Keziah 02/11/2011 @ 04:57:44
GÉNOCIDE AU RWANDA
Retour des reflets
Luc Caregari
Pauline Kayitare a 13 ans lorsque son pays, le Rwanda, est ravagé par un
génocide qui aujourd'hui encore défie nos pires appréhensions quant à l'espèce
humaine. Elle survit autant par le miracle que par le mensonge. 17 ans plus
tard, elle raconte son histoire dans le livre « Tu leur diras que tu es hutue ».
woxx : D'où vous venait le besoin de faire un livre de votre histoire, eu
égard au fait que raconter ce qui s'est passé en 1994 vous forçait aussi à
revivre ses scènes ?
Pauline Kayitare : En fait je n'avais jamais pensé faire ce livre. Mais,
comme je l'écris dans le dernier chapitre, au moment où je rentrais en
Europe après avoir enterré ma mère, mes frères, mon grand-père et mes
tantes, j'étais un peu abattue. Même si je m'étais construit une nouvelle vie
en Europe, en me mariant et en devenant mère à mon tour, c'était un peu
comme si je n'étais pas moi-même. J'ai connu ce qu'appellent les
psychanalystes le `retour des reflets', je suis tombée dans une profonde
dépression. A ce moment, mon mari m'a suggéré de trouver quelqu'un
pour raconter mon histoire. Il est alors allé trouver une journaliste de sa
connaissance, Colette Braeckmann du quotidien Le Soir, qui l'a mis en
contact avec l'écrivain Patrick May. Dès notre rencontre initiale, le courant
est passé, et il a été mon premier confident. Depuis plus de 17 ans, je
n'avais jamais raconté mon histoire à qui que ce soit, ni à mon père, ni à
mon mari. C'était tellement horrible qu'on n'a pas envie de le raconter.
Aussi peut-être à cause de la crainte que personne ne va vous croire.
C'était aussi une façon d'atterrir enfin dans votre nouvelle vie ?
Oui, Patrick May m'a aidée à retrouver mon identité que j'avais perdue
depuis longtemps, depuis que je vivais en imposture. Tout cela tournait
autour d'une seule phrase, qui m'a sauvée la vie : `Tu leur diras que tu es
hutue'. Ce fut le dernier message de ma maman. D'une part, je me sentais
coupable, de l'autre, je me dis que j'ai bien fait. Car sinon, j'aurais fini comme tous les autres. Ce qui a
donné encore plus de profondeur tragique et humaine à notre collaboration, c'était qu'il venait d'apprendre
qu'il était atteint d'un cancer incurable. Il est décédé juste après qu'on ait fini notre travail. C'est vraiment
lui, qui, par son sens de l'écoute sans jugement, m'a le plus aidé.
Est-ce qu'avant d'envisager le vôtre, vous aviez lu d'autres témoignages sur le génocide de 1994 ?
J'ai lu des livres de Jean Hatzfeld, comme par exemple `Une saison de machettes', et d'autres encore. Cela
m'intéressait déjà avant, parce que c'était aussi mon histoire. Mais ça ne m'a pas donné envie de témoigner
moi-même. Peut-être que le bon moment n'était pas encore là. Je pense que ça tient aussi au temps
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moi-même. Peut-être que le bon moment n'était pas encore là. Je pense que ça tient aussi au temps
d'attente. Quand j'ai retrouvé mon père sur l'île de Nyamunini, je me demandais pourquoi je ne retrouverais
pas aussi ma mère et mes frères et soeurs. Mais à partir du moment où mon père m'a appris qu'ils avaient
tous été tués, pouvoir les enterrer en dignité est sûrement quelque chose qui m'a permis de passer à autre
chose et de pouvoir raconter mon histoire. Si je n'avais pas revu la robe violette de ma mère, tout cela serait
resté enterré en moi, et que je serais morte un jour sans raconter à qui que ce soit mon histoire. C'est le fait
que j'ai retrouvé les miens qui a rendu possible mon récit.
Au-delà du besoin personnel de témoigner, y a-t-il dans votre livre un désir de réconciliation dans un
pays où la mémoire du génocide ne fait toujours pas l'unanimité ?
Ce livre a été écrit avant tout dans la perspective du devoir de mémoire pour les plus d'un million de Tutsis
qui ont été assassinés en seulement trois mois. Et puis ces gens-là, qui nous ont fait tant de mal, puissent se
dire `Voilà, nous avons suivi le gouvernement comme des moutons. Nous avons massacré nos voisins, des
personnes avec qui nous avons tout partagé'. J'espère qu'ils vont se poser la question. Bien sûr que ça vaut
aussi pour les générations futures - c'est pourquoi je vais aussi témoigner dans des écoles. J'y vais pour
délivrer un message clair, qu'il ne faut pas tomber dans le racisme ou dans l'antisémitisme. Qu'il ne faut
même pas permettre les débuts d'une telle haine, puisqu'elle peut se développer et aboutir à ce que j'ai dû
subir.
Pourtant, dans « Tu leur diras que tu es hutue », vous décrivez comment vous vivez très mal le fait
qu'après tout ce qui vous était arrivé, votre père ait épousé une femme hutue et ait même adopté des
orphelins hutus.
C'est tout à fait normal. J'explique ce que j'ai ressenti au moment même. Alors qu'aujourd'hui, j'ai moimême
une petite fille - grâce à laquelle ma vie a aussi pu reprendre - je comprends mieux. Mon père, c'est
quelqu'un dont je peux être très fière. C'est grâce à lui que je ne suis pas tombé dans la haine. Je peux tout
à fait comprendre son geste, même s'il ne tient pas la comparaison avec d'autres situations dans l'histoire.
Pouvez-vous imaginer qu'un rescapé d'Auschwitz retourne en Allemagne, épouse une nazie et adopte ses
enfants ? C'est un choc pour quelqu'un qui revient des massacres. Mais aujourd'hui, je sais que ce qu'il a
fait est très important et que l'humanité entière devrait penser et faire comme lui.
Après le génocide, le Rwanda a établi un système de justice appelé les tribunaux « Gacaca ». Est-ce que
vous croyez en ce système ?
Je pense que le gouvernement rwandais n'avait pas d'autre choix pour désengorger les prisons. Pourtant,
pour quelqu'un qui a subi le génocide, cela reste impossible de s'asseoir avec les bourreaux d'antan et de
discuter pour finalement pardonner. Le gouvernement a fait ce qu'il pouvait, mais maintenant cela
appartient à chacun des rescapés - parce que c'est à eux qu'on demande le plus d'efforts par rapport à des
Hutus qui demandent pardon parce qu'ils ont tué. Ils n'ont pas les mêmes soucis. Les rescapés doivent
trouver la force de reconstruire leur vie, cela appartient à chacun de le faire. Et encore, pour moi qui habite
en Europe, c'est quelque chose de différent que pour un rescapé du Rwanda qui vit sur la même colline que
les meurtriers. J'ai pu pardonner parce que je n'habite pas avec eux, ce qui m'a permis de penser à autre
chose. C'est pourquoi je ne peux parler pour d'autres rescapés.
Pour vous, retourner vivre au Rwanda reste donc impossible ?
Pour moi, le Rwanda reste un beau pays. En août de cette année par exemple, j'étais retourné au pays pour
montrer ma fille à mon père et je me suis encore une fois rendue compte que c'était là que j'avais mes
repères et mon identité. Malgré les souffrances, le Rwanda reste un bel endroit important pour moi. S'il
fallait que je retourne au Rwanda et si j'y avais un travail, j'y retournerais même avec plaisir.
Quelle culpabilité porte à vos yeux l'Occident dans les massacres ?
On avait dit `Plus jamais ça' après le génocide des juifs, mais on n`a rien fait pour les Cambodgiens, on n'a
rien fait pour les Tutsis et on n'a non plus rien fait au Darfour. Maintenant, j'ai l'impression que les choses
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rien fait pour les Tutsis et on n'a non plus rien fait au Darfour. Maintenant, j'ai l'impression que les choses
bougent, que l'Union européenne prend partie pour le peuple, et c'est déjà très bien. Pourtant, je ne veux
pas pointer du doigt l'Occident, je pointe encore plus du doigt ces gens-là, les Hutus, avec lesquels on avait
tout partagé, avec qui on avait planté la main dans la même assiette. C'est aux Africains d'avoir l'amour de
leur prochain, on ne doit pas attendre que l'Occident vienne à notre aide. C'est à nous de dire ce qui est bien
pour nous et ce qui ne l'est pas.
La semaine dernière, la France a refusé encore une fois d'extrader la veuve de l'ex-président Juvénal
Habyarimana - par l'assassinat duquel le génocide a été déclenché - vers le Rwanda. Comment vivezvous
cette situation ?
Si vous voulez vraiment la réconciliation, il faut que la justice rende des comptes aux rescapés. Cette dame
qui est en France depuis 1994 doit être rendue à la justice rwandaise pour qu'un jour les plaies du passé se
referment. Et d'autre part : le tribunal international d'Arusha pour le Rwanda va fermer ses portes en 2012.
Mais ont ils fini de juger toutes les personnes impliquées dans le génocide ? La justice rendue aux rescapés
est la seule possibilité d'avoir une vraie réconciliation.
Est-ce que vous pensez que le monde honore le génocide de 1994 de façon appropriée ?
Certes, il y a beaucoup d'associations de rescapés dans le monde qui entretiennent la mémoire et il y a eu
beaucoup de livres publiés à ce sujet. Mais que veut dire `honorer la mémoire' ? Au-delà du fait de rendre
justice, on ne punit pas les négationnistes qui nient les faits, comme c'est aussi le cas de ceux qui nient
l'holocauste. Or, aujourd'hui, en ce qui concerne le Rwanda, il y a beaucoup de négationnistes. Et je pense
que ces gens ne vont jamais se regarder dans le miroir pour admettre les faits : qu'ils ont - entre autres
horreurs - tués des enfants qui n'avaient même pas un mois. Après le génocide, beaucoup d'entre eux ont
changé leur identité et se sont mis à nier. Sans penser à nous les rescapés, ni au fait qu'en niant, ils nous
font mal pour la millionième fois. Donc, la mémoire n'est pas honorée. Même si la France et la Belgique
ont jugé quelques génocidaires en Europe, tous les autres Etats - occidentaux ou non - devraient faire pareil.
Avant cela, la mémoire ne pourra pas être traitée de façon convenable.

