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Thomasdesmond
avatar 13/05/2005 @ 12:36:12
Voici enfin finie cette histoire que j'avais commencé en novembre dernier et que j'avais laissé en plan... C'est avec étonnement que je l'ai redécouverte et que je l'ai achevée... C'est un mélange de SF / Horreur / absurde, une sorte de synthèse de tous les styles que j'affectionne...

Si vous voulez voir la couv que j'ai faite : http://tdesmond.free.fr/nouvelles/…


LA MORT GAGNE

La page de publicité se termina sur un spot pour une lotion anti-cancer et le logo de la page de pub passa.
Dick Aston, le présentateur gominé vedette de la 473ème chaîne, réapparut, le sourire carnassier et les yeux brillants telles deux petites flammes de gaz. Le public applaudit bruyamment puis le silence retomba brusquement. Une note de musique assez grave couvrit les gémissements des quelques spectateurs qui, ayant continué à applaudir trop longtemps, furent légèrement électrocutés par leurs accoudoirs métalliques où leurs bras étaient solidement attachés. Nombreux étaient ceux qui firent sous eux.
Gros plan sur Dick Aston, posté derrière son pupitre en acier parsemé d'épines de fer. Son sourire disparut petit à petit et son visage devint sinistre malgré l'épaisse couche de maquillage qui le recouvrait. Gros plan sur sa tête, qui se tordit soudain d'un rictus haineux. Il ressemblait à un avocat new-yorkais atteint de la rage venant de se faire licencié.
– Chers téléspectateurs, je vous dis BONSOIR ! rugit-il soudain, son sourire démoniaque jaillissant de nouveau, tel un diable de sous un lit.
Plan panoramique sur la salle plongé dans une semi-obscurité.
– BONSOIR DICK ! retentirent les deux cent cinquante personnes dans le public.
– Comme tous les soirs, quatre challengers vont s'affronter jusqu'à la mort, mais comme vous le savez...
– LA MORT GAGNE !! explosa la foule en même temps que le présentateur.
Il attendit patiemment que les clameurs se tarissent à l'aide de quelques électrochocs, puis il avança sur la petite passerelle holographique qui surplombait la fosse.
– Oui, mes amis, reprit-il sur le ton de la confidence, les mains croisées dans le dos. La Mort Gagne tous les soirs, car malheureusement, personne n'a encore réussi à passer...
– L'EPREUVE ULTIME !
– Bravo ! dit-il en battant des mains. Quel public formidable !
Il se tourna et fixa une autre caméra.
– Il est temps de choisir nos quatre challengers !
Il leva les bras au ciel tandis qu'une poursuite braqua son halo étincelant sur lui. Tous les autres projecteurs s'éteignirent.
– Matrice du Hasard, nous vous invoquons !! déclama-t-il d'une voix haute de prêcheur fou.
Les caméras bondirent et filmèrent le plafond de la salle qui formait une sorte de dôme. Deux panneaux de verre s'ouvrirent et laissèrent une ouverture carrée de cinq mètres de côté. La note de musique sonna de nouveau et créa un climat de tension. Toutes les têtes étaient tournées vers le même point et l’on retenait son souffle. Enfin, un gros tentacule fait d'acier et de chair descendit par l'ouverture. Cette apparition cauchemardesque fut suivie du bruit caractéristique de la Matrice du Hasard. Un crissement aigu retentit dans le studio et l'entité tant attendue fit son entrée, suscitant dans l'assistance des cris d'effroi et évanouissements.
Mi-machine, mi-bête infernale tirée de l'imagination d'un esprit torturée, la Matrice du Hasard se composait d'un corps d'araignée en acier noir équipé d'une multitude de bouches et d'œils humains, lui permettant de regarder partout et de parler à tout va. De son corps rempli de mécanismes électroniques et d'organismes vivants, partaient une douzaine d'épais bras plus ou moins cylindriques qui ondulaient comme ceux d'une anémone de mer prise d'une crise d'épilepsie.
