Dirlandaise

avatar 10/12/2009 @ 18:48:26
J'ai commencé un roman de Gabriel Matzneff intitulé "Nous n'irons plus au Luxembourg". Je veux aborder son oeuvre avec ses romans en tout premier lieu.

Bon ceci dit, je me délecte de sa prose mais certaines tournures de phrases me semblent assez étranges et particulières. Je sais que monsieur Matzneff est passé par la Sorbonne alors je lui fais entièrement confiance mais parfois je m'étonne...

Il écrit entre autres à la page 96 : "Une vieille demoiselle très gentille qui habitait, elle aussi, proche le Panthéon..." Moi, j'aurais écrit "proche du Panthéon".

Ensuite à la page 98, il écrit : "Il y avait dans ces livres la sagesse du monde, l'expérience spirituelle de plusieurs siècles, et ni cette sagesse ni cette expérience ne lui servaient de rien." J'aurais écrit "ne lui servait à rien".

À la page 112 : "Il aimait assez de jouer le mystérieux..." J'aurais écrit "Il aimait assez jouer le mystérieux."

Enfin, c'est probablement lui qui a raison. J'en apprends un max avec cet écrivain comme les expressions "bouchon" pour un resto peu cher, le verbe "fayoter" que je ne connaissais pas et aussi le mot "boulevarris".

Je continue donc à m'instruire et à me délecter de son écriture charmante et d'une incroyable richesse. Il est si parisien ce monsieur malgré ses origines russes.

Nance
avatar 10/12/2009 @ 19:08:17
Bon, ce n'est quand même pas avec ces exemples de syntaxe douteuse (je préfère la tienne) que je vais m'extasier sur sa prose. Mais bon, je ne vais pas juger son écriture sur quelques lignes.

Je veux aussi mentionner, en passant, pour tout le monde, qu'on est à deux semaines de Noël et que ça serait bien de garder une bonne ambiance...

Dirlandaise

avatar 10/12/2009 @ 19:12:58
Je ne comprends vraiment pas ton intervention Nance...

Nance
avatar 10/12/2009 @ 19:52:09
Je trouve aussi la syntaxe de Gabriel Matzneff étrange et la façon dont tu as écrit les extraits me semble plus logique. Et deuxièmement, tu ne peux pas ne pas le savoir, on sait que la simple mention du nom de l'auteur peut faire échauffer le forum, alors je demandais aux gens de relaxer...

Dirlandaise

avatar 10/12/2009 @ 20:00:38
Il me semble que "proche le" ne s'écrit pas...

J'ai cherché dans mon dictionnaire et sur le net mais je ne trouve rien.

Dans mon Robert, on écrit "servir à rien" et non "servir de rien". Vraiment étrange d'écrire "servir de rien" mais peut-être est-ce aussi accepté.

Dirlandaise

avatar 10/12/2009 @ 20:03:13
Sachant qu'il est passé par la Sorbonne, j'aurais tendance à lui faire confiance mais ce pourrait-il qu'il commette des erreurs aussi évidentes ?

Micharlemagne

avatar 10/12/2009 @ 20:22:21
1° Ce n'est pas parce qu'on est passé dans une institution universitaire quelconque que l'on en a assimilé toutes les connaissances ;
2° En l'occurrence, tous les exemples cités sont parfaitement corrects, quoique ces tournures de phrases doivent être qualifiées de "vieillies" sinon de "précieuses" ;
3° Nance a parfaitement compris ce que tu cherchais. Mais tu ne trouveras pas...

Dirlandaise

avatar 10/12/2009 @ 21:07:29
On me prête encore de mauvaises intentions parce que je parle d'un auteur controversé. Pffff ! Ce n'est pas mon problème. Je parle de tournures de phrases étranges et c'est tout. Il faudrait en revenir un jour.

Je me doutais bien que c'était des façons d'écrire correct. J'avais raison de faire confiance à monsieur Matzneff.

Dirlandaise

avatar 10/12/2009 @ 21:09:30
Je mettrai d'autres phrases si jamais j'en repère d'autres. Je trouve cela intéressant et instructif alors fi aux mauvais esprits qui voient du mal partout ! ;-)

Dirlandaise

avatar 10/12/2009 @ 21:12:35
J'oubliais de te remercier Micharlemagne pour ton avis. ;-)

Saule

avatar 10/12/2009 @ 21:27:39
Dans le genre "vieux françois", j'aime bien le style de "Annie Marie, comtesse de Beaufort d'Hautpoul (1763-1837)". Je suis en train de faire la relecture de "Childéric, roi des Francs (2/2)", pour le projet gutenberg, et je lis à la page 89 :

"Bazine n'a point quitté son palais ; heureuse de plaire et d'aimer, seule avec son coeur et sa tendresse, elle jouit de ce bonheur qui fut toujours le charme de sa pensée : son ame avoit besoin d'amour ; mais il falloit à sa délicatesse un choix dont elle pût s'applaudir, à son rang un égal, à sa flamme généreuse et pure un amant non moins pur, non moins généreux ; il falloit que des traits nobles et majestueux annonçâssent dans son amant l'heureux vainqueur de Bazine ; il falloit encore que ces traits, réguliers et fiers
fussent adoucis par la bonté, et sûssent exprimer l'amour. Des revers étoient des titres,
qui touchoient l'ame de la princesse ; la douceur de consoler étoit pour elle un charme
de plus ; elle eût aimé Childéric sur le trône, mais elle partageroit avec transport son infortune, et le suivroit dans quelque désert qu'il fût contraint d'habiter. "

Je crois que Provis va apprécier l'usage du subjonctif !