Keziah 02/11/2011 @ 05:00:10
„Tu leur diras que tu es hutue” « Action Solidarité Tiers Monde 17/10/11 16:16
http://astm.lu/„tu-leur-diras-que-tu-es-hutue” Page 1 sur 2
L’Action Solidarité Tiers Monde a le plaisir de vous inviter à une soirée de lecture avec Pauline Kayitare le 12 octobre 2011 à 19h00 au
19.09.11
„Tu leur diras que tu es hutue”
Le mercredi 12 octobre, l’ASTM organise une soirée de lecture au Centre
d’Information Tiers Monde (CITIM). L’invitée est l’auteur du livre „Tu leur diras
que tu es hutue“, Pauline Kayitare, une jeune femme qui a vécu le génocide au
Rwanda en 1994.
Rwanda est un petit pays en Afrique de l’Est, connu dans le monde pour l’atrocité
d’un génocide, qui reste jusqu’à ce jour incompréhensible. L’ONU estime que quelque
800 000 rwandais, la majorité Tutsis, ont été tués pendant une période de trois mois.
Ce fut le génocide le plus agité de l’histoire où 20% de la population rwandaise ont
trouvé la mort. Pourquoi? Parce qu’ils étaient Tutsis ? C’est une explication beaucoup
trop facile.
Avant l’arrivée des Allemands au début du 20ième siècle, le pays était une monarchie,
régnée par un roi Tutsi. Contrairement aux idées fixes d’aujourd’hui, les appellations
„Hutu“ et „Tutsi“ décrivaient le statut social et politique d’une personne et non une
identité ethnique. Des familles riches avec beaucoup de bétail et en bonne relation
avec la famille royale étaient Tutsis, les moins avantageux Hutus. Les anthropologues
confirment également que ces identités n’étaient pas fixes, un Hutu ayant la possibilité
de devenir Tutsi selon son statut et sa richesse.
Après la première guerre mondiale, la Belgique a colonisé le Rwanda. Ayant mal interprété la structure de la société rwandaise, les nouveaux colons ont imposé
une idéologie ethnique, qui légitime le pouvoir et la supériorité des Tutsis. La majorité de la population rwandaise, qui est Hutu, est alors soumise au travail forcé
et à l’esclavage.
Une fois les Belges partis après l’indépendance du pays en 1962, l’idéologie ethnique est utilisée par les Hutus pour discriminer les Tutsis et justifier leur
élimination du pays. Un grand nombre de Tutsis fuient dans des pays voisins, notamment en Ouganda. Le premier président du Rwanda Grégoire Kayibanda est
remplacé par son ministre de la défense Juvénal Habyarimana en 1973 après un coup d’état. Marqué par l’institution des identités ethniques dans l’administration,
il favorise les Hutus et introduit des quotas ethniques dans l’administration et l’enseignement pour limiter le poids des Tutsis.
Le génocide
En 1990, la construction des identités ethniques pose un obstacle énorme à la démocratisation du Rwanda et aboutit au génocide. Le Front Patriotique Rwandais
(FPR), une armée de rébellion Tutsi, se prépare en Ouganda pour libérer le pays d’une dictature hutue. En même temps, des pays donateurs, comme la Belgique
et la France, imposent au gouvernement d’adopter des ajustements des structures politiques pour faciliter la démocratisation. Le pouvoir Hutu est sous menace.
Pour éviter un nouveau règne Tutsi, l’Etat joue sur une double stratégie: défendre le FPR et exterminer les Tutsis encore dans le pays. Les machines de
propagande de l’Etat sont mises en marche et le pays descend dans le chaos. Des bombardements et pillages sont souvent incités par des milices Hutus. La
faute est rejetée sur les Tutsis, qui sont également accusés d’avoir bombardé l’avion du président Habyarimana, qui meurt le 6 Avril 1994. Manipulée par une élite
extrémiste hutue, la peur de l’ennemi tutsie gagne la conscience des Hutus, qui commencent à se battre pour leur vie, en tuant leurs voisins, leurs amis, leurs
compatriotes. C’est une guerre de survie pour Tutsis et pour Hutus…
Pauline Kayitare – Un mensonge l’aide à survivre
Dans son premier livre „Tu leur diras que tu es hutue“, Pauline Kayitare nous fait part de son expérience personnelle du génocide, qu’elle a vécu à l’age de treize
ans.
Pour avoir des chances d’échapper aux tueurs, la famille de Pauline décide de se disperser. Avant de se séparer, la mère prend sa fille à part et lui recommande
de se faire passer pour hutue: elle est trop jeune pour posséder une carte d’identité ethnique et son physique est peu identifiable. L’artifice fonctionne à plusieurs
reprises. Pendant trois mois, Pauline, perdue au coeur de la guerre, est témoin de massacres inouïs, mais elle parvient à échapper. Après la guerre, un calme
précaire revient. Pauline retrouve son père et, après un exil forcé au Zaïre, retourne dans son village natal. Quant à sa mère, ses frères et ses soeurs, personne
ne sait ce qu’ils sont devenus.
Pauline ne perd pas l’espoir de les retrouver vivants, mais en même temps, elle veut reprendre pied dans la vie: oublier le génocide et s’en sortir… Elle se plonge
à corps perdu dans ses études, et elle les réussit brillamment. Mais cela ne suffit pas pour se libérer de sa condition misérable dans un Rwanda ravagé.
Elle veut aller vivre en Occident. Elle renoue alors avec son mensonge: puisque la France a soutenu les Hutus, elle demande, en tant que hutue, l’asile politique à
l’administration française. Et elle y parvient.
Mais que sont devenus les siens? Le temps passe. Un soir, son père l’appelle et lui annonce la terrible réalité: il a retrouvé les restes des membres de la famille
assassinés. Il s’agit maintenant de leur offrir des funérailles, mais en tant que réfugiée politique, Pauline ne peut pas rentrer au pays. Elle entreprend alors un
nouveau combat pour obtenir la naturalisation française qui lui permettra de retourner au Rwanda afin d’enterrer les siens dans la dignité.
Aujourd’hui Pauline habite en Belgique avec son enfant et son mari.
Redonner la dignité aux Rwandais
Avec son livre Pauline donne un témoignage de sa vie et de sa force à survivre. Elle réussit à redonner aux Rwandais, aux Hutus et aux Tutsis, leur dignité, leur
humanité. Ils étaient tous des victimes, victimes d’une élite manipulateur, qui a réussi à bouleverser le peuple rwandais.
„Je n’ai pas de la haine contre ces gens-là (les Hutus), j’ai pitié d’eux“, dit-elle. Un témoignage, un appel pour éviter que cela se reproduise.
Linda Zahlten est membre de l’ASTM. Certains extraits de cet article ont été rédigés par l’éditeur du livre de Pauline Kayitare. Une soirée de lecture
avec Pauline Kayitare aura lieu le 12 octobre 2011 à 19h au Centre d’Information Tiers Monde – CITIM (55, avenue de la Liberté / L-1931 Luxembourg).
Article paru dans Brennpunkt Drëtt Welt 264.

