Les forums

Forums  :  Vos écrits  :  A L'AVENTURE

Thomasdesmond
avatar 15/04/2005 @ 09:47:57
Voici mon texte final auparavant nommé "Le nouvel Ordre". J'attends vos avis et critiques !


A L'AVENTURE !

– Tu te calmes et tu montes dans ta chambre !
C'est sur ces mots de son père que Noé décida de quitter le domicile familial pour toujours. Ces deux nuls qui lui servaient de parents n'avaient plus rien à lui apporter. Mieux valait tracer sa route et se laisser porter par le vent de l'aventure.
Il avala sa bouchée de pain et jeta sa serviette dans son assiette pleine de sauce. Son père ouvrit de grands yeux et cracha son vin.
– Tu veux une calotte, en plus ? cria-t-il en bondissant de sa chaise comme un bouchon de champagne, la main levée au dessus de sa tête, prêt à smasher.
Noé lui échappa et courut dans le couloir. Il connaissait cette maison par cœur, de nuit comme de jour. Des fois, il s'imaginait aveugle comme le Chevalier du Zodiaque Shiryu, et il partait en mission dans les couloirs, les yeux bandés, prêt à combattre n'importe quel ennemi.
Il grimpa quatre à quatre les marches de l'escalier, souple comme un serpent. Des centaines de fois sa mère lui avait prédit une mauvaise chute, avec hôpital et le plâtre qui gratte en-dessous à la clé. Elle avait eu tort. Jamais il n'était tombé, pas même les fois où il avait dévalé l'étage un slip sur les yeux.
Il montait cet escalier si familier pour la dernière fois, il le savait. Sa main effleura la main-courante de bois une dernière fois et il se précipita dans sa chambre, où il s'enferma.
Il s'arrêta quelques secondes pour réfléchir à un plan. Déjà, ses parents arrivaient, lourdement, ne montant les marches qu'une à une, comme des petits vieux qu'ils étaient déjà. De vrais nullards !
– Noé, ouvre cette porte, bon Dieu ! gueulait son père.
– Tu ne seras pas puni ! proposa sa mère, toujours prête à marchander.
Il réuni ce dont il avait le plus besoin : un pull en laine Mickey qui le sauverait en cas de blizzard, son blouson en jean acheté par correspondance et qui lui allait un peu trop grand, quoi qu'en dise sa mère, ses baskets pump à coussin d'air, seul bénéfice tiré de sa première année d'ennui au catéchisme, sa paire de lunette à rayons X, miraculeusement trouvée dans un Pif Gadget, et enfin : ses économies. Il vida son cochon et glissa le kilo de pièces d'or dans la poche avant de son sac, qu'il glissa sur son dos, avant de sortir par la fenêtre.
Un coup puissant résonna contre le battant.
– Noé, si tu n'ouvres pas cette foutue porte, tu seras privé de jeux vidéo jusqu'aux vacances, et je ne rigole pas ! rugit son père.
Il eut une seconde d'hésitation... Trois semaines sans console, c'était quand même fort de café. Oh ! et puis zut ! Il partait pour ne jamais revenir, alors au diable la console ! Il en aurait d'autres, et des bien mieux, avec quatre manettes et un pistolet laser à infra rouge, comme son cousin Michael, le bourge.
Il enjamba la fenêtre et s'accrocha à la gouttière. Il s'en était plusieurs fois servi pour jouer au pompier américain ou pour aller fuguer les dimanche matin afin d'échapper à la messe.
Il jeta un dernier regard à sa chambre, son univers, qu'il laissait derrière lui. Ses posters Panini, son affiche Ghostbusters, sa collection de Transformers et son mange disque bleu. Ça lui faisait mal au cœur quand même d'abandonner tout ça.
