L'univers concentrationnaire de David Rousset

L'univers concentrationnaire de David Rousset

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Smokey, le 18 août 2008 (Zone 51, Lille, Inscrite le 12 août 2008, 38 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 831ème position).
Visites : 3 100 

"le peuple des camps,c'est un monde à la Céline avec des hantises kafkaïennes".

Il revient à David Rousset de décrire le premier, presque de manière clinique, dans un style concentré, direct, le système qui régit l'ensemble. C'est également lui qui explicite le premier les différences entre camp de concentration, camp d'extermination et camp de travail.

A la tête du camp de concentration trône une administration besogneuse. Ce sont des bourreaux qui la composent, en sont les patrons, les employés sont les travailleurs forcés.
Déporté en camp, l'homme travaille sans limites, il est un producteur matriculé, esclave anonyme au sort ultime sans importance.Et le déporté meurt-il, que même son cadavre, matière première, rentable, lui aussi servira la production.

Publié dans "la revue internationale"en 1945, le contenu rompt avec ce qui avait été écrit précédemment.

Extrait:

"Le peuple des camps est droit commun. Le ton, la mode des camps, leur climat,tout est déterminé par le droit commun.

-Les polonais, des travailleurs déportés, détenus anonymes sans motif,des otages,une mince phalange d'opposants politiques. Très peu d'ouvriers et d'intellectuels, beaucoup de petits artisans et de petits propriétaires foncièrement conservateurs, anti-russe, haïssant les allemands jusqu'à rêver de longs et savants supplices: étonnamment incultes et chauvins.

-Les grecs: quelques professeurs, avocats, militaires et énormément de bandits, de voleurs et roués, criards à l'excès, lâcheurs au travail, mais crânes sous le fouet.

-Les hollandais: paysans lents et mornes presque toujours au Revier.

-Les tchèques: hommes de discipline ou cultivés, politiques, saboteurs ou otages.

-Les danois: otages, naïfs qui meurent avec un excès de facilité.

-Les français, crie à la rumeur publique: des gens qui ne savent pas se laver; les françaises, toutes des catins,et les français, des dévoyés sexuels, disent des russes, et de s'esclaffer, de poser des questions alléchantes, et les allemands de dogmatiser sur l'hygiène, pitres d'une mauvaise farce. Les français, des Jean-foutre, des sauve-qui-peut, persiflent les polonais en cercle."

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Témoignage de la barbarie du régime totalitaire nazi !

10 étoiles

Critique de Anonyme11 (, Inscrit(e) le 18 août 2020, - ans) - 21 août 2020

David Rousset est arrêté le 12 octobre 1943 par la Gestapo, torturé puis déporté dans plusieurs camps de concentration tels que : Buchenwald, Neuengamme, etc., pour finir par être libéré par les troupes américaines en avril 1945.

Par ce poignant témoignage publié dès 1946, David Rousset décrit l’effroyable organisation du système concentrationnaire nazi, à travers une foultitude d’immondes méthodes de répressions et d’exterminations d’êtres humains INNOCENTS :
– Déshumanisation des prisonniers ;
– Humiliations ;
– Tortures à mort ;
– Fusillades ;
– Pendaisons ;
– Gazages ;
– Morts de faim, de froid, d’épuisement, de maladies ;
– Etc..

Un livre pour la MEMOIRE et l’espoir, malheureusement improbable, que ces monstruosités servent un jour de leçons à l’Humanité tout entière.
Car en effet, pour l’instant, il s’agit d’un voeu pieux, puisqu’il y a eu des FOUS (tyrans sanguinaires) CONSCIENTS (fanatiques idéologisés et déterminés) avant, pendant et après le régime totalitaire Nazi… et toujours en ce 3ème millénaire…