Keziah 02/11/2011 @ 05:14:19
témoignage
PAULINE , 13 ans, rescapée
du génocide rwandais
Elle a ses premières règles. Elle ne sait pas d’où vient le sang. On lui dit : « Ce sont
les Interhahamwe », comme les ados de chez nous disent « ce sont les Indiens qui
débarquent ». À cette différence près que les Interhahamwe (extrémistes hutus),
Pauline les a vus, de ses propres yeux de petite fille, exterminer les siens à coups
de machette. Pendant les trois mois qu’a duré le coeur du génocide rwandais, la
petite Tutsie s’est cachée dans les plantations, sous l’eau du lac Kivu et dans les
collines entourant son village. Elle a été attaquée, violée, arrêtée, et doit la vie à ce
conseil de sa maman : « Tu vas mentir pour sauver ta vie. Tu diras que tu es hutue. »
Des six enfants de sa famille, elle est la seule survivante. Il ne lui reste que son père
qui, quelques mois à peine après le génocide, adopte cinq petits Hutus ! Une gifle
pour Pauline et une grande leçon d’humanité. La jeune femme vit aujourd’hui
en Belgique, avec un pilote belge croisé à Kigali. Plus de quinze ans après le
drame, elle raconte son histoire, bouleversante. On lit ce livre comme on regarde
un grand film, en fermant parfois les yeux sur l’horreur, en pleurant d’espoir devant
la force d’une enfant et on en sort, définitivement, meilleur. Céline gautier
Pauline Kayitare, « Tu leur diras que tu es hutue. À 13 ans, une Tutsie au coeur du génocide
rwandais » (André Versaille Èditeur).

Keziah 02/11/2011 @ 05:17:00
Au coeur du génocide rwandais, " Tu leur diras que
tu es Hutue"
22 avr. 2011 14:02:57
Rwanda. 6 avril 1994. Le président Juvénal Habyarimana meurt dans un attentat. C’est le point de départ du
génocide rwandais mené par les interahamwes, milice extrémiste créée par le MRND, le parti du défunt chef
d’état d'origine Hutue!
Le pays s'embrase. Galvanisé par la RTML, « La Radio Télévision Libre des Mille Collines », nombre de Hutue
rejoignent la formation dont le but est d'éliminer « l'ennemie intérieur ». En juillet, seulement trois mois plus tard,
plus de 800 000 rwandais, et dont la majorité sont des Tutsis, trouvent la mort...
En avril 1994, Pauline Kayitare, 13 ans, vit paisiblement avec ses parents et ses frères et soeurs. Afin
d’échapper aux génocidaires, la famille décide alors de se séparer. Pour Pauline, tout ceci semble irréel: « Les
Tutsis ! Je sais que je suis Tutsie, mais je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire ». Pourtant, avant de se
séparer, sa mère la prend à part et lui prodigue un dernier conseil: « Ecoute moi bien ! Tu vas mentir pour
sauver ta vie. Tu le dois. Tu n'as pas le choix: mentir pour sauver sa vie, ce n'est pas mentir. A partir de
maintenant, tu diras partout que tu es Hutue [...] tu n'as pas l'âge d'avoir une carte d'identité » et peu
identifiable.
Impuissante, Pauline vit donc au coeur de cette barbarie. Seize ans plus tard, elle rassemble ses souvenirs et
raconte. Il est temps d’exorciser le passé et d’aller de l’avant.
« Tu leur diras que tu es Hutue » est un vibrant témoignage superbement écrit par Patrick May, qui nous plonge
au milieu du génocide dans les yeux de Pauline. Un témoignage qui évoque les défis du pays au lendemain de
la tragédie: la difficile réinsertion des Tutsis aux côtés des Hutues. Mais aussi : « la cohabitation entre les
survivants, hantés par les souvenirs atroces, et les nouveaux venus, rentrés de la diaspora pleins d’énergie et
de dynamisme, décidés à reconstruire coûte que coûte le pays de leurs ancêtres », comme le souligne à juste
titre Colette Braeckman.
« Le récit de Pauline, c’est aussi, vue depuis l’infiniment petit d’un cas particulier, une grande leçon d’histoire.
La fillette, confrontée à un malheur qu’elle est à cette époque incapable de nommer, reçoit, puis transmet,
toutes les composantes de l’histoire rwandaise », explique Colette Braeckman avant de renchérir : « Dés le
départ, les prémices du drame sont posées: des voisins vivent ensemble sur les collines, s’entr’aident, mais
demeurent séparés par de secrètes jalousies ; l’attentat contre le président (surnommé Kinani, ndlr) sert de
prétexte à mettre en oeuvre un génocide depuis longtemps préparé, où les Tutsis deviennent soudain des
“ennemis intérieurs” qu’il importe de faire disparaitre jusqu’au dernier. »

