Les forums

Forums  :  Vos écrits  :  Un peu de nostalgie ...

Antinea
avatar 14/10/2005 @ 21:45:35
J'me lance !


Tiens ! C'est l'automne ! Et oui, c'est vrai, on est déjà en octobre, mi-octobre ! Comme le temps passe vite. Enfin, jusqu'à la semaine dernière il faut dire qu'on se sentait toujours en été ici. : du soleil, de la chaleur et des week-ends plages encore dans les conversations. A présent, je regarde par la fenêtre car j'entends la cloche de l'église : il est plus de dix-sept heures et il pleut des cordes. En trois jours, la température a chuté et le ciel s'est obscurci. J'ai remarqué que les feuilles tombaient lundi. Elles tombent vite, sans prendre le temps de se colorer des couleurs magnifiques et chaudes de saison. C'est peut-être normal ici. Je ne sais pas : c'est le premier automne que je passe dans ce pays. En face de chez moi, sur la petite colline boisée où se cache le sanctuaire, les nuages s'éventrent sur la cîme des arbres encore verts comme du coton qu'on effiloche. Ils déversent leurs eaux froides par intermittence et enveloppent les clochers de l'église d'un voile gris qui ne s'est pas levé depuis trois jours.
Les parapluies sont de retour mais les lunettes de soleil sont encore sur la plupart des nez. Ici, elles font partie de la tenue vestimentaire, hiver comme été. Enfin, presque, il ne faut pas exagérer.
Pendant que je travaillais tout à l'heure, je regardais la pluie tomber au-dehors : un véritable rideau d'eau qui tombait tout droit, recouvrant les marches de béton qui descendent vers la cour et les pauvres personnes qui n'avaient pas d'autre choix que de passer par là. Peu après je rejoignais ma voiture, goûtant moi aussi à ce petit déluge et me maudissant d'avoir encore une fois oublié mon parapluie. Mais, qu'importe.
Cela me donne un peu le cafard cette saison. Pas que je ne l'aime pas, au contraire mais elle me rappelle mes automnes en France, les automnes que je connais, dans la ville que j'ai quittée et dans les villages de ma famille. Aujourd'hui, j'aimerais bien y être dans ces endroits. J'aimerais aller boire un chocolat épais – à "l'ancienne", comme ils l'appellent, mais bon, pour moi cela ne veut pas dire grand chose – dans ce café-torréfacteur niché dans un coin en face de l’église Notre-Dame. Je voudrais être assise à une de ces petites tables jaunes à siroter cette crème au son de la musique latino, emmitouflée dans un gros pull. Juste une demi-heure, pas plus, comme ça. Et pourquoi pas à discuter avec des amis. Mais la plupart ne sont plus dans cette ville, eux non plus.
Il pleut toujours et les lumières de la ville commencent à scintiller. Je ne vais pas allumer la télé : à cette heure-ci il n'y a rien de bien intéressant et puis je ne maîtrise pas encore la langue assez parfaitement pour tout comprendre. Qu'est-ce que cela aurait été si j'étais partie travailler en Chine ? Qui sait, j'y serai peut-être amenée dans quelques années si je ne trouve pas de travail en France.
Pourtant, ma grand-mère parlaient une langue proche de celle que j'apprends, cela devrait être plus facile pour moi. Mais non. Elle parlait français, bien sûr, mais aussi un patois de son pays, pas la langue nationale. Enfin, cette dernière, elle la connaissait mais ne l'utilisait presque jamais. Et maintenant que j'arrive à comprendre relativement bien ce qu'on me dit et à répondre, il me semble que cette langue que je baragouine est plus proche de ce que parlait ma grand-mère que de la langue officielle de son pays d'origine. Bizarre. Quand j'ai commencé à réaliser cela, je me suis dit : "Cet été, quand tu reviendras pour les vacances, tu demanderas à Mamie de ne te parler que dans son patois. On verra bien si tu comprends mieux." Oui, J'aurais bien voulu savoir, et la voir aussi. Mais je suis rentrée en catastrophe au tout début de l'été, pour elle, et elle ne pouvait plus me parler.
Alors je pense à mon autre grand-mère et à sa région qui se prête tant à l'automne : ces collines vertes parsemmées de vaches tricolores qui paissent à longueur de temps et, comme le dit la chanson, sur lesquelles à présent doit tomber la pluie. J'aimerais bien me promener une petite heure dans cette campagne aux herbes vertes et grasses, regarder les champs de pommiers alignés qui s'étendent en bordure de la forêt domaniale. A cette époque, les arbres doivent être superbes, exhibant leurs feuilles jaunes et rouges aux derniers rayons de soleil. Elle a un petit air de Canada cette région en automne, enfin je pense, avec ses arbres immenses et colorés et ses étendues si apaisantes. En ce moment il doit y pleuvoir comme ici, mais là-bas, cela ne me paraîtrait pas étrange mais nécessaire même, pour faire de cet automne un véritable automne. J'aimerais aller voir les biches sortir timidement de la forêt à la tombée de la nuit et puis, après avoir marché quelques minutes dans le sentier couvert de coudriers qui mène de la ville à la forêt, revenir à la maison. Là, j'y ferais bien des crèpes. Un dîner avec la famille, du cidre et hop ! J'irais m'endormir sur le matelat en laine défoncé du lit hors d'âge de la chambre du fond en écoutant la pluie tomber sur le toit. Des clichés. Des souvenirs ... Du passé.
A présent c'est l'heure de dîner ici. Ce satané chien aboie encore et va me pourrir la nuit, j'en suis sûre. Mais qu'importe : dehors il pleut, demain c'est soirée crèpes à la maison. Il n'y aura pas de cidre, tant pis. J'expédie mes souvenirs dans le fond de mon esprit parce qu'ils me font mal finalement. C'est le premier automne que je passe ici et j'adore l'automne alors tâchons de faire que celui-ci soit aussi beau que les autres.