NB: à l'époque "âme" n'avait pas de chapeau. Et "temps" s'écrivait "tems". Parmi autres bizareries, ils écrivaient aussi "oi" au lieu de "ai".

Dirlandaise

avatar 10/12/2009 @ 21:32:40
Ah merci pour cet extrait Saule. J'adore le terme "point" au lieu de "pas". Je trouve cela beaucoup plus joli !

J'ai un livre ici écrit en vieux français que je n'ai pas encore lu. Je ne me souviens plus du titre... Il faudrait que je cherche pour le retrouver.

Saule

avatar 10/12/2009 @ 21:46:23
"la douceur de consoler étoit pour elle un charme".. c'est joliment exprimé quand même !

Débézed

avatar 11/12/2009 @ 01:03:36
Dans le genre "vieux françois", j'aime bien le style de "Annie Marie, comtesse de Beaufort d'Hautpoul (1763-1837)". Je suis en train de faire la relecture de "Childéric, roi des Francs (2/2)", pour le projet gutenberg, et je lis à la page 89 :

"Bazine n'a point quitté son palais ; heureuse de plaire et d'aimer, seule avec son coeur et sa tendresse, elle jouit de ce bonheur qui fut toujours le charme de sa pensée : son ame avoit besoin d'amour ; mais il falloit à sa délicatesse un choix dont elle pût s'applaudir, à son rang un égal, à sa flamme généreuse et pure un amant non moins pur, non moins généreux ; il falloit que des traits nobles et majestueux annonçâssent dans son amant l'heureux vainqueur de Bazine ; il falloit encore que ces traits, réguliers et fiers
fussent adoucis par la bonté, et sûssent exprimer l'amour. Des revers étoient des titres,
qui touchoient l'ame de la princesse ; la douceur de consoler étoit pour elle un charme
de plus ; elle eût aimé Childéric sur le trône, mais elle partageroit avec transport son infortune, et le suivroit dans quelque désert qu'il fût contraint d'habiter. "

Je crois que Provis va apprécier l'usage du subjonctif !

NB: à l'époque "âme" n'avait pas de chapeau. Et "temps" s'écrivait "tems". Parmi autres bizareries, ils écrivaient aussi "oi" au lieu de "ai".


Que plaisir de lire ces vieux textes, ça me rappelle mes études et mes vieux manuscrits ... Je trouve que ces textes ont de la musique !

Dirlandaise

avatar 11/12/2009 @ 03:27:09
il falloit que des traits nobles et majestueux annonçâssent dans son amant l'heureux vainqueur de Bazine ; il falloit encore que ces traits, réguliers et fiers
fussent adoucis par la bonté, et sûssent exprimer l'amour.


Moi, c'est ce passage que je préfère... c'est si beau !

Micharlemagne

avatar 11/12/2009 @ 09:17:18
Evidemment, si on compare à Lévy...

Dirlandaise

avatar 11/12/2009 @ 13:35:54
En cherchant mon livre écrit en vieux français que je n'ai pas encore trouvé, j'ai cependant mis la main sur mon dictionnaire Larousse des difficultés de la langue française et j'ai trouvé ceci :

1. On mentionne qu'on peut utiliser les deux expressions "servir à rien" et "servir de rien". On dit et je cite :

"Toutefois, la première impliquerait plutôt l'idée d'une nullité momentanée et la seconde l'idée d'une nullité absolue : Cet outil ne me sert à rien, mais je ne veux pas vous le vendre (il pourrait me servir plus tard). Des lunettes ne serviraient de rien à un aveugle."

Intéressant n'est-ce pas ?

2. ""Proche la rivière." (ellipse de la préposition de) est toutefois vieilli."

Donc, Micharlemagne avait raison.

Dirlandaise

avatar 11/12/2009 @ 14:01:41
3. "Quand aimer précède un infinitif, doit-on le faire suivre de la préposition à, de la préposition de, ou le construire sans préposition ?

Aucune de ces formes n'est fautive et elles se retrouvent sous la plume de bons auteurs. (...) L'usage paraît avoir opté pour "aimer à", et le Dictionnnaire de l'Académie donne une série d'exemples avec cette préposition. C'était déjà l'avis de Littré. Mais on évitera d'employer "à" devant une voyelle identique formant hiatus : "Il aime agir prudemment (et non "à agir") Aimer, sans préposition est encore fréquemment employé par les écrivains actuels : "Il aimait se raconter, se mettre en scène." (J. Romains, Violation de frontières, 23).

"Aimer de" fait précieux, quoique A. Daurat le donne comme vulgaire, et se rencontre plus rarement : "On aimerait de ressusciter cet aimable archaïsme" (A. Hermant, Xavier, 167)

Micharlemagne

avatar 11/12/2009 @ 18:26:37
Tu ne vas quand même pas me dire que tu n'as jamais lu, Voltaire, Balzac ou Choderlos de Laclos ?!? On rencontre ces expressions à toutes les pages. Décidément, tu m'étonneras toujours...

Le rat des champs
avatar 11/12/2009 @ 19:13:33
Ben oui, Mich. Mais la langue évolue, et certaines tournures de phrases désuètes sont devenues pédantes, bien que grammaticalement correctes. Voltaire parlait le français de son temps, et il n'a jamais utilisé le langage du Moyen Age.

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