Confer également les précieux témoignages sur le thème du Totalitarisme, de :
– Alexandre Soljénitsyne (L’archipel du Goulag) ;
– Alexandre Soljénitsyne (Une journée d’Ivan Denissovitch) ;
– Jacques Rossi (Qu’elle était belle cette utopie !) ;
– Jacques Rossi (Le manuel du Goulag) ;
– Evguénia S. Guinzbourg (Le vertige Tome 1 et Le ciel de la Kolyma Tome 2) ;
– Margarete Buber-Neumann (Déportée en Sibérie Tome 1 et Déportée à Ravensbrück Tome 2) ;
– Iouri Tchirkov (C’était ainsi… Un adolescent au Goulag) ;
– Boris Chiriaev (La veilleuse des Solovki) ;
– Malay Phcar (Une enfance en enfer : Cambodge, 17 avril 1975 – 8 mars 1980) ;
– Sergueï Melgounov (La Terreur rouge en Russie : 1918 – 1924) ;
– Zinaïda Hippius (Journal sous la Terreur) ;
– Jean Pasqualini (Prisonnier de Mao) ;
– Kang Chol-Hwan (Les aquariums de Pyongyang : dix ans au Goulag Nord-Coréen) ;
– Aron Gabor (Le cri de la Taïga) ;
– Varlam Chalamov (Récits de la Kolyma) ;
– Lev Razgon (La vie sans lendemains) ;
– Pin Yathay (Tu vivras, mon fils) ;
– Ante Ciliga (Dix ans au pays du mensonge déconcertant) ;
– Gustaw Herling (Un monde à part) ;
– Joseph Czapski (Souvenirs de Starobielsk) ;
– Barbara Skarga (Une absurde cruauté) ;
– Claire Ly (Revenue de l’enfer) ;
– Primo Levi (Si c’est un homme) ;
– Primo Levi (Les naufragés et les rescapés : quarante ans après Auschwitz) ;
– Harry Wu (LAOGAI, le goulag chinois) ;
– Shlomo Venezia (Sonderkommando : Dans l’enfer des chambres à gaz) ;
– Anastassia Lyssyvets (Raconte la vie heureuse… : Souvenirs d’une survivante de la Grande Famine en Ukraine) ;
– François Ponchaud (Cambodge année zéro) ;
– Sozerko Malsagov et Nikolaï Kisselev-Gromov (Aux origines du Goulag, récits des îles solovki : L’île de l’enfer, suivi de : Les camps de la mort en URSS) ;
– François Bizot (Le Portail) ;
– Marine Buissonnière et Sophie Delaunay (Je regrette d’être né là-bas : Corée du Nord : l’enfer et l’exil) ;
– Juliette Morillot et Dorian Malovic (Evadés de Corée du Nord : Témoignages) ;
– Barbara Demick (Vies ordinaires en Corée du Nord) ;
– Vladimir Zazoubrine (Le Tchékiste. Récit sur Elle et toujours sur Elle).

Description du mal

10 étoiles

Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 84 ans) - 2 février 2016

Après 30 ou 40 ans je viens de relire cet ouvrage dont je m'étonne qu'il soit si peu lu et critiqué sur ce site. Ecrit en 1945, au retour des camps, il en fait une description à la fois sociologique, psychologique et historique.
Celle-ci comporte l'exposition clinique du système concentrationnaire: hiérarchies, organisation, rôle de chacun, jeu des châtiments, corruptions, trafics, etc. Tout y est, criant de vérité. Et le détenu, victime en tous sens et de toutes les manières, y perd la santé physique et mentale, "merde" infamante livrée au contentement des divers types de gardiens. Ce court essai permet de comprendre ce qui a été établi par les vainqueurs et pourquoi et subi par les innombrables sortes de vaincus. En ce sens il correspond aux terribles récits de Chalamov, de Margolin et de nombreux autres auteurs et possède sur eux l'avantage de la concision.
A lire toutes affaires cessantes pour comprendre ce qui a été, ce qui existe encore et peut également se reproduire à l'avenir.

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