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« La mélancolie du dimanche », Christine Orban, Albin Michel
Critique de Patrick Besson, « Marianne », 1 avril 2004
Ca fait peut-être un peu trop longtemps que Christine Orban nous inflige, chaque année ou presque, un conte beat et languide où le narcissisme bourgeois le dispute au bovarysme poétique ou plutôt non poétique. La livraison 2004 s'appelle « la Mélancolie du Dimanche » ; le titre nous rappelle évidemment « On s'ennuyait le Dimanche » de Pascal Sevran. C'est un peu ça le problème des rentiers : le dimanche ils s'emmerdent. Parce que les boutiques de luxe sont fermées ? Comme ils n'ont rient foutu pendant la semaine, ils n'ont pas besoin de repos. L'héroïne de Christine est prof. Je peux te dire un truc Christine, le dimanche les profs ne sont pas mélancoliques, ils sont contents ! Je le sais, j'ai vécu avec une prof pendant dix ans. Il y a aussi le probleme de la nourriture. "Si on creve de faim, il faut galerer pour trouver du pain." Vision d'apocalypse, Christine Orban errant le dimanche dans le 7° arrondissement à la recherche d'une baguette. Happy end : "heureusement, en bas de chez moi, il y a l'epicier marocain." Ouf. Christine rajoute, avec un but evident d'anti-rascisme et de melange des cultures et peut etre meme un clin d'oeil en direction de notre president feru des arts premiers : "Je lui achete n'importe quoi et je peux discuter avec lui."
L'héroïne n'a pas de prénom, ou alors ça m'a échappé. Elle a un mari (Christian) et un ex-amant (Jules) Un dimanche, elle retrouve dans son fatras une lettre de Jules non ouverte. On se dit : bon, elle va l'ouvrir. Ben, non. Elle ne sait pas si elle va l'ouvrir. Elle se demande. Elle attend. Et pendant ce temps, elle se souvient de la liaison avec jules. La raconte. Par bribes, allusions, flash, car nous sommes dans un roman moderne. Et nous du coup on s'impatienterait. On voudrait savoir ce qu'il y a dans cette foutue lettre. Qu'est ce qu'un abruti pourrait bien écrire d'intéressant à une idiote dans le roman d'une écervelée ? On s'en tape, comme dirait mon fils. On s'en balance, comme disait mon père. Moi je dis plutot, on s'en branle.
Donc l'heroine est prof. Prof de fac ! Là , l'identification avec Christine est impossible. Mais c'est peut etre ce qu'il y a de plus touchant chez elle : ce désir d'intellectualisme. Ce qui caractérise Christine Orban depuis une vingtaine d'années, c'est la volonté d'être un bas bleu. Britney Spears se rêvant Elizabeth Badinter. Elle donnerait ce qu'elle a de plus précieux, c'est-à-dire son physique et peut être même sa fortune, pour avoir enfin l'air de ce qu'elle ne sera jamais, une romancière de génie comme Carson McCullers, Jean Rys, George Sand, Iris Murdoch, Marguerite Yourcenar ou Joyce Carol Oates. Dans son bureau, elle perd la grâce qu'elle a dans les salons. Elle a du savoir-vivre mais aucun savoir-ecrire. C'est l'enfant sauvage de la littérature, il faudrait lui apprendre à se torcher les livres. Le drame, c'est qu'elle prouve depuis 20 ans qu'il lui est impossible de progresser. Elève pas douée mais peut faire pire !
Patrick Besson.
