les liens qui l’attachent à cette terre de Provence.
L’affaire commence en 1349, suite à une épidémie de peste noire à Manosque qui décime la population et qui incite le Commandeur de l’Ordre des Hospitaliers de Jérusalem à transférer dans un couvent de nonnes, et aux bons soins de celles-ci, un chariot bâché porteur d’une lourde charge présentée comme « un trésor spirituel, rapporté jadis de Jérusalem par nos frères dont nous sommes les héritiers et qui constitue la preuve irréfutable de la vérité absolue des Saintes Ecritures .»
Rien de moins !
C’est le drame qui restera attaché à ce chargement lourd de symboles et Pierre Magnan va nous en dérouler la trame à travers toutes les époques : de la Renaissance à l’époque moderne en passant par la Révolution, l’époque napoléonienne. C’est astucieusement construit (et a probablement demandé un travail colossal) et seul le souci du détail et du mot juste, d’époque, qui nous oblige à trébucher à de nombreuses pages et à jeter un oeil sur un dictionnaire, rompt le fil de la lecture.
L’ensemble m’a paru peut-être trop appliqué, comme pour être parfaitement respectueux des diverses vérités historiques. On y retrouve l’attachement et la tendresse de Pierre Magnan pour ses créatures dans un kaléidoscope qui déploie ses feux de la fin du Moyen-Age à nos jours. Et dans « ses créatures », j’entends aussi un arbre, un chêne qui sera le fil rouge de cette épopée, un arbre formidable comme Pierre Magnan aime à les magnifier. C’est qu’en Provence, il n’y a pas que des Provençaux, il y a aussi une nature magnifique que Magnan, à l’instar de Giono, vénère.
Dans son avant-propos, il se défend d’être un historien :

« Je ne suis pas non plus un historien. Je m’accote à l’Histoire parce qu’on ne peut pas faire autrement. J’avais décidé de mettre « histoire » sous le titre du livre … On trouvera dans cet ouvrage nombre d’anachronismes intempestifs et des erreurs chronologiques voulues ou pas. Je ne demande pas à être absous. »

Et il nous fait part de son regret d’avoir été romancier plutôt que peintre. Intéressante analyse :

« Si j’en avais eu le moindre talent, j’aurais voulu être peintre. Le peintre n’a pas besoin d’expliquer. Les limites de sa toile lui interdisent de s’étendre et devant son oeuvre, comprenne qui pourra et qui voudra. Je me contente de peindre, en écrivant, ce que tant d’artistes ont réussi à montrer de l’homme rien qu’en esquissant son aspect extérieur. Je songe à Breughel l’Ancien et aux bords de Seine des guinguettes de Renoir. Jamais l’écriture (même Proust) ne parviendra à figer ainsi un instant de vie sur la terre, à l’extérieur et à l’intérieur de l’être. »

En attendant "Les jardins d'Armide" et "Passé sous silence"

10 étoiles

Critique de Spiderman (, Inscrit le 14 juin 2008, 61 ans) - 27 septembre 2008

Pierre Magnan nous livre le fruit de plus de cinq ans de travail ... cette fameuse « chronique d'un château hanté » annoncée en préparation depuis tant d'années sur ses derniers romans comme sur son site internet ( http://perso.orange.fr/lemda/index.htm ).
Grand amateur de cet auteur dont peu d'écrits m'ont échappé, j'ai ouvert ce dernier opus avec la crainte qui entoure les productions de ceux que l'on aime, crainte attisée par les avis d'amis magnanophiles qui m'avaient fait part de leur déception. Voici donc un sujet de discussion intéressant : j'ai adoré ce livre, pourtant ouvert avec des pincettes.
Etant familier des lieux et féru d'histoire, j'ai plongé avec délices dans la région de Mane du XIVe siècle et ai abandonné la sixième génération de héros à regrets au château de Sauvan. Pierre Magnan affirme qu'il a déjà assez d'intérêt à comprendre son petit pays et ses habitants sans devoir pousser plus loin. Son voyage dans le temps avec un fil conducteur mystérieux et crédible est la preuve de ce principe de compréhension, d'appréhension globales d'un lieu et de ses hommes au fil des siècles. A plus de 85 ans, il nous offre une somme, un « testament » philosophique sur le sens (ou l'absence de sens) de la vie, la répétition génération après génération des principes avec lesquels les hommes tentent de mener leurs existences emportés par des flots naturels (maladies, ambitions, instincts de reproduction, pulsions sexuelles ...) dont ils se croient maîtres.
Si le foisonnement du début de l'histoire, au coeur de la peste provençale va, au fil des pages en s'atténuant, en se canalisant vers un dénouement moins extraordinaire, des expériences personnelles proches de celles vécues par certains des personnages des dernières générations, (atteintes à l'intégrité physique, passages près de la mort) ont accentué mon intérêt pour les ultimes chapitres qui ont pu paraître moins prenants à d'autres lecteurs.
Ce n'est pas forcément le livre que je conseillerais à une personne qui n'a jamais rien lu de l' « écrivain des pauvres » des Basses Alpes : les aventures du commissaire Laviolette sont une entrée en matière tellement plus facile et la tension du roman policier plus prenante que celle de l'énigme de ce couvent de Clarisses devenu château.
Il n'en reste pas moins que ce livre se situe par sa force et sa richesse au niveau du « Périple d'un cachalot » écrit par un Pierre Magnan qui avait dix-huit ans !

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