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Forums  :  Vos écrits  :  MM4 : épisode n°2

Yali 10/05/2005 @ 01:08:56
   La silhouette se fondit dans la nuit, s’étiola en pénombre d’hiver, mariage au noir, pour, un peu plus loin, s’asseoir à même le sol, craquer une allumette et en porter la flamme à son cigare.
   Quelque part dans le lointain, un chien jappa, puis, soudain saisi de peur, se précipita dans sa niche pour s’y tenir coi.
   Elle sourit. Enfin, du moins s’imagina-t-elle sourire, car de sourire, bien longtemps qu’elle n’en avait plus.
   En avait-elle jamais eu ?
   Elle ne le savait pas, ne le savait plus, c’était si loin tout ça, si loin…
   Les volutes de fumée montèrent au ciel, dans l’une d’elles se forma un paradis bleuté, elle le dissipa d’un revers de manche comme on chasse un mauvais souvenir et revint à ses pensées, à son « ventre ».
   Son « ventre », c’est ainsi qu’elle le nommait, son « ventre », son « ventre » ou son « mal être » c’était selon, selon l’humeur, selon… Qu’importe, son « ventre » était rempli, rassasié de la peur de l’autre, sa faim assouvie, ainsi elle se sentait presque bien.
   Elle sourit encore en songeant à l’homme, celui de tout à l’heure et qui lui procurait ce réconfort. Elle le renvoyait, perdu dans sa cuisine, transi de peur, fouillant de ses yeux quelque chose à quoi se raccrocher, mouillant sa chemise de nuit, tremblant, puis remontant, pitoyable.
   Les hommes, elle ne les comprendrait jamais.
   Elle haussa les épaules. Enfin, du moins s’imagina-t-elle les hausser, car d’épaules, à force de supporter tous les malheurs du monde, bien longtemps qu’elle n’en avait plus.
   Mais en avait-elle jamais eu ?
   Elle prit soin de dégager la cendre de son cigare, de l’éteindre sans l’écraser, le rempocha, se leva, puis lentement se mit en marche. Passant prés de la ferme, elle ressentit encore la peur de l’homme, s’immobilisa pour s’en repaître une fois encore, doucement, comme l’on s’enivre d’un doux parfum, puis poursuivit sa route.
   Le chien, à son approche, étouffa un gémissement dans la paille de sa niche.
   Et la nuit brillait d’un chapelet d’étoiles au bout duquel pendait un astre lunaire.

Fee carabine 10/05/2005 @ 04:25:22
Et voilà donc la mystérieuse et inquiétante silhouette. Encore plus mystérieuse, encore plus inquiétante. Une nouvelle porte qui s'ouvre, tout en restant dans la continuité - et surtout la même atmosphère angoissante - que le 1er épisode. C'est très beau, et j'ai particulièrement aimé la phrase "Son « ventre », c’est ainsi qu’elle le nommait, son « ventre », son « ventre » ou son « mal être » c’était selon, selon l’humeur, selon…"

Tistou 10/05/2005 @ 08:49:42
Glauquitude, ouverture.
Ca n'est pas parti dans le rayon de soleil qui folâtre et ça reste plutôt dans la pale lueur des étoiles. Mais il existe aussi de bonnes étoiles ! (si si, en cherchant bien)
Dimension spectrale et mal être à tous les étages.
Ca serait-y pas à Spirit ?

Acie 10/05/2005 @ 09:23:37
je ne sais que penser, c'est excellent!
yali ouah, des images, si belles, si effrayantes aussi, j'ai été prise d'amitié pour cette silhouette
la suite!!!!

Lyra will 10/05/2005 @ 09:30:08
Alors alors, on continue dans le N'effrayant ?
Très mystérieuse cette silhouette, très, j'ai hâte de voir ce que Spirit va en faire.
Très bien rendu aussi le côté : elle est comme ça/elle ne l'était pas avant/ou peut-être bien que si, elle a toujours été ainsi.

Sorte d'ange triste reconverti en démon ?
Bon, je me tais, y'a pas le droit d'influencer ;0)

Bien écrit Yali ! Et puis on a pas eu besoin d'attendre :0)

J'adore la dernière phrase.

Mentor 10/05/2005 @ 10:25:09
Très belle écriture Yali, vraiment. Et cette mystérieuse apparition au cigare qui porte le poids d'on ne sait quel passé. Qui même fait peur au chien de garde. Qui craint les hommes en les terrorisant. Quel début ! Si c'est le tour de Spirit, je pense qu'on va avoir de quoi broyer du noir, encore...

Sahkti
avatar 10/05/2005 @ 11:49:41
Nous voici donc avec un homme apeuré et une femme mystérieuse qui aime faire peur et en a besoin. Bien... on avance!
Tu as conservé le rythme et l'atmosphère proposés par Tistou, en y ajoutant une petite dimension supplémentaire, celle de la matérialité de la silhouette effrayante. C'est bien écrit, peut-être pas aussi surprenant que j'aurais attendu mais ça démarre bien ce MM4.

Sibylline 10/05/2005 @ 12:53:28
Ah mais justement, Sahkti, c'est qu'on ne sait pas si c'est une femme . C'est UNE silhouette... sans plus. A certains moments, on la sent féminine, à d'autres, on se souvient de son cigare...
L'impression que j'ai eue, moi, c'est que Yali prenait bien garde de ne donner aucune indication sur cet être étrange. Ni qui il est, ni ce qu'il est, ni ce qu'il veut, ni ce qu'il fait, ni ce qui le fait agir... Rien. Tout est laissé ouvert, tout est laissé vaquant. Au suivant de se débrouiller. Bien joué.
J'espère un peu que Spirit ne va pas foncer sur l'évidence. ;-)))

Krystelle 10/05/2005 @ 14:16:26
Je ne m'attendais pas à ce que la suite du MM s'attache si vite à la silhouette mais c'est une très bonne idée.
J'aime beaucoup l'écriture...

Mentor 10/05/2005 @ 14:50:17
Ah mais justement, Sahkti, c'est qu'on ne sait pas si c'est une femme . C'est UNE silhouette... sans plus. A certains moments, on la sent féminine, à d'autres, on se souvient de son cigare...
L'impression que j'ai eue, moi, c'est que Yali prenait bien garde de ne donner aucune indication sur cet être étrange. Ni qui il est, ni ce qu'il est....

"Les hommes elle ne les comprendrait jamais"
Mon impression nette à moi, c'est que Yali ne cache pas qu'il décrit une femme. Mais je me trompe peut-être. Et il ne nous le dira même pas, le cachottier...

Kicilou 10/05/2005 @ 15:25:01
Ah mais justement, Sahkti, c'est qu'on ne sait pas si c'est une femme . C'est UNE silhouette... sans plus. A certains moments, on la sent féminine, à d'autres, on se souvient de son cigare...
L'impression que j'ai eue, moi, c'est que Yali prenait bien garde de ne donner aucune indication sur cet être étrange. Ni qui il est, ni ce qu'il est....

"Les hommes elle ne les comprendrait jamais"
Mon impression nette à moi, c'est que Yali ne cache pas qu'il décrit une femme. Mais je me trompe peut-être. Et il ne nous le dira même pas, le cachottier...

Pour moi, "les hommes" c'est ici le genre humain, vu que cette silhouette ne semble pas humaine, enfin c'est ce que j'ai cru comprendre, non?
C'est vrai que je ne pensais pas non plus qu'on allait directement s'intéresser de près à la silhouette mais c'est aussi bien, elle devient personnage principal.
Un passage que j'ai beaucoup aimé :" La silhouette se fondit dans la nuit, s’étiola en pénombre d’hiver, mariage au noir" et comme c'est la première phrase, tant qu'à faire, ça m'a mis en bonne dispositon pour lire la suite ! ;-)
Du pur noir bien glauque ce MM4 ! On va s'amuser !

Mentor 10/05/2005 @ 15:49:03
Pour moi, "les hommes" c'est ici le genre humain, vu que cette silhouette ne semble pas humaine, enfin c'est ce que j'ai cru comprendre, non?
Ouais... pas humaine, pas humaine, mais ça fume le cigare les ectoplasmes? Pourquoi pas après tout.

Bluewitch
avatar 10/05/2005 @ 19:18:36
Ben justement, tout ce quiproquo, ça sert au texte, on ne sait trop sur quel pied danser, quel est ce personnage-silhouette.
J'aime bien le ton à la fois séducteur et glauque du deuxième épisode. Ca tient bien avec le premier et jusque là, je trouve ce MM prometteur!

Spirit
avatar 10/05/2005 @ 19:37:01
Pas eu le temps de dire ce que je pensais. Ben c'est bien, très bien même, si bien qu'on écrirait bien la suite,pas vous?

Spirit
avatar 10/05/2005 @ 20:00:54
Ben oui mais faut bien orienter un p'tit peu sinon c'est pô juste
Ah mais justement, Sahkti, c'est qu'on ne sait pas si c'est une femme . C'est UNE silhouette... sans plus. A certains moments, on la sent féminine, à d'autres, on se souvient de son cigare...
L'impression que j'ai eue, moi, c'est que Yali prenait bien garde de ne donner aucune indication sur cet être étrange. Ni qui il est, ni ce qu'il est, ni ce qu'il veut, ni ce qu'il fait, ni ce qui le fait agir... Rien. Tout est laissé ouvert, tout est laissé vaquant. Au suivant de se débrouiller. Bien joué.
J'espère un peu que Spirit ne va pas foncer sur l'évidence. ;-)))

Kilis 10/05/2005 @ 20:05:44
En quelques mots – mille six cents signes à peine - la présence qu’elle a désormais, la silhouette ! Et l’atmosphère est là déjà… comme suspendue à la fois diffuse et dense, concentrée, comme un ciel, une menace d’avant l’orage dont on sait la teneur mais dont on ne parierait pas sur la violence ni sur le lieu où elle va s’exercer.
Et, beauté du texte :
Les volutes de fumée montèrent au ciel, dans l’une d’elles se forma un paradis bleuté, elle le dissipa d’un revers de manche comme on chasse un mauvais souvenir et revint à ses pensées, à son « ventre ».

Loupbleu 10/05/2005 @ 21:15:52
Bon épisode, mystérieux. Je ne m'attendais pas non plus à suivre cette ombre mais ... C'est vraiment bien écrit, très condensé aussi. Et ça ouvre plus de portes que ça ne donne d'explication ! Attendons la suite, j'en frissonne déjà.

Killgrieg 11/05/2005 @ 20:09:15
quand tu fais sobre, ça marche bien aussi...
je m'interroge un peu sur le cigare... :)
belle suite

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