Le monstre descendit lentement dans le studio et ses dizaines d'yeux jaugèrent avec gloutonnerie la foule qui se tenait sous elle. Elle se mit à parler directement à chaque personne, utilisant toutes ses bouches qui connaissaient toutes les langues et tous les dialectes. De nouveau, quelques âmes sensibles, des femmes pour la plupart, perdirent connaissance et furent directement désintégrées sur leur siège. Des petits tuyaux placés sous les accoudoirs aspirèrent en une seconde les restes non calcinés par le choc électrique. Les sièges vides étaient de plus en plus nombreux.
La Matrice fit fait son choix. Quatre de ses tentacules s'allongèrent interminablement et allèrent délicatement saisir autant de spectateurs terrifiés, qui furent emportés dans les airs comme de vulgaires chatons. Puis elle se dirigea vers le plateau où Dick Aston, visiblement peu rassuré, attendait un peu à l'écart en souriant nerveusement. Les quatre élus furent déposés sur le plateau par l'immonde machine, qui, sans crier gare, disparut à toute vitesse dans le plafond dont les battants se refermèrent automatiquement.
– Matrice du Hasard, nous vous disons merci ! dit Dick Aston sur un ton jovial. À demain, si la Mort le veut bien !
Quelques applaudissements.
Dick s'approcha du quatuor et les jaugea du regard en plissant ostensiblement ses fins sourcils noirs. D'une grosse voix qui se voulait intimidante, notamment à l'aide d'effets sonores réalisés en studio, il les invita à se présenter devant les caméras.
Le premier candidat gonfla son torse et avança de deux pas : c'était un homme de petite taille, à la mise farfelue. Sur son large nez trônait une paire de lunettes aux verres si épais que ses yeux semblaient avoir doublé de volume. Il portait une moustache en forme de clé de Sol et son crâne chauve portait la preuve tatouée de son appartenance à un parti d'extrême droite.
– Michel Hœilbœuf, 45 ans, guichetier de banque à Vienne.
– LA MORT TE FERA PAYER ! cria le public avant qu'il ne recule, sonné par la subite haine qui s'était abattue sur lui.
Le deuxième challenger était une femme. Ses cheveux noirs étaient solidement emprisonnés dans un chignon sophistiqué et ses petites lunettes en graphite jaune témoignaient de son statut de femme d'artiste.
Elle s'avança et leva la main droite, annonçant ainsi qu'elle était mère. Elle leva deux doigts : elle avait donc deux enfants.
– Clarisse Célestat, trente-sept ans, mère au foyer.
– LA MORT RONGERA TON VENTRE ! croassa en chœur dans le public une majorité de femmes.
Le troisième était un manchot. Deux bras d'acier aux mécanismes luisant d'huile sortaient de ses larges épaules et se terminaient par des mains gantées de rouge, ce qui indiquait une naissance non biologique. C'était un fils de la science, mais son cœur éprouvait les mêmes joies et peines qu'un être né d'une union naturelle.
Il fit deux pas en faisant rouler ses mécaniques en inox pour épater la galerie.
– Guy Tavernier, 29 ans, boulanger à Tioville...
– LA MORT T'ARRACHERA LES JAMBES !
Piqué au vif, il recula en défiant la foule du regard.
Le dernier concurrent était une jeune femme de petite constitution, les cheveux blonds et longs, les seins dressés sous son pull rose comme deux petites pommes, la peau laiteuse et les pommettes hautes.
Elle s'approcha en joignant les mains sur son sein gauche.
– Julie Desagne, 21 ans, étudiante en médecine.
– LA MORT T'ARRACHERA LE CŒUR !
Elle recula en baissant la tête devant tant de malveillance, tandis que Dick Aston s'écartait de son pupitre pour se diriger vers la caméra.