Allez, ouste ! Il rachèterait les mêmes ! Un aventurier se doit d'être toujours prêt à lever le camp en quelques minutes et tout laisser derrière, femmes et enfants, terres et bêtes, souvenirs et espérances. Il avait entendu ça dans Davy Crockett. C'était pas de la connerie.
La clé de sa porte tomba sur le parquet. Quelle erreur de sa part ! Il aurait dû la retirer. Un gars comme Mc Gyver ne faisait pas ce genre de bourdes ! Evidemment, son père avait glissé une feuille de papier sous la porte, qu'il ramena à lui, avec la clé dessus. Il y avait juste assez de jour sous la porte pour la laisser passer.
Il descendit la gouttière à toute vitesse et se jeta sur la pelouse. Il franchit le jardin comme une fusée, sautant au-dessus du bac à sable de sa petite sœur comme Jordan dans le film, et il fut enfin dehors, dans le monde, seul.
Il entendit ses parents crier dans la chambre mais il était déjà loin.
Il regarda sa montre : 20h58... Tant pis pour Manimal. Ce soir, il allait découvrir la ville, de nuit, sans voiture, sans phares, sans papa maman. Tout seul, comme un grand. Un grand aventurier.
Il repéra un bout de ficelle sur le trottoir et le fourra dans son sac. Un rien pouvait servir. McGyver parvenait à se tirer des pires situations avec des petits riens comme ça. Les types de l'Agence Tout Risques aussi.
Il sprinta sur quelques centaines de mètres pour s'éloigner rapidement de ses parents, qui n'allaient pas tarder à prévenir toute la ville de sa fugue.
Il s'engouffra dans les petits ruelles qui séparaient les zones pavillonnaires. Il les connaissait par cœur à force de les arpenter en bicross avec ses copains. C'était leur territoire, et certains chemins leur appartenaient : ils y établissaient des QG où ils décidaient des opérations à effectuer dans le quartier : traques de chats sauvages, de filles ou de gangsters impliqués dans la drogue ; recherches de trésors ; sonnettes chez les vieux qui faisaient leur sieste devant les Chiffres et les Lettres ; espionnage chez les voisins dont l'aînée se faisait bronzer en bikini... Des fois, ils embêtaient les couillons de la classe : Yoann le gros, Joël la biglouche, Vincent tête de gland et bien d'autres... Mais Noé n'aimait pas leur faire de la peine. Il avait déjà compris que c'était très dur à vivre, quand tout le monde se moquait de soi. Aussi, il restait toujours à l'arrière lors des missions punitives, et se contentait d'alimenter ses adjoints en sable et autres crottes de chien séchées.
Tout cela était terminé. Il n'aurait plus le temps pour ces jeux de bébé. Il aurait bien été chercher Julien, son meilleur copain, mais il devait déjà être couché. Tant pis pour lui. Il reviendrait le chercher dans vingt ans, quand il aurait fait le tour du monde.
Il déambula dans le dédale qui s'assombrissait à vue d'œil. L'espace d'une seconde, il eut un peu peur d'être là, tout seul, alors qu'il aurait dû être dans son lit, un bon Pif Poche dans les mains. Mais cela passa : il bomba le torse et remonta son sac sur ses épaules. Il bifurqua au niveau de la rue principale et descendit vers le collège. Là, il pourrait tracer à travers champs sans se faire repérer par les hélicos du FBI. Il faudrait surtout qu'il trouve un bâton. Ça sert toujours un bon bâton, surtout quand on est aventurier...

