Van Gogh ou le suicide de la société de Antonin Artaud

Van Gogh ou le suicide de la société de Antonin Artaud

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Jules, le 30 octobre 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 106ème position).
Visites : 5 043  (depuis Novembre 2007)

Un peintre de génie, un écrivain hors du commun...

Nous trouvons ici un génie qui parle d’un autre génie. Mais ils sont aussi deux hommes qui ont fréquenté les asiles de fous.
Ce petit livre édité chez Gallimard a vraiment un très gros poids d'intérêt ! Il y a non seulement les reproductions de tableaux de Van Gogh, superbes, à la lumière éclatée, aux couleurs vives et captivantes, aux traits forts et torturés, mais il y a aussi le texte d'Antonin Artaud qui sait écrire, qui sait comprendre un homme comme Van Gogh et sa démarche, sa recherche…
Regardez « Champs de blé aux corbeaux » (pages 96/97), « Autoportrait de l'artiste » (pages 84/85), « Les Oliviers » (pages 100/101/102/103) et le « Portrait de l'artiste » (pages106/107) et vous comprendrez que jamais personne n’a peint comme Van Gogh, mais aussi que jamais personne ne peindra plus comme cela après lui !…
Antonin Artaud écrit : « Décrire un tableau de Van Gogh, à quoi bon ! Nulle description tentée par un autre ne pourra valoir le simple alignement d’objets naturels et de teintes auquel se livre Van Gogh lui-même, aussi grand écrivain que grand peintre et qui donne à propos de l'œuvre décrite l'impression de la plus abasourdissante authenticité. »
Parce que ce livre contient aussi de nombreux écrits de Van Gogh lui-même décrivant ses œuvres… Lisez ce petit morceau de texte écrit par lui le 8 septembre 1888 et décrivant « Le Café de nuit » : « Dans mon tableau de « Café de Nuit », j’ai cherché à exprimer que le café est un endroit où l’on peut se ruiner, devenir fou, commettre des crimes. Enfin j’ai cherché par des contrastes de rose tendre et de rouge sang et lie-de-vin, de doux vert Louis XV, et Véronèse, contrastant avec les vert-jaune et les vert-bleu durs, tout cela dans une atmosphère de fournaise infernale, de soufre pâle, à exprimer comme la puissance des ténèbres d'un assommoir. Et toutefois sous une apparence de gaité japonaise et la bonhomie du Tartarin. »
Un livre vraiment précieux pour qui aime Van Gogh, Antonin Artaud ou les deux !

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9 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 72 ans) - 26 juillet 2018

Je ne me sens pas de taille à essayer de commencer à formuler une quelconque « critique » sur la prose et la poésie de Monsieur Antonin Artaud. Je me bornerai donc à épingler quelques lignes, choisies parmi d’autres.

Extraits :

- Non, Van Gogh n’était pas fou, mais ses peintures étaient des feux grégeois, des bombes atomiques, dont l’angle de vision, à côté de toutes les autres peintures qui sévissaient à cette époque, eût été capable de déranger gravement le conformisme larvaire de la bourgeoisie second Empire.

- Un bougeoir sur une chaise, un fauteuil de paille verte tressée, un livre sur le fauteuil et voilà le drame éclairé. Qui va entrer ? Serait-ce Gauguin ou un autre fantôme ?

- Van Gogh pensait qu’il faut savoir déduire le mythe des choses les plus terre-à-terre de la vie. En quoi je pense, moi, qu’il a foutrement raison. Car la réalité est terriblement supérieure à toute histoire, à toute fable, à toute divinité, à toute surréalité. Il suffit d’avoir du génie, de savoir l’interpréter. Ce qu’aucun peintre avant le pauvre Van Gogh n’avait fait, ce qu’aucun peintre ne fera plus après lui.

- Mais je l’ai dit, il y a dans tout psychiatre vivant un répugnant et sordide atavisme qui lui fait voir dans chaque artiste, dans tout génie, un ennemi.

- J’ai passé 9 ans moi-même dans un asile d’aliénés et je n’ai jamais eu l’obsession du suicide, mais je sais que chaque conversation avec un psychiatre, le matin, à l’heure de la visite, me donnait l’envie de me prendre, sentant que je ne pourrais pas l’égorger.

- Qu’est-ce que dessiner ? Comment y arrive-t-on ? C’est l’action de se frayer un passage à travers un mur de fer invisible, qui semble se trouver entre ce que l’on sent et ce que l’on peut. Comment doit-on traverser ce mur, car il ne sert à rien d’y frapper fort, on doit miner ce mur et le traverser à la lime, lentement et avec patience à mon sens.

- 8 septembre 1888. Dans mon tableau de Café de nuit, j’ai cherché à exprimer que le café est un endroit où l’on peut se ruiner, devenir fou, commettre des crimes. Enfin, j’ai cherché par des contrastes de rose tendre et de rouge sang et lie-de-vin, de doux vert Louis XV, et Véronèse, contrastant avec les vert-jaune et les vert-bleu durs, tout cela dans une atmosphère de fournaise infernale, de soufre pâle, à exprimer comme la puissance des ténèbres d’un assommoir. Et toutefois sous une apparence de gaieté japonaise et la bonhomie du Tartarin.

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En bonus, cette vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=zGO-H7MIog8

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