Puisque rien ne dure de Laurence Tardieu

Puisque rien ne dure de Laurence Tardieu

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Laure256, le 9 octobre 2006 (Inscrite le 23 mai 2004, 51 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 11 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 222ème position).
Visites : 5 071  (depuis Novembre 2007)

Des émotions apaisées

En janvier 1990, une petite fille de 8 ans, Clara, disparaît sur le chemin du retour de l’école. Ses parents, Vincent et Geneviève, sont effondrés, bien sûr. Le temps passe et l’on ne retrouvera pas l’enfant. A chacun sa façon de réagir, de se replier sur soi ou d’avoir besoin d’écrire pour survivre, le couple s’éloigne et se sépare. Quinze ans plus tard, Vincent reçoit une courte lettre de Geneviève. Malade, elle l’appelle à son chevet pour lui parler une dernière fois. Aussi longtemps que dure le trajet en voiture, Vincent se bat contre ses souvenirs qu’il ne veut pas faire ressurgir, et puis dans la maison de la femme qu’il a aimée, ils se retrouvent, parlent de leur fillette à jamais perdue.

D’une grande tristesse certes, ce roman est pourtant d’une grande douceur, d’une grande pureté, d’une grande beauté. Des phrases simples qui composent comme une délicate mélodie apaisante, un dernier souffle d’amour avant la mort. Chacun réussit à trouver la paix dans ces derniers moments. C’est beau, tout simplement.

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Les éditions

  • Puisque rien ne dure [Texte imprimé], roman Laurence Tardieu
    de Tardieu, Laurence
    Stock
    ISBN : 9782234059276 ; 16,50 € ; 23/08/2006 ; 127 p. ; Broché
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les fantômes du passé

9 étoiles

Critique de Cyclo (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans) - 18 décembre 2013

Geneviève et Vincent ont vu leur vie s'écrouler le jour où leur fille Clara, dix ans, n'est jamais rentrée de l'école. Leur amour n’a pas pu résister, ils se sont quittés et ne se sont pas revus depuis. Il est vrai qu’il est difficile de survivre quand on ne sait rien de ce qu’est devenu son enfant ("Mais qu'avons-nous fait pour mériter cela ?") ? Enlevée ? Assassinée ? La police finit par renoncer : nous ne sommes pas ici dans un roman américain ou dans un film de Clint Eastwood (je pense à "L'échange"), les parents ne mènent pas leur propre enquête, ils sont effondrés. Chacun se replie sur sa douleur ou son incompréhension, sur l’impossibilité de communiquer ("Nous n’osions rien demander à l’autre" écrit l’auteur dans "Rêve d’amour", mais c’est exactement la même chose ici), sur son propre désespoir.

Quinze ans plus tard, Vincent, le narrateur, reçoit une lettre de Geneviève, elle est en train de mourir, elle souhaite lui parler. Il part aussitôt la retrouver ("Je comprends que je ne peux plus me dérober"), et les souvenirs ressurgissent. Vincent avait définitivement tiré un trait sur ce passé. Mais peut-on effacer tout un pan de sa vie d’un coup de baguette magique ?

Puis nous suivons le journal de Geneviève, celui qu’elle a tenu dans les semaines qui ont suivi la disparition de Clara, ses doutes, ses colères, ses angoisses. Journal qui lui a permis de relativiser sa détresse, sinon de la surmonter.

La dernière partie, enfin, raconte les retrouvailles de Geneviève agonisante ("Tu sais, je suis déjà un peu partie") et de Vincent ("Mes mots à moi sont impuissants"), narrée par ce dernier. Ils se retrouvent enfin et Vincent peut reparler de sa fille à jamais perdue, même si "la lumière ne se dissipe pas. Elle demeure en silence".