Keziah 02/11/2011 @ 05:19:42
17e Commémoration du Génocide des Tutsi à Genève.
Témoignage à vif sur la souffrance des rescapés face aux
assauts répétés du révisionnisme et du négationnisme.
19 avril 2011 Par Anastase Ngendahimana (ami d’Israël).
« Ce samedi 9 avril, la communauté rwandaise de Suisse s’est retrouvée pour commémorer le 17e anniversaire
du Génocide des Tutsi. La même cérémonie avait eu lieu jeudi 7 avril au Palais des Nations, à Genève.
Désormais traditionnels, les deux événements ne diffèrent que par le statut des «mémorants» et les moyens
investis.
Alors qu’à l’ONU, c’est la communauté internationale qui a choisi de se souvenir chaque année du crime qui a
anéanti la vie de plus d’un million des nôtres dans l’indifférence de ceux et celles dont la charge était de
protéger ces mêmes victimes, la communauté rwandaise, elle, se souvient de ses morts, marque son soutien aux
survivants et renouvelle son engagement à combattre de toutes ses forces les velléités de ceux qui colportent
encore la même idéologie mortifère à travers le négationnisme.
Michel Gakuba, président d’Ibuka-Suisse a ouvert la cérémonie en rappelant la détresse dans laquelle les
rescapés du génocide vivent, tant sur le plan matériel que sur le plan moral. Il a souligné la nécessité et
l’urgence d’apporter une aide matérielle conséquente afin de nourrir, loger, soigner et protéger ceux et celles
d’entre les survivants qui ne sont pas en mesure de subvenir à ces besoins.
En écho au thème de la 17e commémoration, le président d’Ibuka-suisse a souligné l’impact destructeur,
relativement méconnu, qu’exercent sur la santé mentale des rescapés, les offensives négationnistes qui ne
cessent de prendre de l’ampleur. Ces moments de commémoration devraient être compris comme des gestes de
résistance car les criminels et ceux qui les soutiennent n’ont pas désarmé. Ils continuent leur entreprise
d’anéantissement par d’autres moyens non moins destructeurs que la machette et la grenade. La mémoire est
plus que jamais leur cible ; ils l’embrouillent, la travestissent, la flétrissent en utilisant tous les moyens de
communication disponibles, en particulier la presse et l’édition.
«De plus en plus, a poursuivi Michel Gakuba, des thèses négationnistes deviennent un enjeu de la propagande
des politiciens ethniques, ce qui leur assure une diffusion plus large. Certains de ces politiciens intègrent en effet
le négationnisme dans leur identité et investissent des moyens considérables pour le soutenir. Ce faisant, ils
s’associent aux bourreaux d’hier et risquent de devenir les bourreaux de demain. Les opinions publiques doivent
être alertées, car c’est un enjeu primordial pour les droits humains. »
Après l’allocution de M. Gakuba l’assistance a écouté le message de Mme Vanetia Sebudandi, notre
ambassadeur en Suisse. La diplomate a rappelé le travail remarquable de réconciliation que le gouvernement
a entrepris et qui est aujourd’hui non seulement apprécié par la population mais aussi salué par la communauté
internationale depuis des années.
Abordant le volet de la justice, Mme Sebudandi a insisté sur les moyens mis en oeuvre à l’intérieur comme à
l’extérieur du pays pour traduire devant les juridictions ad hoc tous ceux et celles qui ont trempé dans le crime.
Elle a clairement affirmé la détermination du gouvernement de continuer à faire tout ce qui est en son pouvoir
pour assurer la sécurité de tous les citoyens, soutenir les franges de la population les plus vulnérables et exiger
que les nombreux présumés coupables de génocide soient poursuivis où qu’ils se trouvent et comparaissent
devant les tribunaux.
Cette politique de fermeté dans le combat contre les tenants des idéologies d’exclusion n’exclut pas évidemment
l’offre de pardon à ceux qui consentent à le demander. Loin de signifier une faiblesse de la part de ceux qui ont
la charge de conduire le pays, la disponibilité pour le pardon est une force et une sagesse dont le peuple
rwandais dans son ensemble apprécie les dividendes en termes de paix et de concorde nationales.
L’exposé de notre ambassadeur a été suivi par l’allocution de Madame Sandrine Salerno, la Maire de Genève,
qui a tenu à être à nos côtés en ce jour en signe de réconfort et de compassion. Le propos de Madame Salerno
était dénué de toute ambiguïté : le génocide des Tutsi est un fait d’histoire que le monde entier a reconnu
comme tel. A ce titre, il n’interpelle pas le seul Rwanda mais la communauté internationale dans son ensemble.
Nous devons faire en sorte que cela ne se reproduise pas où que ce soit dans le monde.
Mais il est surtout de notre devoir d’être aux côtés des survivants pour leur témoigner notre soutien et notre
empathie. Madame Salerno a salué la remarquable capacité de résilience dont ont fait preuve les rescapés du
génocide des tutsi, mais en même temps elle a reconnu que rien n’est acquis définitivement et qu’il est impératif
d’être aux côtés de tous ceux qui ont eu à souffrir de ce drame pour les accompagner du mieux possible. Et la
présence de la maire de Genève à cet évènement s’inscrivait dans cette démarche.
Qui dit commémoration dit nécessairement partage de la mémoire. Celle de nos disparus a pris appui sur un
témoignage de Madame Pauline Kayitare. La frêle et jeune femme a raconté l’enfer qu’elle a vécu depuis cette
nuit du 6 avril où, à peine âgée de 13 ans, elle avait observé sans comprendre toute sa famille se préparer à la
mort alors que les miliciens l’encerclait. Sa mère, réalisant clairement ce qui allait advenir aux siens en
quelques heures, prit à part sa fille, l’habilla chaudement et, la regardant droit dans les yeux, lui fit cette
recommandation : «Pauline, cours, cours, éloigne-toi d’ici, vas aussi loin que tu pourras car nous autres
nous n’en avons plus pour longtemps. Si on te demande tes papiers, dis que tu n’en as pas besoin : Tu leur
diras que tu es hutue, la fille de Paul Gahutu.»
La suite du récit est absolument insoutenable. Particulièrement cette scène des exécutions de centaines de tutsi
sous les yeux d’un enfant qui ne pouvait même pas s’accorder un gémissement sans signer sa mort. Pauline, que
la recommandation de sa mère a pu sauver provisoirement la vie en semant le doute dans l’esprit des tueurs,
aura à faire face au supplice du viol, à la contemplation forcée de la mise à mort des enfants de son âge, aux
scènes monstrueuses de dépouillement des cadavres par les épouses des tueurs. A cette étape du récit,
l’auditoire qui a écouté le récit dans un silence de cimetière est au bord de la suffocation. Faut-il poursuivre
l’écoute ou s’éloigner pour prendre un peut d’air ? Ce n’est pas l’envie qui manque à beaucoup d’entre nous
mais chacun comprend qu’il est de son devoir de rester aux côtés de Pauline, et d’aller au bout de la nuit avec
elle, pour elle et ce qu’elle représente. La jeune rescapée va continuer à nous parler des autres étapes d’un
parcours qui l’a conduite de Kibuye à une île au milieux du lac Kivu, et de là dans une école au Rwanda où elle
aura encore affaire avec des miliciens infiltrés, puis ce sera Paris, Bruxelles, Paris, … avec toujours le mot de
passe de sa mère qui agira comme un véritable talisman à chaque fois que sa vie sera en danger. Que dire ?
L’ecoeurement.
Le témoignage de Pauline Kayitare vient d’être publié sous la forme d’un petit livre intitulé : Tu leur diras que
tu es hutue, chez l’éditeur André Versailles. La mise en texte a bénéficié des conseils d’un ami journaliste qu’une
longue maladie vient juste d’emporter à la veille de la sortie du livre. A signaler au passage que les
incohérences et les confusions relevées ici et là dans le récit par un certain critique, pas nécessairement mal
intentionné d’ailleurs, ne diminuent en rien la valeur du témoignage de Mme Kayitare. A certains égards, les
vides ou les grossissements, réels ou supposés, sont inhérents à la nature même du document. Celui-ci nous livre
moins un vécu individuel dans sa linéarité qu’un ressenti d’une enfant jetée brutalement dans un temps et un
espace déstructurés. Qu’elle en ait gardé une mémoire décousue et elliptique cela se comprend. C’est sans doute
à cela que référait l’auteur lorsque, pour conclure son témoignage, elle nous a affirmé que ce récit a agi sur elle
comme une thérapie et que c’est à ces mots, qu’elle est allé chercher loin dans sa tête, qu’elle doit d’être encore
parmi nous.
Commémorer le drame qui nous a endeuillé voici 17 ans c’est bien sûr jeter un regard sur notre passé récent ou
lointain, mais c’est aussi préparer l’avenir ou plus exactement travailler à le préserver. Car assurément, les
génocidaires et leurs complices n’ont pas renoncé à « terminer le travail ». Ils investissent avec une virulence
renouvelée dans l’anéantissement de la mémoire de nos disparus avec un savoir-faire qui surprend même les
plus avertis d’entre nous. C’est du moins l’analyse que nous a livrée Jean-François Dupaquier dans un exposé
dont la sobriété contrastait avec la richesse et la précision (…) Le journaliste vient de commettre un livre
intitulé « L’Agenda du génocide » (contenant des) révélations (qui) ont permis de lever un coin du voile sur
nombre de dossiers qui demeuraient, s’agissant de la partie française tout au moins, inaccessibles…A la
manière d’une chambre obscure aux premières heures de l’aube, de petits rayons de lumière se glissent partout
dans les interstices du mensonge et de l’imposture. La lumière du jour qui se lève inondera bientôt la pièce (…)
Les représentants des communautés juive et arménienne de Genève nous ont témoigné leur solidarité par leur
présence, comme toutes ces dernières années. Monsieur Victor Gani, Vice-Président de la Coordination
Intercommunautaire Contre l’Antisémitisme et la Diffamation (CICAD) et Monsieur Yves Khatchadourian,
membre de l’exécutif de l’Union arménienne de Suisse. Le premier nous a mis en garde contre la tentation du
découragement et de l’abandon. Le combat contre le négationnisme est une course d’endurance dans laquelle il
faut ménager ses forces et raffermir son engagement car, longtemps après le crime, le fait négationniste lui
demeure intact et se transmet de génération en génération. Monsieur Gani a salué le combat d’Ibuka dont il
s’est dit solidaire.
C’est à peu près dans les mêmes termes ou presque que le représentant de la communauté arménienne nous a
communiqué le message de soutien de son organisation. Lui aussi, après avoir reconnu la difficulté de la tâche
qui consiste à tenter de faire échec aux négationnistes, il a mis en exergue les aspects plus positifs, notamment le
fait que les réseaux négationnistes sont mieux connus aujourd’hui plus qu’hier, que leur modus operandi est
bien cerné et que les victimes potentielles ne sont pas aussi démunies qu’on peut le craindre. Mais le plus
important est ce qui nous réunit aujourd’hui, c’est -à- dire cette opportunité de transmettre le flambeau aux
jeunes générations qui doivent connaître leur histoire pour préparer leur avenir.
D’autres amis du Rwanda présents ont salué, au cours des échanges informels, la force, la détermination qu’ils
constatent chez la plupart de nos compatriotes éprouvés par le drame de 1994. Ils lui attribuent la source du
relèvement du pays qui a surpris les observateurs, tout rompus qu’ils soient aux évaluations des sociétés
frappées par des cataclysmes de la magnitude du génocide de 1994. Cette force et cette énergie, les syndicats du
crime peuvent l’ébranler parfois, ils ne peuvent en venir à bout. Le Rwanda d’aujourd’hui nous en donne la
preuve la plus éclatante.

Keziah 02/11/2011 @ 05:22:50
Pauline a 13 ans quand le génocide éclate au
Rwanda. Nous sommes en avril 1994. Avec
une folie enragée, les Hutus passent tous les
villages au peigne fin à la recherche de Tutsis,
ces «serpents» et les éliminent à coups de machettes
et de gourdins. Pour tenter de sauver
Pauline, sa maman lui demande alors de fuir.
«Tu leur diras que tu es hutue», précise-t-elle.
A son âge, Pauline n’a pas encore de papiers
d’identité où est mentionnée son ethnie, elle
a donc peut-être une chance d’échapper à aux
violents massacres. Là commence le poignant
témoignage de cette jeune fille qui, en plein
coeur d’un enfer abominable, va tout mettre
en oeuvre pour ne pas faillir. Pauline va se cacher dans la campagne,
assister au massacre de 150 de ses compagnons et survivre
grâce au mensonge imaginé par sa mère, elle va faire face à la
folie meurtrière mais va s’en relever plus grandie que jamais. Avec
courage, et surtout sans haine, ni rancoeur, elle nous conte son
récit qui l’amènera finalement en France où elle sera naturalisée
et nous offre par là une grande leçon de courage et d’humanité.
Ecrit avec naturel et simplicité, ce témoignage est une façon de ne
pas oublier et d’aborder le génocide autrement, de l’intérieur, à
travers les yeux d’une jeune fille âgée de 13 ans à peine.

