Unefoispasdeux
avatar 17/02/2012 @ 15:13:59
Il avait choisi de se téléporter en Europe dans un pays quelconque.

C’est donc le cœur palpitant, tout excité en vue de l’amusement auquel il allait prendre part, qu’il se téléporta à l’écart des vues dans une ruelle adjacente un grand magasin d’électronique à une époque proche de la nôtre.

Une fois le voyage temporel effectué il se réfugia avec son matériel dans un bungalow d'un chantier inoccupé, dont il réussit à forcer la porte par un moyen encore inconnu de notre époque.

Le chantier avait spécialement été repéré avant son voyage, par une fenêtre inter-temporel. Il avait six heures devant lui, avant que quelqu’un ne se présente, c’était bien assez de temps.

Il était d’un âge moyen, issu d’un temps futur où la vie était telle que les humains prospères et heureux, s’ennuyaient souvent dans leur nouveau monde sans soucis.

Alors il était de retour en cette époque troublée pour s’amuser, pour se changer les idées.

Il avait acheté sa permission de voyage temporel il y a quelques jours auprès de la police des uchronies.

Il avait dû scrupuleusement étudier les risques d’incidences inter-temporelles et soumettre son projet avant de pouvoir effectuer ce voyage.

Mais tout était réglé maintenant, et il ne lui restait plus qu’à savourer son projet.

Une fois entré dans le bungalow, il se prépara.

Il commença par déployer son robot. Une réplique parfaite d’une femme d’un âge avancé pour ne pas dire très âgée.

Le robot était fait d’une technologie encore inconnue qui pouvait défier quiconque de faire la différence avec une personne réelle.

Trapue, elle était petite, mesurait à peine 1m50, elle était toute fripée, des cheveux bouclés, épais, châtain qui viraient sur le gris, elle avait les yeux vert et vitreux, sont sourire était grand, c’était le sourire que seules savent prendre certaines personnes âgées qui réussit l’exploit de réunir l’empathie, la pitié et le dégoût en une seule sensation.

Elle était habillée d’une robe à fleur, un chapeau type canotier était vissé sur sa tête, elle portait de grosse lunette avec une chaine qui pendait de chaque côté, ses ongles étaient longs et jaunie, elle tenait fermement de ses doigts crochus une canne, et elle portait des sandales qui laissaient entrevoir ses orteils tordus par l’arthrite

Pour résumer c’était une réplique parfaite d’une femme au seuil de la mort.

L’homme s’installa sur une chaise, posa une sorte de casque sur sa tête qui lui permit de prendre instantanément le contrôle de cette étrange créature.

Il fit un test sonore.

-Bonjour Monsieur. Ordonna-t-il mentalement,

Aussitôt la créature repris :

-Bonjour Monsieur.

La voix était parfaite. Elle était assez grave, tout en partant dans les aigus à intervalle irrégulier. Les mots étaient débités d’une manière suffisamment lente pour être agaçante pour l’interlocuteur, voire torturante.

Alors l’homme assis sur sa chaise s’adossa confortablement, et alors, il lâcha la créature.

Il la contrôlait par la pensée, avec une aisance encore inconcevable pour notre époque.

Elle sortit lentement du bungalow, aussi lentement que seules peuvent le faire les personnes de cet âge avancé, se déplaçant en s’aidant de sa canne, elle avançait maintenant à pas prudent à travers les gravats du chantier pour rejoindre la rue.
Les quelques passants pressés qui la virent traverser le chantier ne prêtèrent qu’une vague attention à cette scène étrange. Et une fois qu’elle eut enfin gagné la rue, elle était de nouveau invisible aux yeux de tous.

Femme suffisamment vieille pour que personne ne daigne prêter attention à elle, car ne faisant plus partie de la lutte pour l’accouplement sexuel, elle n’intéressait plus que les vendeurs ou racoleurs de rue.

Toutefois ils ne faisaient pas parti de l’objectif de l’homme assis sur sa chaise dans le bungalow. L’objectif se trouvait dans le grand magasin d’électronique dont l’entrée se trouvait à droite juste en bas de la rue.