Le sujet du livre est délicat, la perte d'un enfant et la déroute de l’amour. Laurence Tardieu trouve le ton juste. Douceur, pureté des lignes, simplicité, émotion assurée, mais absence de pathos ("J'essaie de me dire que tu es en train de mourir mais je n'arrive pas à comprendre ce que cela signifie"), la paix finit par arriver. "On ne sait rien de la vérité d’un amour", avait écrit Laurence Tardieu dans "Rêve d’amour". Vincent comprend que le bonheur enfui ("Car de quoi se souvient-on avec précision ?" trouve-t-on aussi dans Un temps fou) laisse quand même une forte empreinte, et qu'en fin de compte, ils ont partagé beaucoup : "Nous étions deux, nous étions ensemble", lit-on aussi dans ce dernier roman.

Ainsi d’un livre à l’autre une circulation se fait, l’amour, la solitude, les "instants que l’on croyait inoubliables", tout cela trouve son salut dans l’écriture : "Je ne savais pas que les mots peuvent sauver. Aujourd'hui je le sais : ils maintiennent le lien à soi". On pourra trouver ce roman un peu triste, mais les retrouvailles sont magnifiquement retranscrites : Geneviève murée dans sa solitude, Vincent dans sa carapace d’oubli, se retrouvent capables d’affronter les fantômes du passé. Et l’espoir reste, malgré tout, car "l’homme croit aux miracles". La vie peut renaître.

Je n'ai pas aimé

1 étoiles

Critique de Brunodu75 (, Inscrit le 12 août 2010, 59 ans) - 12 août 2010

Caricatural et ennuyeux à l'extrême. La notoriété semble permettre n'importe quoi.

Sublime

9 étoiles

Critique de Mcchipie (, Inscrite le 16 mai 2007, 47 ans) - 6 mars 2010

Quatrième de couverture :
Je meurs voilà ce qu'elle m'écrit Vincent je meurs viens me voir viens me revoir une dernière fois que je te voie que je te touche que je t'entende viens me revoir Vincent je meurs. Et au bas de la feuille, en tout petit, presque illisible, son prénom, Geneviève, tracé lui aussi au crayon à papier, comme le reste de la lettre, de la même écriture tremblante, défaillante, si ce n'avait pas été ces mots-là on aurait pu croire à l'écriture d'un enfant, on aurait pu sourire, froisser la feuille, la jeter à la poubelle et l'oublier ; mais non, ce n'est pas un enfant, c'est Geneviève qui meurt. L. T.
Mon avis :
Rien n'est plus réel que dans ce roman. Comment peut on vivre après la disparition d'un enfant. Dans ce roman, on ne décrit pas ce qui est arrivé à Clara, on ne sait rien, sinon qu'elle a disparu entre l'école et la maison qui sont distants de 150 m. Rien, sinon la douleur qui entraine Vincent et Geneviève au fond d'un gouffre comme une bête emmène sa proie pour mieux la dévorer. Rien, sinon que cette douleur vécue par deux êtres qui se sont aimés va les séparer, car chacun vit cette douleur seul. On a beau être entouré, dans ces moments de détresse, on est finalement SEULS.

Je suis sous le charme, sous le choc de cette lecture.

soupir profond

9 étoiles

Critique de AntoineBXL (Bruxelles, Inscrit le 9 août 2008, 44 ans) - 21 mars 2009

Quelle douloureuse expérience de la vie doit avoir cet auteur pour écrire sur ce thème avec tant d'exactitude et de justesse.

Rencontre d'émotions

9 étoiles

Critique de Pandorette (Bruxelles, Inscrite le 26 mars 2007, 46 ans) - 5 novembre 2008

A peine commencé, je n'ai pu me décrocher de ce livre. L'envie de connaître la suite était grande ! Et les personnages se sont comme fixés en moi ; je restais "calée" à leur vie même le livre fermé.
Histoire remplie d'émotions, de tristesse sans en jouer exagérément. Sentiments vrais et touchants.

moi qui suis en train de me précipiter vers toi

8 étoiles

Critique de Babsid (La Varenne St Hilaire, Inscrite le 8 mai 2006, 36 ans) - 27 avril 2008

Par quoi commencer ?
Ce livre parle de la souffrance d'un couple face à la disparition de leur enfant. De l'impossibilité de communiquer tant la douleur est grande, même des années après. Il se sont déchirés mais la vie, ou plutôt la mort, va les réunir une dernière fois. Furtivement.

L'histoire est terriblement triste. Au fil des mots, notre gorge se serre, un poids pèse sur notre poitrine. L'émotion est là. Ils attendent, espèrent, souffrent et nous attendons, espérons, souffrons avec eux. Jusqu'à ce que cela devienne intolérable.

En peu de mots, Laurence Tardieu réussit à nous communiquer tout ça.
Malgré cette douleur, elle s'attache également à prouver que si les épreuves sont là, la vie vaut la peine d'être vécue. Ces deux êtres qui se retrouvent après être passés par l'amour, le désespoir et l'incompréhension, nous prouvent que la joie et le bonheur passés laissent toujours une empreinte.

J'en tire un enseignement, il faut continuer en dépit de tout, pas à pas.

Ce livre est vraiment superbe.

Que d'émotions

10 étoiles

Critique de Agnes (Marbaix-la-Tour, Inscrite le 19 février 2002, 59 ans) - 24 janvier 2008

Lu hier soir, d'une traite, impossible de me détacher de ces mots, de ce texte tellement émouvant, de cette belle écriture pudique et profonde. Un véritable coup de coeur

C'est très très sombre. Mais c'est très très beau.

10 étoiles

Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans) - 8 août 2007

A l'image de sa couverture très sombre, c'est un logo en forme de coeur brisé qu'il faudrait pour illustrer Puisque rien ne dure de Laurence Tardieu, un bouquin dont chaque chapitre vibre de douleur et de désespoir.
Heureusement il n'y a qu'à peine plus de 100 pages et c'est bien assez comme ça : on est content de refermer cette douloureuse histoire, en se disant bien vite ouf, ce n'est qu'un roman, la vraie vie ne peut pas être aussi terrible que ça, etc.
Mais le hic, c'est que c'est très très bien écrit et que l'on se croit donc obligé d'en parler à d'autres qui vont, à leur tour, découvrir ces sombres pages et l'histoire d'un couple détruit, brisé par la perte incommensurable de l'enfant.
Bien plus que leur couple, c'est chacun d'eux, elle et lui qui sont ainsi détruits et brisés (le roman est à deux voix).
Tout cela sur un ton très juste, sans mélo ni trémolos (il n'est que très peu question de la fillette perdue) et c'est là toute la force de l'écriture de Laurence Tardieu que de nous faire partager la douleur indicible de ses deux personnages.
Le roman débute lorsque Vincent (lui) apprend la mort imminente de Geneviève (elle), quinze ans après la disparition de leur petite fille et leur séparation qui s'en suivit.

[...] J'essaie de me dire que tu es en train de mourir mais je n'arrive pas à comprendre ce que cela signifie. Je n'y arrive pas. Je prononce la phrase doucement comme un enfant répétant les mots d'un autre : Geneviève est en train de mourir. Mais ça ne veut rien dire. Ça n'a aucun sens.

[...] Nous allons nous faire du mal Geneviève. Pourquoi nous faire du mal si bientôt tu n'es plus là, pourquoi remuer la souffrance en nous ? Ne vaudrait-il pas mieux laisser tout cela reposer en paix ? Il me semble que lorsqu'on sent la nuit venir, on aspire à l'ordre et non au désordre. Le temps n'est plus à la quête.

Leurs retrouvailles (trop) tardives vont faire ressurgir le terrible passé ...

[...] Certains êtres, à mesure que le temps passe, deviennent de plus en plus libres : ils se redressent au lieu de s'affaisser. Il émane d'eux une énergie étonnante. Ils sont lumière pour qui les rencontre. J'aimerais savoir ce qu'ils ont fait des ombres de leur passé. De leurs regrets, de leurs déchirures. Comment ils s'en sont arrangés.

