Robert escande

avatar 23/11/2011 @ 14:13:23
L’histoire de Robert Escande se déroule en Ardèche, mais elle pourrait tout aussi bien se passer dans la Meuse.
Dans ces petits villages parfois loin de tout pour qui le médecin est synonyme de survie, au sens propre et figuré.
Installé à Neuville-sur-Ornain depuis deux ans, il raconte dans un roman, « Médecin, quand reviendras-tu ? », sa vie de toubib de campagne dans la vallée de Saint-Etienne en Montagne. Ses 4.000 patients par an, ses 10.000 actes annuels et « une incohérence totale entre le discours des pouvoirs publics et la réalité du terrain ».
« J’étais médecin propharmacien dans un petit village de 550 habitants, à une heure de route en été de l’hôpital le plus proche, quasiment inaccessible en hiver. Lorsque je me déplaçais pour une urgence, j’apportais avec moi les médicaments, ce qui était tout à fait légal », explique Robert Escande.
Infarctus de stress : « On m’a posé neuf stents, un record en France en une seule intervention »
Jusqu’à ce que le fisc veuille le faire payer trois fois : sur ses revenus de médecin, sur ses revenus de pharmacien et sur ses revenus de… vétérinaire.
« Mais je n’ai aucune activité de vétérinaire. C’est juste parce que les vétérinaires sont aussi propharmacien. C’est une façon de me taxer, pour me dégoûter du métier. Si j’avais payé, j’aurais travaillé sans faire aucun bénéfice. »
De ses ennuis avec l’administration, à la jalousie des médecins du secteur et à la curiosité de certains habitants du village qui trouvent que le « toubib » mène grand train (« Ils ont tiqué quand j’ai acheté un 4x4 Humer, mais c’est le seul véhicule qui permet d’accéder aux coins les plus reculés en hiver ») sa vie est devenue un enfer.
Pour autant, Robert Escande, médecin commandant des pompiers, diplômé en urgence et réanimation, n’a jamais voulu lâcher ses patients.
« J’avais un certain train de vie, mais je travaillais sans compter, disponible 24h/24, 330 jours par an. »
Plainte au conseil de l’ordre, procès et Conseil d’Etat, le docteur est relaxé partout. Mais garde quand même un goût amer dans la bouche, la vague sensation que l’Administration veut le broyer, lui et ses quelque 400 confrères médecin propharmacien qui subissent le même sort. « C’est complètement ridicule. Ça ne sert à rien que j’aille voir des patients au beau milieu de la nuit, que je leur fasse une ordonnance et que je les laisse se débrouiller pour aller à la pharmacie, 20 km plus loin, quand ils sont âgés ou très malades. »
Lors d’un séjour en Meuse, Robert Escande se sent mal. « Une forte douleur dans la poitrine. J’ai tout de suite su ce que c’était ».
A l’hôpital de Bar-le-Duc, le chef de service des urgences l’envoie à Nancy, tout de suite.
Le diagnostic tombe : infarctus de stress, à 47 ans. Une situation impossible à gérer a failli avoir raison de lui. « On m’a posé neuf stents (des petits ressorts qui écartent les artères pour laisser passer le sang, NDLA), un record en France en une seule intervention. »
En invalidité, Robert Escande ne retravaillera plus jamais. Il a écrit ce livre pour témoigner. « Je ne suis pas un donneur de leçons et je sais bien que ça ne changera pas les choses. Je rapportais de l’argent à la collectivité. Ils ont fait cesser tout ça en tentant d’en gagner plus. »
Le village de Saint-Etienne en Montagne a installé une maison de santé dans laquelle un médecin consulte une demi-journée par semaine, sur rendez-vous.
Les médecins alentours, selon Robert Escande, ne veulent pas se déplacer. « Ils préféreraient que les patients viennent à eux. » Au final, ce sont les urgences du coin qui voit leur affluence augmenter.
Selon la formule consacrée, toute ressemblance avec une situation réelle en Meuse ne serait que fortuite ou une pure coïncidence…
Marion JACOB

Laventuriere 06/12/2011 @ 11:48:20
Certes, je ne suis pas médecin mais, par contre, une patiente ordinaire dans un département ou le -les, plutôt!- désert médical(aux), tant en généralistes qu'en spécialistes est, à mon avis, dramatique et en passe de conduire à l'écroulement de tout un pan de la société française: son socle mutualiste, social, destiné -en principe...!- à offrir à chacun, sur une base égalitaire, l'accès aux soins.

Or, et ainsi que l'évoque fort bien et à juste titre R.Escande, seules sont privilégiées, tant en moyens humains que logistiques, toujours les mêmes régions, toujours les mêmes départements qui ont les faveurs des étudiants en fin d'études ou celle de la finance.

Ainsi, il m'aura fallu téléphoner un matin de très bonne heure pour obtenir un rendez-vous dans un cabinet ,fort éloigné de mon domicile, le lendemain soir...et non assurée d'être reçue par la médecin puisqu'AUCUN d'entre d'eux n'accepte, dorénavant, de nouveaux patients...!
Conclusion? Tout le monde court à l'hôpital...submergé!

Et, là, je ne parle même pas des spécialistes!
Un seul dermato pour le département et, bien évidemment, les conséquences en sont presque logiques : des spécialistes qui pratiquent tous les honoraires libres..., des rendez-vous...6 mois après, sauf urgence..., des médecins géné. qui ne se déplacent pas parce que, simplement, cela ne leur est, de toute façon, pas possible!

Alors, dernièrement, un groupe de "sages" a fait une proposition de loi au gouvernement avec, notamment, l'ouverture élargie du numerus clausus, l'obligation pour chaque diplômé de passer par la case "désert médical", etc, etc... (texte fort intéressant si tant est, bien sûr, que l'on se sente concerné par le sujet!).

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