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Dans l’obscurité de sa chambre, Raphaël pensait à son œuvre. Inconnu il était et, probablement, demeurerait, à son grand désarroi. Le paupérisme dans lequel il avait sombré le minait, les mois passaient et il voyait fondre son pécule sans pouvoir l’empêcher. Bientôt, il devrait vendre ses toiles à perte, pour subsister, ou peut-être les offrir contre un repas bien chaud.
Il pensait que son histoire ne méritait guère qu’on s’y attardât, et restait prostré dans un silence bien pesant. Dormir, dormir encore et toujours, en attendant la providence, ou une métamorphose qui le rendrait plus imaginatif, plus digne d’intérêt, plus beau aux yeux des dames.
Il alluma une bougie à la flamme discrète bien que vacillante, attrapa un crayon et une feuille. Son écriture était hésitante mais il lui fallait se confesser, craignant – ou espérant – ne plus se réveiller un matin prochain.
A défaut d’un empire qu’il aurait aimé laisser derrière lui, il adressait à ses parents une lettre de pardon. Il les avait tant défiés quand ils lui répétaient que peintre n’était pas un métier, qu’il fallait de la chance et beaucoup de talent pour se faire un nom dans ce milieu. Il devait à présent admettre qu’ils avaient amplement raison, que les gens qu’il pensait influents n’avaient que profité de sa naïveté. Il sentit une larme lui couler sur la joue. Bientôt sa douleur s’apaiserait, il ne devrait plus regretter ce qu’il avait fait. Pour l’amour des teintes, des pinceaux, des paysages qu’il touchait du bout des doigts, il avait fait des choses insensées, espérant atteindre, un jour, le firmament. Son traité sur l’harmonie des couleurs avait intéressé tout au plus une vingtaine de curieux, dont certains s’étaient empressés de l’accompagner des critiques les plus blessantes. Las de ces aveux trop douloureux, il quitta la chambre, laissant la flamme de la bougie danser sur ses derniers mots.
C'en était trop, il fallait qu'il se libère de cette passion. Il se dirigea vers son atelier et s'empara d'un couteau. Les dizaines de toiles qui jonchaient l'endroit lui donnèrent la nausée. Il s'empara de l'une d'entre elles et la taillada avec rage. Un cri sortit du plus profond de sa gorge, comme un râle. Il tomba à terre et se cogna contre le pied d'un vieil établi. Encore étourdi, il se releva et poursuivit son méfait. Il était submergé de sentiments divers, sa gorge se nouait au point de le priver d'air. Bientôt tous ses tableaux furent en lambeaux. Il regagna sa chambre et trouva enfin le sommeil.
Le lendemain, il fit une toilette brève, scrutant sa silhouette filiforme dans le miroir. Cela faisait trois jours qu'il n'avait rien mangé, son estomac lui faisait mal. Il rassembla les débris de ses œuvres dans le coffre de sa voiture, puis, sur la banquette arrière, réunit ses pinceaux, ses toiles vierges et six chevalets qu'il jugea plus utile de déposer à l'école de peinture de la ville. Il roula un moment puis tourna dans un champ, posa en son milieu tous les morceaux et fit un grand feu.
Il aperçut parfois un œil, un coin de lèvre, une partie du corps de Lola, sa Muse, celle qu'il avait tant peinte et chérie, mais qui ne l'aimait pas et ne croyait guère en son talent. Bientôt tout ne fût plus qu'un tas de cendres. Il demeura longtemps assis, à observer le feu qui s'étouffait...
I « Je peignais par amour, je ne veux pas en mourir », pensa-t'il.
Il pensait que son histoire ne méritait guère qu’on s’y attardât, et restait prostré dans un silence bien pesant. Dormir, dormir encore et toujours, en attendant la providence, ou une métamorphose qui le rendrait plus imaginatif, plus digne d’intérêt, plus beau aux yeux des dames.
Il alluma une bougie à la flamme discrète bien que vacillante, attrapa un crayon et une feuille. Son écriture était hésitante mais il lui fallait se confesser, craignant – ou espérant – ne plus se réveiller un matin prochain.
