Provis

avatar 03/01/2008 @ 16:31:30
Un petit coup de gueule ? C’est pour une bonne cause, je crois..

Je remercie ceux qui m’envoient des voeux cybernétiques en anglais, j’apprécie l’intention mais je dois avouer que ça m’énerve un peu, même si sûrement ce n’est pas le but recherché. Pourquoi ça m’énerve ? .. :o)..

Vous connaissez Sébastien Chabal ? Il va vous expliquer, même si de Du Bellay à Deleuze et Bourdieu, d'autres déjà nous ont dit un peu la même chose, à leur façon.. :o)

http://dailymotion.com/video/…

Tout le monde aura compris qu’il ne s’agit pas d’un repli sur soi (d’ailleurs Chabal, « The Caveman », exerce son métier de rugbyman en Angleterre), mais d’un combat pour une identité, une culture, un droit à la différence..

Nance
avatar 03/01/2008 @ 19:10:48
Pour être franche, je suis pour le bilinguisme et même pour le multilinguisme (tant qu'à faire). L'important, c'est d'être capable de communiquer entre nous, ne pas resté fermé.

C'est ce que je retiens quand je lis les commentaires tarés, autant des français que les anglais, sur DailyMotion.


Enfin, le type était capable de parler anglais, peut-être mieux que le journaliste parle français. Moi, je vois plus ça comme de la malfaisance.

Exemple, si l’incident s’aurait produit avec un journaliste au Japon, est-ce que la personne aurait dit « Au Japon, on parle japonais » si la personne SAIT parler en anglais et que le journaliste ne connaît pas le japonais? Je ne sais pas si j’explique bien mon point de vue. Qu'est-ce que tu penserais si tu voyais une vidéo de ça? Vive la défense du japonais?

Peut-être le journaliste sportif n'a pas le temps d'apprendre tous les langues de tous les pays qu'ils visitent?...

Jo

avatar 03/01/2008 @ 19:16:32
Bonsoir
Je serais plutôt d'accord avec Nance ( si j'ai bien compris ton idée sur le japonais ..;o)
Il est un peu sec Chabal je trouve "We are in France we speak French"... D'autant plus que lui il parle un minimum anglais, la preuve il vire le journaliste en anglais...

Pour vivre dans un pay multilingue je trouve important que chacun tente de se rapprocher de l'autre plutôt que de refuser l'échange quand on en a la possibilité.. L'important n'est-il pas l'échange d'idées plus que la langue utilisée pour véhiculer ces idées; Le fond plus que la forme?

Saule

avatar 03/01/2008 @ 19:36:57
Oui je trouve ça nul de la part de Chabal. En Belgique c'est l'inverse, les gens parlent souvent plusieurs langues et ils sont enchantés de pratiquer avec les étrangers. Ce qui fait que les anglais qui vivent à Bruxelles et veulent apprendre le français se plaignent souvent qu'ils ne peuvent pas parler le français car tout le monde leur répond en anglais.

Saint Jean-Baptiste 03/01/2008 @ 22:37:59
Il ne faut pas confondre «défendre» sa langue et l'imposer aux autres.
D'abord une langue ne se défend pas. On la parle avec qui sait l'entendre.
À la Commission européenne, parler la langue de l'autre est devenu une sorte de sport.
Et sinon on parle l'anglais. Même entre gens du même pays.
Officieusement, c'est la règle.
Pour la petite histoire, de temps en temps un Flamand pointu fait un discours en flamand et même les Hollandais (dont c'est aussi la langue) demandent une traduction...

Provis

avatar 04/01/2008 @ 14:47:51
Je suis un peu étonné de certaines de vos réactions..
Mais Bourdieu nous avait prévenus : certains s’alarment d’un problème que d’autres n’imaginent même pas, c‘est pourquoi ces derniers s’offusquent d’un combat qu’ils trouvent aussi dérisoire qu’injustifié et violent..
En tout cas, il ne s’agit pour le français ni de battre ou de combattre l’anglais (ou l’anglo-américain), mais de vivre, de survivre.. De toute façon, devant le rouleau compresseur, la bataille serait perdue d’avance.