– Ce soir, ils sont de nouveau quatre à relever le défi contre la Mort, mais il est temps qu'ils gagnent leur place, qu'en pensez-vous ?
– A TABLE ! s'égosilla le public connaisseur.
– Qu'on sorte les tables ! cria Dick Aston sous les applaudissements impatients.
Derrière chaque challenger, une plateau d'acier surgit du sol dans un fracas métallique. Les quatre tablettes s'immobilisèrent à l'horizontal sur leur socle de verre, prenant ainsi la forme de tables, d'où ne tardèrent pas à sortir d'inquiétants appareils aux allures d'instruments de torture, que les quatre concurrents observèrent avec appréhension. Dick Aston leur ordonna de prendre place. Ils obtempérèrent et s'allongèrent en silence. Une fois leur corps en position horizontale, des filins de cuivre jaillirent de chaque côté et emprisonnèrent chacune de leurs articulations, empêchant ainsi toute fuite ou mouvement.
Un accident survint : les mécanismes électroniques des bras de Guy Tavernier le manchot réagirent mal aux fils de cuivre, ce qui provoqua un court-circuit qui le plongea dans un coma profond.
Le public éclata et dénonça une simulation de la part du boulanger.
– Quel dommage ! ironisa Dick Aston, en voilà un qui intéresse déjà la Mort !
Le public hurla de rire puis se tut brusquement. Le présentateur vérifia ostensiblement la solidité des liens qui emprisonnaient les candidats puis se tourna vers la caméra : il proposa que l'on teste les branchements. Aussitôt, les quatre tables pivotèrent sur un axe fixé au sommet de leur socle et basculèrent vers l'avant. Les quatre corps furent ainsi positionnés à la verticale.
– Très bien ! dit Dick Aston. Électricité ?
Un bourdonnement vrombit et les quatre corps furent parcourus de petites flammes bleues pleines d'électricité qui les firent se tordre de douleur, le dos arc-bouté. Mais heureusement, le courant disparut au bout de quelques secondes. Le manchot sombra plus profondément dans son coma.
Applaudissements et manifestations de joie tonitruante dans l'assistance.
– Parfait, nous pouvons commencer ! tonna Dick Aston, au comble de l'excitation.
À travers d'énormes hauts-parleurs, une stridente voix synthétique se mit à scander telle une sirène les mots "Paliers 1” alors que des fumées rouges et jaunes envahissaient en sifflant le plateau qui se mit à ressembler à une fête foraine dont tous les manèges auraient été de terrifiants trains fantômes.
– Chez vous, chers rétino-spectateurs, un indice pour ce premier palier, dit Dick Aston, tout en se munissant d'une fiche de questions à la surface transparente et encore vierge de toute inscription.
Il pointa son index vers la caméra tout en plissant ses petits yeux, alors que sur les plaquettes rétiniennes synthétiques directement greffées dans les yeux de millions d'hommes et de femmes, apparut le mot "excitant".
– Premier palier, première énigme ! annonça-t-il.
Un roulement sourd et régulier comme un battement de cœur souterrain emplit le studio. Dick glissa sa fiche dans une petite ouverture située au sommet de son pupitre d'acier, d'où elle ressortit en une seconde, avec sur sa surface la première énigme gravée au laser.
Fixement attachés à leurs tables d'acier, les trois participants encore conscients observèrent anxieusement le présentateur, pour ne rien perdre des éléments de l'énigme. Dick se mit à lire d'une voix lente et solennelle.
– Vous pouvez sortir de moi et je peux entrer en vous. Vous pouvez être plusieurs à l'intérieur de moi et je peux partager votre intérieur avec d'autres. Qui suis-je ?
L'intensité des lumières du plateau s'atténua et se mit à clignoter. La voix synthétique débita un compte à rebours en partant de vingt.