Keziah 02/11/2011 @ 05:27:21
Dans le livre de Pauline Kayitare " tu leur diras que tu es hutue" Les prémices du drame sont posées : des
voisins vivent ensemble sur les collines, s’entr’aident,
mais demeurent séparés par de secrètes
jalousies ; l’attentat contre le président
Habyarimana sert de prétexte à mettre en
oeuvre un génocide depuis longtemps préparé,

les Tutsis
deviennent
soudain
des
« ennemis
intérieurs
»
qu’il
importe de faire disparaître jusqu’au dernier.
Démontés par le regard d’une fillette de
treize ans, tous les ressorts de la tragédie
apparaissent : la lâcheté du plus grand
nombre, de ceux qui rejoignent le troupeau
des tueurs, le courage de quelques-uns, très
rares, qui acceptent de cacher des fuyards,
l’engrenage des massacres, cette machine
à tuer qui broie à mesure que progresse
l’offensive des forces du Front patriotique
rwandais, bien décidées à briser définitivement
le pouvoir génocidaire.
La particularité du témoignage de
Pauline, c’est qu’il est l’un des très rares
récits à provenir d’une région qui fut
au coeur de la controverse, la « zone
Turquoise ». Il aide à comprendre
l’ambiguïté de la politique française de
l’époque : c’est fin juin 1994, alors que
le génocide des Tutsis était pratiquement
consommé sur l’ensemble du territoire
et que le Front patriotique rwandais
semblait sur le point de s’emparer de Kigali,
que la France, avec le feu vert des Nations
unies alors dirigées par Boutros Boutros-Ghali,
se lança dans une intervention politicomilitaire
d’envergure, l’opération Turquoise. […]
Si le témoignage de la jeune Rwandaise,
qui réussit à se sauver en recourant au
mensonge, représente une extraordinaire
leçon de résistance et de courage, il évoque
aussi les défis du Rwanda au lendemain de
la tragédie : la difficile réinsertion du père de
Pauline, obligé de vivre aux côtés de Hutus,
parmi lesquels des assassins de sa famille, est
un drame auquel furent confrontés tous les
rescapés.
Tu leur diras que tu es hutue, est le conseil en forme d’assurance-vie que reçoit de
sa mère Pauline Kayitare, une adolescente de 13 ans, quand le déclenchement du
génocide les sépare. Face aux miliciens extrémistes Interahamwe, […] la famille
de Pauline fuit en ordre dispersé dans l’espoir d’échapper aux tueurs. C’est
cette errance et la plongée dans la barbarie des violences dont l’adolescente est
témoin ou victime que décrit, avec sensibilité, le livre de Pauline Kayitare.
Tu leur diras que tu es hutue aborde en filigrane la question de la « culpabilité »
du rescapé, avec d’autant plus d’acuité que la négation de son identité permet
à l’adolescente de survivre là où ses compagnons d’exode sont assassinés
et que sa mère, ses frères et soeurs n’échapperont pas d’avantage à la mort.
L’intérêt du livre réside enfin dans son récit de l’après-génocide, quand
les retrouvailles avec un père jamais vraiment guéri du traumatisme posent
la question du deuil et du dépassement ou de la négation de la haine
Une autre des difficultés fut la cohabitation
entre les survivants, hantés par les
souvenirs atroces, et les nouveaux venus,
rentrés de la diaspora pleins d’énergie et de
dynamisme, décidés à reconstruire coûte que
coûte le pays de leurs ancêtres.
Le récit de Pauline oblige à ouvrir les
yeux, à s’interroger sur les origines de la
haine et, en ces temps de crispation identitaire,
ce témoignage individuel revêt une valeur
universelle.

Keziah 02/11/2011 @ 05:29:14
Devenir Hutu, une question de survie
Une mémoire enfouie, celle des survivants, et un silence assourdissant qui les a
longtemps empêchés de vivre. Cʼest lʼhistoire de Pauline, 13 ans en 1994, en plein
génocide des Tutsi. « Tu leur diras que tu es hutue » est le précieuxconseil que lui
avait donné sa mère, à laquelle elle rend aujourdʼhui ce vibrant hommage. Elle viendra
nous lʼexpliquer le 29 avril au CCLJ.
Cʼest dans une lumière intimiste, entre les murs de la magnifique exposition « 6 milliards
dʼAutres », qui vient de se voir prolonger jusquʼen juin 2011 à Tour & Taxis, que Pauline
Kayitare a choisi de raconter son histoire aux journalistes. Lʼhistoire dʼune jeune Tutsi de 13
ans, obligée de se faire passer pour Hutu pour survivre, et contrainte dʼassister impuissante à
lʼassassinat des siens, avant de parvenir à quitter le pays.
Son physique peu identifiable et son mensonge la sauveront au Rwanda, comme ils le feront
quelques années plus tard en France, lorsquʼelle demandera lʼidentité française. La seule
possible pour rentrer au pays et enterrer sa famille dans la dignité.
Grâce à Colette Braeckman, spécialiste de lʼAfrique des Grands Lacs qui signe la préface de
son livre Tu leur diras que tu es hutue (GRIP - André Versaille éditeur), Pauline a rencontré
Patrick May, journaliste, amoureux de lʼAfrique lui aussi. Déjà coauteur du livre de Yolande
Mukagasana La Mort ne veut pas de moi (Robert Laffont, 1999), ce dernier aidera la jeune
femme à exprimer sa douleur et à la traduire en mots. Il réunira même ses dernières forces
dans cet ouvrage, décédant dʼun cancer peu de temps avant sa publication.
« Au Printemps 1994, jʼai appris par mes parents que lʼavion du président Habyarimana avait
été abattu à Kigali. Très vite, les souvenirs de 59 et de 73 nous ont fait craindre le pire… »,
confie Pauline. « Jʼai écouté ma mère qui mʼavait recommandé de dire que jʼétais hutu, et
cʼest ce qui mʼa sauvée. Elle nʼa malheureusement pas survécu, mes cinq frères et soeurs
non plus. Nous en avons eu la certitude en 2002, après voir retrouvé leurs corps ».
Raconter pour pouvoir avancer ? « Cʼétait une nécessité. Après toutes ces années, il y a eu le
“retour du reflet” », explique Pauline. « Patrick May mʼa aidée à mʼapproprier mon identité, à
assumer mon histoire. Aujourdʼhui, je nʼai pas de haine contre les génocidaires, même si je
ne comprends toujours pas ce qui sʼest passé dans la tête de ces gens avec qui nous avions
tout partagé. Mon seul but est que cela ne se reproduise pas ».
Chercheur au GRIP, lui aussi dʼorigine tutsi, Pamphile Sebahara revient sur les motifs qui
justifient de parler, 17 ans après : « Il y a un passé qui ne passe pas, et lʼassumer est
essentiel pour construire lʼavenir. Comment arrive-t-on à redonner un sens à la vie après
avoir vécu de tels traumatismes ? Témoigner sert de thérapie individuelle, en permettant de
positiver sa situation de survivant. Cʼest aussi un hommage aux disparus, comme le montre le
titre de ce livre. Et le témoignage a enfin une valeur sur le plan social, cʼest toute une société
qui a vécu le traumatisme, cʼest tout un tissu social qui a été détruit et doit être reconstruit. Le
Devenir Hutu, une question de survie 08/04/11 12:58
http://www.cclj.be/print/1902 Page 2 sur 2
témoignage est donc aussi facteur de thérapie collective : donnons-nous les moyens de ne
plus tomber dans ces extrêmes, et de lutter contre le négationnisme puisque celui-ci fait
partie intégrante du projet de génocide. La Justice aussi a besoin des témoins ».
Colette Braeckman relève la particularité du témoignage de Pauline Kayitare : « Dans toute
tragédie, il y a un après. En trois mois, un million de personnes ont été emportées par la
haine. Que devient-on ensuite ? Comment retrouve-t-on le chemin des vivants ? Le
témoignage de Pauline est un témoignage sur la résilience, et cʼest en cela quʼil est unique,
avec cet espoir et, en définitive, le triomphe de la vie, puisquʼelle vient de donner naissance à
une merveilleuse petite fille ».
Pauline a déjà décidé de verser les recettes de son livre aux orphelins de Kibuye, son village
natal.
Pauline Kayitare, Tu leur diras que tu es hutue, préface de Colette Braeckman, andré
versaille, 2011
Centre Communautaire Laïc Juif asbl

