Killgrieg 19/04/2005 @ 08:03:38
l'idée:
je galère avec 130 pages d'un roman que j'ai commencé avant CL (80 pages) et que j'ai continué en incorporant les textes (exo, etc...) que j'écrivais pour le forum...
J'ai besoin de vous pour me donner une motivation et des avis critiques et constructifs. (je suis pro des premiers chapitres et n'ai jamais été au delà (je dois bien en avoir 300))

Je voudrais donc poster par petits bouts (9 à 10 000 signes soit 5 pages), une fois par semaine, cet embryon de roman et l'écrire et le corriger avec votre aide et vos remarques.

Si ma démarche vous semble étrange, voir déplacée, n'hésitez pas à me le faire savoir et je cesserai aussitôt.

Important:
Si l'ambiance générale est noire (voir glauque) certains passages sont, sinon érotiques, au moins sexuellement explicites.
Je préviendrai chaque fois qu'un passage plus "chaud" apparaîtra dans un envoi.
Et bien sûr j'inviterai tous ceux qui n'aiment pas ce genre de textes à refermer ce fuseau en acceptant mes excuses.

Très important : Je ne fais pas ça pour flatter mon ego mais bel et bien pour avancer dans ce que j’ai entrepris, pour que vous pointiez le doigt sur ce qui cloche… Alors dites simplement ce que vous sentez, pensez vraiment, soyez francs, durs s’il le faut.
Merci.




1







Grégoire regardait l’heure sur l’horloge murale. Une demi-heure, tu restes une demi-heure et tu rentres.

- Ça faisait longtemps qu’on t’avait pas vu
- Trop de boulot, marmonna Grégoire, tu vas bien ?
- Tu bois quoi ?
- Sers-moi une tequila, s’il te plaît.

Jeanne se tourna vers les alcools fichés au dessus du bar, sa réponse se perdit entre les bouteilles. Grégoire voulut changer sa commande, prendre un long drink plutôt, faire durer, mais Jeanne avait déjà saisie la bouteille aux reflets d’or et posait le minuscule verre devant lui.

- Donne moi une bière aussi, une dos equis. Il lui sourit.

Jeanne tenait ce Café depuis toujours avec René. Grégoire aimait bien sa conversation réduite, ses phrases systématiques acquises au cours des milliers de nuits blanches passées à poser des verres devant des âmes tordues. Il avait passé là des centaines de nuits inégales, entre l’ennui et l’évasion. Des nuits où tout pouvait arriver, au cours desquelles il ne se passait souvent rien. Un rad pour clochards cossus, un lieu unique et reposant où il faisait bon se perdre.
Toujours les même personnages au bout du comptoir, les petits signes de la main quand Grégoire entrait. Jeanne virevoltait pesamment, derrière et devant le comptoir, René jacassait, racontait ses mensonges pour la énième fois, à l'aise, imbibé, souvent en colère contre elle, contre l’arabe qui poussait la porte du bar, contre le monde.

- Cher ami, vous ferez bien une petite partie avec votre humble disciple ?
- Comment allez-vous ?

L’acteur qui n’avait jamais joué posait le jeu d’échecs sur le comptoir, il empoigna la main tendue de Grégoire et fît grincer le tabouret sur le carrelage.
L’acteur était un vieil homme, beau comme un héros de Manga, avec un accent slave prononcé, accentué par une ébriété constante et une propension à articuler d’interminables phrases bancales ponctuées de formules de politesses désuètes. S’il aimait jouer aux échecs, il appréciait surtout les bières que Grégoire pouvait lui offrir au cours de leurs parties maladroites.
L’acteur installait le jeu. Une jeune fille poussait la porte du bar, les visages se tournaient vers l’entrée. Ouverture Classique.

- Lila, ça f’sait longtemps qu’on t’avait pas vu.
- Salut Jeanne.

Lila, en passant, embrassa, sourit, caressa gentiment le dos du vieil homme et disparut au fond du bar pour saluer les habitués.
René qui avait fait semblant de ne pas voir Grégoire jusque là, s’approcha et lui tendit la main.

- Grégoire ! C’est dingue, tu sais qui j’avais au téléphone ya pas une heure ?

