La fin d'une walkyrie de Delly

La fin d'une walkyrie de Delly

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Antinea, le 10 novembre 2007 (anefera@laposte.net, Inscrite le 27 août 2005, 45 ans)
La note : 6 étoiles
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Patriotisme et eau de rose

A l’aube de la première guerre mondiale, dans la Russie des Tsars, le comte Boris Vlavesky Vladimirovich se lasse des femmes et de leur médiocrité. C’est qu’il est beau, le comte Vlavesky, et que le cœur des femmes, il les fait chavirer d’un simple regard –qu’il a séduisant, d’ailleurs ! Oui mais aucune, malgré leur beauté, leur richesse et leurs atours, n’est capable d’attendrir le sien de cœur, bien trop indifférent. Pourtant, la comtesse Etschef s’est bien compromise pour ce bel officier de l’armée impériale ; la belle Brunhilde, allemande et comtesse de Halweg, n’a d’yeux que pour lui, elle, dont le cœur réputé insensible, vient de fondre comme neige au soleil pour un étranger, russe, qui plus est.
Mais voilà Boris rattrapé par la charge de sa famille et de son rang : la jeune comtesse Verenof, parente de sa mère, se trouve orpheline et sans le sou. Ruinée par un grand-père peu soucieux de l’avenir de sa petite fille, et les coquins de domestiques de son domaine de Marniew, Aniouta Ivanovna n’a d’autre ressource que la charité de son cousin, le comte Vlavesky, qui se trouve tout à coup l’âme d’un tuteur pour la pauvrette. Devant cet enfant sauvage, âme joyeuse pourtant peu épargnée par la vie, Boris sent l’amour fraternel couler dans ses veines. Contre l’avis de sa mère, qu’un parent sans fortune n’a pour elle plus de lien de parenté, et contre ses convictions passées même, Boris s’occupe de sa nouvelle sœur avec dévotion. Et la présence de ce vilain petit canard devient, pour Brunhilde, la walkyrie impétueuse et impitoyable, un obstacle bien inquiétant. L’allemande quitte son Walhalla pour chasser sans discrétion l’objet de son désir ardent, prête à terrasser sur son passage le beau papillon en lequel se transforme Aniouta. La guerre surgit, exacerbant l’élan conquérant de la Comtesse de Halweg qui ne reculera devant rien pour satisfaire sa soif de vengeance et son patriotisme.
Ce roman du début du siècle passé possède ce qu’on pourrait appeler un charme suranné. D’un patriotisme exacerbé, les personnages servent de façon poussive la gloire des pays Alliés, vantant la grandeur de la Russie et de la France, n’économisant pas les réflexions carrément racistes envers les allemands. L’ennemi est ici une ensorcelante sirène, trompeuse et prête à tout pour servir sa patrie. « La sale prussienne », décrite ici comme représentative de sa « race », est une espionne entrepreneuse, mettant son honneur et la bienséance au pied du Kaiser, une guerrière dont les manœuvres sans limites pour nuire à l’innocente Aniouta font d’elle une vraie méchante, comme on en fait plus !
On ne peut que sourire à la lecture de ce texte bien fané. C’est un roman à l’eau de rose, un vrai, qui reprend la recette dramatique des passions dévastatrices sur fond d’Histoire. L’amour malgré les conventions, malgré les évènements, malgré les protagonistes eux-mêmes, les frissons des premiers émois, la haine terrifiante de l’être rejeté. Mais c’est aussi, à sa manière, un roman de propagande, ouvertement dirigé contre l’Allemagne et sa population, un livre que l’on doit remettre dans le contexte de sa publication, sans que cela fasse oublier la naïveté des manières qu’il utilise.

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Les éditions

  • La Fin d'une Walkyrie [Texte imprimé] Delly
    de Delly,
    Pocket / Presses pocket (Paris).
    ISBN : 9782266003407 ; 8,50 F ; 09/09/1998 ; 322 p. ; Reliure inconnue
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