Je vous laisse lire ce texte de Pierre Bourdieu, qui ici s'intéresse particulièrement à l'utilisation du français dans les sciences (je me permets de mettre quelques parties en gras):

LA RÉSISTANCE

Il n'est pas facile d'intervenir scientifiquement à propos de questions qui, comme celle de la langue touchent a l'identité, c'est-à-dire aux valeurs vitales. On est sur le terrain de la guerre civile, qui prend naturellement les formes de la tragédie, parce qu'il n'y a pas de compromis entre ceux qui acceptent de pactiser, de collaborer, et ceux qui prennent le parti de la résistance.
Il y a une économie des relations linguistiques internationales. Et l'on peut fonder la lutte pour la défense de la langue maternelle dans un calcul des coûts et des profits : l'invasion de la langue étrangère menace la production culturelle indigène ; elle réduit les emprunteurs au rôle d'utilisateurs passifs, dotés d'une compétence suffisante pour recevoir, ou subir, les messages émis dans la langue dominante, mais insuffisante pour produire des messages originaux et légitimes : bref, elle institue entre les détenteurs de la légitimité linguistique et les populations linguistiquement dominées une relation d'échange inégal, dans laquelle le dominant produit à un moindre coût des produits par définition supérieurs.
Mais cette économie des échanges linguistiques serait tout à fait incapable de rendre raison des prises de position en matière de langue si elle ne prenait pas en compte que le fait de se plier à la langue d'un autre groupe est une des manifestations les plus éclatantes de la soumission - et de la démission - culturelle. On a ainsi remarqué que c'est-dans les catégories qui sont socialement prédisposées à la docilité, et en particulier à cette forme de docilité que suscite et suppose la mobilité, entre autres dans la petite bourgeoisie, que s'observait l'inclination la plus forte à adopter, au au sein d'une même communauté linguistique, les formes d'expression dominantes, à corriger par exemple les accents populaires ou régionaux. Et que, à l'opposé, les classes populaires tendaient à s'attacher à des formes de prononciation fortement stigmatisées auxquelles elles associent le sentiment de leur identité
Par delà toutes les différences, les positions dominées et les dispositions qu'elles favorisent présentent des traits invariants et les chercheurs français sont placés devant une alternative que connaissent bien tous les « provinciaux » de toutes les capitales : ou s'attacher à leur langue dévaluée, et s'attirer l'accusation de « provincialisme », ou accepter de s'exprimer en anglais - avec tous les coûts corrélatifs - et contribuer ainsi à la réduction de leur langue, déjà entamée, à l'état de dialecte.
L'adoption d'une langue étrangère est un acte de reconnaissance, un hommage apprécié comme tel par les destinataires : et il faut inclure parmi les profits et les pertes, les intérêts qui touchent à l'identité, à la dignité et qui, bien qu'ils se laissent moins directement apercevoir et apprécier que les avantages associés à la mention dans la Science Citation Index, ne sont pas moins vitaux. Ce qui explique que les luttes linguistiques prennent si souvent la forme de conflits ultimes, indépassables, où est engagée l'idée même que chacun se fait de son humanité.

Provis

avatar 04/01/2008 @ 14:51:20

Tistou 04/01/2008 @ 14:52:41
"Vous connaissez Sébastien Chabal ? Il va vous expliquer, même si de Du Bellay à Deleuze et Bourdieu, d'autres déjà nous ont dit un peu la même chose, à leur façon.. :o)

http://dailymotion.com/video/…
"
Bof ! De la part de quelqu'un qui va jouer en Angleterre pour salaires plus élevés ... un peu mesquin (qui vient de l'arabe d'ailleurs, mskin : misérable) (c'était la minute littéraire).

Jlc 04/01/2008 @ 15:27:23
Je trouve que Chabal a manqué de fair play d'autant que son interlocuteur lui a demandé s'ils pouvaient parler en anglais. Il n'a même pas attendu que le journaliste lui réponde lequel peut-être aurait pu s'exprimer en français, fût-ce imparfaitement. Quand on a la chance de parler la langue de son correspondant je trouve que c'est un plaisir qu'on se fait et qu'on lui fait.
Je ne pense pas que c'est ainsi qu'on sauvera la langue française.