dur dur !!!! :)
Critique de Patrick Besson, « Marianne », 1 avril 2004
Ca fait peut-être un peu trop longtemps que Christine Orban nous inflige, chaque année ou presque, un conte beat et languide où le narcissisme bourgeois le dispute au bovarysme poétique ou plutôt non poétique. La livraison 2004 s'appelle « la Mélancolie du Dimanche » ; le titre nous rappelle évidemment « On s'ennuyait le Dimanche » de Pascal Sevran. C'est un peu ça le problème des rentiers : le dimanche ils s'emmerdent. Parce que les boutiques de luxe sont fermées ? Comme ils n'ont rient foutu pendant la semaine, ils n'ont pas besoin de repos. L'héroïne de Christine est prof. Je peux te dire un truc Christine, le dimanche les profs ne sont pas mélancoliques, ils sont contents ! Je le sais, j'ai vécu avec une prof pendant dix ans. Il y a aussi le probleme de la nourriture. "Si on creve de faim, il faut galerer pour trouver du pain." Vision d'apocalypse, Christine Orban errant le dimanche dans le 7° arrondissement à la recherche d'une baguette. Happy end : "heureusement, en bas de chez moi, il y a l'epicier marocain." Ouf. Christine rajoute, avec un but evident d'anti-rascisme et de melange des cultures et peut etre meme un clin d'oeil en direction de notre president feru des arts premiers : "Je lui achete n'importe quoi et je peux discuter avec lui."
L'héroïne n'a pas de prénom, ou alors ça m'a échappé. Elle a un mari (Christian) et un ex-amant (Jules) Un dimanche, elle retrouve dans son fatras une lettre de Jules non ouverte. On se dit : bon, elle va l'ouvrir. Ben, non. Elle ne sait pas si elle va l'ouvrir. Elle se demande. Elle attend. Et pendant ce temps, elle se souvient de la liaison avec jules. La raconte. Par bribes, allusions, flash, car nous sommes dans un roman moderne. Et nous du coup on s'impatienterait. On voudrait savoir ce qu'il y a dans cette foutue lettre. Qu'est ce qu'un abruti pourrait bien écrire d'intéressant à une idiote dans le roman d'une écervelée ? On s'en tape, comme dirait mon fils. On s'en balance, comme disait mon père. Moi je dis plutot, on s'en branle.
Donc l'heroine est prof. Prof de fac ! Là , l'identification avec Christine est impossible. Mais c'est peut etre ce qu'il y a de plus touchant chez elle : ce désir d'intellectualisme. Ce qui caractérise Christine Orban depuis une vingtaine d'années, c'est la volonté d'être un bas bleu. Britney Spears se rêvant Elizabeth Badinter. Elle donnerait ce qu'elle a de plus précieux, c'est-à-dire son physique et peut être même sa fortune, pour avoir enfin l'air de ce qu'elle ne sera jamais, une romancière de génie comme Carson McCullers, Jean Rys, George Sand, Iris Murdoch, Marguerite Yourcenar ou Joyce Carol Oates. Dans son bureau, elle perd la grâce qu'elle a dans les salons. Elle a du savoir-vivre mais aucun savoir-ecrire. C'est l'enfant sauvage de la littérature, il faudrait lui apprendre à se torcher les livres. Le drame, c'est qu'elle prouve depuis 20 ans qu'il lui est impossible de progresser. Elève pas douée mais peut faire pire !
Patrick Besson.
dur dur !!!! :)
ouch !!
effectivement, ça arrache !!!
Pour moi, Christine Orban, c'est surtout la créature bcbg qui squatte les plateaux de Thierry Ardisson à chaque nouvelle fournée, trop heureux de pouvoir laisser courir son regard lubrique (et ses propos) sur cette belle plante chic.
Une créature de fantasme en appatements de 200m², donc, apparemment. Quant à l'écrivain, j'attendrai d'en avoir lu pour me faire mon idée. (Mais il n'y aurait apparemment aucune urgence...)
effectivement, ça arrache !!!
Pour moi, Christine Orban, c'est surtout la créature bcbg qui squatte les plateaux de Thierry Ardisson à chaque nouvelle fournée, trop heureux de pouvoir laisser courir son regard lubrique (et ses propos) sur cette belle plante chic.
Une créature de fantasme en appatements de 200m², donc, apparemment. Quant à l'écrivain, j'attendrai d'en avoir lu pour me faire mon idée. (Mais il n'y aurait apparemment aucune urgence...)
C'est mortel comme critique...
Je n'ai jamais lu de livre de cet auteur, mais cela ne donne pas envie.
Je n'ai jamais lu de livre de cet auteur, mais cela ne donne pas envie.
dans le genre "reglement de comptes", ce n'est pas mal non plus !
Dans le genre ça flingue dans le monde des lettres, la critique, pardon le coup de lance de Besson n'est pas mal.