Grégoire savait, comme à chaque fois, toujours la même personne, toujours la même phrase, référence à un passé oublié, à peine un passé, presque pas une histoire… un moment de la vie de Grégoire qui aurait fini rangé au fin fond de sa mémoire éthylique si René n’en avait fait leur private joke. Il avançait ses pions sans même y penser, soldats ivres, kamikazes sans idéologie.

- T’as vu la cochonne qui viens d’entrer, celle là, c’est un boudin pour toi !

Grégoire laissa glisser son regard vers le fond de la salle, son monde, Le matelas confortable de petites phrases sans surprise et l’inconnue qui finirait bien par pousser la porte du bar. Il allait expédier la partie et envoyer l’acteur ramener la jeune fille.

- Vous allez perdre.

L’acteur avait avancé quelques pièces agressives, bien disposées pour une attaque éclair, mais sa défense était inexistante. Grégoire regardait l’échiquier. Tu dois te concentrer. Il tendait l’oreille aux discussions environnantes. Ne pas perdre maintenant, le bar devait se remplir plus, boire encore quelques verres, laisser les personnages s’installer autour de lui, continuer à jouer, laisser l’alcool faire son travail.

- On va s’asseoir ?
- Vos désirs sont mes envies.

L’acteur portait déjà le jeu vers une des tables libres, Grégoire lui posa la main sur l’épaule, le dirigea vers un autre endroit, plus central, sur la banquette, près d’un couple de jeunes passablement ivres. La porte s’ouvrit sur une femme sans âge. Grégoire avança son fou pour parer à l’attaque gauche de l’acteur.

- Oh, oh, les choses se corsent, vous aviez prévu… Hmmm…
- Tu peux nous apporter deux demis Jeanne, s’il te plaît.

Un mec se penchait sur l’épaule de l’acteur, comme chez lui, petit rictus méprisant, un joueur. L’acteur, agacé, leva les yeux, se tourna franchement, une seconde, reprit sa position, observa le jeu, un regard à Grégoire, le sourcil levé.

- Y veut quoi, le morpion derrière, se poser sur mon cul !

L’intrus cilla à peine, stoïque, son sourire signifiait je sais. L’acteur leva la main et l’agita négligemment, comme pour chasser une mouche.

- Disparaissez.

Le type recula sans cesser d’observer le jeu. Résistance. La jeune fille à côté observait l’échange. Elle tourna la tête vers l’acteur, regard trouble, ses lèvres s’ouvrirent pour laisser échapper un Connard susurré. Le visage de l’acteur s’illumina.

- Enchanté !
- Connard.
- Comment une aussi jolie bouche, peut-elle proférer de telles insanités…
- J’te pisse au cul !
- Laisse tomber, glissa son compagnon, la main posée sur son avant-bras, apaisant.

La fille était magnifique, un visage marqué mais jeune, de grands yeux noirs, sa bouche trop pleine ne savait pas dessiner le mépris qu’elle voulait exprimer. Son ami souriait. L’acteur ronchonna. Grégoire sentait son esprit s’ouvrir, sa libido frissonner. Il s’adressa à l’intrus.

- Tu veux jouer ?

Le type piétinait, Grégoire se déplaça, , glissa tout près de la fille. Les yeux de l’acteur quittèrent l’échiquier.

- Vous abandonnez ?

L’alcool prenait toute la place, les esprits se mêlaient, plus rien ne comptait que les gestes, les situations immédiates, l’ivresse partagée. L’échalas importun glissait ses longues jambes sous la table, Grégoire se collait tout à fait à la fille qui ne bougeait pas.

- Je prend le gagnant, lança-t-il.
- Vous me devez un verre.
L’acteur se tourna vers l’autre, l’observa…
- Prenez place, installez vous et montrez nous…

Il replaçait les pièces sur l’échiquier. L’univers de Grégoire était en place.
Plus rien ne comptait que le contact de la jambe de la fille à sa droite, le mouvement discret et régulier, dosé, La partie commençait, les pièces en place, l’inconnue, la femme sans âge, la jeune fille, Cocagne. Il pressa sa jambe contre celle de la jeune fille. Doucement d’abord, comme un incident. Elle ne bougeait pas. Plus fort maintenant, comme une caresse…

- C’est comme ça que tu dragues ?