Saint Jean-Baptiste 14/10/2005 @ 22:59:34
Tu as bien fait de te lancer Antinea le fuseau est fait pour ça. Et pour un premier texte, l'idée est bonne d'écrire un texte qui parle de toi : ça sert de présentation. (il faut supposer que "je" c'est toi ?).
C'est très bien écrit, très personnalisé, un peu même sur le ton de la confidence et ça donne une chaleur particulière au récit. C'est très bon, très amusant à lire.
Mais malheureusement, on reste sur sa faim : ton premier automne dans ce pays, c'est où ?
Et ce pays que tu as quitté ? cette ville et ces villages de ta famille ? Si ça tombe, ta seconde grand'mère habite tout près de chez moi : un pays avec des vaches et des forêts avec de beaux arbres. -))
Oui, c'est dommage qu'on ne voie pas très bien où on est, mais sinon, pour un premier texte, c'est bien parti !

Sahkti
avatar 15/10/2005 @ 23:55:40
Bienvenue Antinea et merci pour ton texte. Il m'a beaucoup plu, touchée aussi. C'est bien écrit, dans un langage familier et proche du lecteur, cela crée de suite une connivence agréable. Sans parler de l'envie de savoir de quel endroit tu parles, mais au fur et à mesure, ce besoin se fait moins essentiel, ce n'est plus indispensable, le reste suffit amplement à apporter de l'émotion. Bravo.

Antinea
avatar 17/10/2005 @ 13:37:00
Merci pour ces encouragements ! Maintenant que j'ai mis un peu ma patte dans ce forum des écrits, je vais sans doute avoir moins peur de donner mon avis sur les textes, souvent excellents, qui y apparaissent. Merci encore et encore pour votre accueil.
Heu ... les vaches rousses, blanches et noires ... c'est : La Normandie ! Enfin, dans mon cas, c'est un peu la Basse-Normandie, le Perche, ces régions magnifiques quoi ! Hum ... et aujourd'hui, où suis-je ? Indice, dans mon pays, si peu lointain, on mange beaucoup de morue ...

Sahkti
avatar 17/10/2005 @ 13:51:11
Portugal? Si oui, il y en a au moins deux sur ce site qui aiment beaucoup ce pays. Ils t'en parleront peut-être.

