Fille de joie de Jacques Bellefroid

Fille de joie de Jacques Bellefroid

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Kinbote, le 29 octobre 2001 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 6 étoiles
Visites : 2 870  (depuis Novembre 2007)

Des personnages en quête de vérité

Les personnages se croisent dans un même quartier de Paris situé entre Notre-Dame et le boulevard Saint Germain.
On trouve le trio Robert-Léopold-Julie qui va tenter de faire acheter un faux Verbecq, intitulé Fille de joie, peint par Robert à Paul-Auguste Hardouin de la Taille, un antiquaire qui a pour ami le docteur Garcia. Il y a aussi Ludovic, promeneur solitaire, qui se prend d'amour pour une fille à cause de son rire qui a résonné dans une librairie au moment où un récitant se produisait péniblement. Mais cette fille, Christine, qu'il rencontre sur le trottoir de la librairie est-elle celle qui a ri de si éclatante façon ? Il s'en soucie peu, trop content de penser que c'est elle et d'être bientôt aimé d’elle. Après une nuit d'amour avec Christine, Ludovic découvre sur les quais un vieil illustré reproduisant dans ses pages un tableau trop bien ordonné, sans âme qui vive, d'un dénommé Adolf Hitler qui lui fait dire : « Une certaine idée du réel (comme s’en faisait le jeune Adolf) mène au meurtre. » Aussitôt il veut partager cette idée avec quelqu'un. Mais après cette réflexion pointue, le roman ne parvient plus à réaliser le haut projet que l'auteur s’est fixé : faire circuler dans un groupe restreint de personnages l’idée de vérité et de fausseté. On en reste à la surface des choses, du faux semblant pour reprendre les thèmes instillés. On n’atteint pas la vérité des personnages. Seul Paul-Auguste, l’antiquaire, est traité avec un peu de profondeur. On demeure sur sa faim pour tous les autres. On s’ennuie souvent malgré (et peut-être à cause de) l’élégance du style de Jacques Bellefroid. On ne vibre pas aux audiences du procès qui oppose le trio à la justice ; on rit parfois, à défaut d’être franchement ému. Certes, la fin repose avec force la problématique du vrai et du faux. Mais on a l'impression d’avoir été trompé, au vu de ce que nous promettait l’auteur, non sur les apparences, ce qui ne serait pas si grave, mais bien sur le fond. Dommage !

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