Son compagnon, à peine surpris, plissait les yeux comme devant un problème de maths. Grégoire sourit, l’intrus était bon, très bon, il occupait déjà tout le terrain, efficace, un tueur. Grégoire accentua encore la pression de sa jambe .

- Pas toujours, c’est même inédit à vrai dire.
- Pas terrible comme approche… Oublie.

La jeune fille gardait la tête basse, légèrement inclinée, elle parlait à son verre. Son ami comprenait mal, il continuait à afficher son sourire convivial mais ses yeux fouillaient l’espace en cherchant une réponse. Il tendit la main à Grégoire.

- Robert, Enchanté.
- Grégoire, Salut. Il pivota vers la jeune fille. Et toi ?
- Ça t’intéresse vraiment ?

Robert, canadien, prit la conversation en main, conta sa vie par le menu, offrit une tournée. Il était en visite, il venait d’arriver en fait, Là depuis quelques heures, d’Amsterdam, via la Belgique, fabuleux pays. Il logeait chez la jeune fille, Nathalie, Nathalie, rencontrée quelques années plus tôt en Italie… une amie… ils s’adoraient… se voyaient dès qu’ils pouvaient… ils en avaient vécu des choses… ils passaient des moments merveilleux chaque fois… Ils auraient été amants si Robert n’était pas définitivement homo. Nathalie participait à la conversation, ignorant Grégoire qui posait quelques questions polies. Sa jambe avait pris quelque distance. L’acteur était à terre, il n’était pas non plus là pour gagner. Grégoire n’avait pas l’intention de reprendre la partie. Il se ferait écraser et perdrait le fil ténu qui le menait au bout d’une nuit différente. Nathalie était toujours hostile, aucun espoir. Le canadien juste sympathique, pas dragueur, aucune charge sexuelle dans leur discussion. Grégoire commençait à s’ennuyer. Il était temps de reprendre l’initiative.

Au bar, Lila tendait l’oreille à un jeune homme bronzé, la femme sans âge piquait du nez entre ses bras croisés. La salle était pleine, les clients tenaient leurs verres en main faute de pouvoir se poser. Le couple près de lui l’avait oublié tout à fait, il leur avait juste servi de prétexte pour évoquer leurs souvenirs avec une joie forcée. La demi heure était largement passée, le temps n’avait plus de prise. Il tenta de revenir dans le cercle étroit de ses voisins, sans enthousiasme, glissa sa main sous la table, effleura la cuisse de Nathalie qui ne bougea pas. Il laissa progresser ses doigts sur le tissus léger.

- Ce type me touche, constata-t-elle, sans s’adresser à personne en particulier… Tu dois vraiment te faire chier?

Grégoire se leva sans rien dire. Il n’avait pas réalisé à quel point il était ivre. Il tituba en poussant la table pour se faire un passage, un verre tomba, vide. Il glissa entre la masse des gens, longea le comptoir, salua deux, trois personnes qu’il avait connu au cours d’autres nuits, poussa la porte des toilettes et s’enferma.
Le verrou alluma la lumière bleue. La main posée sur le carrelage blanc du mur face à lui, la tête tombante entre ses épaules, il ne bougea pas quelques instants, moments difficiles. Il fit une grimace, émit un son proche du grognement et secoua la tête vivement pour évacuer ses pensées ivres.

Olivier Michael Kim
19/04/2005 @ 09:01:25
Héhé !!!
Oui, vivement la suite. J'apprécie ton style. Concernant l'hsitoire, je reste sur ma faim. On situe quelques protagonistes qui, je l'espère, deviendront importants pour la suite.
Peut-être que les chapitres suivants me conteront une histoire qui me passionne.

A la fin de ce chapitre, je sens venir les embrouilles entre personnes. Serait-ce là le fond de l'histoire? La vie et les relations entre les gens?

Je ne peux juger sur un chapitre l'ensemble de ton roman.

Bref. Un premier chapitre bien écrit, me semble-t-il. Clair, net. Les phrases font mouche.

Charles 19/04/2005 @ 09:15:23
Bon, pas facile comme exercice ! Alors, je dirais que j'aime bien, j'attends la suite ...

mais bon, ce genre de petit commentaire ne va pas te servir alors j'ai essayé de dégager/trouver des points à "améliorer" (évidemment subjectif et peut être pas forcément juste). Donc à toi de faire le tri parmi toutes les remarques que tu va avoir ...