Alors elle descendit la rue.

L’homme assis sur la chaise avait une vue panoramique parfaite à travers les yeux vitreux de la créature.

Lorsque la créature arriva au niveau de l’entrée du grand magasin d’électronique elle tourna brusquement sur sa droite pour pénétrer dans le grand magasin tel un zombie se dirigeant vers son festin, dans ce qui allait être pour les quelques heures à venir le terrain de jeu de l’homme assis sur sa chaise.

Marchant lentement, clopinant, la créature, traversa les portiques de sécurité et pénétra dans le magasin.
Les quelques caissières, blasées par leur travail postées à l’entrée ne la remarquèrent même pas, occupées qu’elles étaient à admirer leur manucure ou à remplir des grilles de sodoku le plus discrètement possible.

Elle continua à avancer, et elle se dirigea vers la première cible repérée par l’homme assis sur la chaise.

Il s’agissait d’un jeune homme vêtu d’un gilet bleu qui par-là même trahissait son appartenance au magasin dont il était l’employé. Il était occupé à mettre en place des piles alcalines sur une paroi.

Après un rapide scan visuel, l’ordinateur intégré de la créature fournit toutes les informations utiles à l’homme assis sur sa chaise.

Température corporel stable, rythme cardiaque normal.

Ce n’était pas une cible spécialement intéressante.

Toutefois il décida de s’entrainer sur le jeune homme

Alors la créature s'approcha lentement de derrière le jeune homme.

A ce stade le jeune homme avait déjà reconnu la démarche lente et hésitante d’une vieille femme. Il n’osa pas se retourner, espérant en son for intérieur que la vieille femme n’ait pas besoin de ses services et parte le plus rapidement possible.
Le laissant de nouveau seul dans sa rêverie.

Mais la créature dit de sa voix éraillée :

-Bonjour Monsieur.

Un frisson parcourut le jeune homme, imaginant d’avance ce qui l’attendait, Il se retourna lentement, et ne fut pas trompé par ses sens.

Une vieille femme se tenait là, devant lui, tout sourire.

Mentalement, inconsciemment et involontairement, le jeune homme repassa en revue toutes les situations semblables qu’il avait déjà eu à vivre dans sa courte carrière de vendeur.

Tous les mini traumatismes qui ont marqués de manière indélébile sa mémoire.

Une pile de montre immonde rendue crasse par les années à changer ? Un objet défectueux qu’elle avait acheté qui lui attirerait sûrement des réprimandes non-méritées ? Le fonctionnement d’un réveil matin à expliquer durant une éternité ?

Comment allait-elle le faire souffrir ? Telle était au final la question que le jeune homme se posa dans sa tête.

Alors que s’il avait été un homme libre il aurait pu fuir, ou même ignorer cette personne. Bizarrerie de notre civilisation il appartenait maintenant à cette vieille femme pour le temps qu’elle désirait.

Esclave moderne aux chaines invisibles, il était là, impuissant et pris au piège.

Alors il fit un effort, et ne laissant pas transparaître son appréhension de la suite de la conversation il répondit avec un sourire un peu crispé :

-Bonjour Madame !

L’homme assis sur sa chaise, se fendit d’un petit sourire lorsqu’il vu que la température corporelle ainsi que le rythme cardiaque du jeune homme augmenta.

Tout fonctionnait comme prévu.

Cependant il décida de ne pas commencer à s’amuser avec ce vendeur, alors la créature se contenta de rétorquer de sa voix mourante:

-Jeune homme, pourriez-vous m’indiquer ou je pourrais trouver des petites radios pas chères, et simples d’utilisations ?

Le jeune homme fut soulagé d’un coup, presque heureux, imaginant déjà la scène futur que ses collègues du deuxième étage auront à supporter d’ici quelques minutes et en pensant à sa position qui du coup était loin d’être inconfortable.

Alors il répondit, mais cette fois avec un sourire plus naturel et détendu :

-Les petites radios ? Au deuxième étage madame !