A défaut d’un empire qu’il aurait aimé laisser derrière lui, il adressait à ses parents une lettre de pardon. Il les avait tant défiés quand ils lui répétaient que peintre n’était pas un métier, qu’il fallait de la chance et beaucoup de talent pour se faire un nom dans ce milieu. Il devait à présent admettre qu’ils avaient amplement raison, que les gens qu’il pensait influents n’avaient que profité de sa naïveté. Il sentit une larme lui couler sur la joue. Bientôt sa douleur s’apaiserait, il ne devrait plus regretter ce qu’il avait fait. Pour l’amour des teintes, des pinceaux, des paysages qu’il touchait du bout des doigts, il avait fait des choses insensées, espérant atteindre, un jour, le firmament. Son traité sur l’harmonie des couleurs avait intéressé tout au plus une vingtaine de curieux, dont certains s’étaient empressés de l’accompagner des critiques les plus blessantes. Las de ces aveux trop douloureux, il quitta la chambre, laissant la flamme de la bougie danser sur ses derniers mots.
C'en était trop, il fallait qu'il se libère de cette passion. Il se dirigea vers son atelier et s'empara d'un couteau. Les dizaines de toiles qui jonchaient l'endroit lui donnèrent la nausée. Il s'empara de l'une d'entre elles et la taillada avec rage. Un cri sortit du plus profond de sa gorge, comme un râle. Il tomba à terre et se cogna contre le pied d'un vieil établi. Encore étourdi, il se releva et poursuivit son méfait. Il était submergé de sentiments divers, sa gorge se nouait au point de le priver d'air. Bientôt tous ses tableaux furent en lambeaux. Il regagna sa chambre et trouva enfin le sommeil.
Le lendemain, il fit une toilette brève, scrutant sa silhouette filiforme dans le miroir. Cela faisait trois jours qu'il n'avait rien mangé, son estomac lui faisait mal. Il rassembla les débris de ses œuvres dans le coffre de sa voiture, puis, sur la banquette arrière, réunit ses pinceaux, ses toiles vierges et six chevalets qu'il jugea plus utile de déposer à l'école de peinture de la ville. Il roula un moment puis tourna dans un champ, posa en son milieu tous les morceaux et fit un grand feu.
Il aperçut parfois un œil, un coin de lèvre, une partie du corps de Lola, sa Muse, celle qu'il avait tant peinte et chérie, mais qui ne l'aimait pas et ne croyait guère en son talent. Bientôt tout ne fût plus qu'un tas de cendres. Il demeura longtemps assis, à observer le feu qui s'étouffait...
I « Je peignais par amour, je ne veux pas en mourir », pensa-t'il.
...Très joli texte peut être fais-je prendre le courage de revenir, bienvenue sur CL Nathafi...
Merci pour cet accueil, au plaisir de te lire
Un très beau texte, avec un vrai ressenti, un beau thème. J'ai l'impression qu'il peut y avoir une suite, non? En tout cas bienvenue sur "les écrits" et j'espère à bientôt!
Merci Pieronnelle. Oui il peut y avoir une suite, j'y travaille et tous ces encouragements me rassurent ! A bientôt
Une lecture plus que plaisante.
Merci pour ce texte qui touche et qui interroge: s'inscrit-il dans un autre texte, plus long et plus complet?
Merci pour ce texte qui touche et qui interroge: s'inscrit-il dans un autre texte, plus long et plus complet?
Merci Plume84. D'où la difficulté d'écrire plus longuement, j'aime écrire ces textes qui supposent une suite, mais la suite ne vient pas toujours.
Je suis plutôt "poèmes" pas trop longs, mais je m'essaie à d'autres styles. Et c'est bien difficile...
Je suis plutôt "poèmes" pas trop longs, mais je m'essaie à d'autres styles. Et c'est bien difficile...
J'aime beaucoup !
L'ecriture est simple et les images viennent d'elles memes.
Et comme les autres, je serais heureuse de lire..une suite ? Un autre texte enrichissant celui la ?
Au plaisir de te lire !
L'ecriture est simple et les images viennent d'elles memes.
Et comme les autres, je serais heureuse de lire..une suite ? Un autre texte enrichissant celui la ?
Au plaisir de te lire !
En peu de lignes, le décor est posé, l'ambiance installée et le ressenti du personnage bien présent, on aurait envie de le réconforter, de lui dire de ne pas abandonner... Oui, ça me donne envie aussi d'une suite, même d'un flash back pour savoir comment il a pu en arriver à un tel désespoir, à une telle violence...
et comme les autres, je serais heureuse de lire..une suite ? Un autre texte enrichissant celui la ?
Au plaisir de te lire !
Oui, ça me donne envie aussi d'une suite
merci pour vos appréciations, la suite est en cours... Patience !
Oui, bienvenue Nathafi (déja dit dans le cadre de l'exo à venir mais ça ne nuit pas de le répéter officiellement ici ...).
