Tistou 26/04/2005 @ 23:37:02
Prague. L’Europe Centrale. Kafka. Dvorak. Smetana …
Prague. Fourmillement d’une ville en explosion de croissance. Jeunesse à tous les étages. Chambres hors de prix. Nourriture pour rien …
Prague. Hiératisme des bâtiments officiels dans Nove Mesto (la nouvelle ville). Avenues perpendiculaires … Délires romantiques et baroques. Fantômes décadents dans Stare Mesto (la vieille ville_la ville historique).
Débarquer de nuit dans Stare Mesto. Nuit douillette et embrumée, seulement éclairée par des réverbères. Et d’un coup faire face Staromestske namesti (place de la vieille ville) aux façades hallucinées et aux toits, tours, clochers, clochetons qui s’élèvent en désordre vers le ciel, luisants d’humidité. Et d’un coup savoir pourquoi l’on est là …
Plus tard, au jour, à un pont de distance vers le sud de Karluv Most (le Pont Charles), retour à la vie réelle avec le funiculaire de la colline de Petrin. Là, du haut de la colline, la ville s’étale à vos pieds. Le grouillement humain sur Karluv Most, les façades délirantes et les toits en tous sens de Stare Mesto, les quadrillages des larges avenues de Nove Mesto, la stature fière et rassurante du Chateau Royal et de la Cathédrale St Guy sur la colline voisine de Hradcany.
Et derrière, autour, au loin, ce n’est déja plus le même monde. Tout proche, le Stadion Strahov, stade au milieu de nulle part, dans la meilleure tradition des ex-dictatures de l’Est. Devant, quelques immeubles hauts, blocs de béton, alignés comme à la parade, pas de vie autour. Université ? Hopital ? Au loin, fouillis inextricable et qui vous serre le coeur de tours, barres et immeubles. Concentré humain de masses laborieuses, qu’on espère vivable, mais on ne sait pas ..
Là, sur la colline de Petrin, calme, verdure et nonchalance. Une réplique de la Tour Eiffel qui s’élève à 60m. L’ensemble évoque irrésistiblement Lyon, avec son funiculaire et sa Tour Eiffel. On n’a pas de mal à imaginer les dimanches ensoleillés la foule des pragois,répandus sur les pelouses, les paniers de pique-nique, les enfants qui courent, …
En bas, la foule sans discontinuer s’agglutine sur Karluv Most. La Vltatva roule des flots impétueux. Des hommes, des femmes, inlassablement font face au flux des passants, et tentent de se débarasser de leur quota de tracts à distribuer auprès des touristes saturés de propositions de concerts de Mozart, Dvorak, … , exploitation commerciale qui tourne à plein.
Et là haut, veille le Chateau, veille la Cathédrale, qui rappellent qu’il y a eu un avant-l’occupation nazie et l’alignement communiste. Et un après. Oui, il y a bien un après.
L’entrée dans l’Europe booste la Tchéquie. Pas connu celle ci avant son entrée dans l’Europe mais elle rattrape manifestement le temps perdu à marches forcées. Suractivité de partout, et jeunesse. Jeunes femmes, jeunes hommes, qui s’affairent. Contraste saisissant entre cette volonté palpable de développement et l’activité indolente de certains au sein d’établissements bien établis ; le Musée National, …
Des Tchèques, curieux mélange de caractère germanique imprégné d’ordre et de discipline et de signes évoquant déja des caractéristiques slaves. Les pomettes hautes des femmes. Leur physionomie ; concentrée et pénétrée, un instant paniquée et déstabilisée par une tentative d’humour, et qui reprend vite comme un air de condescendance et de compétence. Le paravent de la normalité, du maîtrisé ...
Un zeste de raideur en trop, comme de peur de l’étranger et de ce qu’il a pu déja amener. Il ne doit pas faire bon montrer un accès de faiblesse à ceux-là !
Prague. Resteront imprimés quelques flashes :
Le choc de la découverte la nuit des sommets des édifices autour de Stare Mesto. L’impression brutale d’entrer de plain-pied dans le décor d’une nouvelle fantastique d’Edgar Poe.
La chaude lumière de fin d’après-midi sur de fières façades de Nove Mesto qui laisse entrevoir qu’on aurait pu vivre là. Qu’un autre monde existe et qu’on connaîtra mal …
L’application obstinée et têtue d’articuler ses explications en anglais de cette guide. Jeune femme inébranlable et toute d’une pièce que j’aurais bien vue, un certain printemps 1968, debout face aux chars soviétiques, exprimer l’horreur muette d’un peuple opprimé.
L’émotion ressentie à l’entrée dans la Salle Vladislas dans l’ancien Palais Royal, dans l’enceinte du Chateau. Cette salle aux dimensions démesurées, à l’authenticité évidente, véritable incarnation de l’âme pragoise, dont il est dit qu’elle sert encore lors de la proclamation des résultats des élections présidentielles. Et j’avais l’impression de palper, physiquement, l’émotion ressentie par les Pragois lors de la toute première désignation d’un Président, non communiste. Un écrivain, Vaclav Havel.
Un mac au petit pied, dans la nuit, sur Vaclavske Namesti (les « Champs Elysées » pragois, laissant sa compagne, le visage fermé, le long d’un mur, …
Impressions fugitives pragoises.