- un détail orthographique ;:j'aurai mis "les mêmes personnages"

- autre détail : "j'te pisse au cul" sonne plutôt comme une insulte masculine à mon oreille

- une chose m'a un peu dérangé, c'est le nombre de personnages introduit en si peu de temps. Grégoire, Jeanne, René, Lila, l'acteur, l'intrus puis Robert et Nathalie, j'ai eu un peu l'impression que tu nous présentait les personnages du roman. Ce n'est pas forcément un mauvais point, beaucoup de romans classiques débutent ainsi mais ça m'a un peu gené.

Et le lecteur doit rester très concentré pour ne pas se perdre quand grégoire et l'acteur vont s'asseoir, être attentif à qui parle, qui s'asseoit à côté de qui.

- Quand Robert se met à parler, j'ai ressenti une rupture un peu brutale avec le reste du texte : dans tout le texte, dialogue et récit sont entremélés et avec Robert, on passe au récit seul, l'action semble s'accélérer.

****

Voilà, j'ai essayé de me creuser un peu la tête pour trouver des choses utiles (?). A toi de voir si ça te semble juste ou non. Et surtout si tu n'es pas convaincu, ne change rien :-)

La suite au prochain épisode !

Killgrieg 19/04/2005 @ 09:30:45
merci Olivier, il est certain que critiquer des bouts d'une histoire est fort difficile, mais ça ira mieux au bout de deux, trois envois

et merci Charles.
Exactement ce que je cherchais. Judicieux et franc. Tout ce qui peux m'aider à réparer des maladresses.

d'autres fautes ont échappé à mon attention comme:

je prend le gagnant! (manque un s)

salua deux, trois personnes qu’il avait connu au cours d’autres nuits... (connues)

Mentor 19/04/2005 @ 09:32:45
Eh bonjour Killgrieg! Je n'étais pas là hier pour glisser mon avis dans votre discution sur le "mettra, mettra pas" son roman. Par petits bouts, sur le site, par mail? J'aurais insisté lourdement pour que tu le proposes ici ou ailleurs. Je suis ravi de trouver ce début là, maintenant!
Alors atmosphère glauque (j'ai le droit de dire ça?), très bien rendue. On retrouve ton "héros" récurent Grégoire. Pas glorieux apparemment comme héros... Son bar préféré et ses habitués comme ses tenanciers, comme ses nouveaux arrivés sont parfaitement décrits. Pas besoin de grandes phrases, je les vois. J'ai l'impression de sentir l'odeur du bistrot, d'entendre les bruits des verres, des chaises, le brouhaha des conversations.
Comme Olivier Michael Kim, je sens bien que des choses vont se déclencher, mais entre qui et qui? Qui va rester, qui va s'estomper? Maintenant tu ne peux pas nous priver de la suite, t'as pas le droit! J'apprécie toujours autant ton style. Peut être moins "percutant" ici que dans d'autres textes écrits spécialement pour critiqueslibres. Mais je te retrouve bien.
Je vais essayer d'être patient. En attendant: merci!

Lyra will 19/04/2005 @ 12:06:23
Alors alors, comment critiquer un premier chapitre...

Déjà te dire que j'ai bien aimé, parce qu'il y'a une atmosphère, ton style, et puis une bonne écriture, sur la forme à part peut-être le "j'te pisse au cul" qui m'a paru un petit peu décalé, je n'ai rien à redire, ça me va très bien.

La forme, je ne vais pas t'aider du tout, puisque cela a déjà été dit, mais tous les personnages arrivant en même temps, c'est vrai que j'ai dû bien me concentrer pour ne pas perde le fil.
Mais ça passe quand même, on comprend !
Et puis c'est peut-être une bonne chose de commencer ainsi, ça je ne pourrais te le dire qu'après... :0)

Autrement je n'ai pas vu d'autres points négatifs, au prochain chapitre alors ;0))

Loupbleu 19/04/2005 @ 13:14:28
J'aime vraiment bien ce premier chapitre !

