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Forums  :  Vos écrits  :  La promesse

Paracelse 08/05/2005 @ 13:08:28
Il fait beau, je frissonne. Ca ne se voit pas, je sais que j’ai l’air serein, du moins d’apparence calme. Fait exprès. Je n’ai pas envie que mes émotions débordent. Mais la fatigue aidant, ce n’est plus un effort. Je ne peux avancer que lentement. A l’économie. Et la tête aussi vide de toutes ces douleurs trop violemment contenues. Elles ont d’ailleurs fini par éclater à l’intérieur de moi pendant ce long voyage en train. D’un silence qui fait mal, mais qui m’a aussi soulagé.

Il fait beau, dans cette ville tant rêvée que nous ne connaissons pas. Et pourtant j’aurais souhaité qu’il pleuve. Qu’il vente. Etre accueilli aussi par un peu plus de grisaille, de saletés… Et ce quai où nous marchons, tout juste lavé, trop rutilant, où j’ai peur de glisser.

Le soleil déjà chaud joue avec les gouttes du sol. Tout à construire. Je sais ce que je quitte. Tout ce que nous quittons. Pas de regrets, les regrets sont toujours inutiles.

Tiens ! Il y a foule sur l’autre quai. Les gens ont l’air pressé, on les sent affairés, heureux pourtant, pris dans un rythme vivant.

Nous sommes là. Vivants nous aussi. C’est ce que je me dis…

Elle marche silencieusement à mes côtés. Elle n’a pas dit un mot depuis… depuis quand déjà ? Je ne me souviens même plus. Ah si… au passage de la douane. Quand il a fallu répéter et répéter encore, et épeler nos noms, et ouvrir les valises, et sourire, ne pas « avoir l’air de »… Elle a bien joué son rôle. Impassible, souriante, détendue. Et pourtant, je sais, oh je sais à quoi elle pense…

Elle a tenu. Elle tient encore. J’entends le bruit de ses talons, qui martèlent et avancent. Efficaces. Je ne peux que suivre. Et d’ailleurs elle m’épate !

Mais ce soleil, j’aimerais que ce soleil se voile. Nous avons trop rêvé, espéré, attendu cet instant. J’ai peur de mes « attentes », de ses « attentes ». C’est drôle comme on s’habitue au pire, et comme on peut avoir peur du meilleur…

Nous avançons encore. Dans un silence pesant. Les bagages se font lourds, mais j’aime cette idée d’avancer sans savoir où. Personne ne nous attend. Et c’est très bien ainsi.

Il est encore trop tôt, j’aspire à retrouver la nuit. Pour me laver de la fatigue et du reste. Dormir et oublier. Et demain, la réveiller demain, la serrer dans mes bras, enfin, le soleil, oui, demain !

Yali 08/05/2005 @ 13:18:05
C'est dommage Paracelse, les petites maladresses qui dérythme le texte. Redondance : " éclater à l’intérieur de moi" Superlatif : "Et c’est très bien ainsi" dommage oui, d'autant qu'ici, cela tient au rythme puisque rien n'est dit.

Acie 08/05/2005 @ 13:24:37
moi j'ai été très sensible à cet implicite doux et à cette envie étrange d'un moins beau temps, demain seulement etc
très joli, tout est suggéré
on ressent les liens forts entre les deu xpersonnages et cette nouvelle vie qui commence
demain

Balamento 08/05/2005 @ 14:20:34
C'est dommage Paracelse, les petites maladresses qui dérythme le texte. Redondance : " éclater à l’intérieur de moi" Superlatif : "Et c’est très bien ainsi" dommage oui, d'autant qu'ici, cela tient au rythme puisque rien n'est dit.


Pinaillage pour pinaillage, " éclater à l'intérieur de moi" n'est ici en rien une redondance, ni au sens commun, ni au sens linguistique, à la fois dans le sens où, si l'on se place au raz des paquerettes, l'éclatement se produit généralement à l'extérieur et non à l'intérieur, et à la fois dans le sens où "à l'intérieur", dans le cadre de la phrase, appelle forcément un complément, complément non implicite puisque aurait pu suivre "du wagon" plutôt que "de moi".

Redondance : 1. abondance excessive de termes dans le discours ; verbiage. 2. (ling) caractère d'un énoncé qui réitère sous plusieurs formes différentes un même trait signifiant.

Et pinailleur pour pinailleur, "Et c’est très bien ainsi" n'est ici en rien un superlatif, au sens où il n'augmente ni n'amoindrit, mais, dans le contexte, semble plus sûrement poser un constat un rien désabusé et donc sensible et non dénué d'un ajout de sens non quantitatif.

Superlatif : degré de comparaison des adjectifs ou des adverbes qui expriment une qualité portée à un très haut degré, à un plus haut degré ou à un moins haut degré.

Sinon, en arrêtant de pinailler un instant, j'apprécie pour ma part ce texte qui fait la part belle à ce qui n'est pas écrit, à ce qui est "en creux" si j'ose dire, en laissant tout loisir au lecteur d'aller un peu où il veut (mais pas trop quand même ; - )), en le nourrissant simplement d'impressions et d'images plutôt bien dénichées et jamais trop appuyées.

Yali 08/05/2005 @ 15:19:56
Mais quelle belle démo Balamento et que de mots dépensés sur un commentaire plutôt que sur un texte?! Mais allons-y et pourquoi pas, “à l'intérieur de moi” est bien redondant puisque : “Caractère de ce qui apporte une information déjà transmise sous une autre forme Mots(s) superflu(s)”. S’il n’était question de style et puisque tu m’as l’air fort à l’aise en la matière, tu dois théoriquement convenir que la formulation idoine aurait été “En moi”. Le narrateur employant le “Je” nous savons être déjà en lui.

Et allons y pour l’emploi du superlatif, définition : superlatif absolu : superlatif ayant la forme d’un adverbe, tel que “très”. Le bien ne supporte pas de “très” tout comme ” beau” ou “idéal”. Hors dialogue, bien entendu.
Maintenant, à chacun de manier la langue comme il l’entend, le sent, et aussi à chaque lecteur de le recevoir ou pas. En tant que lecteur, je signale juste où ma lecture s’est brisée, diminuant, de fait, mon intérêt. Et je le fais remarquer, des fois que l’auteur aurait envie de contenter un plus large lectorat. Ambition que pour ma part je trouve louable.

Balamento 08/05/2005 @ 16:05:26

la formulation idoine aurait été “En moi”. .

Le bien ne supporte pas de “très” tout comme ” beau” ou “idéal”.


Merci à toi d'avoir précisé qu'il ne s'agit donc bien là ni de redondance, ni de superlatif, mais bien d'une histoire de goût personnel quant au sytle ou à la formulation qui te fait préférer "en moi" à "à l'intérieur de moi" et les "bien" solitaires plutôt que les "bien" accompagnés de "très".

Ceci dit je ne compte pas mes mots, c'est peut-être un tort mais l'économie n'est pas mon fort. Sinon, je ne doute pas que ton avis sur ce texte se soit voulu constructif, même s'il était mal étayé et formulé.

Paracelse 08/05/2005 @ 16:33:54
Merci de vos commentaires, quels qu’ils soient… ;-D

Pour les deux expressions qui font parler… lol… et bien, je tiens à les garder, parce qu’elles ont leur importance ! (comme l’a très bien compris balamento, dont d'ailleurs le sens mathématique m'est apparu fort sympathique... lol...) ; et j’aime moins, personnellement, « éclater en moi », mais merci quand même pour la suggestion, Yali ! ;-D

Juste une précision pour « l’élargissement du lectorat » ; j’écris pour être lue bien sûr (même si je n’ambitionne pas, et même pas du tout… lol… d’être lue comme Gavalda ou Marc Lévy ;-D), mais j’avoue que très égoïstement, je suis surtout attentive à mon oreille à moi (par ex, dans ce texte, c’est le tout dernier paragraphe qui me pose problème pour le rythme…). Et puis ce qui gêne l’un (Yali) ne gêne pas l’autre (Balamento), donc le lectorat est à taille élastique… ;-D

Sahkti
avatar 09/05/2005 @ 12:35:28
Je ne me sens pas emballée et ça m'agace un peu parce que je sens que si on gratte un peu, il y a quelque chose. C'est comme si tu te retenais, que tu ne mettais pas assez de naturel et de spontanéité dans ton texte. Tout cela est trop rigide, trop structuré, ça manque de chaleur. Il y a pourtant des idées, un fil conducteur plaisant, mais ça ne décolle jamais. Manque un truc!