Felixlechat

avatar 27/04/2005 @ 01:01:25
Qulle superbe description! Tout y est: fantaisie blanche, rouge et actuelle. Un passé acide se mêle à une renaissance splendide.
Je souhaite aux acteurs de ce monde nouveau des jours lumineux.
La lumière n'évince pas les ténébres, elle existe sans elle, de par sa nature distincte. FLC.

FéeClo
avatar 27/04/2005 @ 08:17:32
Tistou, tes impressions ont réveillés mes lointains souvenirs d'un trop court voyage à Prague. J'ai toujours dit que j'y retournerais, et voici que tu offres ce voyage. Merci.

Mentor 27/04/2005 @ 09:21:13
On y est à Prague! et cette description magistrale montre parfaitement les contrastes d'architecture mais aussi les tiraillements psychologiques passés et présents. Magistral Tistou, très beau carnet de voyage. Tu dois en revenir là? C'est bien de faire ça à chaud, magnifique.

Killgrieg 27/04/2005 @ 12:06:48
belle description tistou, très bien écrite, évocatrice; des images, beaucoup d'images...
Me manque peut-être, au-delà de ces impressions, des sentiments, de l'émotion. C'est peut-être ce "on" universel et impersonnel, peut-être le fait que tu parles de tes sentiments sans les dire...
Me manque très peu de choses pour avoir le frisson... Toi... Ouais, c'est ça! j'aurai voulu l'histoire, l'avenir, l'architecture et... Toi... Plus de toi... Comme dans ce café en Champagne

Sahkti
avatar 27/04/2005 @ 12:18:33
C'est beau mais je suis restée un peu à côté. Manque de chaleur, manque d'émotion... On sent que ça t'a marqué mais ça reste trop descriptif, pas assez intériorisé. Il faut dire aussi que je suis marquée par les impressions pragoises de Marina Tsvetaeva, incroyables, tellement humaines et profondes... difficile de comparer évidemment. Je crois que c'est ça, oui, l'humanité, qui me manque le plus dans ce texte. Sentir le sang de la ville qui coule dans les veines.

Acie 27/04/2005 @ 12:32:33
idem, je n'ai pas accroché, ça manque d'émotions le "on" est trop indifférent ça manque du regard intérieur que tu as pu avoir, désolée, je t'ai trouvé presque aussi descriptif et historique que ta commentatrice que tu décris
j'ai pourtant beaucoup aimé tes autres textes, dommage qu'il manque ce petit truc personnel

Saule

avatar 27/04/2005 @ 15:03:38
J'aime beaucoup les impressions de voyage, surtout si j'y ai été. Merci pour la bouffée de nostalgie.

J'ajoute le cimetière juif et la synagogue. J'aimais aussi regarder les badaux massés devant l'horloge de l'hôtel de ville pour voir le spectacle lorsque sonnent les heures et que défilent les apôtres miniatures. Je me souviens d'une grosse dame qui s'était imprudemment éloignée et qui revenait en courant lorsque le premier coup de minuit à sonné. Trop tard ! Elle est arrivée toute penaude au dernier coup.

Smetana, Tchèque ou Slovaque ? J'ai un doute. Si je l'avais ici je l'écouterais maintenant.

Sibylline 27/04/2005 @ 19:20:27
Bonjour Tistou , alors, c'était à Prague ces vacances? Et tu nous envoies une carte?
Hier, c'était Grieg qui postait des Caraïbes. Aujourd'hui, Prague, ça ne doit pas être aussi chaud, surtout en février.
Prague, j'y suis allée deux fois, mais brièvement à chaque fois. Je revois bien les lieux dont tu parles. On a dû se balader dans les mêmes coins. Mais si, et même quand, je l'ai raconté à mon retour, je ne l'ai pas du tout fait de cette façon. On voit la différence de point de vue. En te lisant, je revois les lieux mais je ne retrouve pas mes impressions pour la bonne raison, que tu évoques peu les tiennes, d'impressions. Tu pourrais nous refaire une deuxième carte de Prague, qui parlerait seulement de tes impressions. Et mélanger les deux.
Comme toujours, on ne parle que du point faible, alors avant de finir, il faut dire que ta carte est chouette aussi. :-))

Tistou 27/04/2005 @ 22:43:42
Carte postale, c'est le mot. Vous savez 3 jours à Pragues ça n'est pas trop quand même, et c'est plus des impressions FUGITIVES ressenties à fleur de peau que j'ai voulu écrire. Les propos d'un intuitif, ou de quelqu'un qui se considère comme tel. Je crois être plus sensible à l'ambiance générale qu'à du factuel, de l'objectif.