Le décor est parfaitement planté, les personnages bien campés tout ça en peu de mots, c'est réaliste, vivant. On a l'impression de voir et de comprendre des choses que tu n'as pas écrite, ce qui est très bon signe. Ca se lit bien, il y a une bonne unité de style et de ton, et on a envie de connaître la suite. J'aime bien le style, et j'ai beaucoup apprécié moi le "j'te pisse au cul" !

Je trouve aussi qu'on gagnerait à avoir un tout petit peu plus de clarté dans les personnages, mais ça tient à presque rien. J'attends avec impatience la suite (la suite c'est toujours plus dur !)

Voici des remarques de détail et des suggestions, mais je ne suis pas du tout sûr d'avoir raison pour tout, à toi de voir.

L’acteur qui n’avait jamais joué posait le jeu d’échecs sur le comptoir, il empoigna la main
Je ne comprends pas bien le "n'avait jamais joué". Est-ce qu'il ne faut pas plutôt mettre posa que posait ?


L’acteur installait le jeu. Une jeune fille poussait la porte du bar, les visages se tournaient vers l’entrée. Ouverture Classique.
Est-ce qu'il ne faut pas plutôt mettre le passé simple que l'imparfait ? Sinon "ouverture classique", c'est excellent ! Parôle de joueur d'échecs !


envoyer l’acteur ramener la jeune fille
J'ai un peu buté sur l'expression "ramener", peut-être pas très claire ?


parer à l’attaque
Parer l'attaque


Un mec se penchait sur l’épaule de l’acteur, comme chez lui, petit rictus méprisant
Comme chez lui est peut être pas trop clair pour moi, ou un peu malhabile ?


- Y veut quoi, le morpion derrière, se poser sur mon cul !
Je ne comprends pas trop qui parle à ce moment ? Si c'est l'acteur, il n'est pas dans son ton habituel ?


via la Belgique, fabuleux pays
Bon pas de problème avec le texte, la Belgique est un pays fabuleux, mais est-ce que c'est pas un peu pour flatter tous ces sympathiques CLiens belges qui nous entourent ? :-)

Bravo, vivement la suite ...

Mentor 19/04/2005 @ 13:46:39

via la Belgique, fabuleux pays
Bon pas de problème avec le texte, la Belgique est un pays fabuleux, mais est-ce que c'est pas un peu pour flatter tous ces sympathiques CLiens belges qui nous entourent ? :-)
...
Suis pas belge mais suis d'accord: fabuleux petits pays

Sahkti
avatar 19/04/2005 @ 14:43:23
Bon, Killgrieg, tu sais que je t'aime bien (beaucoup même) et je vais pratiquer comme Kilis, à savoir que quand on aime ses amis, on les châtie bien; et la diplomatie et moi, ben...

Voilà, contrairement aux autres, je ne me sens pas particulièrement emballée. J'ai l'impression de lire une resucée de Modiano. Certains, dont toi, prendront peut-être cela pour un commentaire flatteur, ce n'est point le cas sous ma plume. A savoir, ça manque cruellement d'originalité. Celle-ci va sans doute apparaître dans les épisodes suivants, mais comme je te l'ai dit ailleurs, c'est un des risques de la diffusion par petits bouts: ne pas satisfaire l'attente de son lecteur qui n'y trouve pas son compte.

Je suis restée sur ma faim et puis j'ai également ressenti l'impossibilité de me plonger dans l'ambiance. A cause de plusieurs petites choses.

L'acteur, l'acteur... ne pas lui donner de nom est un choix qui se défend mais lire dix fois le mot "acteur", ça lasse un peu. Il incarne de la sorte un personnage déshumanisé alors qu'en fait il ne l'est pas, il a même un petit côté attachant, un type un brin malheureux que Grégoire prend en pitié, en lui accordant de son temps et quelques bières. Faut savoir: il est présent et mérite de l'attention donc autre chose que le mot "acteur" à tout bout de champ. Ou alors il ne vaut pas trop le coup qu'on s'arrête sur lui et dans ce cas, faut revoir une partie du chapitre "échecs".