Yali 17/10/2005 @ 13:53:11
Bienvenue à toi Antinea, une mélancolie qui me plait bien, texte fluide et sentiments offerts…

De la morue ? Voyons, où cela pourrait être… Saint-Pierre et miquelon ? ;-)

Antinea
avatar 17/10/2005 @ 18:56:13
Bienvenue à toi Antinea, une mélancolie qui me plait bien, texte fluide et sentiments offerts…

De la morue ? Voyons, où cela pourrait être… Saint-Pierre et miquelon ? ;-)



Ah bon, St Pierre et Miquelon c'est aussi un endroit où on aime la morue ?
Super, je devrais y aller ! Merci pour vos gentilles critiques et oui, je suis au Portugal !

Kilis 17/10/2005 @ 21:09:28
Antinea, j'aime beaucoup, beaucoup, beaucoup ton texte.
Et même un peu plus que ça.

J'aime aussi le Portugal, enfin, surtout Lisboa!
... au point que je voudrais y vivre.

J'espère que tu te sentiras bien sur "Vos écrits" et que tu nous donneras encore à lire.

Mentor 17/10/2005 @ 22:55:05
Joli texte Antinea, écriture très simple mais qui parle bien au coeur et à l'esprit. Tu fais passer quelquechose. C'est pur.
Oui, donne-nous d'autres bouts comme ça, c'est très agréable.

Antinea
avatar 18/10/2005 @ 12:52:40
Vraiment je suis très touchée par vos remarques. Merci encore SJB, Sahkti, Yali, Kilis et Mentor. Et oui Kilis, Lisbonne est unique. Je commence à la connaître même si je n'y vis pas. Moi et le portugal, ce n'est pas une longue histoire mais c'est un peu une histoire d'amour à laquelle je ne m'attendais pas.

Mentor 18/10/2005 @ 14:01:49
Lisbonne est unique
je ne connais pas et je veux bien le croire, comme n'importe quellle ville, n'importe quel site, n'importe quel panorama est unique, non?
;-)

Antinea
avatar 18/10/2005 @ 15:45:22
Lisbonne est unique
je ne connais pas et je veux bien le croire, comme n'importe quellle ville, n'importe quel site, n'importe quel panorama est unique, non?
;-)



Heu ... Oui ! Désolée pour ce lieu commun ! En fait "unique" , c'est plus dans le sens que c'est vraiment une facette particulière du Portugal !

Tistou 19/10/2005 @ 00:24:48
Bienvenue Antinea.
Moi, ton texte m'a paru un peu oppressant, étouffant, de par cette enfilade de phrases et de considérations sans trop de respiration.
Ca nous permet en effet de faire connaissance ; Normandie ? Portugal, ...
Exilée alors ?

Antinea
avatar 19/10/2005 @ 20:08:38
Bienvenue Antinea.
Moi, ton texte m'a paru un peu oppressant, étouffant, de par cette enfilade de phrases et de considérations sans trop de respiration.
Ca nous permet en effet de faire connaissance ; Normandie ? Portugal, ...
Exilée alors ?


Ok, je prends note de tes remarques Tistou, c'est vrai que c'est un peu le "bloc de pâté" que j'ai servi. Merci encore.

Bolcho
avatar 11/09/2007 @ 13:06:38
Un « rideau de pluie », c’est déjà cliché, mais un « rideau d’eau », c’est franchement comique : ridodo, ridodo, l’enfant dormira bientôt…
Bon, assez de persiflage. J’ai fait pire.
A part ça, j’aime bien le ton, les petites remarques subtiles sur la vie des gens, l’atmosphère créée, la simplicité du regard et la pudeur des sentiments. Décidément, j’aime bien lire du Antinéa.
N’empêche, comme le dit Tistou, on a tout de même un effet un peu « pavé » qui ne tient pas seulement à la présentation. Il ne suffirait sans doute pas de mettre des paragraphes pour arranger ça.
Bon. Le prochain texte, c’est pour quand ?

Page 1 de 1
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier