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Forums  :  Vos écrits  :  Verdun, soleil rouge

Lincoln 24/04/2006 @ 18:30:38
En janvier, j’avais glissé quelques vers d’une poésie sur le fuseau “Des vers, c’est comme ça vient”. Poussé par l’actualité historique, j’ai allongé de quelques strophes, et voilà…


   Verdun, soleil rouge

Sur l’horizon tout orangé
Le vieux soldat fume sa pipe,
Trois quat’ bouffées partent en fumée,
Tragique passé, sûr qu’il médite.

Les yeux fermés les paupières brûlent
Des souvenirs du sang, du feu,
Des os des chairs tant qu’on en veut
Et le chef dit “Faut pas qu’on r’cule”

Au fond du trou, la boue les rats,
Ils sont tous sûrs de crever là
Le no man’s land sous la mitraille
A déchiré tant de poitrails.

Déluge d’acier la mort est là
Touche la jambe du vieux soldat
C’est le clin d’œil de la faucheuse
Qui le renvoie loin de la Meuse.

Au crépuscule il s’est levé
S’est retourné une dernière fois
Et de son pas tout de guingois
Vers son village s’en est allé.

Ces foutues guerres nées de folies
Ont fait ici tant de meurtris,
Et de leurs hommes trop tôt partis
Combien de femmes se sont languies?

Peut-être un jour que nos enfants
Répareront en grandissant
Les pires erreurs des temps passés,
Pardonneront sans oublier.

Felixlechat

avatar 24/04/2006 @ 23:04:55
Bonsoir Lincoln,

Que de fois j'ai pensé à ce que tu décris! L'horreur d'une guerre qui tue les hommes sans merci.
Les familles meurtries, les femmes qui jamais ne trouveront de mari (1914/1918).

Ces conflits ignobles qui font s'entretuer les pauvres gens arrachés à leur clocher. C'est l'infâmie immonde qui tue le paysan, le boulanger, l'épicier... et tout celà pourquoi?

Bravo pour ce texte réaliste et juste.

FLC.

Jonjon21 24/04/2006 @ 23:46:35
Ah bin je trouve ça très beau, mais permet-moi de te faire remarquer que ton compte des pieds n'est pas toujours juste!

"Trois QUAT'boufFÉES parTENT en FUmée"... ça fait neuf pieds.
Même chose dans plusieurs autres vers.
Je crois que tu as présumé qu'il n'était pas nécessaire de faire la liaision entre PARTENT et EN, mais malheureusement pour toi, tu n'as pas le choix.

Ça c'est pour toutes les fois où tu m'as corrigé ;-)

Felixlechat

avatar 25/04/2006 @ 00:59:12
Jonjon, tu es super, tu comptes les pieds!
Et le texte, lui-même, qu'en penses-tu?

FLC.

Jonjon21 25/04/2006 @ 01:50:52
ah, mais je le trouve génial le texte, comme d'habitude avec Lincoln! Très dure et triste!

Tistou 25/04/2006 @ 03:25:26
Ode antibelliqueuse. Bien tournée et qui nous parle. Mais la fin me parait par trop moralisatrice, trop simpliste. Il parait naturel d'être contre la guerre, c'est vrai. Mais est-ce si simple ? Et peut-on toujours en faire l'économie ? (je ne suis pas va-t-en-guerre pour autant !)

Jonkind 25/04/2006 @ 16:57:06
j'aime bien, lincoln ! Peut-être aurais-tu pu, comme l'annonçait le titre, décrire un plan ou une tranche de vie plus représentatifs de cette bataille et ainsi être moins général que dans les 2 dernières strophes. Ceci étant, je le redis, j'ai bien aimé !

Lincoln 25/04/2006 @ 18:12:35
Ça c'est pour toutes les fois où tu m'as corrigé ;-)
Pas de problème Jonjon, c’est la règle du jeu. Je serais bien mal inspiré de refuser des remarques que je fais moi-même à d’autres.

Mae West 27/04/2006 @ 11:10:23
Vraiment je crois que tu tiens là un très bon texte, il y a de la densité, (de l'épaisseur ) comme j'aime à lire et un côté familier qui n'enlève rien à l'aspect poétique de ce vieux soldat qui fume sa pipe .....pas très dans le rythme, moi je pense que dans l'ensemble ça passe, il ne faudrait pas grand chose d'ailleurs pour corriger mais peut-être cela enlèverait du charme à ce portrait :
"trois ptites bouffées en ronds d'fumée"
image qui évoque irrésistiblemement pour moi ....Popeye
En tous cas bravo !

Lincoln 27/04/2006 @ 19:01:31
Peut-être aurais-tu pu, comme l'annonçait le titre, décrire un plan ou une tranche de vie plus représentatifs de cette bataille et ainsi être moins général que dans les 2 dernières strophes.
C'est vrai Jonkind. Alors j'ai ajouté trois strophes. Mais plutôt que les coller esseulées je remets le poème entier. Les trois strophes vont de "Dans le boyau aux murs de terre…" à "Et dans l’eau pourpre ils sont tombés."

Verdun, soleil rouge

Sur l’horizon tout orangé
Le vieux soldat fume sa pipe,
Trois quat’ bouffées partent en fumée,
Tragique passé, sûr qu’il médite.

Les yeux fermés les paupières brûlent
Des souvenirs du sang, du feu,
Des os des chairs tant qu’on en veut
Et le chef dit “Faut pas qu’on r’cule”

Au fond du trou, la boue les rats,
Ils sont tous sûrs de crever là
Le no man’s land sous la mitraille
A déchiré tant de poitrails.

Dans le boyau aux murs de terre
Ils ont déjà creusé leur tombe
Dans les rares abris de pierre
La folie guette au bruit des bombes.

Le paysage est bouleversé
Au pilonnage des obus
Pluie de fer ininterrompue
Gerbes de terre et sang mêlés.

La rage aux tripes ils sont sortis
Hurler leur peur à l’ennemi
Mais les shrapnels les ont stoppés
Et dans l’eau pourpre ils sont tombés.

Déluge d’acier la mort est là
Touche la jambe du vieux soldat
C’est le clin d’œil de la faucheuse
Qui le renvoie loin de la Meuse.

Au crépuscule il s’est levé
S’est retourné une dernière fois
Et de son pas tout de guingois
Vers son village s’en est allé.

Ces foutues guerres nées de folies
Ont fait ici tant de meurtris,
Et de leurs hommes trop tôt partis
Combien de femmes se sont languies?

Peut-être un jour que nos enfants
Répareront en grandissant
Les pires erreurs des temps passés,
Pardonneront sans oublier.

Tistou 27/04/2006 @ 20:07:59
Ces 3 nouvelles strophes s'insèrent parfaitement Lincoln.
As-tu lu Bernard Clavel et notamment "Le soleil des morts" ?
Tu me parais de plus en plus avoir de la facilité pour rimer !

Lincoln 28/04/2006 @ 08:28:46
As-tu lu Bernard Clavel et notamment "Le soleil des morts" ?
J’ai lu une douzaine de Clavel. J’aime. À Noël j’ai lu “Les grands malheurs”. Mon avis ci-dessous:
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/10729

J’ai enchaîné avec “Les roses de Verdun” que j’ai un peu moins apprécié. Je n’ai pas lu “Le soleil des morts”.

Le rat des champs
avatar 28/04/2006 @ 08:44:32
Très beau poème et tellement actuel, Lincoln. Parfois ce monde peut être vu comme désespérant.

Arundhati
avatar 17/05/2006 @ 22:04:08
Je verrais vraiment bien ce texte mis en chanson, Renaud pourquoi pas.
Peut-être parce que le rythme très régulier me paraît aussitôt musical (c'est vrai que j'ai quant à moi, et contre la grande majorité semble-t-il, beaucoup de mal avec les poèmes trop scandés).
Le thème est très bien abordé, avec comme toujours beaucoup d'humanité et de retenue, j'y vois un clin d'œil à Blaise Cendrars, et je n'ai pas trouvé la fin mièvre du tout.
Au contraire, elle a la simplicité et le naturel que l'on perd trop facilement...

Felixlechat

avatar 21/05/2006 @ 00:17:41
Et dans l'eau pourpre ils sont tombés.


C'est trés juste, Lincoln. C'est la description d'un combat terrible. Ces hommes baignaient dans une eau rouge de sang
Lorsqu'ils revenaient dans leurs abris, les rats et la vermine les attendaient. J'ai lu et relu ton texte. Il est magnifique.
Je suis devant mon écran d'ordinateur. Je pense à ces valeureux et splendides soldats, privés de tout, assoiffés, affamés et meurtris. Je n'arrive même pas à leur cheville et je te remercie d'avoir décrit leur immense sacrifice.

FLC.

Yaya57 25/01/2013 @ 20:57:34
Très beau poème, il me semble que mon instituteur nous l'avais fait apprendre au CM2... :) Vous êtes démasqué!

Léa

Plume84

avatar 31/01/2013 @ 14:02:27
Un poème rythmé qui nous plonge dans les tranchées, parfume l'air de l'odeur du sang, nous imprègne de l'horreur d'un temps.
Un beau poème.

Pierrot
avatar 21/11/2014 @ 09:17:00
Bonjour.

Très bon poème. J'aime.

Catinus
avatar 21/11/2014 @ 23:09:16
J'aime aussi. Surtout qu'on y cause de la Meuse ...

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