Ensuite le style narratif. Utile et bien vu pour poser des ambiances mais faut pas non plus trop en faire, sinon ça sent le travaillé qui ne colle plus vraiment avec les monologues qu'on peut tenir quand on est au bistrot. Ceux-ci sont certes tarabiscotés quand on a piccolé mais ça part dans tous les sens, ça s'arrête sur des petites choses anodines ou de grands propos généraux, or ici, c'est un peu un mélange de tout cela qui me donne une impression maladroite, voire trop académique par moments, des mots qui ne sont pas à leur place.
"kamikazes sans idéologies", bof...
"l'échalas importun" rebof...

Et puis je ne sais pas t'expliquer avec précision, mais je ressens une cassure, quelque chose qui cloche entre la vie enfumée et bruyante d'un bistrot et cette torpeur qui prend place dès l'installation de la partie d'échecs. L'ambiance est posée, le temps est figé, on se focalise sur les protagonistes du jeu, puis sur un type assez creux qui prend place place à son tour après avoir souri pour rien et cette fille qui manque cruellement de profondeur... je reste en dehors. Ce n'est pas en disant "connard" ou "je te pisse au cul" qu'on occupe une vraie place. Tout au plus se fait-on remarquer mais si ensuite on n'arrive pas à tenir la route et son rang, à quoi ça sert? Elle devient fade et insipide à mes yeux, elle repousse la main du type d'un manière banale, il ne se passe pas grand-chose, ça s'étire.

Je ne me suis pas ennuyée, mais je n'ai pas bondi non plus.
Voilà, j'aurais pu faire semblant et dire que j'aimais bien, juste quelques trucs à retravailler mais non, y a un truc qui me fait rester en-dehors. Peut-être que ça se décantera avec la suite, à voir...

Killgrieg 19/04/2005 @ 15:10:58
:)))))) ouf! je ne cuisinais ni ne mangeais, sinon j'aurai pu m'étouffer avec mes cotelettes carbonisées.

Je ne pense pas que ce genre de critiques soient négatives. Ce n'est pas du masochisme mais ça me permet vraiment, d'une part, de voir les choses sous un autre angle, angle que je n'aurai pas trouver si je n'avais partagé ce texte qu'avec des personnes choisies. D'autre part de voir l'évolution de la lecture d'extrait en extrait.
Je sais que tu liras encore le prochain (peut-être pour la dernière fois :) ) et ton avis sera encore plus important pour moi que celui que tu viens de poster.
Alors merci sahkti et merci aux autres aussi; je reprendrai les commentaires de chacun en fin de semaine et vous dirai ce que je pense et en quoi ceux-ci m'aident. Maintenant je me tais.

Olivier Michael Kim
19/04/2005 @ 15:43:54
Je suis en train de me dire, cher Killgrieg, que tu devrais peut-être poster plus de chapitres d'un coup. Il me semble que tu les as sous les bras?
Sinon, loin de moi l'envie de jouer au grand conseiller, je pense que tu devrais peut-être finir un premier jet de ton roman avec tous les chapitres. Par la suite, pourquoi pas, tu proposerais aux bonnes âmes une lecture de ton roman?
Ne rsiquerais-tu pas de t'égarer en faisant des allers-retours constamments sur tes anciens chapitres? Ne ferais-tu pas mieux de revoir ton manuscrit (premier jet fini) avec plus de recul?

Moi ce que j'en dis... Je ne suis pas romancier... c'est pas moi qui vais te dire comment écrire ;-)

Charles 19/04/2005 @ 15:47:44

Ne rsiquerais-tu pas de t'égarer en faisant des allers-retours constamments sur tes anciens chapitres? Ne ferais-tu pas mieux de revoir ton manuscrit (premier jet fini) avec plus de recul?


tout à fait d'accord ! à mon avis, attends d'avoir toutes les réactions sur l'ensemble des chapitres.... avant de commencer à changer quelque chose. si toutefois, tu veux changer qqchose.

