Folfaerie 28/05/2004 @ 10:20:35
Je vous laisse méditer sur les paroles de l'écrivain d'origine argentine, Alberto Manguel, auteur d'une "histoire de la lecture" :

"...Mais ce n'est quand même pas cela qui constitue une bibliothèque. Nous faisons des choix. Notre bibliothèque reflète non seulement nos goûts et nos préférences, mais aussi nos dégoûts et nos manques. Toute bibliothèque est non seulement un choix mais aussi une censure. Elle nous révèle autant par ce qui est contenu que par ce qui est absent..."

Saule

avatar 28/05/2004 @ 10:41:55
Belle citation F.

C'est vrai que nos gouts littéraire ne sont pas innocents : quand un livre ou un auteur nous plait particulièrement c'est qu'il touche une corde sensible en nous et par là nous révèle quelque chose sur nous même qui était le plus souvent inconscient. J'ai eu le cas récemment avec Edith Wharton et Dostoievski, c'est comme ça que je me suis fait cette réflexion.

J'imagine sans problème que les manques dans notre bibliothèque peuvent tout autant nous révéler des choses sur nous.

Sido

avatar 28/05/2004 @ 13:19:46
Parlez plutôt d'identification . on aime pas dire le mot, mais ce n'est que cela. Lisez Brecht ! On veut marcher en terrain connu . Quelle connerie !

Sido

avatar 28/05/2004 @ 13:30:42
Me suis laissée piéger.

Folfaerie 28/05/2004 @ 13:47:14
Belle citation F.

C'est vrai que nos gouts littéraire ne sont pas innocents : quand un livre ou un auteur nous plait particulièrement c'est qu'il touche une corde sensible en nous et par là nous révèle quelque chose sur nous même qui était le plus souvent inconscient.


J'aime bien ce que tu dis sur ces choix inconscients, et c'est pour ça aussi que la référence de Manguel aux absences dans une bibliothèque m'a interpellée. C'est effectivement aussi révélateur que les livres présents.

Si j'ai un peu de temps ce WE je vais essayer de retranscrire une préface écrite par le fondateur des éditions Phébus, au sujet du despostisme de la littérature (les choix, les goûts imposés, le snobisme des grandes oeuvres...) et qui devrait en intéresser plus d'un. Moi en tout cas, je me suis totalement retrouvée dans son discours.

Yali 28/05/2004 @ 14:14:18
Et si pas de bibliothèque, hein ? Et si collectionneur des souvenirs ? Un livre, un souvenir. Vous me direz que c’est une bibliothèque comme une autre : vous auriez raison !

Folfaerie, de par la citation qu’elle nous livre, m’entraîne à me poser une question : il y a sa propre bibliothèque, mais il y à (surtout) la bibliothèque de l’autre. Avez-vous pour habitude de détailler la bibliothèque des gens pour, non pas se faire une opinion, surtout pas, mais quand même un petit peu ?

Folfaerie 28/05/2004 @ 14:27:33
Ah, je crains en effet que les non-possesseurs de bibliothèques ne se sentent pas véritablement concernés par cette citation, mais enfin, on peut appliquer ce principe aux lectures. Quand un lecteur décide de ne pas posséder tel livre, ou de ne pas le lire, cela revient un peu au même. Cela dévoile ses goûts.

Quant à la deuxième interrogation de Yali, et bien je l'avoue, j'aime me faire une opinion sur les gens en regardant le contenu de leur bibliothèque. Mine de rien, tout en discutant, je jette un oeil sur les rayons, regarde quelle place est accordée aux livres dans une maison... c'est révélateur et trompeur en même temps. Je connais des gens qui possèdent de belles bibliothèques, avec de bons livres... qu'ils n'ont jamais ouverts ! Mais c'est quand même un exercice amusant ;-)

Yali 28/05/2004 @ 14:47:35
Quant à la deuxième interrogation de Yali, et bien je l'avoue, j'aime me faire une opinion sur les gens en regardant le contenu de leur bibliothèque. Mine de rien, tout en discutant, je jette un oeil sur les rayons, regarde quelle place est accordée aux livres dans une maison... c'est révélateur et trompeur en même temps. Je connais des gens qui possèdent de belles bibliothèques, avec de bons livres... qu'ils n'ont jamais ouverts ! Mais c'est quand même un exercice amusant ;-)


Suis content de ne pas être le seul à avoir ce genre de petite manie. Le must, pour en connaître un peu plus sur notre hôte, serait, après expertise de la bibliothèque, d'ouvrir le frigo, puis l'armoire à pharmacie…

En Haïku :

La vie ne se résumerait-elle pas
Dans le fond
À nos collections

Sahkti
avatar 28/05/2004 @ 14:54:08
Je fais pareil. La première chose que je regarde c'est si il y a des livres, beaucoup ou non, sil ils sont savamment désordonnés (j'adore ça, ça permet de farfouiller et flâner) et puis quel style. Je passerais un temps dingue à faire ça :)

Ada 28/05/2004 @ 15:03:09
J'avoue que j'aime aussi flâner dans la bibliothèque des autres, ça permet de découvrir de nouvelles lectures, de discuter de lectures communes. Je ne pense pas pouvoir juger la personne avec ce système parce que la plupart de mes livres sont éparpillés un peu partout dans ma famille. Je ne garde que ceux que je relis régulièrement. Comme Yali, je fonctionne au souvenir, les objets m'emprisonnent trop.

Afcardona 28/05/2004 @ 15:04:14
Lors de cours de psychosociologie, on nous a enseigné à mes camarades et à moi, que lorsqu'on est invité chez des inconnus et si l'on a des connaissances littéraires et générales suffisantes, demander les toilettes pour en fait jeter un coup d'oeuil à la biblio, constitue un éxcellent moyen de cerner son interlocuteur.
Si la biblio est constituée d'oeuvres philosophiques d'auteurs athées jusqu'à l'os, alors son propriétaire sera très différent de celui qui aura une bible reliée, avec de magnifiques gravures, et ouverte à lapage en cours de "RERERElecture".
Une collection intégrale d'Arlequins : alors soyez romantiques et fleur bleue avec la maîtresse de maison, ...
Une collection de livres de guerre : personne attachant de l'importance à la mémoire et au souvenir, nostalgique, ...
C'est un éxercice intéressant, un peu la morphopsychologie appliquée à la pensée.
Je vous y invite la prochaine fois que vous serez invité.
Mais bien sûr ne tentez pas l'éxpérience à la bibliothèque nationale, vous me comprenez :-)

Duncan
avatar 28/05/2004 @ 15:15:36
Vous auriez du mal à venir fouiner dans ma bibliothèque (où les auteurs sont classés par ordre alphabétique) vu qu'elle se trouve dans ma chambre...

Nous ne sommes pas assez intimes ! Non mais !

;-)

Saule

avatar 28/05/2004 @ 15:41:17
Moi c'est un peu la technique des piles. Ceux en attente d'être lus, ceux que je veux prêter, ceux que je suis en train de lire (je lis plus ou moins trois livres en même temps). Ceux qui sont rangés dans ma bibilothèque sont quelque part un peu mort.

J'ai inversé la technique du psychologue : quand quelqu'un vient chez moi j'observe si il regarde mes piles de livres, et les remarques éventuelles qu'il fait, c'est très instructif en effet.

Janotusdebragmardo 28/05/2004 @ 15:45:26
J'aime bien fureter dans la bibliothèque des autres, non pas tant pour les cerner que pour éveiller des curiosités, ou sentir peut-être une sorte de connivence avec le possesseur de ces livres. Dailleurs, cerner quelqu'un par sa bibliothèque n'est pas évident: on peut trouver la Bible ET des philosophes athées; il peut être intéressant de connaitre ce qu'on réfute.
Chaque bibliothèque a d'une manière ou d'une autre sa propres particularité; ou sinon, on se rapprocherait de la "bibliothèque de Babel" de Borges...

Sahkti
avatar 28/05/2004 @ 15:48:04
Saule, ta remarque me fait penser qu'il m'est déjà arrivé de laisser traîner des bouquins bien en évidence exprès pour provoquer la discussion.
J'apprécie que les gens qui viennent chez moi s'emparent d'un livre sur une table ou un coin de meuble, lisent le 4e de couverture, le déposent (avec ou sans commentaires) et continuent ainsi avec un autre livre. Ce n'est vraiment pas un truc qui me gêne alors que je serais plutôt d'une nature protectionniste pour le reste de la maison :)

Paradize
28/05/2004 @ 17:27:24
En tant que mineur au sens légal, mon chez moi n'est pas vraiment ma propriété. Je ne suis donc malheureusement pas maîtresse des meubles de la maison et des décisions de mes parents. Ayant déménagé dans un appart et ma mère préférant les maisons et l'espace a déplacé notre bibliothèque dans notre boxe (pièce isolée dans la cour de notre immeuble parisien). et oui!!! quiconque viendra chez moi ne pourra analyser ma bibliothèque familiale que si il est assez proche de moi et assez aimé, aprécié et admiré pour pouvoir pénetrer l'antre de mes souvenirs et de mon avenir de lecture....

Saule

avatar 28/05/2004 @ 17:43:11
Et bien Paradize il aura bien de la chance celui qui pourra s'approcher de ta bibliothèque !

Benoit
avatar 28/05/2004 @ 18:54:32
Bonjour,
Je voudrais revenir sur le fait que l'absence de livres est autant caracteristique que la presence de certains.
Certes, certains genre de livres ne rentreront jamais dans ma bibliotheque car je l'ai decide comme ca (par exemple, j'espere que jamais un bouquin de chez Harlequin tronera sur ma bibliotheque). Parfois, au cours de grans menages, certains disparaissent car je ne les trouve plus "dignes" de rester aupres d'autres livres que je trouve plus important. Leur simple presence pourrait entacher l'ensemble de mes livres...
Donc en ce qui concerne ces livres, leur absence est caracteristique de moi.
Cependant, d'autres livres ne s'y trouvent pas car je n'ai pas encore eu le temps de les lire mais je le ferai plus tard (peut-etre dans 10 ans...) ou alors je ne les connais pas encore et je les decouvrirai plus tard car on n'est pas omnipotent, certains livres "importants" nous passent sous le nez.
Donc l'absence de ces livres n'est pas volontaire et n'est pas du tout caracteristique de moi.
Alors comment faire la difference entre les livres absents de la premiere categorie et ceux de la seconde? Je ne voudrais pas qu'on me juge , meme un petit peu, sur l'absence involontaire de livres...

Benoit
avatar 28/05/2004 @ 18:56:06
Et pourtant, j'adore regarder en catimini les bibliotheques des autres pour voir leur gout et, peut-etre, me forger une premiere impression... Et je le fais en cachette car j'ai l'impression de violer leur intimite...

Sido

avatar 28/05/2004 @ 19:40:45
"L'un de nos arrière-arrière-grands-pères avait aménagé cinq bibliothèques dont j'ai été moi-même si fier toute ma vie, assurément ce n'était pas un fou, comme on le disait toujours à Wolfsegg, un passionné de l'esprit, qui pouvait et voulait se les offrir, au lieu d'aménager partout dans nos bâtiments des salons qui ne pouvaient servir qu'à propager l'ennui et la stupidité, il y a installé des bibliothèques, et cela avec la plus grande compréhension de la littérature ..."
Extrait de EXTINCTION . THOMAS BERNHARD

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