Il contourna le collège désert et s'enfonça dans le champs en friche qui en longeait l'enceinte. Il lorgna les tristes bâtiments scolaires avec dédain. Jamais plus il n'irait à l'école, encore moins au collège. Il avait appris les bases en primaire, et ses maîtres n'avaient plus rien à lui enseigner ! Que connaissaient-ils des explosifs chimiques, des armes d'espionnage, des dragons, des monstres, de la mafia roumaine ou des extraterrestres déguisés en conducteurs de bus ? Rien !
Mais il serait reconnaissant. Il reviendrait, plus tard, auréolé de ses exploits, et ses anciens professeurs l'acclameraient, fiers de l'avoir eu un jour comme élève... Pour son enterrement, ils chanteraient tous ses louanges, en pleurant comme des madeleines bretonnes !
La nuit tombait de plus en plus vite mais la chance était avec lui : la grosse lune presque pleine qui trônait dans le ciel lui servirait de lampe torche. Pourvu qu'il n'y ait pas de loups-garou dans le coin !
Il frissonna et mit son blouson en jean. De toute manière, les loups-garous n'existaient qu'en Amérique. On n'avait jamais entendu parler de ce genre d'affreux jojo dans le coin ! Il tenta de se rassurer mais des visions effrayantes le hantèrent : grands-mères vampires, têtes sans corps, insectes mortels qui se cachaient dans les orties, chauve-souris enragées qui hantaient les immeubles, chiens fantômes à la recherche d'os frais... Son imagination fertile était bien décidée à le tourmenter.
Il se mit à chantonner un générique de dessin animé et continua sa marche, droit vers la forêt. Il en longerait la lisière afin de descendre vers la nationale, deux kilomètres plus bas. Là, il pensait faire du stop pour partir vers le Grand Canyon, où paraît-il existaient encore quelques cow-boys. Des vrais, pas des tapettes avec des balles à blanc ! Il s'imaginait déjà avec un ceinturon en argent, deux colts lourds et étincelants sur ses hanches, prêt à défendre un village entier, tuant tous les bandits d'une seule balle bien ajustée. Il pensa à Clint Eastwood dans le film, agile comme un lynx, dégommant trois mexicains sales et mal rasés en quart de seconde. Il plissa les yeux pour l'imiter. Il faudrait qu'il s'achète des cigarettes, des vrais qui puent, qu'il lécherait soigneusement avant de les allumer, à l'aide bien sûr d'une grosse allumette grattée sur la manche de son blouson. Après il dégainerait à la vitesse de la lumière...
Pan, pan ! Dans le cul du loup-garou !
Il repéra un grand bâton. La chance lui souriait déjà ! Il arracha les petites branches et brisa le bout, pour le rendre plus tranchant. Avec une telle arme, il ne craignait plus personne, pas même un ours !
Il balaya quelques orties pour vérifier l'efficacité de son sabre et reprit son chemin, satisfait. On pouvait faire plein de choses avec un bon bâton : parer des coups, fouetter des fesses, prendre appui pour faire un salto sur le côté comme Van Damme dans le film, hypnotiser des petits animaux, attraper des fruits, trouver une source d'eau potable... Le bâton était l'arme ultime de l'aventurier. Bien sûr, un pistolet Smith & Wesson était plus rassurant mais les cartouches devaient couter très cher !
Il atteignit l'orée des bois et prit le chemin qui devait le mener à la route. Il était déjà passé plusieurs fois par là en bécane avec des copains lors de missions d'explorations, mais ils n'étaient jamais descendus jusqu'à la nationale. Ses peureux de parents le lui avait défendu, à cause des voitures et des gros camions susceptibles de l'écraser. Il sourit à cette idée. Lui ? Ecrasé par une simple voiture ? Seuls les moineaux et les hérissons étaient assez crétins pour aller se glisser sous des roues lancées à pleine vitesse. Il connaissait le b-a-b-a : regarder à gauche et à droite, encore une fois à gauche, puis traverser ! N'importe quel bébé savait ça.