Lyra will 28/04/2005 @ 22:11:41
Moi aussi je suis un peu restée à côté, peut-être un peu trop descriptif pour moi, pas assez d'émotions, les arrêts sur images trop rapides, peut-être auraient-il gagnés à être developpés ?

Mais alors il faudrait changer le titre, ça n'irait plus.
Cela vient peut-être aussi du fait que je ne vois pas du tout à quoi cela ressemble Pragues, autrement j'aurais ressenti ton texte tout à fait différemment, c'est évident.

Ton écriture est toujours aussi belle Tistou.

Kilis 28/04/2005 @ 22:24:29
Carte postale, c'est le mot. Vous savez 3 jours à Pragues ça n'est pas trop quand même, et c'est plus des impressions FUGITIVES ressenties à fleur de peau que j'ai voulu écrire. Les propos d'un intuitif, ou de quelqu'un qui se considère comme tel. Je crois être plus sensible à l'ambiance générale qu'à du factuel, de l'objectif.

Oui mais, tu le fais si bien, Tistou, j'aime beaucoup ta manière impressionniste.

Tistou 02/05/2005 @ 10:07:24
Saule, pour voir défiler les apôtres à l'horloge astronomique maintenant, c'est entre 9H et 21H. Après, c'est relâche !
Sibylline, pas les mêmes impressions dis-tu. Je veux bien le croire. Les impressions sont en partie définies par l'humeur du jour, les gens qui sont autour de toi, ... et quand y es-tu allée ? Parce que j'ai l'impression que l'ambiance doit être en train d'évoluer furieusement !

Kicilou 02/05/2005 @ 17:26:31
Je suis passée complêtement à côté du début du texte... Tellement de noms qui ne m'évoquent rien. Mais ce n'est pas ta faute Tistou, je n'ai aucune culture ! Alors je n'ai presque rien compris...
La suite me parle déjà un peu plus... Mais comment dire, tu parles de flash à un moment, c'est ça : l'impression de lire une suite de flash. C'est dur de rentrer dans ce texte : lorsque j'arrive à m'immerger dans un passage, tu changes de sujet...
Mais avec des photos à l'appuie ça aurait pu être une très belle description : photo par photo, impression par impression...
En tout cas, on dirait que ton séjour là-bas t'as plu, c'est le principal !

Yali 03/05/2005 @ 13:57:29
Et où se trouve cette littérature pour laquelle on se bat Tistou, ce philtre du quant à soi qui fait que l’on regarde à travers un auteur ? Ici, bien sûr est la ville, bien sûr est la vie, mais manque le philtre de l’interprétation qui lui donnerait sa dimension, soit la tienne. Non ?

Tistou 03/05/2005 @ 15:52:42
Ca c'est marrant, je ne ressens pas ce que vous dites, à beaucoup. J'ai justement l'impression de n'avoir donné QUE mes impressions. Et le reflet est tout autre.
Rarement senti un tel décalage.

Aegis 04/05/2005 @ 11:41:25
Excellent! C'est saisissant, justemment peut être parce que ça semble saisi sur le vif... Et cette "force" ont la retrouve rien qu'en gardant la première et la dernière phrase et en les mettant face à face..

Charles 04/05/2005 @ 15:55:11
Ca c'est marrant, je ne ressens pas ce que vous dites, à beaucoup. J'ai justement l'impression de n'avoir donné QUE mes impressions. Et le reflet est tout autre.
Rarement senti un tel décalage.



A mon avis, ton texte doit être ressenti de façon différente selon que l'on connait ou pas Prague ou une autre ville d'ambiance proche.

qq qui connait sera tout de suite renvoyé à sa propre expérience et chaque image trouvera résonance. Pour qq qui ne connait, l'effort imaginatif est peut être trop important tant les images sont nombreuses et succintes.

Balamento 05/05/2005 @ 14:24:06
Il y a là un peu cette manière de scander des noms propres, des consonnances étrangères, des lieux et des personnages, d'imprégner de détail et de flash, qui lorsque je la croise me laisse le loisir de voyager tout à mon gré. Et peu importe où finalement, à Prague ou à Tombouctou...

Merci pour le billet gratuit aller-retour week-end praguois ;-)

Paracelse 05/05/2005 @ 18:58:05
Hello Tistou ! ;-D

Je pense que Charles a raison... ce texte doit résonner très différemment selon le fait qu'on connaisse Prague ou pas... Et moi qui ne connait pas (ce n'est pas faute d'avoir envie d'y aller), je me suis sentie extérieure à ton texte, qui m'est apparu trop distancié, trop froid, trop "catalogue" aussi avec ses noms propres... en bref, Prague, je ne la "sens" pas là !

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