-Merci Monsieur, Bonne journée !

Dit la créature de sa voix criarde.

Alors elle prit le chemin de l’escalator pour se rendre au deuxième étage.

Mais l’homme assis sur sa chaise décida d’être un peu taquin avec le jeune homme.

Alors il ordonna à la créature de tourner la tête dans la direction de celui-ci pendant que celle-ci montait l’escalier mécanique, le jeune homme toujours soulagé, qui regardait la vieille femme monter, vit alors la tête de la vieille femme se tourner brusquement vers lui, et de ses yeux vitreux accrocher son regard, et lui sourire de toutes ses dents, un sourire malsain, presque lubrique.

Quand l’homme assis sur sa chaise s’aperçut que le rythme cardiaque du jeune homme venait de nouveau d’augmenter d’un coup, il se fendit d’un deuxième sourire.

La créature arriva au deuxième étage, surface de vente assez grande, remplie de chaîne hi-fi et divers accessoires audio.

Tout de suite l’homme assis sur sa chaise fit un scan visuel de l’étage.

Il y avait deux vendeurs à l’étage.

L’homme sur sa chaise choisit le moins occupé des deux, celui qui était appuyé contre une pile de chaîne hi-fi dans des cartons, à moitié somnolant à cause du temps qui refusait de s’écouler.

Le vendeur se trouvait à une vingtaine de mètres de la créature, il regardait une télévision au loin dont il avait coupé le son, il était comme bercé par les images qui défilaient de femmes à moitiés nues, dansantes, sur une chaine musicale.

Un peu gros, il paraissait exténué par son dur labeur, ne souhaitant sûrement qu’une seule chose, que l’heure tant attendue de dix-neuf heures arrive enfin, pour qu’il puisse s’accorder quelques heures de sommeil pour ensuite, tel un esclave docile, reprendre sa place à l’étage.

-Parfait ! Se dit l’homme assis sur sa chaise se fendant de nouveau d’un sourire.

Alors la créature se dirigea d’un pas lent vers le vendeur, terriblement lent.

Quand le vendeur s'aperçut qu'il avait été repéré au loin par une vieille femme une tension commença à la gagner.

Ne sachant plus où regarder pour feindre qu’il n’avait pas remarqué la vieille femme qui arrivait vers lui du bout du rayon,le vendeur se redressa, décidant d'un coup de faire semblant d’examiner un carton sur lequel il était appuyé il y a quelques secondes, en espérant de toutes ses forces qu’il paraisse suffisamment occupé pour que la vieille femme décide de choisir un autre vendeur moins affairé.

Mais l’homme sur sa chaise, encore plus motivé par la réaction du vendeur, et de son pouls qui venait d’atteindre des sommets, ralentit alors encore les pas de la créature pour qu’ils atteignent une lenteur presque insoutenable.

C’était une scène tant de fois répété que le vendeur avait devant les yeux, pourtant elle paraissait toujours aussi surréaliste.

Se détachant nettement du rayon totalement épuré, une vieille femme coiffée d’un canotier, en robe à fleur s’aidant d’une canne pour avancer en se déplaçant d’une lenteur extrême, se dirigeait vers lui.

Le visage de la vieille femme trahissait le sentiment de soulagement extrême qu’elle éprouvait d’avoir trouvé un vendeur libre, une sorte de sauveur, dans cet antre de l’électronique qui était un monde aussi étrange qu’inconnu pour elle.

Le vendeur était alors une sorte de chevalier sauveur pour princesses décrépites.

Ignorant qu'il était, le vendeur se dit qu’il avait encore une chance de salut, alors, enhardi par la pensée qui venait de le rassurer et qui lui garantissait de pouvoir se libérer d’ici quelques secondes de cette vieille femme inopportune, pour pouvoir retourner dans sa confortable léthargie, se décida à faire vaillamment face à la vieille femme.

-Bonjour madame !

Tonna-t-il d’une voix forte, qui trahissait une certaine condescendance, et qui signifiait par là qu’elle se trouvait sur son territoire.