... 4, 3, 2, 1, 0 !
– Le temps est écoulé ! Analyseur de connaissances, c'est à vous ! lança un Dick triomphant à la caméra.
Au sommet des quatre tables de fer, derrière les quatre participants, s'ouvrit un petit compartiment sphérique d'où jaillirent trois pinces d'une vingtaine de centimètres de long et articulées en plusieurs points. À leurs extrémités étaient fixées des petites diodes qui allèrent se fixer sur le crâne des challengers, afin de déterminer si oui ou non ils possédaient la bonne réponse à la première énigme. Deux lumières vertes se mirent à clignoter derrière deux des tables, tandis que deux têtes de mort rouges éclaboussèrent d'une lumière rouge la paroi du studio derrière les deux autres.
– LA MORT GAGNE ! rugit le public à la vue des deux lumières rouges.
– Et oui, incroyable ! s'époumona Dick Aston, au comble de l'euphorie à la pensée des parts de marché qu'il devait être en train de réaliser avec son émission. Déjà deux perdants, comme c'est dommage pour eux, dit-il en exagérant son ironique déception. Écoutons leurs derniers mots !
Les filins de cuivre se resserrèrent d'abord sur le corps de Michel Lebœuf, dont le visage devint très vite couleur prune bien mûre et recouvert de longues traînées de sueur. Lebœuf, les yeux fous, se débâtit mais ne put lutter contre la pression grandissante des liens qui l'enserraient.
– J'avais la réponse, j'avais la... bafouilla-t-il.
– Monsieur Lebœuf, l'analyseur de connaissances ne peut se tromper ! Quelle sera donc votre dernière parole ?
La figure du malheureux candidat était toute violacée et semblait sur le point d'éclater comme un melon pourri sous la pression des filins qui commençaient à creuser des sillons sanglants dans ses joues charnues. Sa bouche se tortilla et il eut de plus en plus de mal à parler.
– Vous... Vous crèverez tous un jour ! beugla-t-il péniblement, avant que ses yeux ne jaillissent de leurs orbites et que son corps saucissonné à l'extrême ne se déchire en tranches sanglantes, sous les hourras du public en délire.
– C'est répugnant, dit Clarisse Célestat à Julie Desagne qui avait fermé ses paupières devant l'insoutenable spectacle.
– Qu'en est-il de Monsieur Tavernier ? Toujours en pleine sieste ? plaisanta Dick Aston pendant que des aspirateurs faisaient disparaître les restes de Michel Lebœuf.
Quelques rires.
– Monsieur Tavernier ? E toujours avec nous ?
Une forte mais brève décharge électrique secoua le corps du boulanger.
– Monsieur Tavernier ?... Et bien tant pis, dit-il en se retournant vers la caméra. Ce candidat avait peut-être la réponse, mais indubitablement, il ne nous dira rien ! Qu'on en finisse !
Sur les côtés du pilier qui soutenait la table, quatre tuyaux transparents jaillirent et se déployèrent jusqu'à la hauteur du corps du manchot. Sans crier gare, leurs orifices crachèrent de longues flammes bleues sur le corps qui se mit à fondre comme une motte de beurre au soleil. Derrière les tables des deux perdants qui rentraient dans leur soubassement, les têtes de mort s'éteignirent progressivement.
– Plus que deux concurrents, et deux femmes ! reprit Dick Aston, de plus en plus enflammé. Formidable ! Alors, mesdames, quelle est donc la réponse à cette petite énigme ? Mme Célestat ?
– Le café bien sûr !
– Et c'était la bonne réponse ! Applaudissements, s'il vous plaît ! explosa Dick Aston. Le deuxième palier, c'est tout de suite après une...
– PAGE DE PUB ! vrombit le public en délire.
La caméra plongea dans la foule et l’on aperçut de sinistres visages aux expressions animales. Les regards étaient fixes et pleins d'une sauvagerie bouillonnante.

