Dirlandaise

avatar 03/08/2009 @ 07:05:01
Au Québec, tout le monde connait les événements tragiques de "La crise d'Octobre". Le FLQ (Front de Libération du Québec) décide d'enlever le ministre du travail et de la main d'oeuvre québécois Pierre Laporte afin de pouvoir négocier la libération de plusieurs prisonniers et faire avancer la cause de l'indépendance.

Le film de Pierre Falardeau relate les journées pendant lesquels Pierre Laporte a été détenu par ses quatre ravisseurs, tous membres de la cellule Chénier du FLQ soit Paul Rose, son frère Jacques, Francis Simard et Bernard Lortie.

Un film choc, des acteurs criants de vérité et plus que crédibles, une tension dramatique soutenue, des moments inoubliables dont celui ou un felquiste compare sa montre à celle du ministre... tout un monde est ainsi mis en comparaison soit le monde du pouvoir et de l'argent et le monde ouvrier pauvre et peu instruit. Si je suis impressionnée par la personnalité de M. Falardeau, je suis renversée par ses talents de cinéaste. Il filme avec son coeur et ses tripes et cela transparaît dans ce film percutant et d'un réalisme à couper le souffle.

D'autres scènes remarquables :

Les felquistes croient être découverts par la police et ils placent entre les mains du ministre une bombe artisanale qu'ils menacent de faire sauter si la police investit leur repaire.

Le ministre Laporte n'en peut plus de manger toujours du spaghetti en conserve et paye à ses ravisseurs du poulet et des frites.

Le ministre tente de s'enfuir par la fenêtre et se blesse gravement. Il devient presque inconscient et ne réalise plus grand chose de ce qui se passe autour de lui.

Les felquistes discutent de la vie ou de la mort du ministre et les différents arguments invoqués sont analysés les uns après les autres. Une des meilleures scènes de cinéma que j'aie eu la chance de voir à date. C'est l'humain dans toute sa vulnérabilité et ses doutes sur le bien et le mal.

Les deux felquistes qui se chargent du sale boulot et ensuite, un des deux prend le téléphone et déclare : "C'est fait".

Du grand cinéma, du très grand cinéma comme seul M. Falardeau est capable de nous offrir. À voir absolument !

http://filmsquebec.over-blog.com/article-27933316.…

http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_d'Octobre

Micharlemagne

avatar 03/08/2009 @ 08:25:25
Je suppose que si les mêmes avaient effectué la même "action" mais qu'ils s'étaient appelé "Mustapha", ou "Béchir", ou "Houssamah", tu aurais crié au scandale, à l'apologie du terrorisme ou que sais-je encore...
Décidément, cela ne m'étonne pas que le gouvernement québecois soit aussi pingre quand il s'agit de subsidier les films de ce triste personnage.

Dirlandaise

avatar 03/08/2009 @ 17:31:36
Il faudrait faire l'effort d'aller voir le film... la discussion gagnerait en intérêt.

Le film de M. Falardeau est remarquable car il ne présente pas le ministre Laporte comme un personnage hautain et méprisant, au contraire, il est très sympathique et c'est un homme qui a peur et qui ne comprend plus ce qui lui arrive. Il espère que le gouvernement Bourassa ne le laissera pas tomber et lorsque cela se produit, il éclate en sanglots. Il est touchant, ce n'est qu'un pauvre homme victime des circonstances et qui sait que ses chances de survie sont minces.

Quant aux felquistes, ils ne sont pas présentés comme des durs au contraire, ce sont des gars très jeunes, issus de la classe ouvrière, et qui rêvent d'une vie meilleure. Ils ne sont pas bien organisés, ils improvisent mais ils ont un idéal si fort que rien ne peut les arrêter. Quatre gars aux caractères si différents, unis par leur amour du Québec et leur désir de libération nationale. Ce sont des gars qui ont peur, qui doutent souvent mais qui tiennent bon car ils savent que leur action aura de l'impact sur la conscience collective québécoise.

