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Dirlandaise

avatar 07/10/2005 @ 14:26:27
J'ai parfois de la difficulté à classer les livres que je lis. J'ai classé le dernier dans "romans historiques" et je me demande si j'ai bien fait... Quand peut-on parler de roman historique ? Suffit-il d'y avoir plusieurs références à l'histoire pour en faire un roman historique ?

Belial

avatar 07/10/2005 @ 14:57:30
pour moi un roman historique se situe dans un cadre temporel passé et suffisamment lointain pour qu'on puisse parler d' "Histoire". Les années 60 me sembleraient trop proches pour qu'on puisse parler de roman historique. La belle époque je crois que ça irait.
Ensuite à mon avis il est important que le roman se réfère à des faits historiques avérés et ainsi que le scénario ait un minimum de crédibilité (ça aurait pu se passer). Je dis ça parce que lorsque l'on change des événements majeurs, comme par exemple les nazis qui auraient gagné la guerre dans Le maître du Haut Château de Dick ou si les Juifs n'avaient pas réussi à fuire l'Egypte dans Roma Aeterna de Silverberg, on tombe dans l'uchronie, qui est un genre généralement apparenté à la Science-Fiction.
Exemples de romans historiques: Le Nom de la Rose (même si c'est aussi un polar), les deux trilogies de José Frèches: le Disque de Jade dans la Chine ancienne et l'Impératrice de la Soie dans la Chine impériale, les romans de Christian Jacques, etc.
Ensuite pour le roman dont tu parles, Aliocha je présume, l'histoire se passe en 1924 et le roman a été écrit en 1991. C'est un peu à la limite des genres je suppose, mais ça me choque pas fondamentalement.

Dirlandaise

avatar 07/10/2005 @ 17:48:13
Merci Belial pour les éclaircissements. Ce qui est embêtant, c'est quand on lit un polar historique, doit-on le classer dans "Romans historiques" ou "romans policiers" ?

Ghislaine 07/10/2005 @ 20:17:43
Bonsoir Dirlandaise,

A mon avis, tu pourrais classer ton polar historique dans le genre " Roman historique." Car son intérêt n'est-il pas d'éviter les erreurs commises naguère ?

Veuille trouver ci-joint un article intéressant, lu dans le magazine " Lire " de juin 2005. Il semble prouver que tu pourrais également classer ton roman dans la partie " Polar : "

" Des tendances claires :
«Idéalement, pour qu'un polar plaise, il doit être gros, historique, avec un héros récurrent, dans un univers qui mêle le thriller réaliste et un doigt de mystique», plaisante un bibliothécaire spécialisé. Mais des tendances existent... Décryptons-les.

Le polar historique connaît un succès qui ne cesse de croître aujourd'hui dans des collections classiques comme Labyrinthes ou 10/18. Il exprime l'intérêt du public pour l'histoire, le rêve, l'intrigue et son exigence d'un brin de culture pour ne pas avoir l'air de perdre son temps à lire des livres trop légers. Généralement l'auteur dispose d'une documentation implacable et ne laisse passer aucune erreur. En adjoignant à la peinture d'une époque une bonne enquête, le polar historique séduit un lectorat essentiellement féminin, souvent des enseignantes qui s'offrent un moment de détente et de culture."

Bref, te voilà en face d'un choix cornélien Dirlandaise. Quelle sera ta décision ?

Dirlandaise

avatar 07/10/2005 @ 21:04:13
Bonsoir Ghislaine,
Merci pour ton intervention pertinente. J'aime lire Anne Perry mais, jusqu'à présent, j'ai classé ses livres dans la section "romans policiers" car je trouvais que le côté historique n'était pas suffisament développé. Je crois que je vais juger d'après l'oeuvre, cas par cas...
;-)

Dollon 14/10/2005 @ 13:42:55
Si je ne me suis pas trompé , j'ai mis mon premier roman en roman historique , voire critiques : ( http://parfumames.free.fr )

Voilà un roman foisonnant !
Il s’agit de la « saga » d’une famille, depuis 1911 jusqu’à notre époque contemporaine.
Un personne centrale, Louise, personnage « extra-ordinaire », sert d’arbre autour duquel se déploient progressivement les branches des rameaux familiaux les plus proches comme ceux plus lointains.
Tous sont mis en scène avec une « plume-scalpel » qui ne cache rien de leur personnalité, dont toutes les arcanes sont explorées avec une précision cinématographique. La psychologie, les émotions , les expériences de tous sont sans cesse exposés dans le contexte de leur vie et de l’époque, et ces liens dialectiques sont présents tout au long du roman, le tout formant une solide architecture de laquelle il est difficile de s’extraire…
Ceci entraîne un autre aspect très important de ce beau roman : c’est son intérêt historique, absolument fondamental.

