Freakonomics de Stephen J. Dubner, Steven D. Levitt
( Freakonomics : a rogue economist explores the hidden side of everything)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Montgomery, le 18 mars 2006 (Auxerre, Inscrit le 16 novembre 2005, 52 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 230ème position).
Visites : 6 572  (depuis Novembre 2007)

Si les statistiques n’existaient pas…ce livre non plus n’existerait pas

Fruit de la collaboration entre un jeune économiste atypique et un journaliste du New York Times, ce livre est régulièrement vanté dans la presse pour l'approche originale de certaines questions que chacun ne manque pas de se poser un jour. Effectivement certains points soulevés par le bouquin font partie des interrogations qui ont pu un jour effleurer l’esprit du lecteur lambda ( quels sont les facteurs qui ont amené la baisse de la criminalité dans les années 90, combien peut gagner un revendeur de drogue ), d’autres, comme le fait de savoir si les combats de sumo sont truqués, présentent un intérêt qui saute moins aux yeux…
C’est ma première réserve.

Ma seconde réserve concerne le recours quasi systématique aux données statistiques. Celles-ci tendent à être utilisées en tant qu’outil de démonstration suprême, même si les auteurs procèdent aux mises en garde d’usage ( attention aux conclusions trop hâtives) et s’efforcent de respecter le distinguo entre la notion de corrélation et celle de cause.

Une autre réserve touche aux comparaisons et conclusions auxquelles les auteurs se livrent volontiers. Certaines, très grossières, sont volontairement provocatrices de façon à déclencher ces polémiques valant toutes les campagnes de publicité ( après tout Levitt n’est-il pas un brillant économiste reconnu par ses pairs ?). Ainsi comparer le risque pour un dealer de crack de se faire tuer au cours d’une année ( 7 %) et le risque que court un condamné à mort d’être exécuté dans le même laps de temps ( 2 %) afin de conclure que le sort du premier est moins enviable que celui du second me paraît pour le moins curieux. C’est faire bon marché de la torture psychologique que représentent des années à croupir au fond d’une cellule en attendant une mort certaine. Quant au rapprochement entre la légalisation de l’avortement et la baisse de la criminalité une quinzaine d’années plus tard, chacun jugera en fonction de ses convictions…

Enfin, dernière réserve c’est promis, je trouve que certaines conclusions constituent de parfaits lieux communs qui circulent depuis des décennies dans toutes les facs et autres colloques consacrés à ce genre de questions. Dire par exemple que l’information, selon qui la détient, peut être un phare, un bâton, un rameau d’olivier, une dissuasion, me semble relever de l’évidence. De même, on se doutait bien que l’organisation du trafic de crack, à un certain niveau, ressemblait à celle d’une entreprise capitaliste ordinaire.

Je terminerai sur une note positive, car ce livre n’a pas que des défauts, en signalant que certains points font l’objet d’une analyse plus inattendue ( les peurs collectives et leur utilisation, les politiques sécuritaires des grandes villes…) même s’il s’agit plutôt de sociologie.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Causalité >< Corrélation

10 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 44 ans) - 18 juin 2016

Selon les auteurs de ce livre, la morale est ce qui décrit le monde idéal; l'économie, quant à elle, se charge de le dépeindre tel qu'il est réellement. "Freakonomics" est le résultat d'une collaboration étonnante et fructueuse se mettant pour objectif d'apporter de nouvelles perspectives au regard porté habituellement sur les statistiques socio-économiques, de répondre à des questions soit incongrues, soit évidentes par un biais parfois inattendu. Certains y verront une démarche provocatrice un peu racoleuse, d'autres un intérêt poussé pour le terreau du quotidien, pour les interactions humaines et les enjeux plus globaux de notre monde moderne. Le tout, évidemment, dans un langage ouvert, destiné à un public plus large que l'élite intellectuelle de l'économie et de la sociologie.

Evidemment, donc, cette "facilité" de lecture pourra servir le propos des enthousiastes comme des sceptiques. Mais, en ce qui nous concerne, nous nous plaçons dans le camp des lecteurs contents et amusés, étonnés, titillés, captivés par ce retournement des certitudes, du sens commun ou de la sagesse populaire.

Parce qu'en fin de compte, que trouve-t-on dans ce livre? Principalement, une invitation à renouveler notre regard, à bien différencier causalité et corrélation, mais aussi à mettre en perspective notre jugement souvent hâtif. Sans réel fil conducteur, ce livre passe d'une thématique à l'autre à la façon d'un "Tiens, ça me fait d'ailleurs penser à…" et s'en va sur le sujet suivant avec un naturel déconcertant.

Quel est le réel sens de la motivation dans le monde moderne (et par exemple, celle des agents immobiliers…)? Qu'est-ce qu'un parent idéal? Quel est le lien entre la législation de l'avortement et la baisse de la criminalité? Les sumos trichent-ils? L'humanité est-elle fondamentalement corrompue (et comment le commerce de bagels peut-il aider à répondre à cette question?)? Comment utiliser l'information pour affaiblir une organisation secrète comme le Ku Klux Klan? Peut-on s'appeler Loser et réussir dans la vie?

Ceci n'est qu'un bref échantillon des thèmes soulevés dans ce livre, thèmes dont les tenants et aboutissants ne sont pas toujours ceux qu'on imagine. Devenu best-seller, film documentaire, engendrant blog*, rejetons littéraires ("Superfreakonomics", "Think like a freak"…) ou émissions radio, "Freakonomics" est devenu clairement un phénomène culturel et social.

Une méthode incongrue et originale, donc, pour nous donner quelques outils de développement de notre esprit critique. Le tout avec la dose de recul et d'humour nécessaire: une viennoiserie pour le cerveau.

*http://freakonomics.com

La sociologie expliquée

8 étoiles

Critique de Nabu (Paris, Inscrit le 26 février 2005, 38 ans) - 27 décembre 2014

Freakonomics a été écrit par Steven Levitt, un économiste de l’université de Chicago et Stephen Dubner, un journaliste du New York Times.

Freakonomics traite de sujets divers et les analyse avec des données statistiques pour expliquer leurs causes et leurs effets. Ainsi, en vrac, on va aborder comment l’avortement aux Etats-Unis a influencé la baisse de la criminalité, le fonctionnement des vendeurs de crack, l’incidence des parents sur le développement de leurs enfants…

Vous l’avez compris, les sujets n’ont pas de liens particuliers entre eux et la narration ne contient pas de fil rouge. Le but de ce bouquin est donc principalement de suivre le travail de Steven Levitt et sa manière d’analyser différents phénomènes.

A la fin de la lecture de ce bouquin, je me sentais comme le cul entre deux chaises quant à l’écriture de cette critique. D’un côté, j’adore le fait que divers sujets de société soient analysés à travers les chiffres et que les corrélations soient triées afin de déceler celles qui sont réellement pertinentes. Après, il ne faut pas se leurrer, ce qui est vendu comme étant révolutionnaire est juste de la sociologie.

J’adore quand quelqu’un me dit « ça arrive pour telle raison et j’ai X chiffres à l’appui pour démontrer ce fait ». On ne se base pas sur une croyance populaire, on est sur du solide et ça fait plaisir.

Le livre est bien écrit et on vole de sujet en sujet, on apprend des informations sur des domaines auxquels on n’aurait jamais songé. Et c’est là où réside le principal défaut du livre, il n’y a pas de fil rouge, on suit les pensées des deux auteurs sans jamais vraiment comprendre où ils veulent en venir.

Il n’y a pas de construction d’une pensée, simplement un exposé d’une manière de travailler d’un type très brillant qui sait intelligemment relier les faits entre eux pour expliquer comment marche le monde.

En conclusion, Freakomics est un bouquin très intéressant mais qui souffre d’un manque de construction dans le défilé de ses idées. C’est sympa de suivre le fil des pensées d’un mec intelligent, c’est encore mieux quand il les a structurées.

Mais je pense que la hype autour ce bouquin vient surtout de la méthodologie du mec et de ce que les deux auteurs ont réussi à créer autour sur leur site web qui regarde de podcasts et d'articles en tout genre.

Divertissant

7 étoiles

Critique de SoB7818 (, Inscrite le 18 juin 2012, 36 ans) - 13 septembre 2012

Ceci n'est pas un livre d'économie! (même s'il est écrit par un économiste)
Il s'agit d'anecdotes tournées en forme d'études statistiques qui permettent de s'interroger sur des points particuliers (comme cités plus haut: la tricherie des professeurs, la mise en vente de biens, quelle éducation donner à son enfant...).
Les points traités sont assez courts, et permettent une mini réflexion avec à l'appui des tableaux ou des études.

C'est distrayant et facile à lire.

L'économie saisie par la statistique et la sociologie

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 15 août 2011

Ce jeune économiste non conventionnel et ce journaliste émérite de grand quotidien n'ont pas manqué l'occasion d'utiliser des thèmes excentriques pour l'économie, pour traiter des questions populaires, telles que la sécurité, la criminalité, le lien entre sociologie des prénoms et réussite, la meilleure éducation à donner à un jeune enfant, l'importance de l'information dans le commerce et la délinquance, l'économie des produits stupéfiants.

La méthode est originale, le résultat surprenant, et l'effet quelque peu artificiel et forcé, car l'objectif s'avère un tantinet racoleur, bien que ses pages prêtent souvent à sourire et incitent à apprendre par des chemins de traverse. La méthode n'est probablement pas à condamner et peut ouvrir des éléments de recherche, mais ne saurait être généralisée, par son caractère quelque peu marginal, en tout cas peu académique.

Pop économie

9 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans) - 24 mai 2006

Je lis rarement autre chose que de la fiction, mais ce livre “buzz” était trop attirant pour passer à côté. Les statistiques sont au cœur de ce livre, mais il ne s’agit pas d’une analyse mathématique. L’auteur vulgarise ses observations et choisit des thèmes sociaux afin de rendre plus accessible sa matière.

Le résultat est dérangeant, choc et fort divertissant. Est-ce que le nom d’un poupon influence son statut futur? Est-ce que l’on peut vraiment acheter une élection? Qu’est-ce qui est plus dangereux dans une maison pour un enfant, un fusil ou une piscine?

Si l’approche est ludique et les études parfois farfelues, l’objectif ultime est de nous faire voir les choses avec un autre œil, d’arrêter de croire ce que l’on nous vend comme des certitudes et de développer notre sens critique. À cet égard, c’est très réussi.

Forums: Freakonomics

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Freakonomics".