– Nous sommes de retour !! dit Dick Aston en reprenant l'antenne. Attaquons sans plus attendre le deuxième palier. Je vous rappelle qu'il ne reste plus que deux candidates : Mme Clarisse Célestat, mère de famille (huées dans le public), et Julie Desagne, étudiante (crachats véhéments) !
Dick Aston annonça le deuxième palier et un nouveau jingle musical s'éleva dans le studio. Les tables effectuèrent un rapide tour de 180° sur leur axe. Les deux candidates avaient maintenant la tête en bas et les cheveux de Julie Desagne, l'étudiante, traînaient sur le sol.
– Êtes-vous bien installées ?
Clarisse hocha la tête et manqua s'étrangler avec les filins qui lui remontaient le long de la gorge.
– Bien ! Deuxième énigme ! dit Dick Aston avant de saisir une nouvelle fiche.
Il la parcourut rapidement des yeux.
– Ohh, facile, niveau primaire ! La matrice à questions ne s'est pas foulée ! Voici l'énigme : je parle toutes les langues du monde, pourtant je n'en connais aucune. Qui suis-je ? Il vous reste 20 secondes !
Le chrono s'égrena à toute vitesse. Les trois pinces jaillirent de nouveau et auscultèrent les esprits des deux femmes. Le public retint son souffle. Une seule lumière verte s'éclaira, celle de Julie Desagne.
– LA MORT GAGNE ! hurla le public en faisant trembler les fondations du studio.
– Mme Célestat, quelle déception ! se lamenta le présentateur d'un air penaud. C'était pourtant une énigme assez simple et très connue. Que s'est-il passé ? lui demanda-t-il, faussement affligé.
– C'est que... je vais vous expliquer ! commença la malheureuse perdante tout affolée. C'est que, je n'avais pas bien entendu la question et je pense qu'on pourrait compter comme nulle cette...
– Je suis navré, mais le règlement est strict chère madame, la coupa Dick sur un ton glacial. Vous n'avez pas la bonne réponse, donc la MORT GAGNE ! Une dernière parole ? Pour vos enfants peut-être ?
La tête à l'envers, Clarisse retint ses sanglots et fixa la mini-caméra à coussins d'air qui s'était glissé jusqu'à elle, dans l'espoir salace de surprendre le décolleté renversé.
– Mes petits, vous resterez dans mon cœur.
Mais déjà un bruyant mécanisme s'enclenchait et un long tuyau d'acier à l'allure serpentesque apparut au sommet de la table. Clarisse poussa un cri en le voyant se rapprocher de son entrecuisse, écartelée contre son gré par les filins. Le serpent métallique se coula lentement vers elle et arriva au niveau de la couture de son pantalon. Une petite bouche mécanique s'ouvrit sur plusieurs rangées de dents qui très vite se mirent à ronger le jean de la perdante. Elle hurla quand l'infâme serpent pénétra en elle en déchiquetant tout sur son passage. Les spectateurs purent voir à travers certaines parties transparentes du tuyau-serpent le sang et la graisse goulûment aspirés.
La foule resta silencieuse et sembla hypnotisée par le terrible spectacle de la candidate dévorée vivante et dont il ne resta très vite plus qu'une carcasse fumante.
Pendant tout le temps qu'avait duré l'immonde mise à mort, Julie Desagne n'avait pas bronché, les yeux toujours clos.
Dick Aston rompit le lugubre silence qui s'était installé sur le plateau et félicita la jeune étudiante. « La réponse est l'écho », dit-elle simplement, mais le public n'applaudit pas. Rares étaient les candidats qui passaient le deuxième palier, à tel point que la grille des programmes de la 473ème chaîne ne prévoyait pas une durée d'émission allant jusqu'à l'Epreuve Ultime. Dick écouta nerveusement les brefs rapports qui lui furent faits dans son oreillette interne et décida d'accélérer le déroulement du jeu. Après une courte page de pub, il annonça tout de go l'Epreuve Ultime et demanda – hors-caméra – au public amorphe de s'exciter un peu. Quelques électrochocs bien répartis achevèrent de convaincre les plus récalcitrants.
– Mesdames et Messieurs, très chers téléspectateurs, nous avons une candidate pour l'Epreuve Ultime ! Applaudissez-là ! dit-il d'une voix huileuse.
Julie était toujours calme et muette, les yeux baissés. Soudain, sa table se mit à vibrer avant de se mettre à tourner dans tous les sens, telle une nacelle de manège prête à se décrocher.
La tension monta d'un cran dans le studio. Dick récupéra sa fiche de questions avec maladresse et dit :
– Julie ! Voici la question de l'Epreuve Ultime !
Roulements de tambour médiévaux
– Je peux être étalée dans le temps, écoutée ou de sable. Qui suis-je ?
Incroyable ! Julie se mit à rire.
Le temps imparti parti en fumée et l'analyseur de connaissances rendit son verdict : bonne réponse !
Une chape de plomb s'abattit sur le studio. Tout resta en plan, les lumières comme la musique. Les mécanismes attendaient une information qui ne venait pas. Ils n'étaient pas programmés pour ça. Dick regardait hors-champs et semblait vivre un désolant moment de solitude.
Soudain un rugissement dantesque explosa et le dôme du studio s'éventra, libérant la Matrice du Hasard qui se propulsa vers le plateau. Dick essaya de l'éviter, mais les tentacules l'agrippèrent de toutes parts. Hurlant comme une fillette, il fut kidnappé par le monstre hideux et disparut dans la trappe qui se referma.
Après quelques instants de battement, la table où était attachée Julie se redressa et les filins la libérèrent. Les yeux toujours clos, elle se dégourdit les jambes et sortit du champ de la caméra. Le public se réveilla et se mit à scander :
– La Mort Gagne ! La Mort Gagne !...
Sur générique de fin et page de pub