-Bonjour monsieur !

Répondit l’homme assis sur sa chaise, par le biais de la voix agonisante de la vieille femme, nullement déconcerté par le sentiment de supériorité qu’essayait de dégager le vendeur.
Qui au contraire se réjouissait même de plus en plus, en vue du plaisir auquel il allait prendre part.

-Que puis-je pour vous ma chère petite dame ?

Demanda le vendeur toujours confiant quant à l’issue de cette confrontation.

-Voyez-vous monsieur, il me faudrait s’il vous plaît, une petite radio pas chère, et très simple d’utilisation, dit l’homme assis sur la chaise en insistant bien sur le « très simple » en prenant le temps de détacher chaque syllabes -Car voyez-vous je n’y comprends rien du tout à tous ces trucs technologiques, si vous seriez assez aimable pour m’expli…

Là, le vendeur, pour avoir entendu cette introduction des centaines de fois n’était nullement surpris par ce que venait de demander la vieille femme, alors pour stopper ce discours qui lui était déjà désagréable à l’oreille, il coupa la vieille femme net dans ses paroles pour rétorquer :

-Oui, oui madame, je vois, pas de soucis ! J’ai quelqu'un qui est un spécialiste des petites radios et qui va pouvoir se faire un plaisir de tout vous expliquer.

Répondit le vendeur affublé d’un sourire narquois, en pensant à l’apprenti qui selon lui n’avait d’autre raison d’exister que celle de le servir et le décharger de ce genre de tâches ingrates.

Alors le vendeur tout sourire, se sentant soulagé de l’énorme poids dont il pensait déjà s’être débarrassé commença à se mouvoir en cherchant des yeux l’apprenti.

Mais ne le trouvant pas, il se mit intérieurement à pester contre lui, se jurant de lui faire remarquer par la suite, qu’il manque de bonne volonté vis-à-vis de l’enseignement indispensable et empreinte de sagesse dû à son ancienneté, qu’il aurait la chance d’acquérir pendant sa longue formation à ses côtés s’il se montrait plus présent

Mais l’apprenti qui de loin avait déjà vu la vieille femme approcher de son chef, avait eu la présence d’esprit de se réfugier dans le stock en prétextant une recherche indispensable d’articles inutiles, sachant d’avance ce qui l’attendait s’il restait en surface de vente.

Le vendeur prenant conscience de ce stratagème connu de tous, mais jamais avoué, ne fut nullement découragé et décida d’appeler l’apprenti à travers le rayon d’une voix mielleuse en veillant toutefois à ne pas crier trop fort car à tout moment le grand chef des esclaves risquait d’assister à la scène.

Mais alors que le vendeur ouvrit la bouche pour pousser l’appel, la vieille femme le coupa net dans son élan.

-Mais on m’a dit que c’était vous le spécialiste ! Je voudrais avoir affaire avec vous s’il vous plaît !

La voix stridente de la vieille femme le glaça net.

Il ne s’attendait pas à ça. Comme paralysé,il était perdu, il se mit à se gratter la tête, et balbutia, au grand plaisir de l’homme assis sur la chaise qui souriait de plus belle.

-Euh… Oui… On va regarder ça si vous voulez…

Qu’est-ce qu’il vous faudrait comme radio ?

Dit-il, se sentant tout d’un coup totalement impuissant, et la plus misérable des créatures vivantes.
Et alors il se dirigea déjà en veillant bien à ne pas aller plus vite que la vieille dame, résigné qu’il était, tel un éléphant sentant la mort venir lui rendre visite se rendant alors dans son cimetière, vers le rayon des radio, qui, il le savait d’avance, seraient toutes trop compliquées pour cette personne.

Alors l’homme assis sur sa chaise s’en donna à cœur joie.

