Il faut prendre le taureau par les contes! de Fred Pellerin

Il faut prendre le taureau par les contes! de Fred Pellerin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 2 novembre 2005 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 6 450  (depuis Novembre 2007)

L'Idiot de village

Fred Pellerin est actuellement l'écrivain de l'heure au Québec. Né en 1976 à St-Élie-de-Caxton, un village de la Mauricie, il s'inspire des villageois pour concocter des contes pour adultes qui font fureur. On le retrouve même sur scène où il les récite, seul avec sa guitare pour faire les enchaînements.

Dans Il faut prendre le taureau par les contes, il s'attache à l'idiot de village, un sujet délicat qu'il traite avec brio. Même s'il met en vedette des gens connus, il ne se gêne pas pour démontrer leur cruauté. Le faible d'esprit est une cible facile pour se rassurer contre la fragilité humaine. Il y a toujours pire que soi. Décédé en 1981, le pauvre Roger Lafrenière, le sonneur de cloches de la paroisse, participait à toutes les corvées et payaient pour tous les péchés des villageois. On l'obligea à poser le coq au bout du clocher de la nouvelle église et on l'accusa de luxure pour sauver l'honneur du curé de 150 kl.

Ces contes semblent être un charge en règle contre la conduite peu charitable des siens, mais, en fait, ils réhabilitent la mémoire d'un homme que l'auteur transforme en héros. C'est sous le signe de l'humour que Fred Pellerin fait revivre ce gibbeux disgracieux afin de lui rendre un hommage posthume, qui a pour effet de susciter toute la tendresse dont on l'a privé de son vivant. On sent que l'auteur aime son coin de pays et ceux qui l'habitent malgré leurs défauts. Lui-même est devenu la coqueluche de St-Élie-de-Caxton à qui on confie toutes les légendes qui courent à propos des habitants. Il s'en sert comme un miroir de ce microcosme avec une verve délirante. Sous sa plume, les mots deviennent magiques et nous transportent dans un monde surréaliste qui existe. Aux sceptiques, l’auteur répondrait : «L’important, ce n’est pas de croire ou de ne pas croire, l’important c’est que c’est vrai». Comme disait Victor Huogo : "C'est de l'Histoire écoutée aux portes de la légende."

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