FIN

Kicilou 13/05/2005 @ 14:24:22
D'abord les points négatifs, comme ça on est débarrassé :
Je note pleins de maladresses, sutout au début :
- « La page de publicité se termina sur un spot pour une lotion anti-cancer et le logo de la page de pub passa. » : ici, une répétition, même si tu as mis pub au lieu de publicité, il reste « la page de »…
- « (…) électrocutés par leurs accoudoirs métalliques où leurs bras étaient solidement attachés. », je verrais plutôt, « les accoudoirs »
- « Nombreux étaient ceux qui firent sous eux. »… Heu… Pas compris la phrase.
- « – BONSOIR DICK ! retentirent les deux cent cinquante personnes dans le public. » Un cri retentit, pas des personnes.
- « suscitant dans l'assistance des cris d'effroi et évanouissements. » j’aurais enlever le « des » ou j’en aurais aussi mis un devant « évanouissement »
- « La Matrice fit fait son choix. » tu as oublié d’enlever « fait » ?
- « Puis elle se dirigea vers le plateau où Dick Aston, visiblement peu rassuré, attendait un peu à l'écart en souriant nerveusement. Les quatre élus furent déposés sur le plateau par l'immonde machine, » répétition de « plateau »
- « – Matrice du Hasard, nous vous disons merci ! dit Dick Aston sur un ton jovial. » répétition du verbe « dire »
- « Sur les côtés du pilier qui soutenait la table, quatre tuyaux transparents jaillirent et se déployèrent jusqu'à la hauteur du corps du manchot. Sans crier gare, leurs orifices crachèrent de longues flammes bleues sur le corps « répétition de « corps ».

Et puis j'ajouterais que la mère de famille se faisant dévorée vivante en commençant par l'entre-jambe, c'est vraiment un peu trop gore à mon goût.


En dehors de ça, dans le style annoncé, c'est un très bon texte, je trouve. Inventif, bien écrit, avec des descriptions et des comparaisons riches et claires. Une fin qui se tient (me manque juste la réponse à la dernière énigme), qui n'est pas trop trop prévisible. Des personnages haut en couleurs, une ambiance bien décrite.

Bref, je trouve ça très bon, dans ce style. Parce que, bon, c'est pas mon style préféré mais il n'empêche que je te félicite !

Thomasdesmond
avatar 13/05/2005 @ 14:31:28
Merci Kicilou, et surtout pour les corrections !!! effectivement, comme trop souvent, mais je ne l'ai pas relu trnaquillement à tête reposée, dans mon lit par exemple... grave erreur !!! merci à toi de m'avoir déjà maché le boulot !!!!

Pour l'énigme, c'est fait exprès... cherche un peu, ça n'est pas bien dur...

Thomasdesmond
avatar 13/05/2005 @ 14:36:30
et au fait : "faire sous soi"... tu connais pas cette expression ????

Spirit
avatar 13/05/2005 @ 14:49:48
Contrairement a: "rencontre avec le King" je n'ai pas vraiment aimé le sujet ni la façon de le traiter. Ce qui n'enléve pas les qualités de l'écriture mais m'a empéché de profiter complétement.
Cela dit nous ne sommes pas loin ( dans l'esprit) de certain "jeux télévisés" actuels.

Kicilou 13/05/2005 @ 15:09:29
et au fait : "faire sous soi"... tu connais pas cette expression ????

Je connais "se faire dessus", à la rigueur "faire sur soi" mais j'avoue que je n'ai pas fait le rapprochement avec "faire sous soi". J'étais pas branchée la-dessus mais je pense que les autres vont comprendre ! ;-)

Thomasdesmond
avatar 13/05/2005 @ 15:27:51
Contrairement a: "rencontre avec le King" je n'ai pas vraiment aimé le sujet ni la façon de le traiter. Ce qui n'enléve pas les qualités de l'écriture mais m'a empéché de profiter complétement.


Je peux comprendre ça, et peut-être même l'expliquer en argumentant que cette nouvelle avait été écrite en novembre dernier... Vu que je n'écris que depuis mai 2004, j'ose pouvoir dire que mon style est en pleine construction et que je progresse chaque trimestre... Je commence tout juste à trouver mon style vraiment à moi en ce moment, c'est peut-être pour ça que "Rencontre avec le King" était plus réussie, ou plutôt, plus aboutie...

Tistou 29/05/2005 @ 16:03:43
D'abord une question Thomas : comment peut-on applaudir avec les bras attachés à des accoudoirs ?
Toujours beaucoup d'imagination, inquiétant à souhait. En dehors de quelques incohérences, bien écrit Thomas. Tu as toujours des histoires originales Thomas, pas de doutes !

Thomasdesmond
avatar 30/05/2005 @ 08:59:53
Merci tistou pour m'avoir lu et avoir remonté le sujet !
Tu as raison, quelques incohérences doivent se ballader de ci de là...

J'ai une nouvelle technique de relecture : dans mon lit, en position lecture ! C'est dingue comme c'est différent d'une relecture sur ordi... on voit toutes les maladresses, les faiblesses de ses textes... Ce weekend je me suis rendu compte que mes histoires étaient vraiment bancales et pas très bien écrites... Y a du boulot !!!!

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