Jlc 16/10/2005 @ 21:17:06
Extrait de l'avant propos de Meyer Levin à son roman "Crime":
"Une histoire vraie, un drame vécu... J'évoque bien sûr des évènements connus. Mais j'en ai maintes fois extrapolé le déroulement et certains de mes personnages sont sans aucun rapport avec ceux qui ont tenu un rôle dans cette fameuse affaire. Ce qui est proprement la méthode du roman historique."

Je crois que c'est bien vu.
Bonne soirée littéraire!

Ghislaine 16/10/2005 @ 22:35:42
Quelques citations sur le roman historique...

- Pierre MORERE :
« La notion même de roman historique semble une aporie. Alors que l’histoire prétend tenir un discours vrai sur le passé, le roman crée un univers fictif. »

- Yves LE PELLEC :
« Le Roman historique relève, par son appellation et sa nature de l’oxymoron (…) sans doute parce que, conjoignant les contraires, elle est emblématique de la nécessité actuelle de repenser les polarités et les incompatibilités que nous inculqua la tradition. »

- Dans le Littré, mention est faite du roman historique à l’article « roman », deuxième sens : « histoire feinte, écrite en prose, où l’auteur cherche à exciter l’intérêt par la peinture des passions, des mœurs, ou par la singularité des aventures », à la suite sont cités en vrac « le roman d’éducation, le roman historique, le roman intime, le roman d’intrigue, le roman de mœurs »

- DIDEROT :
« Ce qui m’inciterait à croire que le roman historique est un mauvais genre : vous trompez l’ignorant, vous dégoûtez l’homme instruit, vous gâtez l’histoire par la fiction et la fiction par l’histoire »

- L. PETIT DE JULLEVILLE cite enfin Victor HUGO et insiste sur l’importance de Notre Dame de Paris, « épopée plus symbolique qu’historique, et dans laquelle le génie de Victor Hugo évoque avec une incomparable puissance tout le Paris social et pittoresque du XVe siècle ».

- L. PETIT DE JULLEVILLE se demande :
« Faut-il citer ici Alexandre DUMAS ? Avec lui, ce qui était jusqu’alors roman historique devient roman de cape et d’épée » et d’ajouter « Il n’y a vraiment rien de littéraire dans la multitude de récits dont il fournit le public durant une quarantaine d’années…ses romans marquent l’irrémédiable décadence d’un genre équivoque et bâtard, qui tourne presque tout de suite au roman feuilleton » or, à notre sens, le « roman de cape et d’épée » est aussi « roman historique ».

- Dans " l’Histoire des littératures," au chapitre intitulé Directions du récit romantique :
« Dans le roman de l’époque, recherche d’un univers d’évasion, de dépaysement : que cette évasion prenne la forme de l’histoire, avec Alexandre Dumas, ou celle d’une société contemporaine, inconnue, dangereuse, dramatique avec Eugène Sue ou Balzac […] c’est sans doute que le romantisme […] cherche à saisir le monde dans sa totalité concrète, dans sa confusion vécue […] Le premier roman de Vigny, en 1826, Cinq-Mars ou une conjuration sous Louis XIII est un roman historique et la Préface de 1827 –Réflexions sur la vérité de l’art-, veut être le Manifeste du genre. Il a pour but la vérité et, pour l’atteindre, selon Vigny, « il faut commencer par connaître tout le vrai de chaque siècle, être imbu profondément de son ensemble et de ses détails »…

Dirlandaise

avatar 17/10/2005 @ 14:48:59
Merci à vous deux, JLC et Ghislaine pour vos commentaires. J'apprécie et c'est très instructif.
;-)

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