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Pendragon
avatar 12/05/2009 @ 14:36:09
L’histoire est celle, bien connue, ou pas, de John Smith (Colin Farrell) et de Pocahontas (Q’orianka Kilcher). Comment celui-ci est arrivé un beau matin de 1607 sur les côtes de Virginie, y a bâti un fort et a sympathisé avec les indiens Algonquin. Enfin, sympathisé, oui, mais les indiens étaient assez clairvoyants en ce sens qu’ils se sont bien vite rendu compte que ces vilains blancs étaient là pour rester et ont donc cherché à en savoir un peu plus. L’idylle entre Smith et Pocahontas est née quand il était leur prisonnier, elle était sa « geôlière » particulière, en tant que fille du roi et était chargée d’étudier un peu les mœurs anglaises. C’est d’ailleurs suite à cela que les indiens se sont rendu compte que l’arrimage anglais tenait plus de la colonisation que du tourisme et qu’ils ont alors tenté de les renvoyer de force à la mer, coupant d’abord tout contact avec eux et puis en entrant en guerre ouverte. L’histoire est là pour prouver qu’ils n’y sont malheureusement pas arrivés… L’arrivée de nouveaux bateaux scellera d’ailleurs définitivement leur sort ! John Smith se voit alors convier une nouvelle mission : il doit remonter vers le nord pour cartographier la côte et tenter de trouver le passage vers les Indes, puis repartir en Angleterre. Ne pouvant évidemment emmener Pocahontas avec lui, il demande à l’un de ses hommes d’attendre deux mois et de le signaler comme mort noyé à Pocahontas (Lâcheté ? remords ? amour ? … ?). Rejetée par son peuple à cause de sa liaison, Pocahontas reste donc au camp blanc et le temps ayant fait son œuvre, elle noue une liaison avec John Rolfe (Christian Bale) de qui elle aura un fils. Invitée par le roi d’Angleterre quelques années plus tard, elle meurt sur le chemin du retour, d’une mauvaise grippe sans doute…

L’histoire est triste, voire pathétique, ne fut-ce que pour le côté colonisateur de la chose, l’aspect Roméo et Juliette n’aide évidemment en rien pour en faire une histoire digne de Disney (et pourtant ils l’ont fait !), mais ce qui marque le plus dans ce film est l’aspect documentaire que le réalisateur, Terrence Malick, a choisi comme option. By the way, c’est lui aussi qui avait réalisé The Thin Red Line, qui n’était pas vraiment drôle non plus. Et donc, ce film n’est pas du tout un film d’aventure style cow-boy / indiens, pas de grandes scènes, pas d’effets spéciaux, les images sont lentes, plus une succession de photographies en fait, de close-up, de dialogues tirés des journaux réels des protagonistes (signalons-le), le tout en lumière réelle. Tout est en douceur, le pathos est indéniable, la musique n’arrangeant en rien la « tristesse » des images. C’est une forme d’ode à la nature, un hymne sauvage, avec plan fixe sur l’eau qui coule, sur les frondaisons au soleil ou sur les champs de hautes herbes… et une moyenne de 6,7 secondes par plan, ce qui est énorme.

Au niveau du back stage, Malick s’est acharné à rendre son film le plus réaliste possible, tant au niveau des constructions diverses, qu’au niveau des personnages, des paysages, voire même des dialogues tirés d’archives de l’époque.

Quant au jeu des acteurs, on est loin du registre habituel de Farrell (Alexandre, Miami Vice, Pride & Glory) et de Bale (Batman, American Psycho, Terminator Salvation), ici, ils sont d’un calme olympien, tout en admiration quasi larmoyante devant Pocahontas, avec les yeux qui tombent un peu et un sourire esquissé discrètement, mais ils s’en tirent plutôt bien. La petite Kilcher n’a que 15 ans (ce qui est l’âge présumé de Pocahontas au début de l’histoire), elle en paraît un peu plus, mais son jeu est extrêmement pur et ingénu, dans le ton, sans aucun doute… et toujours avec musique classique et lectures de journal en arrière fond. Je vous le dis, on est en plein pathos !

Résultat des courses, superbe film, indéniablement, d’une valeur historique certaine (un peu comme l’Apocalypto de Gibson), mais, oserais-je le dire, il est introspectif à outrance et si vous avez, ne fut-ce qu’un instant, une hésitation quelconque à entrer dedans, vous allez passer à côté... et le trouver barbant et lent. Donc, je reste un peu mitigé malgré tout, car ce film est extrêmement dépendant du moment auquel vous le voyez et de votre état d’esprit à ce moment, comme c’est toujours le cas pour les films d’ambiance. Il est magnifique, certes, mais sa valeur intrinsèque dépend de par trop fortement de votre propre sensibilité… et ça, ce n’est pas l’idéal !

P.

Oburoni
avatar 12/05/2009 @ 15:16:50

L’idylle entre Smith et Pocahontas est née quand il était leur prisonnier, elle était sa « geôlière » particulière, en tant que fille du roi et était chargée d’étudier un peu les mœurs anglaises.



Non, il n'y aurait jamais eu d'idylle entre Pocahontas et John Smith.

Pocahontas aurait sauvé la vie de l'anglais alors qu'elle était enfant et lui approchant la trentaine ( ce qui rends toute relation amoureuse hautement improbable ).
De la une amitié serait née entre eux deux, et c'est tout.
Leurs rapports étaient plus du genre pére/fille ou oncle/niece que amants.

Stavroguine 12/05/2009 @ 16:07:21
Je suis absolument pas spécialiste et je ne sais pas où s'arrête l'histoire et où commence la fiction, mais écarter toute possibilité de relation amoureuse/charnelle par le simple fait que Smith avait le double de l'âge de Pocahontas (tout en étant tout de même pas bien vieux lui-même), ça me semble être une conclusion tirée un peu rapidement... C'est quand même pas du domaine de l'improbable de voir un homme de 30 ans avec une fille de 15 ans, surtout à l'époque...

Saule

avatar 12/05/2009 @ 20:31:38
J'ai regardé le début du film, puis j'ai arrêté après une demi-heure.

C'est là que je vois que je vieilli: je n'aime plus regarder des histoires tristes comme ça, même si c'est beau, en fait ça ne me dit plus rien. C'est déjà la galère dans la vie de tout les jours, si c'est en plus pour voir comment des blancs arrogants et mercantiles sont parvenus à piller des braves sauvages qui vivaient leur vie, c'est déprimant. En plus, ces types étaient vraiment stupides et cupides, j'ai beau savoir que ça a été vraiment comme ça, j'ai plus envie de le voir.

En plus, l'histoire d'amour, je savais que ça allait mal se passer, j'avais bien senti que le blanc n'était pas à la hauteur et qu'il ne serait pas capable de lâcher tout pour elle.

Enfin, bref, je ne vois plus l'intérêt de regarder des trucs déprimant comme ça, je trouve qu'on est déjà confronté dans la vraie vie à suffisamment de bêtise et de noirceur.

Je préfère regarder "Le professionnel" avec Belmondo, il passe aujourd'hui, car la musique est terrible :-)

Antinea
avatar 12/05/2009 @ 20:59:07

Résultat des courses, superbe film, indéniablement, d’une valeur historique certaine (un peu comme l’Apocalypto de Gibson), mais, oserais-je le dire, il est introspectif à outrance et si vous avez, ne fut-ce qu’un instant, une hésitation quelconque à entrer dedans, vous allez passer à côté... et le trouver barbant et lent. Donc, je reste un peu mitigé malgré tout, car ce film est extrêmement dépendant du moment auquel vous le voyez et de votre état d’esprit à ce moment, comme c’est toujours le cas pour les films d’ambiance. Il est magnifique, certes, mais sa valeur intrinsèque dépend de par trop fortement de votre propre sensibilité… et ça, ce n’est pas l’idéal !


J'ai vu ce film seul un samedi soir dans un cinéma lusitanien car personne n'avait voulu m'accompagner (c'était pas le genre de film qui bottait la troupe) et j'en suis sortie ravie ! Il m'a marquée. Un pur chef d'oeuvre, très sensuel, tout dans le toucher, les paysages... Mais comme tu le dis Pendragon, la perception de ce film nécessite un état d'esprit et je comprends qu'on puisse le trouver lent...

Oburoni
avatar 13/05/2009 @ 03:52:05
Je suis absolument pas spécialiste et je ne sais pas où s'arrête l'histoire et où commence la fiction, mais écarter toute possibilité de relation amoureuse/charnelle par le simple fait que Smith avait le double de l'âge de Pocahontas (tout en étant tout de même pas bien vieux lui-même), ça me semble être une conclusion tirée un peu rapidement... C'est quand même pas du domaine de l'improbable de voir un homme de 30 ans avec une fille de 15 ans, surtout à l'époque...


Oui, sauf que ( je viens de faire un tour sur Wikipedia, alors a prendre comme on veut... ) :
1- Pocahontas n'aurait pas eu 15 ans quant elle a rencontré Smith mais 12 tout au plus;
2- l'une des seules sources que l'on possede a ce sujet sont les écrits de Smith, et jamais il ne mentionne Pocahontas comme étant sa maitresse;
3- mieux, selon lui lorsque cette derniere était a Londres elle l'appelait "pere" (...),
4- En fait, la premiere fois que leur relation est vue de maniere amoureuse/charnelle c'est sous la plume de John Davis dans son livre "Voyage aux Etats-Unis d'Amérique"... une oeuvre de fiction, qui date en plus de 1803 ( soit bien aprés la mort des protagonistes... ).

Moi non plus je ne suis pas spécialiste ( et puis de toutes facons meme les spécialistes du sujet ne sont pas d'accord entre eux !! ) mais le fait est : en faire une relation amoureuse est une interprétation tardive, au mépris des sources disponibles.

Pendragon
avatar 13/05/2009 @ 09:23:22
Nous sommes quatre siècles plus tard, donc, il est clair que nous ne connaîtrons sans doute jamais l'exacte vérité, mais ce n'est pas si important que cela, en fait, on peut dire qu'il y avait bien une relation d'amour, probablement pas charnelle (ne fut-ce que parce qu'elle n'a pas eu d'enfant de Smith), mais une relation d'amour certaine... et puis, ce n'est pas, à proprement parler, le sujet du film ! Le sujet étant la colonisation...

Donatien
avatar 15/05/2009 @ 09:50:40
C'est vrai qu'il faut être "réceptif" pour apprécier ce film. c'est la caractéristique de tous les films de Terence Malick.Il faut absolument le visionner sur grand écran en salle de cinéma.

Comme pour tous les vrais cinéastes(ou artistes) , c'est dans leur monde qu'il faut accepter de pénétrer pour en ressentir tous les effets.

Malick est un philosophe-poète du cinéma! Les longs plans séquences, la bande son reprenant tous les bruits de la nature (qui nous deviennent étrangers, même étranges pour certains), la voix off qui récite ou commente, cette manière de raconter et de réfléchir est à contre-courant de la vitesse , des ellipses du cinéma d'aujourd'hui.
C'est ce qui fait son originalité! Comme pour d'autres grands cinéastes , David Lynch, Lars von Trier, Tery Gilliam, Bergman, Patrice Leconte (dans sa bonne époque), Bertrand Blier, etc..

Ces artistes nous transportent dans leur monde parfois étrange, dérangeant, angoissant il est vrai. Mais le monde et la condition humaine sont merveilleusement angoissants, non?

Encore une fois merci Pendragon pour ta critique.

A+

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