Paracelse 09/05/2005 @ 13:21:32
Merci, Sahkti, pour tes commentaires ;-D mais j’écris « spontanément » et « naturellement » comme ça… sans chercher (du tout) à me « retenir » … et ce côté distancié correspond à ce que je suis et à ce que j’aime écrire (j’aime bien les écritures « blanches » d’ailleurs !). Je n’ai pas envie de chercher à être particulièrement plus « chaleureuse » (surtout sur un texte comme ça où la distanciation correspond en plus aux personnages, à leur douleur…), parce que justement, ça me paraîtrait artificiel car ne me correspondant pas ! ;-D

Je crois que c’est parfois difficile de ne pas « projeter » dans un texte (qu’on lit) ce qu’on est, ce qu’on aime, voire la manière dont on écrit soi-même… et à ce que j’ai pu lire de toi jusqu’à présent (et que j’apprécie, même si j’écrirais sur un même sujet de manière probablement très différente ;-D), tu risques de ne pas beaucoup aimer mes textes… lol… mais c’est aussi là toute la richesse et l’intérêt des différences (tant dans l’écriture que dans la lecture ! ;-D)

Loupbleu 09/05/2005 @ 15:14:29
J'ai trouvé ce texte très intéressant. La réflexion sur le beau temps, je la trouve très juste. Pour mon goût personnel, il me manque peut-être quelques détails pour comprendre ce qui se passe (j'ai l'impression d'un fragment de récit dont il me manquerait au moins le début).

J'ai une impression qu'il manque quelquechose pour se raccrocher à la réalité, que le "décor" est abstrait. Cela donne une certaine impression. En ajoutant des éléments de décor plus précis, cela changerait certainement le ton du texte. C'est peut-être une possibilité à envisager ?

Une dernière remarque sur le style caractéristique en phrases courtes et rythmées par des points : (par exemple "qu’il pleuve. Qu’il vente."). Ca n'est pas mon procédé favori, mais il est plutôt bien maîtrisé.

Kicilou 09/05/2005 @ 15:41:07
J'ai bien aimé ce texte, il est plein de choses dites ou suggérées qui retiennent l'attention.

Mais j'ai relu et il me manque tout de même un petit quelque chose pour bien te suivre, comprendre. Mais ce n'ai pas nouveau, j'ai lu ce que tu en disais sur d'autres t'extes : tu préfères le complêtement inplicite et moi le légèrement explicite ! ;-) Alors, tant pis, je resterai sur mon petit bout de compréhension. :-)

Pour reprendre ce que tu disais avec Sahkti, c'est vrai que je m'attends souvent à ce qu'un texte soit, au moins en partie, autobiographique, et ce n'est pas le cas ici, puisque le personnage qui raconte est un homme. Peut-être est-il plus compliquer de parler de sentiments et d'impressions lorsque l'on ne les a pas ressentis soi-même...

Mais je vais redire que, malgré tout , j'aime bien ton texte. Et qu'il ne manque vraiment pas grand chose pour que je l'aime beaucoup.

Paracelse 09/05/2005 @ 16:15:31
Merci loupbleu (joli pseudo ! ;-D) et kicilou !

Je pense que celui qui écrit peut utiliser un personnage d’un autre sexe que le sien, ou d’un autre âge, ou d’un autre… etc, etc… ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas vécu et/ou ressenti les sentiments et/ou sensations qu’il met en texte… ;-D comme je le disais sur un autre topic, je crois que le fait de préciser que c’est autobiographique induit un biais qui serait de laisser supposer que le fond serait forcément alors plus sincère, plus profond, plus fort… puisque vécu… mais pour moi, il ne m’apparaît pas utile, justement, de préciser quoique ce soit, c’est au lecteur de choisir (ou pas) d’imaginer ce qu’il veut… et d’avoir cette liberté là ! ;-D