Evidemment cela ne donne pas envie de lire le livre en question ni de lire les prochaines critiques du journaliste d'ailleurs. Car je n'oublie pas que la critique est aisée mais l'art difficile.
Le roman de Ch. Orban n'est sans doute pas une oeuvre impérissable mais sans doute aussi pas pire qu'une autre...
Ce papier me laisse un arrière goût... celui de l'insulte gratuite... du venin crachée ... et je dois dire que cela me dérange...
Sébastien
Evidemment cela ne donne pas envie de lire le livre en question ni de lire les prochaines critiques du journaliste d'ailleurs. Car je n'oublie pas que la critique est aisée mais l'art difficile.
Le roman de Ch. Orban n'est sans doute pas une oeuvre impérissable mais sans doute aussi pas pire qu'une autre...
Ce papier me laisse un arrière goût... celui de l'insulte gratuite... du venin crachée ... et je dois dire que cela me dérange...
Sébastien
C'est de la critique comme on en lit trop peu... dans les journaux, pas sur Critlib ! ;o)
Ca donne par contre envie de lire Patrick Besson, non?
Ca donne par contre envie de lire Patrick Besson, non?
Christine F ORBAN
V. Le Robert (libre interprétation) : Pirate qui entreprend à son profit une expédition plagiaire dans la littérature sans autorisation de l'auteur...)
Il y a quelques années, le hasard a fait que j'ai lu le collectionneur de C. Orban juste après avoir lu "L'amour conjugal" d'Alberto Moravia. Au détour d'une page, j'ai cru rêver mais ce n'était hélas pas une hallucination : Mme Orban, avait repris, mot pour mot, dans sa prose, la scène qui dans le livre de Moravia se déroule chez le barbier.
Par ailleurs, cette histoire de collectionneur est une anecdote que Jean d'Ormesson raconte dans "La Douane de Mer".
et Mme Orban s'obstine à "faire écrivain...
V. Le Robert (libre interprétation) : Pirate qui entreprend à son profit une expédition plagiaire dans la littérature sans autorisation de l'auteur...)
Il y a quelques années, le hasard a fait que j'ai lu le collectionneur de C. Orban juste après avoir lu "L'amour conjugal" d'Alberto Moravia. Au détour d'une page, j'ai cru rêver mais ce n'était hélas pas une hallucination : Mme Orban, avait repris, mot pour mot, dans sa prose, la scène qui dans le livre de Moravia se déroule chez le barbier.
Par ailleurs, cette histoire de collectionneur est une anecdote que Jean d'Ormesson raconte dans "La Douane de Mer".
et Mme Orban s'obstine à "faire écrivain...
Elle n'a pas eu d'ennuis ou de soucis à se faire avec cette copiette?
Je l'ignore. A cette époque, je lui avais écrit chez Albin Michel . Evidemment, je n'ai jamais reçu de réponse. Vous savez, je ne connais pas du tout le monde de l'édition, ses influences et ses jeux de pouvoir. Peut-être aurait-il fallu écrire à l'éditeur de Moravia en Italie... Je ne sais pas. Mais j'avais envie d'en faire part aux lecteurs de Critiques libres.
Cordialement.
Cordialement.
Merci Maria Rosa pour cette très intéressante information.
Nous sommes, tu le sais peut-être, justement très remontés contre les plagiaires sur ce site !
Nous sommes, tu le sais peut-être, justement très remontés contre les plagiaires sur ce site !
Très jolie critique.
Je vois que tu n'étais pas franchement enthousiaste non plus, Virginie.
Pas trop d'accord avec Alcofribas, je n'y vois ni insulte gratuite, ni venin craché. Il n'a pas aimé, il le dit, il dit pourquoi. Bon.
Je vois que tu n'étais pas franchement enthousiaste non plus, Virginie.
Pas trop d'accord avec Alcofribas, je n'y vois ni insulte gratuite, ni venin craché. Il n'a pas aimé, il le dit, il dit pourquoi. Bon.
Attaquer des idées ou des créations, oui.
Insulter des gens pour ce qu'ils pensent ou créent, non.
Cette critique est de la dernière médiocrité.
Insulter des gens pour ce qu'ils pensent ou créent, non.
Cette critique est de la dernière médiocrité.
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