La nationale apparut enfin, longue bande de bitume grisâtre où quelques véhicules se croisaient à toute vitesse. Il repéra l'arrêt de bus à une centaine de pas et s'y rendit. Là, il pourrait se reposer un peu et réfléchir à ce qu'il allait dire à la personne qui le prendrait en stop. Ces adultes étaient si facile à berner, il trouverait bien quelque chose. Le plus dur serait de réussir à garder son bâton à bord. Les adultes n'aiment pas qu'on viennent dans leur voiture avec des bâtons. Ils ont plein de règles de ce genre avec leurs satanés bagnoles. Mettre sa ceinture, ne pas mettre de miettes de pain partout, arrêter de baisser sa vitre pour mettre sa tête dehors (c'était pourtant si bon de sentir le vent sur son visage), ne pas tracer d'incantations magiques sur les plaques de buée... Lui n'aurait jamais de voiture. Il aurait un cheval, avec une longue crinière, ou peut-être une moto, noire qui cracherait du feu au démarrage, comme un dragon d'acier. La voiture, c'était pour les feignants, ou les parents.
Il s'assit sur le petit banc beige et observa les parois de l'abri, taguées et recouvertes d'inscriptions étranges.
Fuck you ; no future ; vive le h ; Françoise baise Marine...
Il avait lu quelque part que certains messages semblables à ceux-là étaient des codes secrets employés par des espions qui vadrouillaient un peu partout. Il essaya de découvrir le sens des plus curieux graffitis mais en vain.
Il regarda sa montre : 21h19. Ses parents avaient déjà dû prévenir la police et la DASS. Il devait rester aux aguets, se cacher si une patrouille pointait le bout de son nez.
Il scruta les deux côtés de la route et fut satisfait de n'y apercevoir aucun gyrophare.
Bon, il fallait faire du stop. Un camion ou une voiture ? Mieux valait un camion, c'était plus sûr. Les routiers sont des gars bourrus mais foncièrement bons, c'est bien connu. Avec une voiture, on ne savait jamais sur quoi on allait tomber. De plus, sa mère lui avait toujours rabâcher de ne jamais monter dans la voiture d'un inconnu, surtout s'il offrait des bonbons. Dommage ! Il adorait les beks, surtout les bouteille de coca, celles avec du sucre autour.
Il opta donc pour le camion. Qu'allait-il pouvoir bien lui sortir comme bobard ?
Je suis orphelin et je pars en Amérique pour rendre visite à ma tante Claudine. Dans quelle ville habite-t-elle ? Euh... Londres ?
Vous allez me prendre pour un dingo mais je suis un adulte piégé dans un corps d'enfant. Quel âge j'ai ? Euh... Quarante-dix sept ans...
Mes parents m'attendent à l'aéroport pour partir en Afrique. Pourquoi ne m'ont-ils pas emmené ? Parce que j'ai raté l'avion...
Il se tritura les méninges pour trouver un truc qui tenait debout et finit par tomber d'accord avec sa conscience. Rien ne valait mieux que la franchise. C'était son grand-père qui lui avait dit ça... ou peut-être était-ce Hannibal Smith ?...
Il commença à faire du stop, le pouce levé. Il se sentit plus vieux et regretta de ne pas avoir une cigarette à se fourrer sur le coin des lèvres.
Après plusieurs voitures qui passèrent leur chemin sans même freiner, un camion s'arrêta dans un crissement de pneus, les phares clignotants. Avant d'escalader le marchepied, il jeta un regard derrière lui, et eut une petite pensée pour ses parents. Les pauvres, il ne leur en voulait pas au fond d'être si nuls. Ils devaient être très inquiets. Il hésita : ne serait-il pas plus raisonnable de faire demi-tour ? Rentrer bien gentiment chez soi, et se glisser sous la couette bien épaisse ?...
– Alors, gamin ? Tu montes oui ou merde ?
Son sang ne fit qu'un tour. Il enfila correctement son sac à dos et monta dans le camion. Il prit place sur la banquette et posa son sac à ses pieds.
– Ça ne vous dérange pas si je garde mon bâton, m'sieur ?
– Pouah ! garde le gourdin !