Il garda le vendeur auprès de lui à peu près une heure et trente minutes. Une heure et trente minutes de pur bonheur pour l’homme assis, qui était dans une sorte de transe, il fit essayer au vendeur tous les modèles de radios, il prétexta une insurmontable difficulté à changer les stations radio pour passer en revue encore une fois tous les modèles et toutes les manières possibles de programmer les chaines. Il lui fit faire des tests, vérifier la longueur de l’antenne, soupeser les radios. Pinaillant sur les couleurs qui n’allaient pas avec son papier peint d’intérieur, l’homme assis sur la chaise sortit également une histoire complètement farfelue de problème de migraines à cause des ondes radio qui aurait accéléré la précipitation de feu son mari dans sa tombe. Il lui parla également de son chat Spifou, qu'elle aimait beaucoup, et qu'il ne fallait pas effrayer avec un volume trop fort le matin, car Spifou se faisait vieux, donc si cela était possible trouver un modèle avec minuterie qui pourrait s’éteindre tout seul.

Tout cela en veillant bien sûr à toucher à intervalles fréquents ,pour appuyer ses déclarations, les avant-bras du vendeur de ses doigts crochus, ce qui avait à chaque fois pour effet pour le plus grand plaisir de l’homme assis sur sa chaise, de faire atteindre des sommets au pouls du vendeur, tout en se rapprochant de lui la plus possible histoire de rendre la rencontre encore plus difficilement supportable qu’elle ne l’était déjà.

L’homme assis sur sa chaise mena remarquablement bien le jeu.

Chaque fois que le vendeur faisait preuve d’un héroïque élan de combativité et qu’il pensait enfin avoir réussie à présenter la radio parfaite à la vieille femme et par la même occasion se débarrasser d’elle, grâce à tous les arguments et stratégies de vente possibles et imaginables tout en usant d’une éloquence rare, qui aurait pu faire pâlir de jalousie n’importe quel orateur publique, l’homme assis sur sa chaise réussissait à prétexter une broutille pour ramener la conversation à son point de départ.

Un à moment le vendeur faillit échapper à l’homme assis sur sa chaise, qui, se tordant de rire, ne fut pas assez rapide pour retenir le vendeur qui partait d’un pas rapide vers le stock en serrant les points.

C’est alors qu’à travers le mur peu épais qui coupait le rayon du stock, l’homme assis sur sa chaise entendit le vendeur décharger sa rage impuissante sur l’apprenti, lui jurant que si pour ce soir le stock n’était pas assez propre pour manger à terre il serait mis à la porte.

Mais ayant exercé le peu de pouvoir qu'il lui restait sur le cours de chose il se rappela que n’ayant d’autre moyen de subsistance que de servir les clients en plus de ses supérieurs, il n'avait d’autres choix que de retourner faire face à l’horripilante vieille femme tout en frappant au passage de son pied, un innocent carton qui était posé devant la porte du stock histoire d'essayer de se rassurer encore une fois quant à son semblant de pouvoir.

L’homme assis sur sa chaise, n’en pouvant plus de se bidonner, décida de couper court à l’échange, il avait assez rit.
Il s’avait qu’il avait usé de toute les stratégies possibles pour faire durer la rencontre. Il n’avait bientôt plus d’énergie à aspirer à ce vendeur, qui bientôt, n’aurait même plus la force d’ouvrir la bouche pour répéter les phrases déjà cent fois répétées.

Alors la créature se tourna vers le vendeur qui donnait l'impression d'avoir pris au moins cinq ans d’âge en seulement une heure et trente minutes, qui transpirait sous les aisselles, qui boitait aussi légèrement surement à cause d’un carton qui, il y a quelques minutes encore, était pourtant innocent.

La créature dit alors, d’une voix toujours aussi éraillée, affublée de son sourire lubrique tout en fixant ses yeux vitreux sur le vendeur:

-Je suis désolé monsieur, mais tout ça c’est trop compliqué pour moi, je n’ai rien compris à ce que vous racontez, alors je repasserais, quand vous aurez plus de temps à m’accorder. Bonne journée.

Là le vendeur fit une tête indescriptible.

Tête que l’homme assis s’empressa de photographier au travers des yeux de la créature pour garder un souvenir de cette superbe après-midi.

