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Chez nous, il n'y avait pas grand chose. Deux pieces. Quelques meubles. Une table, pour disparaitre dessous. Chez nous, il n'y avait pas de mots. Que des silences, des désirs, des absences, des envies, des coleres, des cris aussi, qui ont si souvent déchiré cette maison. Pour des riens, toujours. Dans mon enfance, je rêvais d'une famille calme et sereine, d'une mère tendre aux gestes doux, d'un père souriant et solide. D’une maison chaleureuse. Avec si possible une cheminée pour y faire du feu. Je ne sais pas pourquoi, je rêvais d'une cheminée. C'est comme ca. De dessous la table, j'aurais pu contempler les flammes à m'en bruler les yeux. Mais nous n'avions pas de cheminée. Je regardais le tapis. Ses petites arabesques de laine pelée. J'en suivais les chemins avec mes doigts. Il y avait des routes et des rivières.
Oui, je me cachais sous la table. Et mes parents m'oubliaient. C'était beaucoup mieux comme ca, il valait mieux ne pas les déranger. Quelle place aurais je pu avoir dans leur univers ? Un univers clos peuplé de leur folie, de leurs douleurs, de leurs orages. Ils se heurtaient l'un a l'autre, infiniment, s'égaraient, se cherchaient, et se trouvaient aussi, ils finissaient toujours par se trouver. Et alors c'étaient de si beaux moments. Mais ces moments ne duraient pas, et alors bien vite ils retombaient dans leurs silences. Des silences à en crier. Et moi je cherchais des mots, vite, des mots, et les déployer, le plus de mots possible, maladroite, égarée, peut être que dans le tas il y aurait pu y avoir les bons, les mots qui auraient tout arrangé, des mots qui seraient tombés comme des petites gouttes dans le cerveau de mes parents et qui les auraient réveillés, doucement. Mais ils n'entendaient rien. Ou pas grand chose...
J'avais presque peur de les laisser seuls. Comme si ma présence pouvait les empêcher d'aller au bout de leurs égarements.
Mais je suis partie, quand même, malgré tout.
Ils ne se sont pas entre-dévorés pour autant. Ils ont continué. Simplement continué. Ma présence, mon absence, cela ne changeait rien.
Aujourd'hui je suis trop grande, beaucoup trop grande pour me cacher sous la table. Alors je m'assois près d'eux. Et je les regarde sans rien dire.
Oui, je me cachais sous la table. Et mes parents m'oubliaient. C'était beaucoup mieux comme ca, il valait mieux ne pas les déranger. Quelle place aurais je pu avoir dans leur univers ? Un univers clos peuplé de leur folie, de leurs douleurs, de leurs orages. Ils se heurtaient l'un a l'autre, infiniment, s'égaraient, se cherchaient, et se trouvaient aussi, ils finissaient toujours par se trouver. Et alors c'étaient de si beaux moments. Mais ces moments ne duraient pas, et alors bien vite ils retombaient dans leurs silences. Des silences à en crier. Et moi je cherchais des mots, vite, des mots, et les déployer, le plus de mots possible, maladroite, égarée, peut être que dans le tas il y aurait pu y avoir les bons, les mots qui auraient tout arrangé, des mots qui seraient tombés comme des petites gouttes dans le cerveau de mes parents et qui les auraient réveillés, doucement. Mais ils n'entendaient rien. Ou pas grand chose...
J'avais presque peur de les laisser seuls. Comme si ma présence pouvait les empêcher d'aller au bout de leurs égarements.
Mais je suis partie, quand même, malgré tout.
Ils ne se sont pas entre-dévorés pour autant. Ils ont continué. Simplement continué. Ma présence, mon absence, cela ne changeait rien.
Aujourd'hui je suis trop grande, beaucoup trop grande pour me cacher sous la table. Alors je m'assois près d'eux. Et je les regarde sans rien dire.
Ouche ! Le genre de texte qu'on a du mal à juger tant on le craint autobiographique ... et que du coup, le fond balaie le reste.
Et le fond est lourd, ici. Bien lourd.
Désarroi de la petite fille contrainte de se cacher sous la table, le refuge de la table, et la chute ... Terrible la chute !
Mais prenons de la distance ! Fiction.
Raccourci météorique entre la petite fille contrainte de sa cacher pour ne pas hurler la devenue grande fille qui ne rentre plus sous la table mais qui n'en peut mais ... C'est limpidement mené, triste à pleurer, et ça finit méchamment.
Et une pierre de Valadon jetée dans la mare engourdie de Vos Ecrits !
Et le fond est lourd, ici. Bien lourd.
Désarroi de la petite fille contrainte de se cacher sous la table, le refuge de la table, et la chute ... Terrible la chute !
Mais prenons de la distance ! Fiction.
Raccourci météorique entre la petite fille contrainte de sa cacher pour ne pas hurler la devenue grande fille qui ne rentre plus sous la table mais qui n'en peut mais ... C'est limpidement mené, triste à pleurer, et ça finit méchamment.
Et une pierre de Valadon jetée dans la mare engourdie de Vos Ecrits !
Merci Tistou !!! Toujours pret (le scout de Vos Ecrits ;-))
N'aies crainte, pas d'autobiographie ici...
N'aies crainte, pas d'autobiographie ici...
Superbe texte ! J'aime beaucoup ta description, c'est criant de vérité...
Un thème bien triste, mais très bien traité.
Merci !
Un thème bien triste, mais très bien traité.
Merci !
Touchée! C'est tellement profond et juste. Et j'ai eu un coup au coeur car moi aussi j'allais sous la table en suçant mon pouce... Mais pas de cris ni de douleurs en dehors de l'abri. Là, on visionne les scènes, l'orage au dessus, le refuge en dessous et tout, tout ce qui peut passer par la tête d'un enfant, l'incompréhension, la peur, une vision du monde des adultes violente et angoissante. Ce qui est touchant c'est son désir de vouloir consoler, réparer par des mots et la détresse face à l'impuissance.
"Alors je m'assois près d'eux. Et je les regarde sans rien dire."
Et pourtant ça en dit long!!
Merci de ce moment d'émotion Val et quel plaisir de te retrouver ici...:-))
"Alors je m'assois près d'eux. Et je les regarde sans rien dire."
Et pourtant ça en dit long!!
Merci de ce moment d'émotion Val et quel plaisir de te retrouver ici...:-))
Comme...comme...ah non, je suis désolée mais je ne peux rien dire, c'est beaucoup trop...
Vais attendre...
Je me contente de rejoindre Pieronnelle. C'est tellement...triste et d'un charme...incommensurable...
Cet enfant...non, je n'y arrive vraiment pas.
Sublime, Valadon.
Merci, c'est tellement beau. Touchant, sensible, fort aussi.
Vais attendre...
Je me contente de rejoindre Pieronnelle. C'est tellement...triste et d'un charme...incommensurable...
Cet enfant...non, je n'y arrive vraiment pas.
Sublime, Valadon.
Merci, c'est tellement beau. Touchant, sensible, fort aussi.
Merci a vous d'etre venus me lire, ca me touche toujours autant ces quelques mots que vous deposez apres votre lecture...C'est tellement precieux!
(Peguy, ca va..? :-)
(Peguy, ca va..? :-)
Bien...j'ai une boule dans la gorge...
Première fois que je ne me retrouve pas en toi (et c'est bien aussi de ne pas faire qu'un(e) :)-car mon enfance a été ô combien heureuse et je ne m'en plaindrai pas !-
Ton texte tout en sincérité, en douceur, en douleur et avec un regard bienveillant d'adulte est un témoignage poétique et très très touchant. Je n'ai pas beaucoup d'autres mots à apporter, sinon que ces parents là n'ont probablement jamais su voir à quel point ils avaient une merveille à portée de coeur.
Première fois que je ne me retrouve pas en toi (et c'est bien aussi de ne pas faire qu'un(e) :)-car mon enfance a été ô combien heureuse et je ne m'en plaindrai pas !-
Ton texte tout en sincérité, en douceur, en douleur et avec un regard bienveillant d'adulte est un témoignage poétique et très très touchant. Je n'ai pas beaucoup d'autres mots à apporter, sinon que ces parents là n'ont probablement jamais su voir à quel point ils avaient une merveille à portée de coeur.
J'ai l'habitude de critiquer avant de lire les autres commentaires et je me suis bien fait avoir !! Mince alors, ça veut dire qu'on se ressemble encore sur l'enfance ?! ;) Beau talent d'écrivain, chapeau !
Mince alors, ça veut dire qu'on se ressemble encore sur l'enfance ?! ;)
On dirait bien hein...
:-)))
Merci Jane.
Mince alors, ça veut dire qu'on se ressemble encore sur l'enfance ?! ;)
On dirait bien hein...
:-)))
Merci Jane.
Merci à toi, c'est vraiment bon de te lire ! :)
Désarroi de la petite fille contrainte de se cacher sous la table, le refuge de la table, et la chute ... Terrible la chute !!
Je ne saurais que dire de plus.
C'est très bien écrit, on a réellement l'impression d'être dans la tête de cette petite fille qui se cache, qui prend du recul pour essayer de comprendre, pour mettre des mots sur ces cris dont elle ne comprend que l'impact négatif... ou positif. Ces idées qui se bouscoulent, déboussolées, sans réel sens...
En effet, "C'est comme ça". Et pas autrement.
Val et sa très grande humanité...
Douleurs de l'abandon, de l'oubli, de l'extrême solitude et le silence pour réponse: tes textes, Val, sont toujours très poignants; ils nous touchent en plein coeur.
Douleurs de l'abandon, de l'oubli, de l'extrême solitude et le silence pour réponse: tes textes, Val, sont toujours très poignants; ils nous touchent en plein coeur.
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