Keziah 02/11/2011 @ 05:30:17
Devenir Hutu, une question de survie
Une mémoire enfouie, celle des survivants, et un silence assourdissant qui les a
longtemps empêchés de vivre. Cʼest lʼhistoire de Pauline, 13 ans en 1994, en plein
génocide des Tutsi. « Tu leur diras que tu es hutue » est le précieuxconseil que lui
avait donné sa mère, à laquelle elle rend aujourdʼhui ce vibrant hommage. Elle viendra
nous lʼexpliquer le 29 avril au CCLJ.
Cʼest dans une lumière intimiste, entre les murs de la magnifique exposition « 6 milliards
dʼAutres », qui vient de se voir prolonger jusquʼen juin 2011 à Tour & Taxis, que Pauline
Kayitare a choisi de raconter son histoire aux journalistes. Lʼhistoire dʼune jeune Tutsi de 13
ans, obligée de se faire passer pour Hutu pour survivre, et contrainte dʼassister impuissante à
lʼassassinat des siens, avant de parvenir à quitter le pays.
Son physique peu identifiable et son mensonge la sauveront au Rwanda, comme ils le feront
quelques années plus tard en France, lorsquʼelle demandera lʼidentité française. La seule
possible pour rentrer au pays et enterrer sa famille dans la dignité.
Grâce à Colette Braeckman, spécialiste de lʼAfrique des Grands Lacs qui signe la préface de
son livre Tu leur diras que tu es hutue (GRIP - André Versaille éditeur), Pauline a rencontré
Patrick May, journaliste, amoureux de lʼAfrique lui aussi. Déjà coauteur du livre de Yolande
Mukagasana La Mort ne veut pas de moi (Robert Laffont, 1999), ce dernier aidera la jeune
femme à exprimer sa douleur et à la traduire en mots. Il réunira même ses dernières forces
dans cet ouvrage, décédant dʼun cancer peu de temps avant sa publication.
« Au Printemps 1994, jʼai appris par mes parents que lʼavion du président Habyarimana avait
été abattu à Kigali. Très vite, les souvenirs de 59 et de 73 nous ont fait craindre le pire… »,
confie Pauline. « Jʼai écouté ma mère qui mʼavait recommandé de dire que jʼétais hutu, et
cʼest ce qui mʼa sauvée. Elle nʼa malheureusement pas survécu, mes cinq frères et soeurs
non plus. Nous en avons eu la certitude en 2002, après voir retrouvé leurs corps ».
Raconter pour pouvoir avancer ? « Cʼétait une nécessité. Après toutes ces années, il y a eu le
“retour du reflet” », explique Pauline. « Patrick May mʼa aidée à mʼapproprier mon identité, à
assumer mon histoire. Aujourdʼhui, je nʼai pas de haine contre les génocidaires, même si je
ne comprends toujours pas ce qui sʼest passé dans la tête de ces gens avec qui nous avions
tout partagé. Mon seul but est que cela ne se reproduise pas ».
Chercheur au GRIP, lui aussi dʼorigine tutsi, Pamphile Sebahara revient sur les motifs qui
justifient de parler, 17 ans après : « Il y a un passé qui ne passe pas, et lʼassumer est
essentiel pour construire lʼavenir. Comment arrive-t-on à redonner un sens à la vie après
avoir vécu de tels traumatismes ? Témoigner sert de thérapie individuelle, en permettant de
positiver sa situation de survivant. Cʼest aussi un hommage aux disparus, comme le montre le
titre de ce livre. Et le témoignage a enfin une valeur sur le plan social, cʼest toute une société
qui a vécu le traumatisme, cʼest tout un tissu social qui a été détruit et doit être reconstruit. Le
Devenir Hutu, une question de survie 08/04/11 12:58
http://www.cclj.be/print/1902 Page 2 sur 2
témoignage est donc aussi facteur de thérapie collective : donnons-nous les moyens de ne
plus tomber dans ces extrêmes, et de lutter contre le négationnisme puisque celui-ci fait
partie intégrante du projet de génocide. La Justice aussi a besoin des témoins ».
Colette Braeckman relève la particularité du témoignage de Pauline Kayitare : « Dans toute
tragédie, il y a un après. En trois mois, un million de personnes ont été emportées par la
haine. Que devient-on ensuite ? Comment retrouve-t-on le chemin des vivants ? Le
témoignage de Pauline est un témoignage sur la résilience, et cʼest en cela quʼil est unique,
avec cet espoir et, en définitive, le triomphe de la vie, puisquʼelle vient de donner naissance à
une merveilleuse petite fille ».
Pauline a déjà décidé de verser les recettes de son livre aux orphelins de Kibuye, son village
natal.
Pauline Kayitare, Tu leur diras que tu es hutue, préface de Colette Braeckman, andré
versaille, 2011
Centre Communautaire Laïc Juif asbl

Keziah 02/11/2011 @ 05:31:18
Tu leur diras que tu es hutue
À 13 ans, une Tutsie au coeur du génocide
Per una bizzarra serie di coincidenze, alcuni popoli coinvolti in tragedie recenti
sono gli stessi che molti di noi aveva-no conosciuto da piccoli, quando erano
associati a situazioni spensierate e piacevoli. Nei primi anni Sessanta era in voga
il tamuré, un ballo di origine polinesiana; nello stesso periodo Marlon Brando
interpretava Fletcher Christian, il giovane ufficiale che guida gli ammutinati del
Bounty nel celebre film di Lewis Milestone. La bellezza scintillante della Polinesia era
sottolineata dalla presenza di Tarita Teriipia (Maimiti), che poi sarebbe diventata la
moglie del celebre attore statu-nitense. Negli stessi anni Edoardo Vianello divenne
famoso con la canzone "I Watussi". Nel 1994, purtroppo, abbiamo scoper-to che
questi erano i Tutsi sterminati durante il genocidio ruandese.
A questa tragedia recente [il genocidio ruandese] è dedicato il libro di Pau-line Kayitare
Tu leur diras que tu es hutue. À 13 ans, une Tutsie au coeur du génocide (André
Versaille, Bruxelles 2011).
L'autrice è una tutsi sopravvissuta al genocidio: all'epoca, come dice il titolo,
aveva soltanto 13 anni.
Il racconto di Pauline si apre con la morte del presidente ruandese Habyarimana
e descrive i massacri che sono stati com-piuti nella regione di Kibuye, sulla riva
orientale del lago Kivu: gli agguati, le fughe, la paura...
"Tu dirai loro che sei una hutu": grazie a questo trucco, ideato dalla madre di
Pauline, la giovane tutsi ha potuto sal-varsi. Il suo libro si aggiunge a quelli già
usciti negli anni scorsi, dando al resto del mondo un nuovo strumento per ca-pire
questa immane tragedia che ha chiuso il ventesimo secolo. Una tragedia sulla
quale forse non si è riflettuto abba-stanza.
La prefazione è firmata dalla giornalista belga Colette Braeckman, autrice fra
l'altro di due libri sul genocidio ruande-se: "Rwanda, histoire d’un génocide"
(1994) e "Rwanda-Burundi: les racines de la violence" (1996), entrambi
pubblicati da Fayard.
Per altre informazioni:
www.andreversailleediteur.com