Je n'approuve pas la mort de Monsieur Laporte bien au contraire mais parfois, la violence est déterminante en ce qui concerne le réveil de la conscience politique du peuple opprimé.

M. Falardeau mérite le respect car son film n'est pas manichéen. Il n'y a pas de bons ni de méchants mais seulement des hommes imbriqués dans une société dont les rouages broient les plus faibles et favorisent les mieux nantis comme d'habitude, et dont les mondes sont si éloignés et différents que c'en est à peine croyable.

Oui, M. Falardeau est un grand homme et un grand cinéaste ! Il a droit à tout mon respect et mon admiration. Son film est remarquablement efficace et prenant.

Nance
avatar 03/08/2009 @ 19:05:15
Oui, Octobre est nuancé. Ça m'a beaucoup surpris de Falardeau qui n'est pas connu pour sa subtilité!

Le film peut être écouté sur YouTube (en mauvaise qualité):
http://youtube.com/results/…

Je suis loin d'approuver les felquistes, je crois que l'utilisation de la violence a plus nuit à leur cause que d'autre chose, mais Octobre est un film intéressant pour connaître une époque importante du Québec.

Aussi, voici la vidéo du manifeste du FLQ en 1970:
http://www.youtube.com/watch?v=5SWhKIW9UUU

Saint Jean-Baptiste 03/08/2009 @ 23:11:29
Dirlandaise,
Quand tu parles d'un peuple opprimé, d'une société où les plus faibles sont broyés et d'un monde où les plus faibles sont tellement différents, tu parles bien des Indiens d'avant Jacques Cartier, n'est-ce pas ?

Dirlandaise

avatar 04/08/2009 @ 00:00:44
Mais enfin SJB, si tu pouvais visionner le film, tu comprendrais de quoi je parle !

Les felquistes ne sont pas devenus violents par l'opération du Saint-Esprit ! Ils se sont révoltés devant l'oppression évidente de la minorité anglophone qui détenait l'argent et le pouvoir et jouissait de nombreux privilèges que la majorité des francophones ne pouvait même pas espérer obtenir de toute leur vie. C'est pour cette raison que la violence est devenue nécessaire et les felquistes ont voulu ainsi accéder à une vie meilleure et réveiller la fibre nationaliste des leurs. C'était très courageux de leur part d'oser faire cela car les francophones étaient tellement méprisés et écrasés par les anglais !

Mais malheureusement, l'assassinat de Pierre Laporte a fait d'eux des méchants terroristes et les gens se sont mis à avoir peur de déclarer qu'ils étaient solidaires du FLQ contrairement à avant où ils jouissaient de l'appui de beaucoup de gens. Si tu regardes le film, la scène de la montre est d'un symbolisme incroyable ! La pauvreté contemplant la richesse et le pouvoir ! Ces gars n'avaient connu que la misère et le mépris de la part de leur employeur et ils avaient la haine des anglais dans le coeur. Qui sème le vent récolte la tempête...

Le film est admirable, il faut le voir !

Le désir d'indépendance n'est pas mort loin de là, j'en ai des preuves tous les jours en découvrant des sites et des gens qui ont conservé l'espoir de voir un jour leur peuple enfin libre de vivre dans leur propre pays.

Nance
avatar 04/08/2009 @ 00:03:47
Je n'aime pas ressasser le passé pour parler des problèmes d'aujourd'hui, il faut aller de l'avant.

Il faut avoir dans l'idée qu'il y a des années au Québec, pour avoir une bonne place, il fallait absolument que tu parles anglais.

Cette semaine, j'ai justement vu une reprise des reportages Tout le monde en parlait de Radio-Canada (sur le site aussi, il y a l'intégral des émissions):
http://radio-canada.ca/emissions/…
Dans la dernière émission, en 1975, les anglais disaient que les contrôleurs ne pouvaient pas parler français (même entre deux français!) dans les compagnies aériennes, sinon il allait y avoir plus d'accidents!

Les francais en ont souvent bavé. Une chance que ça a changé depuis, il y a eu des lois pour le bilinguisme dans le secteur public (pas toujours parfaitement respecté) et la loi 101 (le français pour la langue officielle du Québéc).

Dirlandaise

avatar 04/08/2009 @ 00:19:45
C'est un passé tout de même récent et qui a laissé des marques profondes dans la société québécoise.

Je parle beaucoup de cette période car en lisant M. Falardeau, je réalise que je n'ai pas toujours compris des choses importantes que j'aurais dû comprendre bien avant. Le film m'a vraiment impressionnée. Je ne m'attendais pas à du si bon cinéma. Les scènes admirables ne manquent pas dont celle où un felquiste lit un poème de Gaston Miron. Et M. Falardeau a bien réussi à transmettre toute l'intensité de ces journées éprouvantes pour la foi et le moral de ces hommes déterminés à se sortir de leur misère et de leur oppression.

C'est pourtant un film à petit budget mais quand le coeur parle, l'argent n'est rien. C'est un obstacle que M. Falardeau a surmonté bien des fois et qui est loin de l'arrêter.

Je vais d'ailleurs lire bientôt le livre de Francis Simard "Pour en finir avec Octobre" qui a servi de base au film.

Leroymarko

avatar 04/08/2009 @ 05:49:54
J'ai vu le film il y a quelques années. J'ai plus ou moins aimé. Je pense que le film peut-être utile pour comprendre la période, s'il est accompagné de lectures variées et de documents télévisuels de l'époque.
Falardeau présente un peu trop les membres les plus radicaux du FLQ comme étant de bons gars qui ne font que lutter pour la "cause". "Encore un peu d'eau, monsieur le ministre?", semble dire gentiment le kidnappeur à sa victime. "Si nous n'avions pas de coeur, nous ne serions pas ici", dit un autre. Falardeau semble triste que toute la "gentillesse" des kidnappeurs n'ait pas menée à l'indépendance tant désirée.

Dirlandaise

avatar 04/08/2009 @ 06:23:11
C'est un bon point de vue mais moi, j'ai aimé l'honnêteté de M. Falardeau car il a certes montré les bons côtés des gars mais pas juste leurs bons côtés. Il faut les voir réagir lorsqu'ils se croient découverts par la police et sur le point d'être investis. Ils se transforment en de vrais combattants et là, ils sont vraiment durs et impitoyables. Et, au tout début du film, lorsqu'ils ont enlevé le ministre, ils étaient brutaux et M. Falardeau ne les a pas "angélisés" à ce moment-là.

Par contre, lorsqu'ils vivaient des périodes plus calmes, ils n'étaient que des êtres humains ordinaires qui se demandaient dans quoi ils s'étaient embarqués. J'ai aimé leurs doutes et leurs questionnements.

Le film nous entraîne au coeur de leur repaire et pour cela, il est vraiment intéressant. Nous vivons les événements de très près, nous sommes avec eux et j'avoue que je n'ai pu m'empêcher d'éprouver de la sympathie pour eux mais aussi une immense pitié pour M. Laporte, pris au coeur de cette tourmente.

Certains dialogues donnent à réfléchir surtout lorsqu'un des felquistes réalise qu'ils sont en train de perdre la partie et définit les québécois comme des perdants et des exploités de générations en générations.


Micharlemagne

avatar 04/08/2009 @ 08:15:02

Dans la dernière émission, en 1975, les anglais disaient que les contrôleurs ne pouvaient pas parler français (même entre deux français!) dans les compagnies aériennes, sinon il allait y avoir plus d'accidents!


Cela va peut-être te paraître bizarre, mais, en Europe, tous le trafic aérien se fait en anglais. Les Français ne sont peut-être pas très contents, mais depuis qu'ils ont manqué flanquer un avion par terre, il y a quelques années parce la tour de contrôle ne comprenait pas ce que racontait le pilote, ils s'y sont pliés.
Au reste, il ne s'agit pas d'un essai de domination d'une minorité sur une autre, c'est une simple règle afin d'éviter les accidents. La situation est donc bien différente...

Martell
avatar 04/08/2009 @ 08:26:42
Dirlandaise,
Quand tu parles d'un peuple opprimé, d'une société où les plus faibles sont broyés et d'un monde où les plus faibles sont tellement différents, tu parles bien des Indiens d'avant Jacques Cartier, n'est-ce pas ?


De ce que je connais du Québec, les Amérindiens de l'Est du Canada n'ont jamais été vraiment exploités, ils étaient plutôt commerçants et alliés des Français et furent ensuite ignorés par les Britanniques qui exploitèrent plutôt les Canadiens-Français durant les deux siècles où ceux-ci servirent de mains d'oeuvres à bon marché pour développer le Canada. Des habitants si travailleurs qu'ils firent même la fortune de l'industrie textile en Nouvelle-Angleterre.

Nance
avatar 04/08/2009 @ 18:15:30

Dans la dernière émission, en 1975, les anglais disaient que les contrôleurs ne pouvaient pas parler français (même entre deux français!) dans les compagnies aériennes, sinon il allait y avoir plus d'accidents!

Cela va peut-être te paraître bizarre, mais, en Europe, tous le trafic aérien se fait en anglais. Les Français ne sont peut-être pas très contents, mais depuis qu'ils ont manqué flanquer un avion par terre, il y a quelques années parce la tour de contrôle ne comprenait pas ce que racontait le pilote, ils s'y sont pliés.
Au reste, il ne s'agit pas d'un essai de domination d'une minorité sur une autre, c'est une simple règle afin d'éviter les accidents. La situation est donc bien différente...

Sauf qu'ici, ça semblait plus être un prétexte, il faut mettre ça dans le contexte.

Andro2
avatar 04/08/2009 @ 18:31:20
je suis acadien mais si je serais québécois je serais souverainiste.J ai remarqué que les souverainistes sont aussi des grands hommes Comme Falardeau,Pierre Bourgault ,René Lévesque etc.Les souverainistes amenent des idéés neuves.Mais comme tous les gouvernements les souverainistes font de la POLITIQUE.Ce qui a éloigné les gens qui veulent faire du Québec un vrai pays.

Je trouve ridicule quand on se leve devant le O canada au hockey quand on se dit souvrainiste.

Et en tant que minorité acadienne je trouve choquant l utilisation de l anglais en France.

Andro2
ACADIE LIBREEEEEEEEEE

Nance
avatar 04/08/2009 @ 19:00:22
Je trouve ridicule quand on se leve devant le O canada au hockey quand on se dit souvrainiste.

Même chose quand on gagne des médailles aux jeux olympiques... on est très canadien dans ses moments-là!

Dirlandaise

avatar 04/08/2009 @ 21:52:06
Ah Andro... quel plaisir de te lire !

Toi qui es Acadien, tu sais ce qu'est l'oppression que les Britanniques ont fait subir à ton peuple par le biais de la déportation. Une horreur sans nom !

http://fr.wikipedia.org/wiki/…

Oui... vive l'Acadie libre !

Andro2
avatar 05/08/2009 @ 04:08:47
merci dirlandaise je suis content que tu aprécies


andro2

acadie libre

Ah Andro... quel plaisir de te lire !

Toi qui es Acadien, tu sais ce qu'est l'oppression que les Britanniques ont fait subir à ton peuple par le biais de la déportation. Une horreur sans nom !

http://fr.wikipedia.org/wiki/…

Oui... vive l'Acadie libre !

Dirlandaise

avatar 05/08/2009 @ 19:23:38
Ce soir, visionnement du film "15 février 1839" sur la révolte des Patriotes, de mon Pierre Falardeau que j'aime plus que tout au monde !

Un autre grand film parait-il. Je n'en doute pas connaissant le talent de M. Falardeau et ce qu'il est capable de faire quand le sujet lui tient à coeur.


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