Belle écriture pour un sujet qui commence désespéré et qui finira ... peut-être ... dans la même tonalité, ou une autre, ... qui finira peut-être si tu nous sers des suites.
J'ai cru au départ que ton Raphaël était LE Raphaël, peintre reconnu, maintenant, s'il en est. Non, ce n'était pas cela. Nous sommes dans une fiction, actuelle. Va juste nous falloir espérer que tes brouillons ne finissent pas comme ses toiles ! C.L. accueille les damnés de l'écriture - à défaut de la peinture - en plus, je n'ai même pas le sentiment que tu sois une damnée !
Belle écriture pour un sujet qui commence désespéré et qui finira ... peut-être ... dans la même tonalité, ou une autre, ... qui finira peut-être si tu nous sers des suites.
J'ai cru au départ que ton Raphaël était LE Raphaël, peintre reconnu, maintenant, s'il en est. Non, ce n'était pas cela. Nous sommes dans une fiction, actuelle. Va juste nous falloir espérer que tes brouillons ne finissent pas comme ses toiles ! C.L. accueille les damnés de l'écriture - à défaut de la peinture - en plus, je n'ai même pas le sentiment que tu sois une damnée !
...Très joli texte peut être fais-je prendre le courage de revenir, bienvenue sur CL Nathafi...
Et tiens, je parlais du loup pas plus tard qu'il y a une heure, sur un autre fuseau, celui de La courgette Lejeune !
Ouf ! j'attendais et craignais la critique de Tistou, qui est une sommité ici, à ce que j'ai compris... Merci !
Damnée je ne suis pas encore, torturée très certainement, par l'envie d'écrire, la page blanche, les nuits sans sommeil... Bref ce que tout écrivain en herbe doit connaître je suppose... mais ça en vaut la peine, alors je continue malgré des périodes de grand découragement...
Damnée je ne suis pas encore, torturée très certainement, par l'envie d'écrire, la page blanche, les nuits sans sommeil... Bref ce que tout écrivain en herbe doit connaître je suppose... mais ça en vaut la peine, alors je continue malgré des périodes de grand découragement...
Ouah, une sommité ! Une sommité florale, alors ?
Désolé d'avoir fait attendre, 3 semaines d'absence et un peu de flottement au retour. Pas encore dans les clous le Tistou. Et tu as eu d'autres critiques, ce qui se fait rare ces temps-ci ...
On fera mieux connaissance pendant notre exo et m'est avis que tu comprendras que je ne suis pas à craindre ... Sauf avec les méchants. J'ai vu d'ailleurs qu'il y avait un gran maichan lou qui rôdait dans nos colonnes. Moi, je suis habitué, il y en a dans les montagnes en face de chez moi, mais je pense à tous les petits chaperons rouges qui arpentent nos lignes ...
Désolé d'avoir fait attendre, 3 semaines d'absence et un peu de flottement au retour. Pas encore dans les clous le Tistou. Et tu as eu d'autres critiques, ce qui se fait rare ces temps-ci ...
On fera mieux connaissance pendant notre exo et m'est avis que tu comprendras que je ne suis pas à craindre ... Sauf avec les méchants. J'ai vu d'ailleurs qu'il y avait un gran maichan lou qui rôdait dans nos colonnes. Moi, je suis habitué, il y en a dans les montagnes en face de chez moi, mais je pense à tous les petits chaperons rouges qui arpentent nos lignes ...
...
Et tiens, je parlais du loup pas plus tard qu'il y a une heure, sur un autre fuseau, celui de La courgette Lejeune !
Oui... d'ailleurs ça fait un petit moment qu'il n'a rien écrit.
SPIRIT, ES-TU LA ?
... carrément du spiritisme ...
...
Et tiens, je parlais du loup pas plus tard qu'il y a une heure, sur un autre fuseau, celui de La courgette Lejeune !
Oui... d'ailleurs ça fait un petit moment qu'il n'a rien écrit.
SPIRIT, ES-TU LA ?
...je suis là...je rode...sans faire de bruit (ça change un peu)...suffit de crier assez fort et je suis là....! :)
cf "Dix ans, Vos Ecrits ... 2010 - 2011, âge d'or, époque moderne"
Nathafi a entamé, par ce texte, sa carrière avec nous en 2011. A ce jour, elle est toujours un des piliers sur laquelle on peut compter ... Et pour étayer une mêlée, au rugby, le pilier ... !
Nathafi a entamé, par ce texte, sa carrière avec nous en 2011. A ce jour, elle est toujours un des piliers sur laquelle on peut compter ... Et pour étayer une mêlée, au rugby, le pilier ... !
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