Keziah 02/11/2011 @ 05:35:51
découvrez le témoignage et l’envie de
d'inviter Madame Pauline Kayitare dans votre classe. Pauline Kayitare est une rescapée
du génocide rwandais de 1994. Elle a 13 ans lorsqu’elle perd sa mère et ses
frères et soeurs, massacrés par des gens qui avaient été des voisins, des
proches, des amis… Sa survie, elle la doit à un bon conseil de sa mère. Un
conseil en forme d’assurance-vie : « tu leur diras que tu es Hutue. » Elle
échappera miraculeusement à la mort dans un pays en proie à la folie.
Devenue adulte, elle obtiendra la nationalité française en se faisant, une
nouvelle fois, passer pour Hutue. Aujourd’hui, elle raconte ces journées
qu’elles a passées cachée, seule, dans la jungle, ces îlots perdus où se
réfugiaient les Tutsis terrorisés, les longues marches durant la nuit pour
échapper aux tueurs, les coups de machettes, le silence assourdissant des
pays européens, Belgique et France en tête. Mais dans ce témoignage, aucune
trace de haine ou de rancoeur. Pauline Kayitare livre ici un récit bouleversant,
forcément subjectif mais empreint d’une réelle humanité.
Un message fort que la jeune femme aimerait pouvoir porter dans les écoles
afin de discuter avec les jeunes et aborder avec eux des valeurs comme la
tolérance, le respect des autres, de leur culture. Enseignons.be a rencontré pour vous Pauline Kayitare.
Bonjour Pauline. Je suis très heureux de vous rencontrer car j’ai été vraiment touché par votre livre. Ma première
question est la suivante : pourquoi, afin d’obtenir la naturalisation française, avoir une nouvelle fois menti en
prétendant être Hutue alors que les victimes du génocide étaient les Tutsis?
Après 1994, nombreux ont été les génocidaires à demander l’asile politique à la France. Le gouvernement était depuis juillet
aux mains des Tutsis. Pasteur Bizimungu était devenu le président et Paul Kagame le vice-président. Le FPR (Front patriotique
rwandais), qui était principalement tutsi, était au pouvoir. En tant que Tutsie, je n’avais donc aucune raison de quitter mon
pays. Mais il fallait que je parte. J’ai donc menti à nouveau.Un mensonge nécessaire car même si j’ai vécu dans l’imposture,
elle m’a permis d’avancer. Dans la peau d’une victime, ce n’était pas possible.
« CE LIVRE, C’EST AVANT TOUT UNE THÉRAPIE »
Pourquoi avoir écrit ce livre?
Après avoir fui le Rwanda, j’ai étudié en France et travaillé. Je me suis mariée et ai aujourd’hui une petite fille. Depuis
quelques mois, j’habite en Belgique et je travaille dans un cabinet d’avocats. Mais alors que tout semblait enfin aller bien pour
moi, je suis tombée en dépression. On ne peut pas oublier ce qui s’est passé. Pendant 16 ans, j’ai revécu l’horreur, je faisais
des cauchemars. Mon compagnons m’a suggéré d’écrire mon histoire, ce que j’ai fait. Ce livre, c’est avant tout une thérapie.
Une manière d’exorciser ses démons?
Oui. Et c’est aussi un devoir de mémoire. La plupart des gens n’osent pas parler de ce qui s’est passé, ils ne trouvent pas
de mots pour expliquer l’inexpliquable.
Justement, vous, comment expliquez-vous ce qui s’est passé?
Je ne l’explique pas. Vous savez, ces tueurs, ce sont des gens avec qui on avait tout partagé. On avait plongé nos mains dans
la même assiette. Et du jour au lendemain, ils sont devenus les chasseurs et nous le gibier. Lorsqu’ils nous chassaient, nous
nous cachions dans la forêt. Et lorsqu’il pleuvait, ils rentraient se mettre à l’abri tandis que nous restions sous la pluie. Et je
me demandais : « Pensent-ils à nous quand ils sont au chaud? »
« J’ÉTAIS SUR LE BANC DES ASSASSINS »
Le conseil de votre mère vous a sauvé la vie. Expliquez-moi.
Nous avions été capturés par les tueurs dans le village. Je me suis souvenue du conseil de ma maman et j’ai dit à l’homme qui
m’avait attrapée : « ne me tuez pas, je suis comme vous, je suis Hutue ». Et là, j’ai vu que l’homme hésitait. Est-ce qu’il m’a
crue ou est-ce qu’il m’a laissé le bénéfice du doute? Je ne sais pas. Tous les autres prisonniers ont été tués. Des hommes, des
femmes et des enfants. Et moi, je vivais. Et j’ai tout vu. C’était le prix de ma vie, tous ces morts. La question que l’on se pose,
c’est « pourquoi moi et pas les autres? » J’étais sur le banc des assassins, spectatrice. Et personne ne criait, l’espoir était tué.
Il y a sûrement chez moi un sentiment de honte. Et puis ces femmes qui sortaient piller les cadavres…
Ma maman ne m’a pas sauvé la vie, elle m’a insufflé la survie. C’est grâce à elle que je suis en vie et pour elle que je vais me
battre. Désormais, c’est en moi.
Le mensonge fonctionne car vous êtes petite et que vous n’avez pas les traits physiques des Tutsis.
Oui et il n’y avait pas la carte d’identité. Il faut savoir que normalement, chaque rwandais avait sa carte d’identité sur laquelle
il était noté si vous étiez Hutu ou Tutsi. Nous étions contrôlés à l’école. Et la discrimination était bien présente. Il y avait des
listes. Seuls les Hutus pouvaient aller à l’université, par exemple. Les instituteurs favorisaient les Hutus.
« LES CRIMINELS SONT REVENUS HABITER DANS LE VILLAGE »
Votre père a survécu lui aussi. Comment peut-on se reconstruire après avoir vécu tout cela?
Mon père est quelqu’un d’extraordinaire. C’était un homme fort, qui savait se battre. Mais aujourd’hui, il n’a plus envie de
vivre, comme beaucoup de gens qui ont vécu le génocide. Ces crimes laissent des traces profondes. Quand vous revenez dans
votre village et que celui-ci est désert, soit vous devenez fou, soit cous continuez. Et le plus dur, ce sont les criminels qui
sont revenus habiter dans les villages où ils ont tué leurs amis, des membres de leur famille… Lorsque je suis retournée
enterrer ma mère et mes frères et soeurs, il y avait des gens qui avaient commis des crimes qui étaient présents. Mais mon
père n’a pas de rancune, pas de méfiance. Il ramène des gens à la maison, sans distinction. Il a adopté des enfants hutus.
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C’est une belle leçon de vie.
C’est votre père qui a retrouvé les corps de votre maman et de vos frères et soeurs.
Oui. Plus de neuf ans plus tard, il les a retrouvés. J’ai reconnu ma maman grâce à ses vêtements. J’ai été heureuse de pouvoir
les enterrer et ainsi faire mon deuil.
Aujourd’hui, vous souhaitez témoigner dans les écoles. C’est un beau message que vous portez.
Cela me tient à coeur. Plus d’un million de personnes ont été massacrées. Il faut en parler. Peut-être les gens sont-ils prêts
aujourd’hui à entendre ce qui s’est passé.
Voilà donc un témoignage à découvrir et à faire découvrir. Notons que Pauline Kayitare reversera les droits de son ouvrage à
une association qui vient en aide aux orphelins de Kibuye au Rwanda. En vraie boulimique du travail, elle n’envisage pas
pour l’instant de mettre son métier de comptable entre parenthèses… mais si les sollicitions sont nombreuses, elle promet d’y
penser. Si vous souhaitez inviter Pauline dans votre école, prenez contact avec Anne Wuilleret
(a.wuilleret@andreversailleediteur.com).
Vous avez envie de lire le livre? Les éditions André versaille vous proposent d’en découvrir les premières pages. Et si vous
nous laissez un petit mot sur le site, Enseignons.be vous enverra peut-être un exemplaire dédicacé. Bonne lecture

Keziah 02/11/2011 @ 05:38:26
Tripoli pour être honnête

Publié par Alain Berenboom le 26 mars 2011
Sur le papier, les interventions décidées par l’ONU au Rwanda ou en ex-Yougoslavie étaient nécessaires, indispensables.
Tout comme celle en Libye. Pourquoi alors ce manque d’enthousiasme, ces doutes ?
Je suis d’une génération qui n’a jamais adulé le rôle des militaires en-dehors de nos frontières. Faites l’amour ici plutôt que
la guerre là-bas. La guerre des autres est une solution ultime, du désespoir. Alors, pourquoi mettre si peu d’enthousiasme et
de moyens à sauver les peuples qui meurent de faim, abandonner les pays qu’on a tirés des griffes de leur bourreau ? On se
demande aussi pourquoi certains peuples tyrannisés sont plus chouchoutés par nos excellences que d’autres. On s’étonne
enfin des fluctuations de notre compteur Geiger vis-à-vis du premier Libyen. Tantôt célébré comme le représentant d’un
arabisme laïc et moderne, tantôt honni pour ses exactions (dans nos pays), à nouveau copain dès qu’il se dit l’ennemi d’Al
Qaida et qu’il bazarde une partie de son stock d’armes dégoûtantes, puis re-traité d’assassin et de chef terroriste.
Est-il tout à fait honnête son propre représentant auprès de la Ligue arabe qui s’avise soudain que son boss est de loin pire
que Saddam Hussein ? « Je pense que Saddam Hussein avait un peu de bon sens, alors que cet homme n’a ni bon sens, ni
sagesse », déclare M. al-Honi (qui mal y pense).
Autre raison d’être perplexe : les fruits amers des précédentes opérations de l’ONU.
Le génocide rwandais, les massacres de Srebrenica sont autant l’oeuvre des tueurs que la responsabilité de la communauté
internationale. Ce sont des soldats occidentaux censés protéger les Rwandais des génocidaires qui ont fait défaut. Ils ont
donné à la population l’illusion de veiller sur elle avant de se défiler au pire moment. Ce sont des soldats hollandais qui ont
regardé, les bras croisés, les brutes serbes massacrer les habitants de Srebrenica, qui eux aussi avaient fait confiance et
étaient sortis de leur réduit, aveuglés par les engagements de l’ONU.
Qu’allons-nous promettre aux Libyens ? Qu’avons-nous prévu ? Rien sans doute. Dans leur for intérieur, les intervenants
croisent les doigts pour que les citoyens libyens et l’armée renversent elles-mêmes le dictateur et nettoient les lieux. Mais
si le scénario ne se déroule pas selon ce plan, que se passera-t-il ? Les précédentes aventures de la communauté
internationale ne présagent rien de bon…
PS : à propos du Rwanda, je vous conseille la lecture d’un livre merveilleux, « Tu leur diras que tu es hutue » de Pauline
Kayitare (éditions Versaille). Plus qu’un témoignage d’une rescapée du génocide, un vrai récit mêlant mort et vie, un
portrait pénétrant d’une famille rwandaise avec le regard vif, frais, incroyablement optimiste d’une vraie conteuse.

Keziah 02/11/2011 @ 05:42:20
Les éditions André Versaille proposent ici le témoignage d’une jeune Tutsie , âgée de 13 ans
au moment du génocide rwandais. Comme tout témoignage, c’est un récit subjectif,
difficilement soutenable quand la jeune fille évoque le génocide, plus serein, en apparence,
quand elle évoque sa vie après.
Une toute jeune fille : 13 ans au moment des faits,
raconte comment elle et sa famille ont vécu les
événements qui ont ensanglanté le Rwanda au
printemps 1994. Le récit commence le jour même
de la mort du président Habyarimana et décrit les
massacres dans la région de Kibuye, sur la rive
orientale du lac Kivu, la haine et la violence des
Interahamwe, la sauvagerie même mais aussi la
fuite dans la brousse et le subterfuge inventé par la
mère pour protéger sa fille : tu diras que tu es
Hutue. C’est aussi l’expression des sentiments
d’une jeune adolescente entre peur de la mort et
dégoût de la trahison des siens et la question posée
à chaque génocide comment des voisins qui vivaient
jusque là en bonne intelligence ont-ils pu devenir
des assassins ? On suit les réfugiés du Rwanda vers
les îles du lac Kivu puis vers Goma et le Zaïre, à
l’époque avec une très brève évocation du rôle de
la France et de l’opération turquoise. Chez nombre
de réfugiés l’idée permanente d’un retour au pays
pour rejoindre les troupes tutsies de Paul Kagame
et pour Pauline la volonté de reprendre ses études.
La seconde partie du témoignage porte sur le retour
à une vie normale : la réinstallation au Rwanda, avec son père seul rescapé de la famille, ses tribulations
dans un pays en reconstruction, ses études, la découverte des grandes villes du pays pour cette fille des
collines et aussi le souvenir d’un traumatisme difficile à dépasser. C’est le récit d’une jeune fille puis
d’une jeune femme, issue d’un milieu plutôt aisé, qui ne semble pas avoir perçu une dimension sociale
possible dans ces événements ni la chance que cela représente pour reconstruire sa vie, même si elle
perçoit l’insolente richesse des Tutsis rentrés d’Ouganda derrières les troupes de Kagame.
C’est ensuite, une nouvelle fois le recours au mensonge ethnique pour émigrer vers la France et y
obtenir le statut de réfugiée politique, sa "renaissance" en France mais aussi le sentiment d’une
injustice, souvent exprimée par les rescapés de la Shoah, celle d’avoir survécu.

