Comme une chanson dans la nuit, suivi de Je marche au bras du temps de Alain Rémond

Comme une chanson dans la nuit, suivi de Je marche au bras du temps de Alain Rémond

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Cuné, le 6 août 2008 (Inscrite le 16 février 2004, 56 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 433ème position).
Visites : 2 940 

Une belle plume

(suivi de "Je marche au bras du temps")

Récemment j'ai lu "Les romans n'intéressent pas les voleurs", d'Alain Rémond, et j'avais bien aimé. C'est un roman dont les thèmes comptent parmi mes préférés, qui est plein d'entrain, qui "coule" bien. Mais maintenant que j'ai lu la plume de l'auteur dans le genre du récit, je l'affirme haut et fort : il n'y a pas photo.

Il y a dans ses phrases, lorsqu'il parle de lui, une émotion retenue, un regard pudique et légèrement distancié et une qualité qui sonnent mille fois plus juste que dans son roman. Et Dieu sait qu'il n'aimerait pas lire ça !

Dans la seconde partie, il nous entretient justement longuement de son rapport à l'écriture : chroniques, récits autobiographiques, roman. J'ai relevé de nombreux passages, beaucoup de choses ont résonné avec mes propres avis, c'est souvent extrêmement bien vu, bien rendu, mais on n'échappe pas à une certaine emphase assez régulière ("Pardon pour cette emphase, pardon." p. 188) (ou "Et j'écris pour lui, ce lecteur singulier qui est assis là, en face de moi, patient, attentif. Et que je remercie de m'écouter. Je lui parle à l'oreille, à voix basse. Parfois, je le vois bien, je l'embête avec mes histoires, toujours les mêmes. Alors je me tais. J'attends. J'efface tout ce que j'ai dit. Et je reprends, au plus près de moi, au plus près de lui. Il est d'une infinie patience. D'une intime exigence. J'écris pour qu'il m'écoute." p. 214)

C'est vrai, on se lasse un peu parfois, de ce martèlement répétitif, même si on en comprend toujours les raisons, si ce n'est jamais gratuit. Et puis certains paragraphes nous emportent, le temps qui passe, le solex (brillant, le solex !). Et puis ce ton, cette proximité, qui sont tout simplement touchants.
On est touché.
Emu.
On répond présent, c'est tout.

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Les éditions

  • Comme une chanson dans la nuit [Texte imprimé], récits Alain Rémond
    de Rémond, Alain
    Points / Points (Paris)
    ISBN : 9782757804872 ; 6,10 € ; 07/06/2007 ; 214 p. ; Poche
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Troisième épisode

6 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 2 septembre 2008

(C'est exclusivement de "Comme une chanson dans la nuit" dont il va être question ici)
« Comme une chanson dans la nuit » vient en troisième épisode de ce qui peut être qualifié d’autobiographie d’Alain Rémond, après « Chaque jour est un adieu » et « Un jeune homme est passé ». Dans l’ouvrage qui suivra celui-ci ( « Je marche au bras du temps »), Alain Rémond reviendra sur ce qui motiva cet épisode :

« Puis j’ai écrit « Comme une chanson dans la nuit ». Je venais juste de quitter le journal où je travaillais, j’avais été forcé de le quitter, je me retrouvais au chômage. C’était tellement violent, tellement insupportable. Tout ce temps devant moi comme un désert, un grand vide, et rien à l’horizon. Alors j’ai écrit pour affronter toutes ces questions que me posait ma vie. Le poids des souvenirs, la vie dans les souvenirs, l’appartenance et le désir de fuir, le destin, la liberté, le choix, la vocation, les rencontres, les mystères et les énigmes, les fantômes et les révélations. Le goût du bonheur, ah, le goût du bonheur ! C’était comme un livre qui plongeait dans les deux autres, qui revenait sur les noeuds, les trous, les silences. »

« C’était comme un livre qui plongeait dans les deux autres, qui revenait sur les noeuds, les trous, les silences. » Voilà le dessein brossé.
Alain Rémond vient de quitter Télérama où il a passé près de trente ans, notamment comme chroniqueur télé. Passage de doute, de remise en cause. Il en profite pour creuser, encore et toujours sur ce qui a fondé l’être Alain Rémond, ce qui l’a formaté.
Où l’on apprend que le jeune Alain Rémond fût scout, ou tout comme. Et qu’alors que son cri de ralliement était : « Saint-Ex défie le so … leil », lui répondait « lex » et non « leil ». Il croyait en effet fermement que le cri était « Saint-Ex défie le so… lex » ! Drôle de destin pour le malheureux Saint-Ex !
Où l’on apprend que Yves Montand et Simone Signoret furent davantage que des relations professionnelles …
Où l’on apprend que J.D. Salinger, soldat, vint délivrer la France au débarquement (débarquement à Utah Beach) et qu’il combatit à Mortain. Près de la maison où Alain Rémond passa ses toutes premières années. Il s’en persuade. Fantasme totalement :

« Salinger était là, dans la forêt, juste derrière la petite maison des Aubrils où se tenait ma famille, coincée entre les lignes. Si ça se trouve, il a été l’un de ces soldats barbouillés de noir que mon frère Jean a vu sorgir de la forêt. Si ça se trouve, il a été de ceux qui sont venus frapper à la porte de la maison pour demander à mes parents de partir, vite, le plus vite possible, loin, le plus loin possible, parce qu’ils allaient être obligés de tout bombarder pour venir à bout des Allemands. »

Si ça se trouve … Où l’on apprend plein de choses finalement.

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