Spirit
avatar 19/04/2005 @ 17:04:46
J'ai déjà donné mon avis sur le principe,je suis donc d'accord avec les avis précedents:ne précipite pas la correction trop vite.
Par contre et bien que j'avais dis que je ne le ferais pas je donne mon avis (un tout petit) j'aime assez,il manque un peu de décriptions sur les personnages et les sentiments du héros,sinoncela me donne envis de lire la suite,ce qui est déjà le but d'un roman:faire qu'à chaque page le lecteur veuille passer a la suivante.Cela dit je ne suis pas un pro et j'ai déjà du mal avec mon roman et mes nouvelles pas terminés,alors mon envis ne vaut que ce qu'il vaut.Et puis pour terminer si tu pense essayer de te faire éditer j'ai appris (par moi même) et par un ami qui était éditeur que c'est eux qui auront a trouver ton roman "bien pour eux" et même s'il est bon pour nombre de gens ce sera toujours eux qui auront le point final.Alors il faut paufiner mais se dire que ce sont eux "les chefs".

Sibylline 19/04/2005 @ 18:21:01
Bon, Killgrieg, tu sais que je t'aime bien (beaucoup même) et je vais pratiquer comme Kilis, à savoir que quand on aime ses amis, on les châtie bien; et la diplomatie et moi, ben......


Pfou... Heureusement que je suis là avec mon doigté, ma délicatesse et mon savoir faire!
Mais là, je n'ai pas encore lu, donc, pas d'avis délicat.

Kicilou 19/04/2005 @ 20:13:46
Pas facile de donner mon avis la dessus. Je n'ai pas trop accroché. Enfin, j'ai envi de savoir la suite mais pourtant ça ne m'a pas trop plu.
Essayons d'être constructive :
- comme les autres, il y a la difficulté de compréhention au moment de la partie d'échec et tout le long de cette partie en fait, je mélange joyeusement tous les personnages, surtout l'échalat importain et le gars qui est avec Nathalie (c'est celui-là Robert?)
- L'acteur. C'est vrai que lire 10 fois de suite l'acteur c'est un peu lassant, c'est dommage parce que cette désignation, ça me plait bien, mais je trouve qu'il faudrait développer pourquoi on le nomme comme ça et trouver des substituts (ça c'est mon cours de français qui ressort) du genre :"le comédien" ou autre... (mais tu développes peut-être dans la suite)
- j'aurais aimé en savoir plus sur le personnage principal mais je présume que ça viendra dans la suite.
- enfin, et c'est peut-être le fait de ma grande ignorance, je n'ai pas compris un mot : "propension"... C'est une faute ou c'est moi qui n'y connais rien ou bien c'est toi qui as utilisé un mot un chouilla savant?
L’acteur était un vieil homme, beau comme un héros de Manga, avec un accent slave prononcé, accentué par une ébriété constante et une propension à articuler d’interminables phrases bancales ponctuées de formules de politesses désuètes.

Désolée de mettre ce genre de critique, mais j'ai en général du mal avec ces ambiances glauques. Mais cela n'enlève rien au fait que je trouve que tu as un beau style, tu n'y peut rien s'il s'exerce dans un genre que je n'aime pas trop.

En tout cas bon courage pour la suite (je sais, elle est déjà rédigée mais bon courage pour le travail que peut encore te demander ce roman, s'il t'en demande encore)!

Sahkti
avatar 19/04/2005 @ 20:49:35
propension, ça veut dire "tendance à" Kicilou, c'est un mot assez courant et pas trop savant.
Dans le cas présent, il avait la sale manie de causer trop long et assez mal cet acteur ;)

Bluewitch
avatar 19/04/2005 @ 21:10:50
Comme disent les précédents, donner un avis sur une facette de la mosaïque, c'est plutôt galère. D'autant plus qu'une mosaïque est déterminée par son ensemble. On peut avoir de la faillence comme de la vulgaire terre cuite qui, une fois mises en communs, auront tout un autre éclat.
Bon, je parle, je parle, et... je ne dis rien.

J'y vais d'abord avec les empreintes visuelles et sensitives: confus, flou, glauque, ça sent le papier jauni, la cendre froide et l'odeur nauséeuse de bière plate. A la fois, ça grouille de monde (et là, je suis d'accord, on a un peu du mal à s'y retrouver, Killgrieg, peut-être laisser le temps au lecteur de souffler, de donner corps à ce que tu lui donnes à lire, et d'autant plus à tes personnages) et, en même temps, ça dégage la solitude à plein nez.
Ce fouillis, ça sert et dessert ton texte dans le sens où ça donne le ton à l'ivresse de Grégoire, de tous, mais en même temps, trop, donc on ne sait plus vraiment où on en est. Peut-être trouver le juste milieu...