Pour finir, toujours grâce à l’ordre mental de l’homme assis sur la chaise, la créature regagna le chantier.

Les larmes encore aux yeux après avoir tant rit, l’homme qui maintenant était debout, remballa son robot et regagna son époque.

Tout en se disant qu’il allait bientôt revenir, pour continuer de s’amuser, mais cette fois il se promettait de convaincre un ami de l’accompagner.


Le vendeur lui était seul.

Assis dans le réfectoire au dernier étage du grand magasin d’électronique, tour-prison aux barreaux invisibles, il fumait une cigarette qu’il tenait d’une main tremblante, en regardant par la grande fenêtre les gens marcher dans la rue en bas, se demandant quel pouvait bien être son utilité au sein de ce monde.

Unefoispasdeux
avatar 17/02/2012 @ 15:15:18
Oups il y a une faute de le titre "'s'amuser" pas "s'amuer"....

R. Knight
avatar 17/02/2012 @ 17:45:27
Très comique ! Ah on retrouve une fois de plus ce pessimisme qui t'es propre, mais nouvellement dissimulé derrière la comédie qui se joue entre la créature et ses 'proies', les vendeurs d'électronique.
Tous ces petits détails 'croustillants' sur la vie d'une vieille femme, jouent très bien leur rôle comique. A l'évocation de son chat Spifou, j'ai bien rigolé !
Et ça dénonce encore beaucoup de choses comme tu l'annonce d'ores et déjà avec : 'les humains prospères et heureux, s'ennuyaient souvent dans leur nouveau monde sans soucis' ou 'Bizzarerie de notre civilisation, il appartenait maintenant à cette vieille femme pour le temps qu'elle désirait'.
Le côté Science-fiction du texte est une fois de plus, fortement bien exploité, on aurait presque peur de cette créature, ça fait très futuriste alors que c'est empreint de tant de réel !
Bref, une ironie finement placée qui nous ouvre encore les yeux sur les 'bizzareries de notre civilisation'.

Unefoispasdeux
avatar 17/02/2012 @ 21:05:35
Je sais pas si je vais pouvoir écrire quelque chose de positive un jour... :)
Mais autant je me dis que certains auteurs sont des optimistes pathologiques, pathologie qu'ils utilisent à des fin de romances, moi je suis un pessimiste pathologique qui va aussi essayer de romancer :)

JEyre

avatar 18/02/2012 @ 10:43:12
Je suis impressionnée par ton imagination ! Ton histoire est très visuelle, drôle et étrange à la fois, glaçante aussi. C'est très réussi et j'ai pris beaucoup de plaisir à la lire. Merci beaucoup pour (la qualité de) ta participation à "vos écrits" !

Unefoispasdeux
avatar 18/02/2012 @ 13:13:17
Merci pour le compliment!ça fait plaisir de pouvoir divertir des gens avec des histoires:)

JEyre

avatar 18/02/2012 @ 13:26:54
ça fait plaisir de pouvoir divertir des gens avec des histoires:)

Alors au boulot ! ;))

Tistou 18/02/2012 @ 16:25:01
"Je sais pas si je vais pouvoir écrire quelque chose de positive un jour... :)"

Bien sûr que si, ça viendra. Tu fais tes gammes, là ...

Tistou 18/02/2012 @ 16:29:31
Troublante histoire. Tu crois qu'elle est vraie ? !!!
Les emmerdeurs pourraient venir du futur alors et retourneraient dans nos jours pour nous faire marner ? Intéressante hypothèse.
Nous sommes vraiment dans une histoire là. Elle est écrite cela dit, ce n'est pas un simple synopsis. Elle est écrite et glaçante.

"Assis dans le réfectoire au dernier étage du grand magasin d’électronique, tour-prison aux barreaux invisibles, il fumait une cigarette qu’il tenait d’une main tremblante, en regardant par la grande fenêtre les gens marcher dans la rue en bas, se demandant quel pouvait bien être son utilité au sein de ce monde."

Tu travailles au rayon "électronique" d'un magasin ? Et tu en profites pour écrire des histoires ... ?

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