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" Walther ce boche, mon ami "
Ce roman publié en 1954 aux éditions Denoël et réédité depuis se révèle passionnant, et même troublant. « Walther » est l’histoire d’un jeune professeur d’histoire, Claude Bougerot, chercheur en archéologie et en ethnologie, qui, après la campagne de France et l’« étrange défaite » de 1940, rejoint son poste à Autun.
Là, il remarque rapidement, au cours d’une baignade, un jeune officier allemand, Walther von Biesgheim, ayant perdu deux frères à la guerre, qui travaille exactement sur le même sujet que lui : les origines celtiques de l’Europe.
Mais la rumeur publique se saisit de l’affaire malgré la discrétion des protagonistes, et les menaces se précisent à l’encontre du « mauvais Français ». Un jour, le fils de Claude rentre de l’école, sérieusement amoché par ses camarades, puis, on lui suggère de quitter le village. Bientôt dénoncé, il est arrêté par la Gestapo comme espion…Il parvient à s’évader et se réfugie chez son oncle où il retrouve sa femme. Pour se dédouaner et protéger sa famille, le jeune homme obéit aux conseils d’une sinistre figure d’ecclésiastique, l’abbé Painchaud, et part pour le maquis. Son désenchantement est grand. La mythologie « résistantialiste » est démantelée.
Vincenot ne s’est jamais laissé aller à quelque discours haineux à l’encontre de qui que ce soit. Il livrait ses réflexions désolées sur l’honneur mal compris (il citait Barbusse : « S’il y a quelque part des hommes humains, on n’a qu’à crier « Patrie! », et tout le monde se mord»), l’absurdité de la guerre et les souffrances intolérables qu’elle engendre. II nous entretint toujours très philosophiquement et avec émotion du pouvoir de l’Amour, du devoir d’objection de conscience (« Tu ne tueras point », « Tu aimeras même tes ennemis »), et de la nécessité d’une collaboration fraternelle et universelle (« Si tous les gars du monde voulaient se donner la main... »), dans la vie ordinaire comme dans les entreprises d’envergure telles que la recherche ou d’autres oeuvres de l’esprit.
Au bout du compte, ce roman sur fond de guerre nous dit bien haut ce que chacun pense tout bas: « C’est curieux vous vous imaginez tous être chargés de nettoyer le monde! Vous êtes l’Archange qu’on attendait pour en finir avec le dragon! Et le dragon, c’est chacun de vous! Tous combattants sont à la fois saint Michel et Satan, vous n’ finirez jamais! Que saint Michel démissionne, et Satan disparaît du même coup!... Et cette Paix que tout le monde espère : « nous ne la connaîtrons que lorsque le dernier volontaire aura tué le dernier héros sur le cadavre du dernier tribun »! »
II n’est pas, de nos jours, de plus brûlante actualité...
http://users.skynet.be/pierre.bachy/…
Ce roman publié en 1954 aux éditions Denoël et réédité depuis se révèle passionnant, et même troublant. « Walther » est l’histoire d’un jeune professeur d’histoire, Claude Bougerot, chercheur en archéologie et en ethnologie, qui, après la campagne de France et l’« étrange défaite » de 1940, rejoint son poste à Autun.
Là, il remarque rapidement, au cours d’une baignade, un jeune officier allemand, Walther von Biesgheim, ayant perdu deux frères à la guerre, qui travaille exactement sur le même sujet que lui : les origines celtiques de l’Europe.
Mais la rumeur publique se saisit de l’affaire malgré la discrétion des protagonistes, et les menaces se précisent à l’encontre du « mauvais Français ». Un jour, le fils de Claude rentre de l’école, sérieusement amoché par ses camarades, puis, on lui suggère de quitter le village. Bientôt dénoncé, il est arrêté par la Gestapo comme espion…Il parvient à s’évader et se réfugie chez son oncle où il retrouve sa femme. Pour se dédouaner et protéger sa famille, le jeune homme obéit aux conseils d’une sinistre figure d’ecclésiastique, l’abbé Painchaud, et part pour le maquis. Son désenchantement est grand. La mythologie « résistantialiste » est démantelée.
Vincenot ne s’est jamais laissé aller à quelque discours haineux à l’encontre de qui que ce soit. Il livrait ses réflexions désolées sur l’honneur mal compris (il citait Barbusse : « S’il y a quelque part des hommes humains, on n’a qu’à crier « Patrie! », et tout le monde se mord»), l’absurdité de la guerre et les souffrances intolérables qu’elle engendre. II nous entretint toujours très philosophiquement et avec émotion du pouvoir de l’Amour, du devoir d’objection de conscience (« Tu ne tueras point », « Tu aimeras même tes ennemis »), et de la nécessité d’une collaboration fraternelle et universelle (« Si tous les gars du monde voulaient se donner la main... »), dans la vie ordinaire comme dans les entreprises d’envergure telles que la recherche ou d’autres oeuvres de l’esprit.
Au bout du compte, ce roman sur fond de guerre nous dit bien haut ce que chacun pense tout bas: « C’est curieux vous vous imaginez tous être chargés de nettoyer le monde! Vous êtes l’Archange qu’on attendait pour en finir avec le dragon! Et le dragon, c’est chacun de vous! Tous combattants sont à la fois saint Michel et Satan, vous n’ finirez jamais! Que saint Michel démissionne, et Satan disparaît du même coup!... Et cette Paix que tout le monde espère : « nous ne la connaîtrons que lorsque le dernier volontaire aura tué le dernier héros sur le cadavre du dernier tribun »! »
II n’est pas, de nos jours, de plus brûlante actualité...
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