Keziah 02/11/2011 @ 05:46:32
Commentaires de quelques élèves du lycée JBJ Augustin de St-Dié-des-Vosges, après la rencontre avec Pauline Kayitare, le 7 octobre 2011 :


« Je suis très heureuse que vous soyez venue pour nous raconter votre histoire. » (A***)

« J'ai été très touchée par votre histoire, vous avez dû voir des choses horribles dans le passé. Cela nous a beaucoup touchés, et maintenant, pensez à votre fille qui ne vous apportera que du bonheur dans votre vie ». (L*** )

« J'ai apprécié que vous nous parliez du génocide rwandais, vu que nous ne savions pas ce qui s'était passé là-bas. Cela m'a fait penser à des personnes de ma famille qui sont mortes. » (F***)

« Votre venue dans notre lycée m'a touché. Une personne comme vous qui a vu tant de choses horribles et terrifiantes, et qui ose en parler, je trouve ça très courageux de votre part. J'espère que vous continuerez à parler de votre histoire dans d'autres écoles. Je vous souhaite plein de belles choses pour l'avenir ». (S***)

Keziah 02/11/2011 @ 05:47:32
Témoignage d’une élève


Bonjour. Mon nom est N***. Je suis une des élèves du collège Saint-Pierre où vous êtes venu témoigner du génocide rwandais ce 30 septembre 2011.
J'ai voulu venir vous trouver après la conférence mais il y avait beaucoup de gens qui voulaient encore poser des questions donc je n'ai pas insisté.
Je voulais simplement vous dire que j'ai trouvé votre conférence très intéressante et très touchante. Vous m'avez beaucoup donné envie d'acheter votre livre. Plus qu'un témoignage, c'est une vraie leçon de vie que vous nous avez donnée. Comme vous l'avez si bien dit, les hommes sont tous égaux et il est bien triste d'en arriver à des situations où les gens peuvent se comporter comme de véritables monstres.
J'admire le courage et la force avec laquelle vous vous êtes relevée de cette terrible épreuve. Parfois les hommes s'emportent pour des choses tellement futiles qu'ils en oublient les vrais malheurs.
Je vous souhaite une très bonne continuation.

N***

Keziah 02/11/2011 @ 05:48:35
Témoignages d’élèves de l’Institut de La Providence à Wavre


Chère Pauline,
Je voudrais vous remercier pour votre témoignage. Celui-ci m’a beaucoup touchée.
Je tenais aussi à vous dire que vous m’avez fortement émue. Votre courage et votre force sont incroyables et je pense que cette rencontre changera ma vie. Elle me permettra de voir le monde autrement, en plus positif. Encore milles fois merci !
S***


Votre histoire m’a vraiment beaucoup touchée. Vous êtes femme formidable, vous rayonnez.
Je vous souhaite beaucoup de bonheur et une très belle vie.
Y***


Je vous admire pour votre courage. C’est incroyable l’histoire que vous avez vécue et la chance que vous avez d’être là aujourd’hui ou la malchance d’avoir vu toutes ces horreurs.
Je vous remercie d’avoir fait réfléchir à toute la chance que nous avons ici en Belgique.
Vous donnez du courage et de l’espoir aux personnes autour de vous.
Encore beaucoup de bonheur dans la vie avec votre fille et votre famille.
A***


Je n’ai jamais pu ressentir une telle admiration pour une personne…
Vous êtes admirable, apte d’un courage exemplaire pour chacun de nous.
Votre bonté nous est parvenue. Je vous souhaite de tout cœur une vie magnifique et beaucoup de bonheur.
A***


Vous avez de force incroyable malgré tout ce que vous avez vécu, votre personnalité brille !
Je vous souhaite tout le bonheur du monde.
J***


Votre histoire m’a fortement touchée. Je vous respecte pour tout le courage que vous avez et que vous avez eu pour affronter toutes ces horreurs.
J’espère que désormais vous aurez de la chance dans votre nouvelle vie et beaucoup de bonheur. L’avenir vous appartient.
PS/ Ma meilleure amie est rwandaise, son père a vécu la même chose que vous, malheureusement il est mort. Vous êtes une femme remarquable pleine de courage.
Bisous. Bonne continuation. Félicitation pour votre petite fille et pour toutes les choses que vous avez accomplies.
L***



Je voulais vous remercier pour votre témoignage. Peu de gens savaient réellement ce que vous avez vécu pendant ces 100 jours atroces.
Peut-être grâce à votre témoignage et à votre livre, les gens ne referont plus la même erreur encore une fois.
C***



Aujourd’hui je décide de vous écrire pour compatir à votre apaisement. Jusqu’à aujourd’hui je vivais dans l’ignorance de l’histoire de mon cousin le plus proche.
En effet lui aussi a vécu cette tragédie à l’âge de 6 ans. Ma tante a fait la sage décision de l’adopter, il avait 7 ans.
Maintenant il a 22 ans. J’ai perdu tout contact avec lui avec regret. Après ce film et votre témoignage, je comprends et compatis enfin à sa souffrance aussi, son incompréhension et son apaisement.
Merci pour votre histoire, merci pour votre réalité.
B***



Je voulais simplement vous dire merci.
C’est grâce à des personnes comme vous que nous sommes capables de comprendre plus ce qui s’est passé.
Je pense que si nous ne l’avons pas vécu, on ne peut pas se rendre compte de l’horreur vécu par les peuples. Grâce à vous, à votre témoignage et à votre courage, on ne pourra jamais oublié ce qui s’est passé et, je l’espère, empêcher que cela se reproduise.
Encore bravo et merci pour votre courage.
P***
Je suis de tout cœur avec vous.
K***



Merci pour ce témoignage émouvant.
A***



Je suis de tout cœur avec vous.
Je comprend tout ce que vous avez vécu et je suis enchantée de vous avoir rencontrée, je vous souhaite beaucoup de bonheur et de chance pour la suite.
Gros bisous,
L***



Merci pour votre témoignage. Celui-ci m’a énormément touchée et j’admire votre courage ainsi que votre force de vous battre. Profitez pleinement de cette nouvelle vie qui vous a été offerte, accompagnée de vos proches.
A***



Je vous respecte de tout mon cœur.
T***

Keziah 02/11/2011 @ 05:50:38
Pauline Kayitare
Tu leur diras que tu es hutue
À 13 ans, une Tutsie au coeur du génocide rwandais
Pauline, rescapée tutsie, raconte comment, à l’âge de
treize ans, elle s’est fait passer pour hutue pour échapper
aux génocidaires.
Ce témoignage qui nous plonge au coeur de l’horreur est en
même temps une bouleversante leçon de vie.
Pauline Kayitare vit aujourd’hui en Belgique avec son mari belge et
leur petite fille.
Elle est très désireuse de partager son témoignage avec les
jeunes, dans les écoles.
Elle a déjà eu l’occasion d’aller le faire dans une classe du secondaire
de Bruxelles, auprès d’étudiants de 5e et 6e secondaire. C’était un moment
très fort.
Ce livre-témoignage peut en outre servir de point de départ pour une
réflexion, en classe, autour du sujet du génocide rwandais, mais aussi
autour de questions qui y sont liées directement : causes du racisme,
attitude de la diplomatie internationale dans ce genre de conflit,
question de la justice/réparation, conséquences du colonialisme, etc.
Nous vous invitons donc à prendre contact avec nous si vous
souhaitez inviter Pauline Kayitare dans votre classe.
Enfin, pour toutes autres informations sur le livre (notamment
consulter la presse sur le livre, la table des matières, la préface de Colette
Braeckman ainsi que 46 pages du livre), nous vous renvoyons à
la page de notre site dédiée au livre :
http://andreversailleediteur.com/index.php/….
Bien à vous,
André Versaille éditeur
Extrait de la préface
de Colette Braeckman
(journaliste au Soir) :
Le récit de Pauline,
c’est, vue depuis l’infiniment
petit d’un cas
particulier, une grande
leçon d’histoire.
La fillette, confrontée à
un malheur qu’elle est à
cette époque incapable
de nommer, reçoit, puis
transmet, toutes les composantes
de l’histoire
rwandaise. […]
Le récit de Pauline
oblige à ouvrir les yeux,
à s’interroger sur les origines
de la haine et, en
ces temps de crispation
identitaire, ce témoignage
individuel revêt
une valeur universelle.
Consultez aussi le site
personnel de l’auteur :
http://www.kayitare.org

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