La suggestion d’introduire plus d’éléments visuels est intéressante, je ne sais pas, en tout cas, c’est un truc à tenter… La grande difficulté pour moi est d’écrire « abstraitement », c’est ce que je préfère, évoquer des sentiments, et plus encore d’ailleurs des sensations (parfois même archaïques) qui toucheraient à l’universel… et en même temps, je me heurte à la difficulté de trouver un juste équilibre entre « ne pas trop en dire » (pour laisser place à l’imaginaire du lecteur) mais « en dire quand même… » ;-D …et même si je sais, souvent (pas toujours…) de quoi je pars (de quel événement, personne…), je n’ai pas envie d’en dire plus que le strict nécessaire, strict nécessaire qui, apparemment, n’est pas assez nécessaire pour certains… lol…

Pour donner une comparaison, qui parlera peut-être à ceux qui connaissent ce cinéaste, j’aimerais réussir en écriture ce que sait si bien faire Gus Van Sant avec une caméra (avec « Gerry » par exemple, film minimaliste qui se passe dans le désert avec deux personnages et très peu de dialogues…), cinéaste que certains qualifient d’« abstrait »… et d'autres de « nihiliste », d’« imposteur » et/ou de « pompeux »… lol… en tout cas, c’est vers ce genre d’abstraction que j’ai envie d’aller ! ;-D Sans en dire beaucoup (c’est le moins qu’on puisse dire…), GVS est un cinéaste qui me touche (et me parle) profondément !

Tistou 13/05/2005 @ 20:19:11
Intrigant moi je dirais. L'impression de n'avoir qu'un fragment. Un peu frustrant peut être.
Et puis à relire pour en avoir le coeur net, j'ai l'impression toujours un peu plus.
Quand même format un peu court, et pas totalement achevé. Un peu frustrant (déja dit).

Saint Jean-Baptiste 13/05/2005 @ 23:06:15
On nous reproche parfois d'être trop complaisant. J'avoue qu'il m'arrive parfois de l'être.
Cette fois-ci je vais dire mon avis sincèrement.
Je trouve que ce texte dit quelque chose d'intéressant mais qu'il est mal rédigé.
- "J'ai l'air serein, du moins d'apparence calme"
- "La fatigue aidant, ce n'est plus un effort"
- "La tête aussi vide de toutes ces douleurs"
- "ces douleurs ont éclaté à l'intérieur de moi"
- "un silence qui fait mal mais m'a soulagé"
- "les gens ont l'air pressé on les sent affairés"
Le texte est clair, mais l'expression me paraît tout à fait quelconque et ces phrases sont plutôt construites de travers.
Je vois que dans ses commentaires, Paracelse nous dit qu'elle écrit spontanément. Un peu trop, peut-être ?
Bon, ce n'est pas dans les habitudes d'être tellement critique, j'espère que Paracelse ne va pas le prendre de travers. De toutes façons, ce n'est qu'un avis, et de plus, ce n'est que le mien !

Fee carabine 15/05/2005 @ 03:00:03
Dans l'ensemble, j'aime bien ce texte: un bon fil conducteur, une histoire qu'on devine, qui n'est que suggérée mais qui est intéressante. Mais je ressens aussi cette impression de "trop peu" et si je n'avais pas lu ta réponse au commentaire de Sahkti, Paracelse, j'aurais aussi dit que tu ne t'étais peut-être pas assez "lâchée". Compte tenu de ce que j'imagine de la situation des deux personnages, je m'attendrais à un peu plus de tension. Enfin, peut-être que ce texte est un tout petit peu trop minimaliste pour moi, tout comme "Gerry" d'ailleurs (mais par contre, j'avais beaucoup aimé "Elephant").

Paracelse 15/05/2005 @ 11:31:06
Ce texte (comme "Ailleurs") est un polaroïd, un flash instantané ! ;-D la plupart des textes que je lis, ici, sont des courts métrages, des histoires... ça ne m'intéressait d'en faire une dans le cas présent... j'ai eu simplement envie de capter juste quelques secondes de pensée de la vie de quelqu'un, comme quand on s'asseoit en face d'une personne, dans le métro ou ailleurs, et qu'on se demande ce qu'il/elle pense... ;-D et la manière dont il/elle pense... (ici, le personnage masculin n'est pas encore dans le "lâcher prise", mais plus dans la "tension" non plus...)

En tout cas, la remarque la plus intéressante à mon goût est celle qui dit que le texte est "frustrant" ! ;-D j'adooooore... lol...

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