Yali 05/05/2004 @ 23:08:11
Sahkti
Je ne sais trop si c’est ici qu’il faut gueuler contre une critique, tant pis, je vais le faire quand même : Cinq étoiles pour « Ces prisonniers de nulle part », et tu dis connaître le Caillou, ben merde, ça me la coupe. Ouais ça la coupe au Néo-calédonien que je suis, et pas qu’un peu, je te prie de le croire ! Et je précise et rectifie : la sélection des lettres n’est pas arbitraire, non, elle est démagogique, politiquement correcte, elle ignore l’histoire, pire ; elle la méprise, — et j’hésite avec révise. Et j’ajoute que j’en ai marre de voir des touristes débarquer pour quelques mois et repartir avec un bouquin sous le bras après avoir vu ce qu’ils avaient envie de voir, lu ce qu’ils avaient envie de lire, reproduit, pour ne pas dire piller, un patrimoine à seul fin de se faire du fric !!! Ils étaient 4000 Communards dit Virginie Buisson, non, ils étaient des milliers de plus, et dans leurs rangs étaient des prisonniers de droit commun, des assassins, de fieffés truands, de vrais salauds, des innocents aussi, et parmi ces innocents ; un millier d’Algériens déportés ici pour s’être insurgé contre l’envahisseur : la France (1870, hé oui, déjà). Ou sont ces lettres ? Détruites par les geôliers de l’époque ou méthodiquement oublié par une « Ecrivain » de passage dont l’activité principale est Photocopieuse-ayant-le-soucis-de-plaire-tout-en-faisant-tourner-la-machine-à-sous ?
Merde, merde et encore remerde.
Et pardon à tous, pour la colère.

Sahkti
avatar 05/05/2004 @ 23:39:35
Réponse amicale? Hé bé...!
Primo, je n'apprécie guère ce terme de touriste que l'on me colle sans même savoir qui je suis, c'est une erreur, mais peu importe, à chacun ses idées.

Ensuite, je mets cinq étoiles (c'est mon choix comme dirait Evelyne) parce que ce livre m'a plu pour sa démarche mais aussi pour l'émotion qu'il dégage. Virginie Buisson ne prétend pas avoir retracé l'histoire du bagne ou des Communards, elle raconte ce qu'elle a vu et appris (mais il est toujours possible de lui écrire en disant que c'est une touriste, pourquoi pas après tout?). Sa démarche est clairement expliquée dans le préambule, elle voulait en savoir plus sur son grand-père et est partie sur ses traces, ne sachant ce qu'elle allait découvrir. Elle est tombée sur des lettres, des témoignages et elle les a présentées comme elle le voulait, c'est son choix d'auteur.
Est-ce parce que le bagne fut une horreur qu'elle n'a pas le droit d'en parler comme elle le fait?

Quant au terme de machine à sous, vu la faible diffusion dont ce livre a bénéficié, je ne pense pas qu'elle se soit enrichie beaucoup là-dessus. Je trouve un peu facile de critiquer une envie personnelle émanant d'un auteur qui avait besoin de comprendre et de savoir mais qui n'a jamais (j'insiste sur le jamais) prétendu raconter l'histoire des communards.
Un choix était à faire dans les lettres à disposition, qu'on l'apprécie ou non, ce n'est pas pour autant que l'auteur est un imposteur, ses lecteurs des touristes et tout ça une supercherie.
Et je maintiens mon 5 étoiles. J'ai aimé ce livre pour un tas de raisons (tout comme je peux aimer par ailleurs La Brousse en folie et Bernard Berger en sachant pourtant que ça, ça ressemble aussi à un cadeau pour touristes)

Yali 06/05/2004 @ 11:55:37
Pardon si le ton semblait agressif, mais je le répète, ce n’était pas mon intention. Quant au terme de « touriste », il ne t’était pas adressé, pas de quoi s’offusquer donc, si tant est que le qualificatif soit offusquant d’ailleurs. Il désigne les gens de passage, c’est tout ?!
Malgré cela, si je t’ai blessé, je te prie d’accepter mes excuses. Très sincèrement.
Ceci fait et je l’espère excusé, permet-moi Sahkti de préciser ma position. Ce n’est donc pas une attaque en règle de ta note (bien qu’elle me paraisse haute, c’est ton choix comme dirait Evelyne que je ne connais pas ?) mais plutôt une attaque en règle de cette foutue mécanique mise en place depuis des années et qui consiste à présenter l’histoire sous ses meilleurs hospices. Non, ce n’est pas parce que le bagne fut une horreur qu’elle n’a pas le droit d’en parler, mais c’est parce que le bagne fut une horreur pour tous qu’elle n’a pas le droit d’en oublier certains. L’idée largement admise par les non résidents (j’espère que le terme de convient) consiste à imaginer le peuple Calédonien comme les enfants légitimes des communards, et la sélection des lettres présentées dans ce livre contribue à étayer cette idée. Hors, nous le savons, la réalité étaient tout autre : cinq milles communard furent déportés en 1871, furent amnistiés en 1879 et repartirent dans leur quasi-totalité. Ils n’y passèrent que (si je peux dire) 8 années. Les transportés, c’est-à-dire les condamnés de droit communs étaient un peu plus de vingt deux mille : vols 51%, meurtres ou tentatives 29%, moeurs 9%, incendies ruraux 5%, escroqueries et fraudes 4% (source officielle). Les Arabes étaient un millier environs, la plupart étaient Kabyles et ne repartirent jamais, simplement parce que l’Amnistie les avait oubliés. Ou je veux en venir ? Et bien il me semble que l’arbitraire consistant a pioché dans la correspondance du plus petit nombre et dans le temps le plus réduit, n’est plus vraiment de l’arbitraire mais de l’élitisme. Et de fait, on est en droit de s’interroger sur les motivations de l’auteur, et ce, malgré le préambule. Encore que le terme d’auteur soit inadéquat vu que les auteurs du bouquin sont bien évidemment ceux des lettres, non ?
Je n’ai jamais employé les termes imposteur ni supercherie (et j’insiste à mon tour sur jamais), pas plus que je n’ai traité ses lecteurs de touristes. Je regrette l’angle confortable avec lequel elle aborde le sujet et le livre aux lecteurs. Quant à machine à sous, je ne sais si tu t’es déjà assis devant l’un de ces machins, alors je précise également : on gagne rarement, cependant, l’espoir est bien là.
Sinon, je ne vois pas trop le rapport avec Bernard Berger, autant qu’il me semble « La brousse en folie » n’exclut aucune des communautés de l’île ?! N’évite aucun sujet ?! Donne une image assez juste du Territoire ?!
Voilà pour, je l’espère, être plus clair.
Sans rancune, Sahkti, je comprends ta critique, l’admets, mais je la discute volontiers, cinq étoiles c’est sacrément bien payé, et que faire si l’on tombe sur un chef-d’œuvre ? Est-ce un chef-d’œuvre ?

Tiens dans le même genre d’idée, je livre à ta méditation un slogan publicitaire Australien sensé attirer les touristes sur le Caillou : Province Nord : terre des stockmans ! En apparence il est anodin, rien de bien méchant n’est-ce pas. Alors, on laisse faire ?

Amicalement.

Sahkti
avatar 06/05/2004 @ 14:40:49
Yali, ma réponse attend, soigneusement enregistrée mais j'ai beau poster et reposter, rien ne passe, je reçois un message d'erreur MSQL. Dès qu'on me dit quoi faire, je te l'envoie!

Saule

avatar 06/05/2004 @ 15:05:09
Qu'est-ce que le message dit ?

Sahkti
avatar 06/05/2004 @ 16:21:10
J'ai fait un copier-coller dans le message intitulé "erreurs répétitives" (qui s'affiche blanc quand j'essaie d'y accéder, je ne peux dont te le recopier, désolée)

Sahkti
avatar 06/05/2004 @ 16:24:22
Je viens de réessayer un post mais toujours le même message, que je peux donc copier:

"Erreur MySQL : 1064 : You have an error in your SQL syntax. Check the manual that corresponds to your MySQL server version for the right syntax to use near 'e ce livre est un chef-d'oeuvre. J'ai constaté sur ce site "

(les derniers mots étant des mots de ma réponse, mais pas les premiers mots)

Sucre
avatar 06/05/2004 @ 16:58:03
Il y a effectivement des erreurs quand on recoppie un texte de Word. Il y a des caractères bizarees qui s'ajoutent...

Je cherche la raison.

Sahkti
avatar 06/05/2004 @ 17:28:44
et en attendant, on fait comment? Ce n'est pas la première fois que des messages envoyés ne passent pas du tout sur le site à cause de ça.

Sahkti
avatar 06/05/2004 @ 17:48:41
Salut Yali.
Beaucoup de points soulevés dans ta réponse.

Je commencerai pas la question des étoiles. Ces étoiles ne signifient pas pour moi qu'e ce livre est un chef-d'œuvre. J'ai constaté sur ce site que certains livres que je trouvais plutôt nuls avaient reçu le 5 étoiles, il ne me serait pourtant pas venu à l'idée de critiquer cette cotation. Car pour moi, ces étoiles sont le reflet d'un coup de cœur, d'une émotion que l'on a ressenti face à un livre et une lecture. Je ne me permettrai pas de dire à quelqu'un qu'il a tort de donner 4 ou 5 étoiles à un livre si vraiment il l'apprécié, tout cela est personnel et en aucun cas gage de qualité de l'écriture.
(PS : "C'est mon choix" est le titre d'une émission que je déteste qui est présentée par Evelyne Thomas sur France 3, assez connue dans ce monde des émissions de fausse télé-réalité où des gogos exposent leurs problèmes devant une caméra).

Je partage ton avis quant à la présentation parfois falsifiée ou embellie de l'histoire dans les livres mais dès le départ, je savais ce que je lisais (mes études d'histoire m'ont rendue critique face à un tas de bouquins de vulgarisation historique), mais, encore une fois je le répète, il ne s'agit pas d'un livre d'histoire ici mais d'un recueil de correspondances arbitrairement choisies par une auteur au gré de ses envies, de ses coups de sang ou de cœur. Rien de plus, rien de moins. En gardant ça en tête, je ne pense pas qu'elle ait donné une vision faussée du bagne et ce n'est pas livre qui va entretenir l'idée que les Calédoniens sont des descendants du bagne (ce qui relève d'ailleurs de la pure bêtise). Je ne pense pas qu'il faille faire un procès d'intention à Virginie Buisson à laquelle on peut sans doute reprocher d'avoir privilégié l'émotion sur le reste, mais à mes yeux, dans le cas présent, ça n'était pas choquant du tout. Je suis une lectrice assidue de correspondances et je constate que c'est souvent de la sorte que l'on procède, le choix que l'on fait influence forcément le regard du lecteur.
Virginie Buisson n'a pas écrit un livre sur l'histoire du bagne, elle n'a pas non plus voulu raconter les péripéties des bagnards quels qu'ils soient mais simplement livrer une émotion brute et personnelle. Quiconque s'intéresse à la Calédonie et de surcroît au bagne sait qu'il ne s'agit pas d'un récit historique mais de sa vision de la souffrance qui a découlé de cette période.
(et pour être complète dans mon propos, en tant qu'historienne, j'aimerais que tu saches que ce n'est pas avec l'ouvrage de V.Buisson que j'étudierais l'histoire du bagne sur le Caillou, ce n'est pas à elle que j'ai pensé en errant tant de fois du côté de Nouville ou ailleurs, d'autres ouvrages ou témoignages précisent les faits. Avec elle, je cherchais autre chose et je l'ai trouvé.)

Si le procédé employé par Virginie Buisson est dérangeant, il convient alors de se poser la question du choix et des libertés d'un auteur face à un sujet. Ne peut-il le traiter comme bon lui semble à partir du moment où il l'indique clairement ? La question est ouverte et appelle tous les commentaires. J'avais déjà ouvert un tel débat dans ma tête à propos de Jacques Chessex et "L'Eternel sentit une odeur agréable" auquel on a reproché d'avoir présenté une histoire réelle à sa façon.

Pour en revenir à La Brousse en folie, j'en suis mordue mais ça ne m'empêche pas de trouver ça un brin caricatural. Si je ris en lisant les bévues de Tathan ou de Tonton Marcel, je sais aussi que c'est réducteur et que la Calédonie ne se résume pas à une tribu de "glandeurs" qui pêchent et qui rêvent à longueur de journée. C'est fin bien, oui, toutes les communautés sont présentées mais ce n'est pas tout à fait représentatif des réalités du Territoire. Mais ceci n'est que mon avis...

Enfin, pour "Province Nord : terre des stockmans", c'est un autre débat, qui n'a pas vraiment sa place ici. Mais qui évoque un vague à l'âme en moi, souvent agacée de voir qu'on vend Nouméa aux touristes japonais (les vitrines des boutiques derrière le Faré avec inscriptions japonaises uniquement et tapis rouge). En Métropole, il y a Paris et le reste (la province, si souvent péjorative). Sur le Caillou, ça devient pareil, Nouméa et le reste, même si on a divisé en Province nord et Province sud. Avec cette transformation de la réalité qui présente le nord comme la terre des rangers, des cow-boys, des hommes rudes, des grands espaces, de la Chaîne impitoyable... ce sont des slogans touristiques ça, pour attirer les touristes en mal d'aventures et de dépaysement. La faute à qui ? Aux comités de tourisme qui veulent attirer le client à n'importe quel prix ou aux tour-opérateurs qui cherchent constamment le piège à touristes de l'année ? Doit-on vendre son âme à ce point ? Les Maldives l'ont fait, la Polynésie n'en parlons pas. La Calédonie a l'air de suivre à son rythme, j'ai suivi de près la construction du Méridien de l'Ile des Pins, un désastre... mais c'est peut-être ça le prix du développement, je n'en sais rien du tout et je trouve ça dommage.

Sahkti
avatar 06/05/2004 @ 17:49:53
Ha enfin! :))
Vu que ça coince dans Word, j'ai donc copié directement depuis ma messagerie et ça fonctionne. Merci Sucre!

Yali 06/05/2004 @ 23:56:48
Le pire dans tout ça, c’est que dans le fond, tu as probablement raison. Mais, mais, mais, mais, mais, seulement parce que tu te place dans un contexte intellectuel qui supposerait que nous soyons chacun, chacune, instruit à souhait et suffisamment « réfléchissant » pour éviter le piège des amalgames. Sauf que, nous le savons, ce n’est pas le cas. Je voyage beaucoup Sahkti, et que ce soit à Tokyo, à Papeete, à Marseille, la même remarque m’est faite : La Nouvelle-Calédonie ? Ici : temps de réflexion utile pour se rappeler où ça se trouve exactement. Pas plus tard que la semaine dernière dans l’esprit de mon interlocuteur nous baignions à peu prés dans les eaux des Marquises, pour un peu il m’aurait filé un bouquet de fleurs pour que je le dépose sur la tombe de Brel, de Brassens peut-être ? Puis, tout fier il s’est exclamé, « Ha oui les descendants des Communards ! ». Revenant à l’hôtel, j’ai interrogé le chauffeur de taxi. Lui, imaginait que nous vivions sous les mêmes latitudes que la Martinique, ou dans les environs, mais pour les Communards il en était certain. Et, sans doute pour être poli, pour s’intéresser, il m’a demandé si ce n’était pas trop « insupportable » de vivre sur une île minuscule avec tant et tant de monde ? Tu y crois toi ?!
Mais avant de poursuivre, j’aimerais soulever un point avec lequel je suis en désaccord avec toi, et j’en appel aux modérateurs afin qu’ils tranchent la question.
Pour ma part, il me semble que ce forum est aussi voué aux débats de ce type. La littérature n’est jamais innocente, nous entraîne par conséquent ailleurs, loin des livres que nous lisons, et pourquoi pas s’appuyer sur un ouvrage pour discuter de sujet de société ?
Bon, en attendant une réponse, je prends le partie de croire que ce débat à sa place ici. Mais peut-être faut-il en préciser les contours, afin d’être compris. Je m’exécute, j’espère pas trop mal. La Nouvelle-Calédonie est aussi grande que la Belgique, au dernier recensement, elle portait sur son sol 186 872 individus, c’est-à-dire presque rien. Elle est divisée en deux provinces à peu prés égales, respectivement nommée Nord et Sud et les stockmans sont ni plus ni moins que des cowboys, descendants des colons (1700 familles), des bagnards (24 familles en tout) résidant principalement au Nord, D’ou le slogan « Province Nord : terre des stockmans ». Mais voilà ou se trouve la tendancieuse perversité du politiquement correct. Cette terre ainsi divisée ignore une vérité absolue : elle n’est pas la terre des Stockmans, pas la terre des descendants d’un tel ou d’un tel, pas la terre d’un Occidental, d’un Oriental, ou que sais-je encore, elle ne l’a jamais été, ne le sera jamais, elle est terre Kanak. Mais aujourd’hui, et je crois Sahkti que tu partageras cet avis, il est admis de l’ignorer. Et bras croisé nous assistons à l’un des derniers meurtres d’une identité particulière, hors norme diraient certains, exception culturelle dirait d’autres, qu’importe, à grands coups de civilisation nous dévastons une pensée unique, mystique, l’une des dernière (je le répète, c’est important), et Virginie Buisson, entre autre, nous donne tout lieu de penser que la chose est inéluctable puisque de toute manière : débuter un jour. Nous réconforte dans le « Ouais… Bof…Tu disais ? ».
Tu connais le Territoire Sahtki, plutôt bien j’imagine, et j’imagine que tu aimes cette terre, son lagon, ces gens, mais tu sais aussi que nous commettons l’irréparable, par ambition, par prétention intellectuelle, et à chaque fois que nous cautionnions un livre de plus, à chaque fois qu’un quidam s’enracine dans cette terre au nom du passé, son passé, aussi louable que soit sa démarche, il construit un peu plus l’idée du monde selon nous et déconstruit un peu plus le monde selon eux, héritiers légitimes. N’est-ce pas, vu sous cet angle, une profonde injustice, une erreur de plus ? Doit-on, au nom d’une démarche particulière, intimiste, explorer un sujet sans vraiment le cerner ni en mesurer les conséquences probables ? Doit-on, à seul fin de se raconter, raconter les autres en excluant la majorité, faire un pied de nez à l’histoire et tant pis pour les cicatrices ?
Sinon : boulette ou… quoi ?*

* Pour les non-initiés, traduire par : sinon ça va ? Mais en prenant son temps.

Sahkti
avatar 07/05/2004 @ 05:03:59
Yali, il est 5.00, je dois partir pour trois jours loin d'un ordi (je suis déjà en retard!) et c'est avec plaisir que je te répondrai dès mon retour. J'enregistre ton message au cas où il disparaîtrait du forum, sait-on jamais.
Mais il y a en tout cas au moins une chose avec laquelle je suis à 1000% d'accord et je l'ai toujours crié haut et fort: la Calédonie est une terre canaque! Avec un mélange de caldoches, de métros, certes, mais canaque elle l'est et canaque elle doit rester.
(à ce propos, que penses-tu de l'image qui en est donnée au Centre Tjibaou à Magenta?)

Et je suis d'accord (aussi) avec toi pour ce qui est de situer le Caillou ou les Loyauté... morne plaine dans les esprits dès qu'on quitte la France. Avec parfois des commentaires réducteurs du genre "si c'est pour se farcir autant de bornes et + de 20 heures d'avion, ben autant aller à Tahiti, au moins c'est beau et connu!". Comparaison qui me hérisse un peu le poil, la Calédonie, c'est tellement bien...

Bon, excuse-moi, je dois filer mais je reprends ça dès lundi fin de journée à mon retour.
Bien amicalement et bonne journée à tous!

Yali 10/05/2004 @ 21:05:48
Le centre Djibaou ? J’ai participé dans une certaine mesure à ce qu’il est aujourd’hui et je n'en retire aucune fierté. Mais j’attends ta réponse pour développer.
Je suis impatient.

Sahkti
avatar 10/05/2004 @ 22:26:05
Salut Yali.

Je ne suis pas une adepte de l'amalgame entre donner un cinq étoiles à un livre et le cautionner sur un plan politique. Pour reprendre une partie du texte d'information de ce site sur les étoiles, il est indiqué que "Pour votre information, nous considérons les étoiles comme une sorte d'indice de plaisir. Les étoiles qu'un critiqueur donne à un livre ne sont pas là pour côter un auteur ou même un livre, de la manière dont on côte un devoir scolaire, mais pour indiquer si on a aimé un peu, beaucoup, vraiment peu, vraiment beaucoup ou pas du tout le livre lu. C'est une côte tout à fait subjective représentant le degré de plaisir tiré d'une lecture. "
J'adhère à ce principe qui veut que ce soit un coup de coeur et je le répète (mais je n'ai pas envie de me répéter trop souvent, ça pourrait lasser les autres), j'ai ici fonctionné à l'émotion à propos d'une jeune femme qui est partie sur les traces de son grand-père, je n'ai pas fait l'apologie du bagne ou de quoi que ce soit d'historique, de social ou de politique, et elle non plus.

Et honnêtement, si beaucoup de gens font le lien entre communards et Calédonie, c'est aussi parce qu'en classe, les livres d'histoire qu'on rabâche aux mômes parlent de ces déportés (Louise Michel, faut pas croire, mais on l'enseigne encore) qui sont partis mourir sur le Caillou. Présenté comme ça, il est difficile de dissocier les deux et je ne suis pas du tout de l'avis qu'il faille faire porter le chapeau à quelqu'un comme Virginie Buisson. On ne peut pas faire l'impasse sur le lien entre bagne et NC, les deux sont liés. Qu'ensuite des gens imaginent que les calédoniens sont des descendants des bagnards, je désigne pour responsables l'éducation nationale et les programmes scolaires. Si tu savais le nombre de lycées où on apprend encore aux mômes que la France des DOM-TOM, c'est le paradis sur terre, qu'il y a des palmiers, des lagons, du sable fin et des postes d'enfer pour des métros en mal de primes... on ne parle jamais du chômage ou du taux de délinquance et d'illettrisme que quand il faut rameuter les pourfendeurs des subventions publiques ou l'extrême-droite en mal de voix qui voudrait se débarrasser du "fardeau" insulaire.

Finalement, plus j'y pense, plus je me dis que ce livre de V.Buisson devrait être un déclencheur, l'occasion pour les caldoches ou canaques en mal de rétablir l'histoire (la vraie, celle du caillou canaque, avec ces panneaux de bois en remontant sur la RT1 sur lesquels sont peints les mots "rendez-nous nos terres!") de sortir un peu de leur hibernation et de faire parler d'eux, autrement qu'en revendiquant, mais avant tout en informant.
Car, où je suis absolument d'accord avec toi, c'est en ce qui concerne l'ignorance dingue dont font preuve beaucoup à propos du Territoire. Malheureusement, si tu cherches des infos, tu trouves des photos de plage, de plongée ou un rappel de la tuerie d'Ouvéa. Un peu réducteur, tu ne trouves pas?
Il existe pourtant des écrivains en NC, qui ont bonne presse dans l'île mais ne s'exportent pas du tout. Ce serait l'occasion pour eux de monter au front, de raconter leur histoire et celle de leur terre pour faire contrepoids aux ouvrages de l'extérieur auxquels on reproche de travestir la réalité ou de fausser l'image de la Calédonie.
Il y a un héritage (riche et important) à défendre et qui le fait? Si peu de gens. J'aime beaucoup le centre Tjibaou, il présente une vision différente de la réalité canaque, notamment par des objets méconnus et un rappel intéressant de l'histoire, mais là encore (et je pousse un profond soupir en disant ça, j'aime cet endroit...), qu'en retient-on? Le nom de son architecte, l'aspect "folklorique" présenté dans les dépliants et point barre à la ligne. Il y a un manque cruel de volonté et/ou de moyens culturels et intellectuels derrière tout ça. Je sais que c'est lié en partie à la mentalité insulaire (heureusement qu'en NC, il ne règne pas encore ce fiù polynésien...), mais j'ai si souvent eu envie de dire "réveillez-vous, on écrit ailleurs l'hisqtoire à votre place et vous regardez en râlant sans bouger!".

C'est compliqué tout ça et je sens à nos échanges que toi et moi, quelque part, on a ça dans le sang, ça nous prend aux tripes. Et même si on n'est pas d'accord sur le bouquin de Virginie Buisson, on l'est au moins sur la richesse calédonienne.

Bien amicalement

Yali 10/05/2004 @ 22:54:47
Ou, nous sommes d’accords sur la richesse de la culture Calédonienne, d’accords sur ça, et sur bien d’autres choses, nonobstant bien sûr, la démarche d’Emilie Buisson. Cependant tu soulèves dans ta réponse une foule d’interrogations auxquelles, je l’avoue, bien volontiers, il faut que je réfléchisse. Ce n’est pas si souvent que l’occasion se présente de débattre de la politique menée en Nouvelle-Calédonie, je ne veux pas gâcher, je te prie donc de me laisser jusqu’à demain (façon de parler bien sûr), pour y répondre.

Amicalement.

Yali 10/05/2004 @ 22:57:02
Erratum
Lire en attaque de paragraphe Oui et non pas Ou…

Yali 11/05/2004 @ 19:04:58
Salut Sahkti
Je n’aime pas, mais je crains que tu n’aies raison à propos de l’éducation Nationale.
Quant au Centre Djibaou, nous pourrions discuter des heures durant des intentions de ses dirigeants, mais quel qu’ils soient, nos avis ne changeraient pas grand-chose, car encore faudrait-il que ces mêmes dirigeants aient d’autres projets que leurs ambitions personnelles. Ce n’est pas le cas, passons et attendons une direction plus responsable, voire plus volontaire. Les deux à la fois ?! Alors là, ça friserait le miracle. Un mot tout de même à ce sujet, pas pour ergoter, juste pour préciser, Picasso disait « Les musées sont le cimetière de l’art », je crois que pour un certain nombre de mal-pensants, le centre était une manière d’enterrer du même coup, art et culture, passé et présent, on peut le regretter. Pour le fiù polynésien, j’ai peur que tu ne mesures pas l’ampleur de la contagion : «Petit bateau, mais grand la cale !». Disons qu’il est plus discret, mais malheureusement aussi virulent.

Au plaisir de discuter.
Tata.

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