Geneviève (elle) tient un journal et il y est donc également question de la fonction salutaire de l'écriture :

[...] Je ne savais pas que les mots peuvent sauver. Aujourd'hui je le sais : ils maintiennent le lien à soi. Ils permettent de ne pas s'égarer dans la nuit profonde de la folie. [...] Ecrire ce soir m'a permis de finir la journée dignement : sans tomber, sans céder à la tentation d'en finir. Cete fois encore, l'écriture m'a sauvée. [...] Si je m'arrêtais d'écrire je crois que je mourrais. Seuls les mots me maintiennent en vie.

A enchaîner rapidement avec quelque chose comme le Lièvre de Vatanen pour retrouver goût à la vie !

ce qu'il reste, malgré tout

9 étoiles

Critique de G. (Rambouillet, Inscrit le 14 décembre 2004, 48 ans) - 24 mai 2007

Le troisième roman de Laurence Tardieu, intitulé « Puisque rien ne dure », constitue un véritable concentré de pures émotions, et cela, en seulement cent trente pages. L’aspect dramatique, d’emblée perceptible dans le titre, s’il prend plusieurs formes, révèle la pureté des sentiments. Averti par une lettre, Vincent se rend au chevet de Geneviève, son ex-compagne mourante. Ils se sont aimés, il y a quinze ans de cela, et se sont séparés, à la suite d’un drame : la disparition de leur fillette.
Trois parties constituent ce roman.

Tout d’abord, nous voilà, in media res, dans la conscience de Vincent, au moment où celui-ci roule sur l'autoroute, parti à la rencontre de celle qu'il a aimée et qui se meurt. Vincent repense inéluctablement à son passé. Et à ce qui, quinze ans auparavant, avait détruit leur couple. Il repense à Clara, leur enfant disparu, à son corps jamais retrouvé, à la douleur qui a consumé leur amour. Face au drame, Geneviève a choisi la solitude, tandis que Vincent a tenté d'oublier.
La deuxième partie du livre se révèle être un passage du journal intime de cette mère, au moment précis de la disparition de sa fille, lorsque, peu à peu, une réalité inacceptable s’est progressivement imposée. On y perçoit combien le recours à l’écriture permet de surmonter la détresse.
Ce n’est que dans la dernière partie que Vincent rejoint Geneviève, devenue une femme rongée de peine et de tristesse, mais aussi une femme qui s'apaise et veut affronter le passé.

Nous est livré ici, le message pudique d’un drame ravageur. À chacun sa façon de surmonter une telle épreuve, Laurence Tardieu a su imposer un style simple, bouleversant et sans pathos. Si le thème de la maternité et celui de la perte d’un enfant avaient été abordé dans le deuxième roman de l'auteur, « Le Jugement de Léa ».

"Puisque rien ne dure" place le lecteur à la place des personnages et éclaire leurs vies d’une lumière plus vive, sans omettre de souligner pour autant les côtés sombres. Mais au lieu de les faire sombrer, au lieu de les regarder s’abîmer, ses personnages sont comme tirés vers le haut, et malgré la douleur, malgré la souffrance, malgré la mort qui rôde, l’espoir demeure, après les larmes. Il s’agit d’un extraordinaire hymne à la vie Par de simples phrases, le roman se termine sur quelques notes de tendresse qui laissent sous le charme enveloppant comme une délicate mélodie apaisante, un dernier souffle d’amour, avant la mort.

Un beau moment

7 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans) - 4 décembre 2006

Un court roman fort en émotions. La douleur de ce couple qui se retrouve après tant d’années pour ressasser des souvenirs sombres est parfaitement évoquée. Toutefois, il m’est resté une impression d’éphémère. Peut-être était-ce le but? Nous disparaissons pour exister seulement dans la mémoire de ceux qui veulent bien nous chérir.


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