Un monde qui n'est plus...

Avec La Termitière, Daniel Gilles a voulu écrire une histoire qui se passe dans le Congo ex Belge des années cinquante. Il n'a nullement voulu faire un roman critique de la colonie pour la simple raison qu'à cette époque le colonialisme était un fait qui ne se discutait pas.

Son livre raconte la vie chaotique d'un petit groupe de colons perdus dans un poste minier quelque part au Congo. Pour ces pionniers, le Congo, loin d'être une terre de mission ou de civilisation, est avant tout un débouché pour des tempéraments bien trempés.
Autour de la mine, ces colons vivent isolés du reste du monde, condamnés à toutes les compromissions pour survivre ; ils sont aussi prisonniers de la multitude oppressante et inquiétante des indigènes.
On y retrouve à peu près tous les types de colons : des ambitieux, des aventuriers, des idéalistes, les demi-ratés au passé trouble... Mais l'auteur va beaucoup plus loin qu'un défilé de prototypes : il nous parle de vrais personnages racontés dans toute leur épaisseur humaine.

Daniel Gilles connaissait bien le Congo pour y avoir passé de longs séjours chez des cousins qu'il avait vu partir plein d'idéal et d'illusion ; il les retrouvait après quelques temps déboussolés par des années de solitude dans le monde primitif de l'Afrique noire.
L'auteur a l'art de nous faire vivre ce monde, ces populations indigènes, exubérantes et inquiétantes, avec ces nuits de folies et d'orgies rituelles et puis ces soirées monotones et tristes des colons, leur vie courageuse, leurs amours, les rares sorties dans les bars de Léopoldville...

C'est un roman qui se passe dans un monde d'il y a cinquante ans et pourtant, il est aussi éloigné de nous qu'un lointain Moyen-Age.
Par ce fait, ce roman a une valeur de documentaire pratiquement unique dans l'histoire de la littérature française. Mais avant tout, il nous raconte une histoire bien imaginée et vécue par des personnages très bien incarnés dans toute leur vérité humaine.

Le modèle de Daniel Gilles en écriture était Tolstoï ; il ne s'en est jamais caché : pour lui en littérature, il y avait Tolstoï et quelques Russes, quelques Américains, Proust et puis plus rien. Dés lors, son roman, s'est certainement inspiré du style de Tolstoï et, s'il n'a pas la grandeur immortelle des œuvres du grand maître, il n'en est pas moins une très réelle réussite.

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  La Termitière de Daniel Gillès

  de Gillès, Daniel
  Gallimard / NRF
  ISBN : 978B0000DW217 ; 01/06/1958 ; 280 p. ; 14.5 X20.5

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