>> suite

MOPP 15/04/2005 @ 14:52:03
Ce texte est très vivant !
Il faudrait peut-être l'aérer pour faciliter la lecture ?
Par "calotte", il faut entendre "gifle" ?

Tistou 16/04/2005 @ 09:11:51
Tu as le courage de reprendre tes textes et de les modifier ainsi ?
Là tu pars dans un trip différent du premier. Tu échanges une petite fille contre un camionneur. Que se passe-t-il après ?

Kicilou 16/04/2005 @ 14:19:57
J'aime beaucoup. Je me demandais au début quel âge pouvait avoir ce gamin pour avoir déjà un avis si négatif sur ses parents. On comprend vite l'âge grace à ce vocabulaire qui correspond si bien, ces préocupations, ces exemples... Le ton, le style cole exactement à un enfant de fin de primaire je trouve, c'est très bien fait.

Deux mots m'ont gèné ou du moins m'ont semblé inutilement sophistiqué : "calotte" pour giffle (ou baffe) et "main-courante"pour rampe.

Sinon, ton texte me plait vraiment, je n'avais pas lu la première version je crois. Ce gamin est vraiment attachant et maintenant j'aimerais bien savoir la suite ! (oui, j'ai remarqué que tu avais marqué "suite" et non "fin" ce coup-ci ! ;-) )

Thomasdesmond
avatar 18/04/2005 @ 08:52:00
Merci à vous d'avoir pris le temps de me lire !!
Mais !!?? oups !! que vois-je ?? j'ai oublié de vous mettre la suite !! quel idiot...
et oui en effet j'ai viré la partie avec la petite fille, car j'étais dans une impasse totale qui m'éloignait de mon fil originel, qui était de raconter un gamin qui part à l'aventure... Voici la suite et fin...

>> suite

Le routier était bien sympa mais puait beaucoup. Encore un gros crado qui oubliait de se doucher pendant sa semaine de travail. La cabine du camion sentait le tabac froid mais était bien douillette. Un peu partout avaient été installés des morceaux de moquette rouge. Des fanions multicolors décoraient le plafond et un étonnant calendrier très différent de ceux fournis par la poste vantaient les peaux moites et bronzées de douces beautés exotiques.
– Elles sont pas vilaines, hein, mon mignon ? s'esclaffa le routier qui avait surpris le regard fripon de Noé.
Un peu rondouillard, la moustache fière, il portait la casquette Motul jusqu'au oreilles et n'avait pas l'air d'éprouver de gêne quant aux taches de graisse qui maculaient son pull gris délavé. La mère de Noé l'aurait sûrement qualifié de gros plouc.
– Alors, fiston, on va où comme ça ? brailla-t-il sans quitter la route des yeux, la cigarette bien arimée au coin des lèvres.
– A l'aventure, m'sieur !
– A l'aventure ? C'est quoi c'te blague ? Tu ferais pas une fugue plutôt ?
Noé rougit et secoua la tête.
– Mes parents sont au courant et...
– Tut, tut. Pas de ça avec moi.
Le routier lui jeta un regard entendu, avant d'écraser sa cigarette dans un pot en terre cuite portant l'inscription "gros nounours" et quasi rempli de mégots puants.
– Te payes pas ma tête, gamin, je connais pas beaucoup de vieux qui laisseraient leur môme faire du stop le soir sur une nationale. Pourquoi t'es parti ? Ils te tapaient sur le système ?
Noé garda le silence. Il aurait mieux fait de raconter un bobard. Tout risquait de prendre fin très vite. Si le routier décidait de le ramener chez lui, il serait obliger de l'éliminer, à coups de bâtons s'il le fallait.
– Hé ? T'as avalé ta langue ?
– Je suis parti de chez moi pour aller à l'aventure, comme les aventuriers quoi...
– Tu veux dire, comme Indiana Jones ?
Noé hocha vigoureusement la tête.
– Oui, ou comme Davy Crocket, l'Agence tout Risques ou Mac Gyver !
Le routier éclata de rire.
– Et tu comptes aller où comme ça ?
– Bah... en fait je sais pas trop...
– Ça c'est embêtant...
Un silence de plusieurs minutes s'ensuivit. Le routier, l'air pensif, fixait sa route. Noé commença à se rendre compte qu'il s'éloignait réelement de chez lui, kilomètres par kilomètres, et la perspective de ne plus jamais revoir ses parents devint plus réelle. Il se prépara à demander au routier de le déposer là quand celui-ci prit la parole d'une voix grave.
– Tu sais, on peut dire que tu as de la chance d'être tombé sur moi. On est pas nombreux en France, et toi il faut que tu tombes pile sur le bon ! Un vrai coup de bol...
Noé le fixa sans comprendre.
– Les voies de l'aventure existent bel et bien fiston, et il se pourrait bien que je t'en indique une. Mais avant de prendre ma décision, j'ai besoin de savoir quelle est la tienne. Que ressens-tu dans ton cœur, dans tes tripes ? As-tu réelement envie de cette aventure dont tu parles avec tant d'émerveillement ? As-tu réelement envie de laisser derrière toi parents, maison, école et insouciance ? Tu es très jeune pour un aventurier, on en a même rarement vu d'aussi petits. Il faut te dire que l'aventure, la vraie, ce n'est pas une partie de cache-cache avec les petits copains, avec des bâtons ou des frondes. L'aventure, c'est du courage, du sang et du rêve. Tu comprends ? Si tu prends ta décision, tu ne pourras pas revenir en arrière. Quand on devient aventurier, on le reste. Alors, qu'est-ce que tu choisis ?
Noé n'en croyait pas ses yeux. Ce gros routier se payait sûrement sa tête, comme savent si bien le faire les adultes...
– Non, je ne prends pas pour un naïf ! dit l'homme comme s'il avait lu dans ses pensées.
Et il lui jeta un regard si profond que Noé eut la sensation de s'y noyer dedans. De brêves visions éclatèrent dans sa tête. Chuttes d'eau vertigineuses, oiseaux géants portants des êtres humains, pistolets luisants de graisse, cavalcades de chevaux, combats de chevaliers en armures étincellantes, loups féroces s'attaquant à des dragons, trésors enfouis dans des cavernes bourrées de pièges mortels... Il cligna des yeux et revint à lui, le cœur tressautant.
– Tu as vu ? demanda le routier.
Il hocha la tête.
– Alors, qu'est-ce que tu choisis ?
Le cœur de Noé s'exprima en premier.
– A l'aventure ! s'écria-t-il avec passion.
Puis il s'évanouit.


