Agnelle 18/04/2004 @ 20:59:19
J‘habite avec ma famille dans un appartement de cinq pièces avec une cuisine et deux sdb. L’appartement se trouve au deuxième étage d’un bâtiment qui fait partie d’une file de bâtiments, séparée par une rue d’une autre file de bâtiments. Tous ces bâtiments se trouvent dans ce qu’on appelle le centre d’une ville de moyenne importance. Tout cela est donc assez banal. Pourtant…
Comment expliquer ce qui nous est arrivé?
Cet appartement, nous l’habitons depuis vingt ans. Nous avons été les premiers locataires. Il a commencé par ressembler une famille assez nombreuse. Par la suite mes deux frères et ma sœur sont allés vivre ailleurs. Ils reviennent souvent. Trop souvent à mon goût. Pas moyen d’avoir un peu de calme quand ils débarquent seuls ou avec conjoint et enfants et à n’importe qu’elle heure de la journée. Ma mère a fait en sorte que ce soit le quartier général de la famille.
Cet appartement si banal, est la source de mon malaise. Cela fait juste une semaine que j’ai pu en parler à ma mère. C’est arrivé quand je me trouvais dans la deuxième sdb, celle qui se trouve au fond. Comme toujours je me demandais pourquoi nous ne l’utilisions que rarement. Cette sdb est assez grande, elle possède tous les aménagements nécessaires. Elle a donc tout pour être fonctionnelle à défaut d’être agréable. Cette sdb, dont on se sert très rarement, parait toute poussiéreuse presque sale, elle ne va pas avec le reste de la maison où tout est pimpant et bien entretenue. Quoi qu’on fasse, elle garde ce même air de vieux truc sale et humide. Quand j’y vais, j’ai l’impression de déranger, comme si j’avais interrompu quelque chose. Peut être qu’il y’a de insectes ou pire des souris. Je n’aime pas cette pièce, et je crois qu’elle ne m’aime pas non plus. C’est risible, je le sais et je n’en parle à personne, on se moquerait de moi. Je n’ai donc jamais rien dit, jusqu’au jour où cela s’est produit. J’y suis allée, l’autre sdb étant occupée. Quand j’y suis entrée, je me suis sentie étrangement angoissée. J’ai entendu un bruit, j’ai cru à la présence d’une souris. J’ai vite appelé ma mère et nous avons cherché où elle pouvait se cacher. J’ai alors remarqué le regard fixe de ma mère. J’ai suivi son regard et j’ai vu ce qu’elle regardait. Le robinet coulait, d’abord goutte à goutte ensuite au débit maximum. Ma courageuse de mère est allée le fermer, alors le néon qui se trouve au dessus de la petite glace s’est allumé et le robinet s’est remis à couler. Ma mère m’a regardé et m’a dit d’un vois presque normale : viens, j’ai quelque chose à te dire.
Je l’ai devancé à la sortie. J’avais une peur panique qu’elle me laisse seule dans cette sdb. Elle a fermé la porte derrière elle. Elle m’a dirigé sur la cuisine. Elle a retrouvé la clé standard de la porte et elle l’a fermée à double tour. A la cuisine, nous nous regardions sans rien dire. Ma famille s’enorgueillissait de son esprit rationnel. Nous n’étions ni croyants ni pratiquants. Les gens, qui parlaient des phénomènes paranormaux, étaient à nos yeux des escrocs ou des imbéciles. Alors, que s’est il passé dans la sdb ? Une souris qui ouvre les robinets et allume les interrupteurs. Nous étions prêtes à envisager toutes sortes d’hypothèses, mais la souris intelligente et invisible, c’était dur à avaler. Ma mère m’a demandé de ne pas en parler aux autres. Nous allions leur dire qu’il y’avait un problème de canalisations et que la dite sdb était inutilisable. Le soir était déjà là. J’allais me retrouver seule dans ma chambre. Avec mon amour de la tranquillité. J’avais choisi la chambre la plus isolée donc juste à coté de cette sdb. C’est à peine si je n’ai pas demandé à mes parents à dormir avec eux, dans leur lit, avec mon père à ma droite et ma mère à ma gauche. Je me suis contentée de rester scotchée en face de la TV. C’était la seule présence que je pouvais m’offrir sans attirer l’attention sur moi. J’ai passé la nuit sur le canapé avec la TV allumée et sans pouvoir fermer l’oeil. Je suis restée éveillée à surveiller le silence de la maison et le sommeil des dormeurs. Je suis une noctambule pratiquante. Rien ne ressemble à la nuit. C’est vrai, mais rien n’a ressemblé à cette nuit là. J’ai attendu le lever du jour pour pouvoir m’assoupir un peu. Ma mère m’a réveillé en me trouvant endormie sur le canapé. Je lui ai dit que je m’étais endormie en regardant un film. Elle n’a pas fait de commentaires au sujet de la TV de ma chambre. Elle non plus, n’avait pas l’air d’avoir beaucoup dormis. Une fois les autres réveillés et le petit déjeuner pris, tout le monde est parti sauf ma mère et moi. J’ai téléphoné au bureau en prétextant une grippe. Je ne pouvais laisser ma mère seule.
Avec des sourires crispés, nous avons parlé d’aller jeter un coup d’œil sur la sdb. Nous n’avons pas eu le courage de le faire. Une expérience nous avait suffit. Qu’allions nous trouver ? De l’eau chaude dans la baignoire ? De la buée sur la glace ? Quelque chose de pire ? Je pense, que les deux personnes très rationnelles que nous étions, y’aurions laissé notre esprit. Nous étions au XXI eme siècle, nous habitions un appartement banal, dans un bâtiment banal, dans une ville banale et nous avions peur de notre sdb. Nous avons parlé d’exorciste, de medium, d’ondes positives et négatives. Nous nous sommes même dit que c’était peut être une farce de l’un de nos frères. Je n’y croyais pas et ma mère non plus. Je lui ai alors avoué que je n’avais jamais aimé cette pièce. J’y’ ai toujours ressentie une atmosphère différente du reste de la maison. J’ai dit à ma mère que j’avais toujours eu du mal à me déshabiller dans cette sdb comme si on me regardait. Elle n’a pas ri, elle ne s’est pas moquée de moi. J’aurais presque préféré qu’elle le fasse. Non, elle avait l’air de me comprendre. Ma mère a dit la seule phrase qui nous a fait rire de la journée, notre phrase clin d’œil. Elle m’a dit : courage, fuyons.
C’est ce que nous avons fait, en un temps record. Une semaine nous a suffit pour trouver un autre logement et déménager. Une très longue semaine, au cours de laquelle ma mère et moi faisions le gué au cours de la nuit. Nous n’avons rien dit aux autres. Nous sommes arrivées à les convaincre assez rapidement. Bizarre, qu’ils aient tous été d’accord. Est-ce que par hasard eux aussi….
En recherchant un nouveau logement, nous avons « testé les ondes ». Nous avons pris celui où elles nous paraissaient positives. Nous avons parlé de ramener un religieux le bénir. Nous n’avons pas osé aller plus loin que le test des ondes. peut être que ma mère l’a fait en cachette. Je ne le sais pas et je ne veux pas le savoir. Depuis que nous habitons notre nouvelle maison, nous ne parlons plus de ces choses là. C’est un sujet tabou. Nous sommes redevenus tout à fait pragmatiques, comme avant, le paranormal c’est du charlatanisme. N’empêche, j’ai choisi ma chambre loin de la sdb. Elle est à côté de la porte d’entrée. Je suis prête à toute éventualité. Je ne ris plus quand j’entends certaines histoires. Non, je ne trouve plus cela drôle. J’ai vu d’autres choses mais comme j’étais seule…

Yali 18/04/2004 @ 22:35:21
Bienvenue Agnelle.
Puis-je avoir ton adresse mail ?
Si oui, envois un courriel, même vide, sur cette adresse :
marieste@tele2.fr

Balamento 22/02/2005 @ 21:51:48
Au fin fond de ce forum, il y a tout de même des textes à allure psychanalytique, sans aller chercher très loin, et d'une écriture maîtrisée, soignée, tenue, simple...

C'est très étonnant ;-)

Comme quoi, les textes qui attirent l'oeil ou l'attention, c'est très subjectif tout ça.

Le thème du rapport de la mère à la fille est amusant dans ce texte. Amusant et à la fois il y a cette salle de bain... Tout au fond. Mais, mon dieu, que peut-elle bien représenter cette pièce oubliée ? ;-)

Lyra will 22/02/2005 @ 23:28:43
Bienvenue Agnelle.
Ton texte m'a un peu, comment dire, troublé ?
Bref, il est très bon ce n'est pas le problème (au moins tu sais comment faire passer les émotions, y'a pas de soucis ;0))
Mais est-ce que c'est une histoire vraie ?

Tistou 23/02/2005 @ 10:14:07
Lyra, voila ce qu'était le Forum/Vos Ecrits il y a encore 9 mois. Quelques rares pionniers ; Yali, puis Monique, puis Kilis et moi, puis ... s'y sont investis, ont rameuté le quartier, et ça devient beaucoup moins confidentiel.
Et il y avait, comme celui ci, des passages météoritiques, des textes mis, sans critiques, sans opinions, et les gens ne faisaient que passer. C'est probablement ce qui s'est passé avec Agnelle.

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