Je crois que tu devrais peut-être plus mettre en évidence certaines caractéristiques de tes personnages de manière évoquée, éléments qui interpellent les autres et le lecteur, et pas seulement par une description qui ferait d'eux des éléments de décor, ce que je sens bien qu'ils ne sont pas.

Globalement, j'ai la sensation que tu nous tisses ta fresque d'une situation où l'on se demande s'il va se passer quelque chose ou pas. Ca a un certain attrait, au fond, et moi, j'aime ce côté incertain. Mais pour l'instant, j'en suis quitte de mes attentes puisque, paf, nous voilà coincés dans les toilettes. Et pour te dire ce que je pense de ta mosaïque, faudra m'en montrer plus qu'un bout...
Parce que j'aime bien quand tu nous bouscules, Killgrieg, enfin "me" bouscules, parlons pour soi, c'est mieux. Et ici, tu ne nous "images" pas assez.
Impression qu'il faudrait nous frotter un peu les yeux ou nettoyer la vitre qui nous sépare de l'essence de ce texte-là?
Et je sais que tu fais ça bien.

Spirit
avatar 19/04/2005 @ 23:22:46
Je remaits un t'it bout: je crois qu'il est fréferable de nous lancer ton texte dans son intégralité car j'ai peur qu'a chaque tranches que tu mettras tu passeras par des hauts et des bas et si je comprend trés bien la souffrance je trouve inutile que tu te ronges par petit bout.Une fois que tous le monde aurat lu ton roman,les critiques viendrons et tu pourras en tirer profits.
(mais d'un autre coté la souffrance est source de créativité)

Killgrieg 20/04/2005 @ 09:04:54
J’avais dit que je me tairais, mais j’ai une grande gueule.

Cher spirit,

Je me fous de me faire éditer ou pas et si un jour quelqu’un voulait me payer pour écrire ; et bien il pourra corriger tout ce qu’il veut, voir écrire lui-même le texte tandis que je profiterai de ses largesses pour me pavaner sur une plage mexicaine. Je n’ai absolument aucune intégrité artistique, pas assez d’égo ou de talent pour ça.

Il n’est pas question non plus de corriger quoi que ce soit dans l’immédiat mais plutôt de recueillir un maximum d’avis pour pouvoir ensuite me faire une idée globale. Certains reproches qui sont faits au texte me confortent dans mes intentions… D’autres méritent des corrections immédiates. Tout cela ne pourra que se vérifier dans le temps.

Autant je comprends et apprécie les commentaires de Kicilou, blue et sahkti, autant les tiens me semblent relever d’une certaine psychologie qui n’a pour moi aucun intérêt.
« Souffrance », « tu te ronge par petits bouts »… Tu plaisantes ! Je me ronge les sens quand une de mes filles est malade, quand elles sont tristes ou loin de moi, quand mon amour est triste, quand mes parents ont des soucis, quand mes amis…
Le reste est un jeu, un jeu passionnant certes, un jeu qui fait partie intégrante de ma vie ; mais seulement un jeu. Je souris, m’enthousiasme, m’agace et trépigne bien sûr, mais tout ceci est plaisir.

Les avis qui me sont donnés ici sont réellement constructifs et je m’étonne même qu’ils soient aussi développés. Je remercie tout le monde de prendre autant de temps pour lire et commenter. Et la seule chose qui puisse me faire renoncer à poster ces textes, ce n’est pas l’abomination de voir mon génie méconnu, mais l’ennui que je pourrais provoquer.

Au vu des réactions, il est probable que je poste la suite et fin de ce chapitre (car le chap 1 n'est pas fini) plus tôt que prévu.


Sinon, je pense, comme chaque année au mois de mai, aller me gaver d’araignées en Bretagne (pas loin de Perros). Je t’inviterai avec plaisir à boire un verre autour d’un plateau de fruits de mer… Lyra ! t’es partante ?

Mentor 20/04/2005 @ 09:11:48
. Et la seule chose qui puisse me faire renoncer à poster ces textes, ce n’est pas l’abomination de voir mon génie méconnu, mais l’ennui que je pourrais provoquer.
Killgrieg tu es (en sus) un grand philosophe... chapeau, garde cet état d'esprit!

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