Pendragon
avatar 04/01/2008 @ 15:55:03
En tant que bon Bruxellois, j'ai eu la chance d'apprendre le Néerlandais fort tôt à l'école. J'ai aussi eu la chance d'aimer les films et les films les plus récents étaient sur VT4 (je n'ai plus cette chaîne là où j'habite, à mon grand dam), ils étaient donc en anglais sous-titrés néerlandais. Ensuite, pour mes études d'ingénieur, j'ai été confronté à l'anglais et parfois à l'allemand. Chance encore, j'aime bien l'anglais (d'autant plus qu'il me permet de comprendre les chansons des vrais rockeurs de ce monde : Stones, Floyd, Zep, ...), j'ai aussi eu la chance d'aimer le rock... et puis dans ma vie professionnelle, là aussi, comble de chance, 50% de mes collègues sont flamands et les sociétés pour lesquelles j'ai travaillé (et travaille encore) étaient américaines !! Waow, vous imaginez, je parle toute la journée en flamand et j'écris en anglais !

Un seul regret, je ne vais pas assez en vacances en Espagne ou en Italie pour apprendre deux langues de plus !

Bref, vous l'aurez compris, je suis pour l'emploi des langues, le plus possible, le plus souvent possible ! Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de réactions positives que j'ai eu dans ma vie simplement parce que je parlais la langue du commensal, d'abord c'est un minimum de politesse et ensuite et surtout... ça pacifie "l'autre" et je pèse mes mots !!!!!

Nance
avatar 04/01/2008 @ 19:14:19
Pour toi, Nance .. :-)

http://languefrancaise.net/dossiers/dossiers.php/…

L'article date quand même de 1993, c'est-à-dire avant le dernier référendum souverainisme de 1995.

En général, j'aime pas le ton "battons-nous face au colonisateur", "faisons la résistance". Je ne suis pas anti-américaine, alors tu comprendras que ce n'est pas mon genre de discours et que ça ne le sera pas.

Je suis pour une meilleure maîtrise du français écrit. Saule le sait! Je le bombarde de courriels pour le site tout le temps. L'apprentissage des jeunes est la clé. Les jeunes québécois ont plus de difficulté à bien écrire le français, c'est surtout à cause des réformes scolaires.

Il y a aussi la francisation des termes anglophones et la féminisation des titres (que l’Académie française refuse, ou plus précisément Maurice Druon - http://languefrancaise.net/news/index.php/…
- ). Je crois que c’est deux derniers points vont plus rapporter à long terme que les discours anti-anglophones.

Nance
avatar 04/01/2008 @ 19:35:24
Et je ne crois pas que la bataille soit perdue d'avance, ça va faire des années que l'on parle de la mort du français, je ne crois pas qu'il soit si facile à tuer. Ici en tout cas, elle n'a jamais été autant dynamique. Du moment qu'on arrange les erreurs des réformes scolaires des dernières années au Québec, je crois que le français pourra revenir sur ses rails plus fort qu'avant.

Prince jean 07/01/2008 @ 01:51:29
j'ai bien ri !
faut jamais rater une occasion de se foutre de la gueule d'un rosbeef , il a bien raison !
personnellement,j 'ai toujours pas digéré Azincourt.

ensuite, je supporte pas les commentaires "il faut se rapprocher des autres " !!! ce sont des reflexions de lectrice de Eric Emmanuel Schmidt. Le sommet de la cucugnaiserie, la philosophie de confiserie.ca vous fou le diabète rien qu'en lisant ce genre de conneries sucrailleuses.

d'ailleur cela me rappel une reflexion de Mitterrand qui disait que le courage c'est le renoncement , et la lacheté , la moderation.

Nance
avatar 07/01/2008 @ 02:20:26
Non, tu as raison. C’est beaucoup mieux de rester dans son petit coin et s’insulter de « rosbeef » et de « mother fucker french speaker » entre nous, personnes civilisées...

Nance
avatar 07/01/2008 @ 02:33:45
Aussi, est-ce que je suis la seule qui trouve que de traiter les anglophones de « rosbeef » d’ironique ?

Tistou 07/01/2008 @ 07:26:13
Non, tu as raison. C’est beaucoup mieux de rester dans son petit coin et s’insulter de « rosbeef » et de « mother fucker french speaker » entre nous, personnes civilisées...

Salut Nance,
Toi tu es dans le vif du sujet. Tu es confrontée quotidiennement au problème. Pour nous, français, c'est un peu plus "ésotérique". Pour les belges, ça a aussi certainement une réalité plus douloureuse.
Rosbeef, ironique ? Sans aucun doute. Presque passé dans le langage courant ...

Saule

avatar 07/01/2008 @ 09:35:54
Aussi, est-ce que je suis la seule qui trouve que de traiter les anglophones de « rosbeef » d’ironique ?

Il y a une rivalité ancestrale entre la France et l'Angleterre. C'est comme nous les belges quand on dit les "kaaskop" (tête de fromage) pour parler des hollandais. Donc dire rosbeef c'est plutôt de l'humour que du mépris, les anglais eux traitent les français de mangeur de grenouilles.

Ce qui n'empêche que la réflexion de Chabal était nulle je le répète.

On peut regretter que l'anglais ait colonisé la sphère économique et technique, d'ou le fait que les français tentent de défendre leur langue dans les autres domaines, mais bon il ne faut pas confondre défense et mépris de l'autre.

Pendragon
avatar 07/01/2008 @ 13:43:57
La réaction du Prince Jean prouve mon propos, le multilinguisme (lui, ne doit pas l'être !) pacifie les gens...

Ah oui, pour ceux qui me connaissent, c'est une évidence, mais pour les autres, je tiens à préciser que je suis tout ce que vous voulez mais pas fleur bleue ou naïf ou lecteur de Barbara ou autres... que du contraire !

Provis

avatar 07/01/2008 @ 14:35:40
Je pense que je n’aurais pas dû introduire ce post avec la vidéo « Chaball speaks la France », ce n’est qu’une illustration, même si moi aussi elle m’a fait un peu rigoler (il faut être gentil, mais ça n’oblige pas à être naïf : je serais bien étonné que les journaux ou les télés étrangères envoient en France des journalistes incapables de poser en français un question à un français). Je ne vais pas accuser le journaliste en question d’être un perfide de la perfide Albion, mais à mon avis, il y a un jeu là-derrière, dont Chabal s’est tiré de façon carrée, mais honorable et au bout du compte, courtoise. J’ai le droit de penser ça sans porter de jugement désobligeant sur quiconque.

Je pense que je n’aurais pas dû introduire mon post avec cette vidéo (j'ai cédé à la méthode accrocheuse du publicitaire, pardon .. :o)..), parce que du coup on se retrouve beaucoup en dehors du sujet. Il ne s’agit évidemment pas de bouter l’anglois hors de France, et à vrai dire, je suis un peu vexé de me voir accusé d’anti-américanisme primaire.. :o)..
Il s’agit, dans le cadre général de l’uniformisation de la culture, d’un combat qui concerne toutes les langues (au premier chef, la mienne, je ne m'en cache pas), excepté la dominante, l’anglo-américain. Et ce n’est pas ma faute si la tentative d’uniformisation linguistique et culturelle est anglo-saxonne.


Je reviendrai plus en détail sur la question, tant pis pour vous, voici en attendant une petite citation de Claude Hagège :

"… je lutte contre les tendances hégémoniques de quelques langues dominantes en raison de la puissance économique et politique des Etats qui la pratiquent, je pense surtout à l'anglo-américain dont le vocabulaire envahit la planète, en particulier les termes scientifiques et techniques (informatique, finance, musique pop, techno etc.) et dont l'influence cause parfois des distorsions dans l'usage de notre propre vocabulaire (ex. en français, alternatives, opportunité, partition, supporter tendant à supplanter les mots corrects possibilités, occasion, partage, soutenir etc..) D'autre part … il y a actuellement 5000 langues parlées dans le monde, et il en meurt 25 chaque année, la tendance va en s'accélérant, soit par suite de massacres de population, c'était le cas par exemple des Indiens d'Amérique et des aborigènes d'Australie, soit par abandon de la langue maternelle au profit de la langue dominante des conquérants, parfois sans réelle contrainte mais par honte de parler un idiome perçu comme socialement inférieur (facteur socio-linguistique). La mort d'une langue entraîne la disparition de trésors d'originalité et de traditions, de façons différentes d'appréhender l'univers. J'ai examiné les causes et le processus de disparition de langues ou dialectes, puis les efforts entrepris jusqu'ici pour le maintien de certaines langues en voie d'extinction et ce qu'on peut encore faire actuellement pour lutter en faveur de leur existence."

Provis

avatar 07/01/2008 @ 14:37:17
La réaction du Prince Jean prouve mon propos, le multilinguisme (lui, ne doit pas l'être !) pacifie les gens...

Ah oui, pour ceux qui me connaissent, c'est une évidence, mais pour les autres, je tiens à préciser que je suis tout ce que vous voulez mais pas fleur bleue ou naïf ou lecteur de Barbara ou autres... que du contraire !
On défend donc la même chose, si je comprends bien, le multilinguisme..

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