FIN

Kicilou 20/04/2005 @ 09:55:56
J'accroche moins à cette fin qu'au début, moins prenante, moins vraie. Le routier, ça fait un peu tiré par les cheveux. Enfin, c'est surtout le décalage entre ce que tu nous annonces de lui, l'intérieur crado et tout le reste, qui rend peu crédible sa façon de parler au petit.
– Non, je ne prends pas pour un naïf ! dit l'homme comme s'il avait lu dans ses pensées.
Et il lui jeta un regard si profond que Noé eut la sensation de s'y noyer dedans.

Dans ce passage il y a un petit problème je pense : "non je ne [ te ] prends pas pour un naïf" et aussi "Noé eu la sensation de se noyer dedans" ou "de s"y noyer" plutôt.

Bref, un peu déçue par la fin alors que j'étais entousiasmée par le début. Et puis, ça finit bien vite, tu nous laisses tellement de pistes possibles qu'il est dur de se construire une fin personnelle. (Mais bon, j'ai du mal avec les brusques fins, je l'ai déjà dit.)

Thomasdesmond
avatar 20/04/2005 @ 13:21:10
moi non plus je ne suis pas satisfait de ma fin... faut que j'y retravaille...

ah bon dieu quelle idée de commencer des histoires sans savoir où on va ???

Tistou 28/04/2005 @ 19:15:37
Etonnant Thomas. Je ne te reconnais pas. C'est bizarre, peu crédible, même pas peur, ...
J'aimais mieux avec la petite fille.

Acie 28/04/2005 @ 19:48:41
j'ai lu la première partie, ou plutôt je l'ai dévorée!! je vais lire la suite, mais moi j'aime bien calotte!nah

Acie 28/04/2005 @ 19:54:38
oui la suite est particulière, moins dans le rythme frénétique, moins réelle
pkoi pas plus long avec une vraie histoire, une suite suite, tu vois?
là c'est un peu une fin facile si tu vois ce que je veux dire, tu t'es pris au piège, alors continue!!
en tout cas, quel talent!

Thomasdesmond
avatar 29/04/2005 @ 10:44:04
Merci Acie !!

En effet, cette fin était vraiment pas terrible, et ne correspondait pas avec l'idée que je m'étais fait de l'histoire... j'ai donc repris la fin d'une meilleure façon, agrémenté le tout de quelques ajouts et détails qui me plaisent...

Je poste la version définitive plus haut...

Page 1 de 1
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier